Dans l’art : la performance ou l’écriture ?

Atelier Le corps pas sans la psychanalyse

Lors de notre reprise de nos travaux, nous sommes repartis de Freud et Lacan : pour le premier « Les artistes [..] nous devancent beaucoup, nous autres hommes ordinaires, notamment en matière de psychologie, parce qu’ils puisent à des sources que nous n’avons pas encore explorées… », et pour le second, dans l’Hommage fait à Marguerite Duras : « l’artiste toujours précède le psychanalyste ». Puisque dans notre vecteur il s’agit du corps et de la voix, nous avons tenté de cerner ce qui se passe dans la mise en scène et l’engagement de l’acteur dans son acte théâtral, arrivant sur scène avec sa singularité et néanmoins astreint à partager avec d’autres (acteurs et spectateurs) son inconscient. C’était la question posée par Antoine Vitez, plaçant l’acteur lui même (le sujet et son corps) au centre de l’espace, de la mise en scène et du jeu théâtral, tout en insistant sur le « devoir de prophétie » auquel un sujet éclairé par la psychanalyse ne peut rester insensible : « Ce qui nous reste à présent – notre rôle – c’est la prophétie, au sens où l’on peut lire l’Ancien Testament, le devoir de prophétie : sarcasme, invectives et prévision, critique des temps actuels, annonce…. ». Puis nous nous sommes tournés du côté de ce qui est en cause chez certains « performeurs » contemporains comme Roberto Castellucci dans son Inferno présenté à Avignon en 2008, où il s’agit de la mise en jeu du corps de l’artiste lui-même en tant que tel (il se laisse attaquer et renverser sur scène par trois chiens-loups qui déchirent de leurs dents son harnachement de protection), de l’importance primordiale du corps indépendamment de tout « texte », du côté éphémère et unique, voire improvisé de ce qui est donné à voir au spectateur, comme pour une expérience partagée. Ou encore Marina Abramovic, qui dans The Artist is present donné en 2010 au MoMA à New-York, est restée assise immobile sur une chaise, chaque jour pendant toute la durée d’ouverture du musée, six jours par semaine et ceci pendant trois mois, attendant que quelqu’un s’assoie sur une autre chaise en face d’elle et la regarde dans les yeux sans bouger et sans limite de temps… Pour elle « le théâtre est faux… [ ] la performance est exactement à l’opposé : le couteau est réel, le sang est réel, les émotions sont réelles [ ] il s’agit de la vraie réalité ». Du théâtre à la performance, on rejoint là ce qu’Antonin Artaud appelait dans Le théâtre et son double « la puissance de la sensation ». En termes lacaniens, on est de plain-pied dans la mise en acte de la pulsion du corps qui se jouit. De son côté, dans ces mutations de la scène théâtrale contemporaine, l’auteur dramatique ne se trouve-t-il pas confronté au risque, à terme, de l’impossibilité d’écrire ? Comment poursuivre ou encore pourquoi et comment enseigner le théâtre dans les conservatoires nationaux d’art dramatique ?

Cette question de la performance nous a semblé intéressante et à rapprocher de ce qui se passe, sans doute à une autre échelle et sur une autre scène, dans nos pratiques d’ateliers – théâtre ou d’ateliers « corps – voix – parole » où, pour chaque participant quelque chose « se joue » dans le réel de son corps et mettant en jeu la voix, dans ce qu’on pourrait appeler une « micro – performance »

Durant cette année 2016, notre groupe continuera à travailler « Lituraterre » de J. Lacan, puis « La lettre volée et le vol de la lettre » d’E. Laurent. A la fin de ce cycle sur la question de la Lettre dans l’enseignement de J. Lacan, nous envisageons de choisir un auteur sité par J. Lacan dans son enseignement et d’en déplier les différentes occurrences.

–          Mercredi 3/02 à 20h30 au Hilton Paris Opéra.

–          Mardi 15/03

–           Mercredi 6/04

–           Mercredi 11/05

–           Mercredi 15/06