Le comique dans la clinique

Le comique dans la clinique

Les 55e Journées de l’École de la Cause freudienne auront lieu à Paris les 15 et 16 novembre 2025. L’actualité ne nous invite pas forcément à rire. Et on ne peut pas rire de tout. Pourtant le ratage est au coeur de notre humanité de parlêtre dans lequel surgit le comique. Préliminaires nous ouvre la voie psychanalytique. Éclat est un écho de l’époque, Épigramme fait résonner les citations aujourd’hui. Rubricabrac nous parle, nous dessine, nous interprète.

Phrases marquantes.

Phrases marquantes.

54es Journées de l’ECF – Palais des Congrès de Paris

Phrases marquantes

16-17 NOVEMBRE 2024

Pour ses 54es Journées d’étude, l’École de la Cause freudienne propose d’explorer le thème des “Phrases marquantes”, en relation avec le discours analytique, son éclairage et son orientation.

Les exposés, du samedi en salles multiples et du dimanche en plénière, visent à cerner l’incidence de certaines phrases sur la position du sujet et à préciser ce qui oriente le praticien dans chaque cas.

Ces Journées s’adressent aux psychanalystes, psychologues, psychiatres, praticiens de la santé mentale et du champ médico-social, et à tous ceux qui s’intéressent à la psychanalyse, aux questions qu’elle soulève, tant cliniques, éthiques, épistémiques que politiques.

Télécharger l’argument  //+ d’infos sur les J54 

Interpréter, scander, ponctuer, couper

Interpréter, scander, ponctuer, couper

Les J53 intitulées « Interpréter, scander, ponctuer, couper » se sont déroulées les 18 et 19 novembre 2023 sous la direction d’Agnès Aflalo, assistée de Deborah Gutermann-Jacquet, Philippe Hellebois et Jérôme Lecaux.

Vous retrouverez sur cette page les sept arguments de la Journée, ainsi qu’un choix de textes préparatoires offrant un éclairage du thème des Journées sous un angle épistémique ou clinique.

Je suis ce que je dis. Dénis contemporains de l’inconscient.

Je suis ce que je dis. Dénis contemporains de l’inconscient.

AMP 2024 – « TOUT LE MONDE EST FOU »

 

Les 52es Journées de l’ECF se sont tenues les 19 et 20 novembre 2022 sur le thème : Je suis ce que je dis. Dénis contemporains de l’inconscient.

 

Orientation donne accès aux textes qui orientent à l’ECF le traitement du thème des Journées sous l’angle épistémique ou clinique.
Sublimations donne à lire comment une œuvre ou la démarche d’un artiste éclaire le thème des Journées.
Enfin, Une lecture du discours courant exploite les ressources de l’enseignement de Lacan pour rendre lisibles les phénomènes contemporains et les discours qui les sous-tendent.

Vous pouvez aussi lire et télécharger les arguments des directeurs des J52 ainsi que la bibliographie :

Flèches pour la projection de MEMORIES OF MURDER de BONG JOON HO

Flèches pour la projection de MEMORIES OF MURDER de BONG JOON HO

Katie ABRIL

« La décision anticipe sur la certitude[1] »

Memories of Murder est un film de Bong Joon-Ho qui présente l´enquête menée par la police en Corée pour attraper un violeur et tueur en série entre 1986 et 1991. Ce film montre très bien les processus de démocratisation et d´actualisation technologiques que subit la Corée du Sud à ce moment-là. Ainsi deux policiers passionnés se trouvent face à un défi qui les dépasse à cause du peu de moyens dont ils disposent. Le détective Park, joué par Song Kan-Ho, est sûr de sa capacité à saisir l´instinct criminel par le regard du suspect, sans cet instinct « j´aurais quitté la police » dit-il. En revanche, le détective Seo, joué par Kin Sang Kyung, ne fait confiance qu´ aux documents. Alors, tous les deux travaillent sans relâche, chacun à sa façon, pour découvrir le criminel.

Non sans difficulté l´enquête avance : ils arrêtent un suspect sur lequel il y a de très forts indices de culpabilité. Qu´est-ce qui fait qu´ils vont lâcher la piste de ce criminel ? Leur besoin de certitude qu´ils ne parviennent pas à obtenir du test d´ADN, ni des aveux du témoin, ni du manque d´alibi du suspect.

Les policiers veulent une preuve incontestable avec des garanties mais grâce à Lacan nous savons qu´il n´y a pas de garanties car il n´y a pas d´Autre de l´Autre comme on peut le lire dans les Séminaires « Le désir et son interprétation » et « L’envers de la psychanalyse ».

Les deux policiers ne s´aperçoivent pas qu´ils ont toutes les preuves pour que le suspect soit condamné et qu´il s´agit de prendre la décision de l´amener en justice car c´est « la décision qui anticipe sur la certitude » . Cette décision est appuyée sur un acte de foi et non sur une certitude. En revanche, ce que montre ce film est l´essai du passage à l´acte de ces deux policiers comme un acte de désespoir.

Katie Abril, Anne Ganivet et Jessika Schlosser

Karim BORDEAU

Dans son film Memories of Murder Bong Joon Ho nous apprend un peu de ce que Jacques Lacan énonçait quant au passage à l’acte : « Aux limites du discours, en tant qu’il s’efforce de faire tenir le même semblant, il y a de temps en temps du réel. C’est ce qu’on appelle le passage à l’acte.[2]»

La façon saisissante dont le cinéaste noue la vérité, le discours scientifique et cette difficile problématique du réel, donne un juste éclairage aux formules lacaniennes qui cernent la structure de la jouissance en jeu à l’occasion de certains passages à l’acte criminels : « Parler d’un excès de libido est une formule vide de sens.[3] » Ce n’est pas nécessairement un débordement de libido qui, en effet, est aux commandes. Lacan le précise très bien : il s’agit plutôt « d’un défaut que d’un excès vital.[4] » Ce qui se manifeste par une «  froideur libidinale[5] ».

Jacques –Alain Miller nous a appris à lire ce « trou » de jouissance du côté l’événement de corps, insaisissable dans une perspective purement biologique – comme le montre très singulièrement le film.

Jessika SCHLOSSER-HANON :

« Si la psychanalyse irréalise le crime, elle ne déshumanise pas le criminel. »[6]

L’originalité de ce deuxième long-métrage de Bong Joon Ho est l’absence de fin concluante : deux policiers aux méthodes opposées (l’instinct versus la méthode) échouent à résoudre l’énigme de la vérité du tueur en série qui sévit alors. Dans les Écrits, Lacan rappelle le nouage entre le criminel et sa société, à travers son crime il la médiatise par une jouissance bien à lui. Le style du meurtrier – la sophistication avec laquelle il élabore ses crimes- est anecdotique : la trame narrative s’oriente de l’enquête qui achoppe sur les multiples façons dont on piste le tueur. Le signifiant ultime de la science et du biologique couronné par le test ADN à la fin rate à identifier clairement le tueur renvoyant le film à un dos à dos entre l’énigme[7] et les méthodes scientifiques : ce qui relève de l’objectivité et la brèche ouverte par l’impossibilité à tout contrôler. Ce film enseigne qu’il y a encore des efforts à faire pour comprendre les criminels de son époque et que l’acte demeure irréductible au biologique.

Leïla TOUATI :

« (…) dans une civilisation où l’idéal individualiste a été élevée à un degré d’affirmation jusqu’alors inconnu, les individus se trouvent tendre vers cet état où ils penseront, sentiront, feront et aimeront exactement les choses aux mêmes heures dans des portions de l’espace strictement équivalentes.[8] (…) »

Memory of Murder de Bon Joon-Ho (2003) retrace l’histoire du premier cas de criminel en série qui a horrifié la Corée du Sud dans les années 80. Le cinéaste déclare avoir été particulièrement attaché à l’idée de restituer le plus finement possible cette étrange époque que furent les années 80, avec aussi – pour cette nation de la Corée du Sud – le passage d’une dictature militaire à une démocratie néolibérale, de manière brusque et sans transition! Et si comme le dit Lacan le criminel et la société sont noués, l’émergence d’une société capitaliste et individualiste à l’américaine entraine peut-être l’apparition – systématique – de cette figure du tueur en série, comme symptôme face à l’injonction du même.

[1] Jacques Alain Miller, “Donc, la logique de la cure”, inédit, cours de 1993-1994, inédit, séance 1 décembre 1993

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Seuil, 2006, p.33

[3] Lacan J., Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p.148.

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] J. LACAN, « Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie », Ecrits, Paris, Seuil, 1966, Page 129.

[7] J. RICHARDS « La place de l’énigme dans l’expertise », LCD n°98, pages 56 à 58

[8] J.LACAN, Écrits, page 144 « Fonctions de la psychanalyse en criminologie »

Les cartels de L’Envers de Paris 2022

Les cartels de L’Envers de Paris 2022

Lacan, dans son séminaire « Le désir et son interprétation » (1958-1959), nous confie le grand secret de la psychanalyse : « il n’y a pas d’Autre de l’Autre », ce qui veut dire que pour l’être parlant, il n’y a pas de garantie. À chacun d’inventer une manière de faire face au réel.

Pas de garantie non plus pour l’analyste et sa formation. Si la psychanalyse ne s’enseigne pas, il y a en revanche la formation de l’analyste où l’on retrouve, parmi d’autres possibilités, le cartel comme l’un des trois piliers du trépied de sa formation. Lacan lui-même avait l’idée que le cartel soit la porte d’entrée à l’École. En tant qu’ « organe de base », le cartel est constitué de quatre membres et d’un Plus-Un à qui il revient de provoquer l’élaboration, car le travail d’un cartel se prolonge d’un produit « propre à chacun, et non collectif ».

Justement, comme il n’y a pas d’universel et que pour l’être parlant il y aura toujours un signifiant qui manque, un trou dans le savoir, le cartel se constitue comme une possibilité de border ce qui par définition nous échappe, en inventant un savoir toujours singulier.

Si vous cherchez à constituer un cartel ou bien si vous avez des questions concernant les cartels n’hésitez pas à nous écrire à l’adresse suivant :

enversdeparis-cartels@causefreudienne.org

Responsable des cartels : Soledad Penafiel