La scène de la voix

Und est une liaison entre l’informulable et la nécessité de dire ;
les mots sont les armes de Und pour affronter le chaos, pour marcher sur les crêtes sans succomber au vertige.
Jacques Vincey 

Jacques VINCEY vient de mettre la pièce UND de Howard Barker au Théâtre des Abbesses, dans une traduction de Vanasay Khamphommala parue aux éditions Théâtrales.

Actrice : Natalie Dessay
Une femme parle dans le vide, dans un décor de glace. À qui s’adresse-t-elle ? Attend-t-elle quelqu’un ? Qui ?

Howard Barker, de langue anglaise, donne pour titre à cette pièce « UND ». À quoi nous renvoie le titre de la pièce? Ce « und » allemand, qui veut dire « et » en français, s’agit-il d’un « et » qui fait une simple liaison, ou d’un « et » qui nous met en lien avec nos fantômes collectifs ?

L’héroïne est une femme en qui toutes les figures tragiques se rejoignent. Sa parole est insistante, ses mots ébouriffants, son dire poignant, une énonciation qui exprime la  crainte de voir la parole s’effacer de notre mémoire.

Und cherche à porter notre regard sur la voix. Et à travers l’expression acoustique, la voix crée un désordre dans la langue et du même coup dans le corps.

La mise en scène est cadencée par le cri, par le bruit des stalactites de cristal qui s’écrasent, l’une après l’autre. Des sons qui font saillir un vide qui vient de loin, qui a traversé les siècles, qui touche ce corps qui parle aussi bien de la condition de la femme que de celle de l’humanité.

Und nous appelle à l’infini, aux limites du sens, à un infini de lectures possibles.

Nouria Gründler