ÉDITO MARS 2023
PARISLEAKS MARS 2023
Chers Membres et Abonnés,
Le mois de mars s’annonce riche en évènements dans notre Association. Nos vecteurs sont au travail et proposent des activités qui promettent de belles découvertes. Vous trouverez ci-dessous les annonces de différents collectifs, chacun avec sa spécificité, mais tous orientés par la psychanalyse.
Le mois de mars est aussi celui de notre Assemblée Générale Ordinaire – réservée aux membres – pendant laquelle nous discuterons de nouveaux projets dans notre Association. Nous invitons les membres à s’inscrire pour y participer au local de l’ECF.
Nous profitons de l’occasion pour vous inviter à la 4ème Journée d’étude de la Fédération des Institutions de Psychanalyse appliquée (FIPA) qui aura lieu au City Center Vieux-Port, au Palais de la Bourse à Marseille et aussi en visioconférence. La Journée porte un titre pour le moins suggestif : « Comment améliorer la position du sujet. Effets thérapeutiques, effets analytiques ».
En prenant appui sur une phrase de Lacan, dans le Séminaire L’Angoisse : « Il est bien certain que notre justification comme notre devoir est d’améliorer la position du sujet » [1], les organisateurs ont élaboré un programme axé sur la clinique. Vous pourrez écouter 12 travaux cliniques issues des Institutions de la FIPA, comme les CPCT, entre autres. Les présidents de séance feront valoir le nouage – singulier à chaque fois – entre effets thérapeutiques et effets analytiques. Différence subtile, s’il en est, mais combien précieuse. Si ces deux types d’effets ne s’excluent pas, ils ne sont pas à confondre, comme l’explique l’argument de cette Journée : « Ce serait au détriment de la psychanalyse elle-même, ouvrant à sa disparition dans la masse informe des psychothérapies » [2].
Ces journées rejoignent ainsi l’une de nos missions : œuvrer à la transmission de la psychanalyse, en gardant vive sa flamme.
Contact : fipa@causefreudienne.org // Inscription : ici
Inscrivez-vous nombreux, c’est une occasion à ne pas rater !
[1] Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’Angoisse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2004, p. 70.
[2] « Comment améliorer la position du sujet. Effets thérapeutiques, effets analytiques », 4ème Journée FIPA, argument.
Vecteur Le corps, pas sans la psychanalyse nous envoie le message suivant :
« Lors de notre dernière réunion, nous avons débattu des nouveaux symptômes associés au numérique d’une façon générale, et sommes arrivés à la conclusion que le numérique est en lui-même un symptôme. Nous le préciserons lors de nos prochaines réunions, en ne perdant pas de vue les thèmes prévus pour la journée de L’Envers et l’ACF-ÎdF.
La prochaine réunion du vecteur le 14 mars sera ouverte au public au cinéma « La Pléiade » à Cachan, avec la projection du film Her de Spike Jonze, montrant un entrelacs vraisemblable et facétieux entre l’amour et le numérique. Elle sera suivie d’un débat avec le public avec notre invitée Dalila Arpin ».
Contact : corpsy@enversdeparis.org
Vecteur Lectures freudiennes :
« Nous continuons notre traduction de « Ein Kind wird geschlagen-Un enfant est battu », dans ce paragraphe soulignons que Freud se laisse enseigner par les fantasmes des femmes, tout comme il invente la psychanalyse en écoutant les femmes hystériques. Si actuellement la pente est de chercher l’origine des fantasmes de coups, Freud quant à lui vise leur issue, leur devenir. »
« Les fantasmes de coups traités ici se montrent d’abord à la fin de ce moment […] ( entre deux et cinq ans) […] donc il se pourrait bien, qu’ils aient une préhistoire, qu’ils supportent une évolution, qu’ils correspondent à une issue finale et non à une expression initiale. Cette hypothèse est confirmée par l’analyse »[1].
Nous sommes en 1919…
Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org
La prochaine rencontre proposée par le vecteur Théâtre et psychanalyse aura lieu le vendredi 31 mars pour un spectacle adapté du texte « Marie Madeleine », de Marguerite Yourcenar, et mis en scène par Gianni Corvi à l’Auguste théâtre. Marie-Hélène Brousse viendra discuter avec Gianni Corvi à l’issue du spectacle.
Réservations au 01 43 67 20 47. Tarif préférentiel de 20 € en appelant au nom de L’Envers de Paris.
Vous pouvez également noter dans vos agendas « Némésis » d’après Philippe Roth le dimanche 16 avril à 15h au théâtre de l’Odéon, mis en scène par Tiphaine Raffier et suivi d’un débat avec France Jaigu.
Contact : theatre@enversdeparis.org
Vecteur Lectures cliniques :
Le travail théorico-clinique continue et nous allons nous réunir le mois de mars autour de 3 textes, l’un clinique et 2 lectures différentes sur un chapitre du Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, le chapitre « Présence de l’analyste ».
Pour le cas clinique Solène Philippon nous présente un cas où on peut déceler les prémisses du moment où le transfert peut s’amorcer. La question tourne autour du « signifiants du transfert », expression que Lacan utilise dans sa « Proposition sur le psychanalyste de l’école ».[i]
Pour les lectures théoriques, Nadine Daquin parcourt le chapitre sur « La présence de l’analyste » et elle pointe une ouverture, à partir de ce chapitre, à la question du transfert réel, différent du transfert imaginaire et du transfert symbolique.
La deuxième lecture sera faite par Antonio Almeida. « Le transfert est ce qui permet l’existence de la “présence de l’analyste”, c’est-à-dire qu’elle est une manifestation de l’inconscient » nous rappelle-t-il et questionne « la présence de l’analyste » alors que la virtualisation du corps par le numérique nous plonge dans des questions très actuelles qui vont de la pratique de séance vidéo, jusqu’un nouveau rapport au corps dans le monde actuel.
Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org
Le vecteur Addictions nous informe que le collectif TyA s’est réuni lundi 6 mars 2023 autour de la présentation clinique de Tomas Verger : « S’adopter soi-même ».
Contact : addicta.org/conversations
Quant au vecteur Psynéma, leur réunion a eu lieu jeudi 9 mars pour préparer la prochaine projection du 01/04/23 : Take Shelter de Jeff Nichols.
Contact : psynema@enversdeparis.org
Le Vecteur Psychanalyse et Littérature nous fait parvenir un texte de présentation :
Comme elle commencera son roman La Honte (1997) par un événement de jouissance innommable : « Mon père a voulu tuer ma mère un dimanche de juin, au début de l’après-midi. » [2], Annie Ernaux fait débuter son roman Passion simple (1991) par la projection « bouleversante » d’un film « classé X » dont elle fait dépendre son écriture littéraire : « Il m’a semblé que l’écriture devrait tendre à cela, cette impression que provoque la scène de l’acte sexuel, cette angoisse et cette stupeur, une suspension du jugement moral. »[3] Cette jouissance énigmatique qui est en jeu dans le rapport entre une femme et un homme et qui ne rentre pas dans le langage est ce qui pour Annie Ernaux conditionne et justifie son écriture romanesque. Avec Passion simple, elle écrit sa propre expérience d’une passion amoureuse inexplicable qui la pousse à ne plus rien faire d’autre « qu’attendre un homme »[4]. Chaque rencontre avec cet homme délimite « un espace de temps » où elle est « sûre qu’il n’y avait jamais rien eu de plus important dans [sa] vie, ni avoir des enfants, ni réussir des concours, ni voyager loin, que cela, être au lit avec cet homme au milieu de l’après-midi. »[5] C’est à l’effet de passion, que sa rencontre avec le désir de cet homme pour elle, qu’elle suspend sa vie toute entière et c’est ce suspens que son écriture tente de fixer en « notant en désordre les détails de cette rencontre. » [6]
« Aussitôt après son départ, une immense fatigue me pétrifiait. Je ne rangeais pas tout de suite. Je contemplais les verres, les assiettes avec des restes, le cendrier plein, les vêtements, les pièces de lingerie, éparpillés dans le couloir, la chambre, les draps pendant sur la moquette. […] tout objet signifiait un geste, un moment, qui composait un tableau dont la force et la douleur ne seront jamais atteintes pour moi par aucun autre dans un musée. » [7]
Par son écriture, Annie Ernaux traite dans les moindres détails sa propre jouissance de corps qui suspend ce qui d’habitude ordonne sa vie, l’assume et se l’approprie comme constitutive de sa propre histoire. Son autobiographie romanesque est celle qu’elle invente avec sa propre langue littéraire concrète, précise, « plate ». En écrivant La Honte et Passion simple, elle cherche à faire passer la jouissance d’un corps au langage et elle produit une écriture novatrice et singulière dans laquelle les perturbations et les objets en pièces détachées sont plus importants que la cohérence du récit romanesque. Ainsi, son art littéraire éclaire-t-il cette recommandation de J.-A. Miller, d’« ajouter, au terme de réalité, celui de réel, pour désigner l’autre réalité qui vient perturber le récit de la réalité, l’autre réalité qui vient faire émergence par morceaux, par pièces détachées. » [8]
Notre vecteur se réunira le mardi 14 mars à 20h par Zoom. Isabela Otechar nous présentera sa lecture du roman d’Annie Ernaux Passion simple orientée par le texte de J.-A. Miller « Les prisons de la jouissance » paru dans La Cause freudienne, n° 69.
Contact : litterature@enversdeparis.org
En espérant de vous revoir dans nos activités,
Dalila Arpin
Directrice de L’Envers de Paris
[1] Citation provenant de la traduction en cours du texte de Freud, que le vecteur prépare actuellement.
[2] Ernaux A., La Honte, Paris, Gallimard, 1997, p. 13.
[3] Ernaux A., Passion simple, Paris, Gallimard, 1991, p. 11-12.
[4] Ibid., p. 13.
[5] Ibid., p. 19.
[6] Ibid., p. 18.
[7] Ibid., p. 20.
[8] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Choses de finesse en psychanalyse », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, cours du 18 mars 2009, inédit.
[i] Lacan J., « Proposition sur le Psychanalyste de l’École », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 248.