ÉDITO JUIN 2024

Cinzia Crosali,
directrice de l’EdP

Nous débutons ce mois de juin avec une riche palette d’activités et d’événements, toujours en connexion étroite avec la ville. Nous suivons notre fil rouge : Fantasmes contemporains du corps, qui guide notre recherche. À ce propos, une référence de Lacan, tirée du Séminaire VI, Le Désir et son interprétation, nous éclaire : « Cet autre est l’image du corps propre […]. C’est là, dans ce fantasme humain, qui est fantasme du sujet […] c’est là que le sujet maintient son existence, maintient le voile qui fait qu’il peut continuer d’être un sujet qui parle[1] ». Le sujet parle et, en même temps, il est parlé ; il est marqué dans son corps par le signifiant. Ainsi, le parlêtre porte les marques d’une jouissance qui ne cesse de se répéter. Ces marques nous mènent directement au sujet des prochaines Journées de l’ECF : Phrases marquantes, Journées que l’École de la Cause a déjà commencé à préparer avec enthousiasme.

1. Lacan J., Le Séminaire, livre VI, Le Désir et son interprétation (1958-1959), Paris, Seuil, 2014, p. 119.

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CARTELS

« Ce qui m’a toujours intéressée dans le cartel – que je sois cartellisante ou plus-un –, c’est de lire Lacan, lire Lacan à plusieurs. J’avoue avoir une passion pour Lacan. Et je crois que c’est parce que je ne le comprends pas vraiment ; quelque chose m’échappe toujours, m’emmène plus loin, dans des contrées imprévues, surprenantes – parfois pas sans angoisse… Voilà, c’est que Lacan m’affecte ! […] Pour moi donc, la lecture à plusieurs permet de se dégager de l’écrasement ou de l’inhibition qu’induit l’affect et dans cette circulation permet d’aller au-delà de ce qu’on a déjà dans la tête [1] ». Bénédicte Jullien, lire la suite

Ce mois-ci un cartel sur le Séminaire X, L’Angoisse de Jacques Lacan, recherche un cartellisant. Il reste également deux places pour un cartel clinique en lien avec les prochaines Journées de l’ECF, Phrases marquantes.

Stéphanie Lavigne

1. Jullien B., « Le cartel : s’enseigner de ce qui nous affecte », Cartello, n° 19, décembre 2017, disponible sur internet.

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Et maintenant la parole aux responsables des vecteurs et des groupes de l’Envers de Paris, qui nous informent sur les activités et les évènements du mois de juin :

VECTEUR LECTURES FREUDIENNES

Nous continuons la traduction de l’article « Ein Kind wird geschlagen-Un enfant est battu » que Freud écrit en 1919, à l’issue de l’analyse de sa fille Anna. Un texte d’une incroyable actualité, citons le dans notre traduction :

« nous saisissons alors le fantasme connu d’être battu de la troisième phase, qui en est la structure définitive, dans laquelle l’enfant qui fantasme apparaît dans le meilleur des cas que comme spectateur, et où le père est maintenu dans la personne d’un instituteur ou tout autre autorité. Le fantasme, qui est maintenant semblable à celui de la première phase, semble s’être de nouveau changé en fantasme sadique. Cela donne l’impression que c’est comme si dans la phase : « le père bat l’autre enfant, il n’aime que moi », l’accent s’est retourné sur la première partie, après que la deuxième partie a succombé au refoulement…/…tous ces enfants indéterminés qui ont été battus par l’instituteur ne sont que des ersatz de la personne même. Ici se montre aussi pour la première fois quelque chose comme une constance du sexe chez les personnes servant le fantasme. Les enfants battus sont presque toujours des garçons, dans les fantasmes des garçons aussi bien que dans ceux des filles[1] ».

Nous nous retrouverons chez Susanne Hommel le mercredi 12 juin à 21h, contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

1. Freud S., « Ein Kind wird geschlagen » G.W. XII, Werke aus den Jahren (1917-1920), Frankfurt am Main, Fischer Verlag, 1999, p. 210-211. 

SEMINARIO LATINO

Toxique. C’est autour de ce signifiant dans l’air du temps qui se présente, selon Clotilde Leguil, comme un nouveau malaise de la civilisation et qui s’est invité dans la dimension du rapport à l’Autre, au cœur du lien social, que nous aurons le plaisir de converser avec l’autrice autour de son dernier ouvrage L’Ère du toxique. Saisir au plus près l’enjeu intime, social et politique du toxique et comment la psychanalyse se positionne à cet égard, c’est ce que nous proposons lors de notre prochaine soirée, le 12 juin à 21h à la Maison de l’Amérique Latine, 217 Bd Saint Germain, 75007, Paris. Nous vous attendons nombreux !

L’argument du cycle d’étude 2024-2025 du Seminario Latino de Paris : https://enversdeparis.org/seminario-latino-de-paris

Responsables : Flavia Hofstetter et Nayahra Reis.
Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

VECTEUR LECTURES CLINIQUES

Le Vecteur des lectures cliniques s’est réuni le samedi 25 mai 2024 pour travailler ensemble le troisième chapitre du Cas Schreber de Freud. Le questionnement de Katie Abril Boch a permis d’engager une discussion et de percevoir toute la richesse de cette œuvre fondamentale afin de saisir les mécanismes libidinaux à l’œuvre dans la paranoïa. Ensuite Javier Naranjo Silva nous a présenté son texte qui a permis de faire des allers-retours entre l’article de Sigmund Freud et la clinique contemporaine.

Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org

VECTEUR PSYCHANALYSE ET LITTERATURE

Lors de notre réunion du 18 Juin à 20h, notre vecteur poursuivra sa lecture du roman autofictionnel de C. Laurens Fille, en se laissant enseigner par l’appui que cet écrivain trouve dans son travail des mots pour traiter l’agression sexuelle subie à 10 ans. Pendant que son grand-oncle prend violemment possession de son sexe en lui soufflant à l’oreille que « toutes les filles aiment ça [1]  », elle sent que « son cœur bat comme celui du lapin avant de mourir [2]  ».
Quand plus tard, il violente à nouveau son corps en lui imposant sa jouissance, la honte et la peur la réduisent à n’être plus qu’ « une poupée molle [3]  ». « S’évanouir, c’est ça qui la sauverait. [4]  » Et quand elle raconte tout à sa grand-mère et que celle-ci lui ordonne de n’en parler à personne et d’oublier ce « tripotage [5]  » dont « le linge sale [6]  » ne concerne que les femmes ainées de la famille, elle éprouve que l’effacement de sa féminité « est arrivé à la famille, que c’est un truc embêtant pour la famille, pas à elle, pas pour elle [7]  ».
En écrivant son expérience mettant en jeu son corps féminin, C. Laurence se dégage de la violence qui a fait équivaloir sa féminité à la disparition de son être et de son corps. Elle s’y fait présente à elle-même et elle récupère son corps féminin dont elle a été dessaisie. S’engager dans l’écriture littéraire la fait être sujet de la parole lié au désir de l’Autre et non plus objet de la jouissance de l’Autre.
Avec Fille, C. Laurens ne se sauve-t-elle pas elle-même de sa jouissance à se faire absente à elle-même ?

Pour rejoindre notre vecteur, contacter M.-C. Baillehache : litterature@enversdeparis.org


[1] Camille Laurens, Fille, Paris, Ed. Quarto Gallimard, 2023, p. 793.
[2] Camille Laurens, Idem.
[3] Camille Laurens, Ibid., p. 794.
[4] Camille Laurens, Idem.
[5] Camille Laurens, Ibid., p. 796.
[6] Camille Laurens, Idem.
[7] Camille Laurens, Ibid., p. 795.

VECTEUR LE CORPS PAS SANS LA PSYCHANALYSE

Lors de la dernière rencontre du vecteur Le corps, pas sans la psychanalyse, poursuivant un travail collectif sur les fantasmes contemporains du corps, Pierre-Yves Turpin a présenté une réflexion sur le corps marqué par les tatouages, les piercings, les stretchings ou les brandings, en se demandant ce que devient, quand il est ainsi élargi, brulé et transformé, le corps de « LOMcahuncorps et nan-na Kun », dont Lacan parle dans Joyce le symptôme.

La prochaine réunion se tiendra le 7 juin à 20h au 76 rue des Saints-Pères.

Contact : corpsy@enversdeparis.org

VECTEUR PSYNEMA

Le vecteur Psynéma prépare activement les prochaines rencontres psychanalyse-cinéma. 

Voici les dates des prochaines séances ciné-débat qui auront lieu au Patronage laïque Jules Vallès à Paris (saison 2024-2025), et les films concernés (les séances commencent à 14h) : 

    1. Samedi 12/10/2024 : Chantage (Blackmail) d’Alfred Hitchcock ; 
    2. Samedi 07/12/2024 : Ordet de Carl Theodor Dreyer ; 
    3. Samedi 01/02/2025 :   Le festin de Babette de Gabriel Axel ; 
    4. Samedi 05/04/2025 : Reflection in a Golden eyes de John Huston. 

Pour les rencontres qui auront lieu aux 7 Parnassiens retenir (les séances commencent à 20h) :

    1. Jeudi 19 septembre 2024 : Rashômon d’Akira Kurosawa ; 
    2. Jeudi 5 décembre 2024 : La Chasse de Thomas Vinterberg.

Par ailleurs, Alexandra Fehlauer et Jessika Schlosser mettent en place un partenariat à Paris avec L’institut Goethe. La première séance aura lieu le 29 janvier 2025 à 20 h dans le quartier latin, au Cinéma Club 21, situé au 23 rue des Écoles, avec le film L’Ange bleu de Josef von Sternberg (1930), un des premiers longs métrages parlants du cinéma allemand. Nathalie Georges-Lambrichs a accepté d’être notre première invitée pour cette série consacrée aux films allemands.

Contact : Karim Bordeau

VECTEUR THEATRE

La rencontre du vecteur théâtre et psychanalyse aura lieu le dimanche 9 juin à 15h aux ateliers Berthier du théâtre de l’Odéon pour un spectacle adapté du roman de Thomas Bernhard, Oui. La représentation sera suivie par un débat avec la metteuse en scène Célie Pauthe, le comédien Claude Duparfait, et Nathalie Georges, animé par Hélène de La Bouillerie. Vous pouvez réserver votre place en envoyant un mail à cette adresse : theatreetpsychanalyse@gmail.com
(prix des place 29€)

VECTEUR CLINIQUE ET ADDICTIONS

La prochaine conversation aura lieu le mercredi 26 juin 2024 sous le titre : Magic Mushrooms, la promesse enthéogène, un travail d’Éric Colas.

Après trente années de recherche, R. G. Wasson, un banquier new-yorkais, ramène enfin du Mexique des champignons hallucinogènes. Il les diffuse auprès d’amis scientifiques qui les reproduisent et en isolent le principe actif. C’est les années cinquante et nous sommes déjà dans le psychédélisme. Mais la psilocybine provoque plus d’effets mystiques que le LSD. Wasson et ses amis forgent le terme enthéogène pour définir le sentiment divin qu’inspire, libère ces hallucinogènes. Les expériences hallucinogènes récréatives et scientifiques s’arrêtent brutalement en 1971, dans la foulée de la Guerre à la drogue menée par Nixon et les États signataires de la convention de l’ONU. Elles ont repris au début du nouveau siècle, mais pas sans la spiritualité. Quelle est cette promesse enthéogène qui pousse tous ces chercheurs ? Quelle mystique recèlent ces champignons magiques ?

Renseignements et inscriptions sur https://addicta.org/2024

Vous êtes attendus nombreux pour partager ces moments enrichissants ensemble.
Je vous souhaite un doux mois de juin, et une présence vivace à la vie de notre association.

Cinzia Crosali,
directrice de L’Envers de Paris.