Théâtre & Psychanalyse
Collectif, responsable Hélène de La Bouillerie
Le collectif Théâtre et psychanalyse travaille depuis cinq saisons autour de l’organisation de rencontres avec des metteurs en scène à l’issue de représentations théâtrales à Paris, auxquelles sont associées un invité psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne. Notre axe de travail est l’établissement d’un dialogue avec des artistes très engagés dans cet art de la parole singulière qui fut une référence centrale du premier enseignement de Lacan. Nous interrogeons ainsi le choix des textes, la perspective de son interprétation par la mise en scène, sur fond d’analyse des sujets convoqués sur scène et des enjeux politiques contemporains dont ils témoignent. Le collectif se réunit pour travailler à la préparation de ces débats : lecture analytique de la pièce, recherches sur l’auteur, sur le metteur en scène. Plus d’une cinquantaine de rencontres ont eu lieu dans les théâtres publics et privés de Paris, autour de textes classiques – Molière, Corneille, Shakespeare ou d’auteurs modernes et contemporains et de créations. De nombreux textes issus de ces rencontres sont disponibles sur le site de L’Envers de Paris ainsi que des enregistrements audios et vidéos.
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actualités…

Exilés de Joyce : Une mise en scène du non rapport sexuel[1]
Par Bernadette Colombel
Comment Joyce traite-t-il la question du non rapport sexuel ? Nous allons nous appuyer sur deux de ses œuvres : Lettres à Nora[2] et Exilés[3], une pièce de théâtre dont il est l’auteur.
Dans les lettres à Nora, Joyce ravale le corps de cette dernière à un objet sexuel dont il jouit. Il qualifie avec plaisir les zones corporelles de sa compagne de « grossières, sales[4]». Il oscille entre la considérer comme une « Madone » ou la traiter d’« impudique[5] ». Quand il écrit à Nora, il l’imagine en lien avec les fonctions physiologiques comme la défécation ou des positions sexualisées[6]. Il associe Nora à des gants : ils sont « presque aussi chauds que certaines régions [de ton corps][7] », lui écrit-il.
Cependant, le corps[8] de Nora n’est pas qu’un objet de jouissance sexualisé. Pour écrire, il lui faut le support de la présence réelle de sa compagne dans un miroir[9]. Lui allant « comme un gant » dit Lacan, Nora « serre » le corps de Joyce qui s’en trouve consolidé. Nora semble ainsi pallier la faiblesse de l’Ego de Joyce, cette part imaginaire du corps qui risque de tomber « comme une pelure[10]». Le corps de Nora lui est indispensable.
[4].
[1] Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 464 : « Il n’y a pas de rapport sexuel n’implique pas qu’il n’y ait pas de rapport au sexe ».
[2] Joyce J., Lettres à Nora, Rivages-Poche, coll. Petite bibliothèque, 2012.
[3] Joyce J., Exilés, Paris, Gallimard, 1988. La pièce fut jouée pour la première fois à Munich en 1919.
[4] Joyce J., « Lettre du 9 décembre 1909 », Lettres à Nora, op. cit.
[5] Ibid., « Lettre du 2 septembre 1909 », p. 92.
[6] Ibid., « Lettre du 2 septembre 1909 », p. 129 et « Lettre du 20 décembre 1909 », p. 160.
[7] Arpin D., Gault J.-L., « L’épouse de Joyce », Édito de L’Hebdo-Blog, n o 154, 9 décembre 2018. En référence à la lettre de Joyce à Nora, en date du 1er novembre 1909, p. 117.
[8] Acte I, scène 1, vers 164.
[9] Arpin D., Couples célèbres. Liaisons inconscientes, Paris, Navarin éditeur, 2016, p. 133.
[10] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 84.
Ibid., p. 149.
Nos travaux…
L’École des femmes , ou Arnolphe à l’école d’Agnès
Par Bernadette Colombel
En 1662, Molière monte au théâtre L’École des femmes qui fera scandale, et pour cause! Même si ce n’était pas l’intention première de l’auteur, le ton est donné : le sabotage de la « norme-mâle ».
L’Ecole des femmes
L’ECOLE DES FEMMES Un « chef d’œuvre unique »1, c’est ainsi que Lacan qualifiait « L’Ecole des femmes » dont il fait une lecture dans le Séminaire Les Formations de l’inconscient. Le thème de la « précaution inutile » à vouloir prévenir les messieurs du cocuage était...
Le Rire et le Néant dans l’œuvre freudienne
Par Grigory Arkhipov
Dans la pensée occidentale, il y a une forte tradition de considérer le rire et le risible à travers le prisme du jugement. Ce jugement peut être esthétique (le risible est « une laideur non accompagnée de souffrance » , note Aristote), intellectuel (nous rions de ce que nous estimons être stupide) ou moral (le rire châtie la vanité, selon Bergson). Il y a un autre paradigme qui, au contraire, inscrit le rire dans la discontinuité du jugement.
ILLUSIONS PERDUES
« Les dialogues des Illusions perdues me galvanisent, me font réagir physiquement, car cette œuvre est un feu d'artifice d'idées et de vie. Cette force, trouvant sa résonance en moi, me confirme qu'il faut porter ce roman à la scène ». Pauline...
Pelléas et Mélisandre
PELLEAS ET MELISANDE Œuvre phare du théâtre symboliste, Pelléas et Mélisande fut considérée comme une révolution littéraire par sa rupture avec le naturalisme régnant sur les scènes. Maeterlinck y déploie sa poétique du symbole qui serait...
Lalalangue, prenez et mangez-en tous
Frédérique Voruz est comédienne. Lalalangue est son œuvre dont Ariane Mnouchkine, fondatrice du Théâtre du Soleil qui l’accueille, a nommé « Une confession héroïque ». C’est un seule en scène autobiographique, le récit d’une analyse sous forme de spectacle, l’exposé d’un trauma et des symptômes d’une enfant qui se reconstruit grâce à la psychanalyse, et surtout grâce au personnage de la psychanalyste, qui fait irruption tout au long du spectacle pour le ponctuer de ses saisissantes interprétations. Il y est parlé du langage familial et du poids des mots. Philippe Benichou
Collectif Théâtre & Psychanalyse
Collectif théâtre & psychanalyse
Attention, pour bénéficier du tarif préférentiel, vos réservations doivent parvenir à l’adresse indiquée avant le 4 janvier
Théâtre & psychanalyse
La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau est étonnamment contemporaine malgré les 120 années qui séparent la présente représentation de la première en 1899(3). Entièrement basée sur le quiproquo, elle est un prototype du désir qui ne cesse de circuler, dans un jeu de cache-cache de l’objet leurre du désir par rapport auquel chacun se positionne… Par Bernadette Colombel