Le triomphe de l’éducation
Vecteur Clinique et Addictions / TYA
Responsable Pierre Sidon
Co-responsable Stéphanie Lavigne
Bienvenue en éductologie
par Pierre Sidon
En Novembre 2017 auront lieu les prochaines journées de l’École de la Cause freudienne dont le thème est : « Apprendre : désir ou dressage. » Dans notre discipline, ladite addictologie, on assiste aux première loges au triomphe de l’« éducatif » : éducatif par la catégorie professionnelle majoritairement représentée dans le champ institutionnel, éducatif dans la façon de « motiver » aux soins, éducatif dans la thérapeutique cognitive-comportementale addictologique et psychiatrique, éducatif dans l’encadrement infirmier par l’ « éducation à la thérapeutique », éducatif dans une littérature de how to qui envahit les librairies, éducatif dans l’esprit de la prévention. C’est l’éductologie !
Le dressage semble être tout ce que méritent ceux qui n’obtempèrent pas : « il faut plus de pédagogie ! » s’époumonent les politiques face au peuple rétif. Mais on peut aussi compter sur nos professeurs d’ataraxie : « la passion est positive quand elle laisse encore le loisir de gérer la vie quotidienne », prêche tel universitaire de l’amour. Et puis chaque geste du quotidien est accompagné d’un commentaire parasitaire moralisateur et culpabilisant bombardant le sujet contemporain de consignes injonctives contraires prônant la consommation… et sa modération tout à la fois. Cette prévention s’avère inefficace depuis des décennies, voire néfaste même par l’excès de messages hygiénistes repoussants pour l’intelligence. En ne mettant l’accent que sur la consommation et non pas sur ce qu’elle vient traiter, ils prennent le risquent d’encourager une transgression plus ou moins ordalique. Il n’empêche : les messages de prévention ne marchent pas ? Faisons-en plus ! Mais ces injonctions privent aussi les professionnels de l’usage de leur parole singulière, s’y substituant comme les envahisseurs de la célèbre série télévisée, robotisation en plus. Ainsi exige-t-on de plus en plus des « opérateurs de prévention », qu’ils diffusent auprès des jeunes ces messages standardisés aux dépens de leurs interventions traditionnelles vivantes, adaptatives et nuancées : avant tout, empêcher tout transfert.
Comment lesdits « usagers » – ce joli nom donné aux patients qui fréquentent les institutions du secteur dit du « médico-social » en France, en l’occurrence en addictologie – vivent-ils l’assaut éducatif auquel ils font face ? Comment les professionnels parviennent-ils à maintenir une pratique attentive à la singularité dans ces conditions ? C’est ce que nous étudierons cette année à-travers travaux théoriques et cliniques, toujours sous la forme, remise au goût du jour par Jacques-Alain Miller, des Conversations.
En Novembre 2017 auront lieu les prochaines journées de l’École de la Cause freudienne dont le thème est : « Apprendre : désir ou dressage. » Dans notre discipline, ladite addictologie, on assiste aux première loges au triomphe de l’« éducatif » : éducatif par la catégorie professionnelle majoritairement représentée dans le champ institutionnel, éducatif dans la façon de « motiver » aux soins, éducatif dans la thérapeutique cognitive-comportementale addictologique et psychiatrique, éducatif dans l’encadrement infirmier par l’ « éducation à la thérapeutique », éducatif dans une littérature de how to qui envahit les librairies, éducatif dans l’esprit de la prévention. C’est l’éductologie !
Le dressage semble être tout ce que méritent ceux qui n’obtempèrent pas : « il faut plus de pédagogie ! » s’époumonent les politiques face au peuple rétif. Mais on peut aussi compter sur nos professeurs d’ataraxie : « la passion est positive quand elle laisse encore le loisir de gérer la vie quotidienne », prêche tel universitaire de l’amour. Et puis chaque geste du quotidien est accompagné d’un commentaire parasitaire moralisateur et culpabilisant bombardant le sujet contemporain de consignes injonctives contraires prônant la consommation… et sa modération tout à la fois. Cette prévention s’avère inefficace depuis des décennies, voire néfaste même par l’excès de messages hygiénistes repoussants pour l’intelligence. En ne mettant l’accent que sur la consommation et non pas sur ce qu’elle vient traiter, ils prennent le risquent d’encourager une transgression plus ou moins ordalique. Il n’empêche : les messages de prévention ne marchent pas ? Faisons-en plus ! Mais ces injonctions privent aussi les professionnels de l’usage de leur parole singulière, s’y substituant comme les envahisseurs de la célèbre série télévisée, robotisation en plus. Ainsi exige-t-on de plus en plus des « opérateurs de prévention », qu’ils diffusent auprès des jeunes ces messages standardisés aux dépens de leurs interventions traditionnelles vivantes, adaptatives et nuancées : avant tout, empêcher tout transfert.
Comment lesdits « usagers » – ce joli nom donné aux patients qui fréquentent les institutions du secteur dit du « médico-social » en France, en l’occurrence en addictologie – vivent-ils l’assaut éducatif auquel ils font face ? Comment les professionnels parviennent-ils à maintenir une pratique attentive à la singularité dans ces conditions ? C’est ce que nous étudierons cette année à-travers travaux théoriques et cliniques, toujours sous la forme, remise au goût du jour par Jacques-Alain Miller, des Conversations.
Addictions et psychoses ordinaires
par Stéphanie Lavigne
Nos conversations cliniques et théoriques s’orienteront également cette année en lien avec le congrès de L’AMP : « les psychoses ordinaires et les autres sous transfert ». C’est ainsi que nous porterons une attention particulière aux psychoses ordinaires.
Nous avons souvent débattu du diagnostic : y a t’il un symptôme déchiffrable ? Le phallus circule-t’il dans le discours du sujet ? Ou encore : le déclenchement est-il évident, tel que lors d’un délire, ou de la présence d’hallucinations ? Nous nous sommes appuyés sur la clinique et sur les concepts dont le pivot est le Nom-du-Père, car il est vrai que nombreux de nos patients présentent des psychoses « extraordinaires », où d’ailleurs le cas du Président Schreber reste une référence incontournable. Néanmoins, nous nous sommes également penchés sur des cas cliniques dans lesquels n’apparaissaient pas de phénomènes élémentaires évidents, tel que les décrit Lacan dans son texte : « Propos sur la causalité psychique »(1). Avec la notion de psychose ordinaire, nous partirons de la clinique borroméenne, continuiste, qui a fait dire à Jacques Lacan : « tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant » (2). De l’extraordinaire du déclenchement, nous nous arrêterons sur ces débranchements de L’Autre, qui ne sont pas sans effets pour le sujet.
(1) Lacan J., Ecrits , 1966, p. 151.
(2) Lacan J., « Journal d’Ornicar ? », Ornicar ?, n°17-18, 1979, p. 278.
Renseignements et inscriptions : http://addicta.org/conversations/