Ni espoir ni désespoir, un au-delà

par Laure de Bortoli

Vecteur
Psynéma

Ni espoir ni désespoir, un au-delà

 Visage d’une époque implacable où les sujets rivés à la solitude

De l’autre côté de l’espoir, sorti en 2017, est un film du Finlandais Aki Kaurismäki en prise directe sur une actualité des plus sensibles, le statut de réfugié ou de clandestin d’une part, l’état d’exilé de l’intérieur, de laissé pour compte du système capitaliste, en transit dans leur propre pays d’autre part.

La première image, l’éclat d’un regard tranchant au milieu des reflets noirs d’un chargement de charbon condense tout à la fois le statut d’objet d’un sujet réduit à son regard et la déréliction qui frappe ici l’immigré syrien jeté sur une terre étrangère, la Finlande en occurrence.

Le film met en scène une figure moderne du héros sorte d’Ulysse, aux prises avec les aléas des discours de l’Europe sur l’accueil des immigrés.

Les personnages principaux, un réfugié syrien fuyant son pays en guerre et un finlandais déposant le bilan à la fois de son entreprise et de son couple, sont animés par un désir infrangible. Chacun à leur façon, ils ont fait le choix de quitter leur passé et de reconstruire un avenir sur les ruines de leur histoire. Du choix « forcé » de la séparation à la recherche de nouvelles fondations, le dénouement chemine à travers une alliance inattendue entre les deux protagonistes de l’histoire.

Le hasard, un coup de poker, s’en mêlent. Bonnes et mauvaises rencontres viennent s’entrelacer pour dessiner le visage d’une époque implacable où les sujets rivés à la solitude et privés des recours traditionnels (droit d’asile, assistance), se débrouillent en marge de la légalité, clandestinement, avec générosité et facétie.

Comme le titre Kaurismäki, ici ni espoir, ni désespoir, un au-delà ouvert sur l’amour, la haine et… l’humour !

 

© Salvatore Puglia

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