Collectif Théâtre & Psychanalyse
LA FOLIE D’ALCESTE
Alceste, Misanthrope inoubliable des lettres françaises, est sur scène au Théâtre de la Ville. Il est de ces rares personnages de Molière dont le ridicule produit pourtant un rire amer. Certains prirent sa défense, tel Rousseau, ou Fabre d’Eglantine en pleine révolution française qui lui fait même prendre sa revanche en sanctifiant sa vertu (1). Dans ce débat pour ou contre la « belle âme » d’Alceste, Lacan prit parti dans ses « Propos sur la causalité psychique »(2). Pour Lacan comme Molière, Alceste est fou. Certes, ce dernier sait que son amour pour Célimène contrevient à sa raison, mais ce que nous montre Lacan c’est qu’il ignore qu’il est lui-même captif de ce narcissisme de l’Amour qui régnait sur le lien social des courtisans au temps de La France galante (3). Alceste est pour Lacan l’incarnation de cette belle âme qui « concourt lui-même au désordre contre lequel il s’insurge »(4) et qui signe une folie, bien commune disons-le.
Alain Françon qui œuvre depuis 1971 sur les théâtres et qui, pour la première fois, monte une pièce de Molière, nous a fait le plaisir d’accepter de venir converser avec Bénédicte Jullien, psychanalyste, membre de l’Ecole de la Cause freudienne. Rendez-vous le 6 octobre avec l’Envers de Paris au Théâtre de la Ville. Philippe Benichou
(1) Cf. Le Philinte de Molière de Fabre d’Eglantine, 1790.
(2) Lacan J., « Propos sur la causalité psychique » in Ecrits, Paris, Seuil.
(3) Viala A., La France galante, PUF, Paris, 2008, livre consacré à l’éthique galante à l’âge classique, très présente dans le théâtre de Molière.
(4) Ibid., p.173.
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