Un étrange paradoxe contemporain : jouir et se soigner : les nouvelles obligations de la santé mentale
Fondée sur la contrainte, l’institution de soins est un dispositif du Discours du maître. La psychiatrie, même si elle se rêve libre, affranchie de son histoire et de ses missions d’ordre public, est aussi historiquement et structurellement comme un auxiliaire de police. Il en est de même de la santé mentale, sous ses atours bienfaiteurs : une tyrannie douce du bien-être dans le silence des organes et au-delà… Soigner est devenu un impératif sans limite dans le paradigme contemporain où le droit de souveraineté est passé de « faire mourir ou laisser vivre » à « faire vivre et laisser mourir » (Foucault). Dans cette tyrannie du Bien sans envers qui étend son Empire (Philippe Murray), il n’y a plus d’anormalité et le pousse-à-jouir – forme du surmoi contemporain – s’étend. Mais avec lui, ses excès sont à soigner : jouir et se soigner de jouir… trop ! Comment trouver la bonne mesure ? C’est le secret du succès de ces nouveaux épicurisme dont les marchands d’ataraxie font commerce jusque sous la bannière de l’Université.
« La passion est positive quand elle laisse encore le loisir de gérer la vie quotidienne », professe l’un d’eux !! En attendant, la consommation flambe : « just do it » ! et dans le même temps « la consommation d’alcool est dangereuse pour la santé. » Ecartelés entre ces deux Surmois le sujet contemporain peut être amené à franchir les lignes et à devoir se soigner par obligation de justice. Il n’y a pas d’envers du bien-être ! Il n’y a pas d’envers de ce surmoi. Précipité au CSAPA, le condamné peut rencontrer l’occasion de trouver un chemin singulier.
Avec Ana de Melo et Eric Colas
Conversations Clinique et Addictions du TyA – Envers de Paris,
Le 23 mars 2020 à 20h30
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