La pulsion de mort en scène : Andromaque

Andromaque 1 et la pulsion de mort

Andromaque, la pièce de Racine

Andromaque est une tragédie dont l’intrigue se déploie un an après la guerre de Troie, les grecs sortant vainqueurs grâce à Pyrrhus, roi d’Épire et à son père, Achille. Les effets des atrocités de la guerre de Troie sont inscrits dans la vie politico-sociale et marquent l’intime des personnages : c’est sur fond d’ effondrement de Troie, ville décrite alors par Pyrrhus comme « cendres… Un fleuve teint de sang, des campagnes désertes … » 2 que les héros se déchirent et donnent libre cours à la violence qui les habite.

De par leurs liens familiaux ou leurs actions, ils sont impliqués dans le carnage de Troie : Pyrrhus et Andromaque, troyenne captive de ce dernier, épouse du troyen Hector, mort à la guerre, se sont trouvés au cœur du massacre; Hermione, offerte par son père à Pyrrhus en guise de remerciement d’avoir écrasé Troie, est la fille d’Hélène, directement liée au déclenchement de la guerre 3 .

Dans le texte, les horreurs de cette guerre sont omniprésentes : « Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle » 4 , se souvient Andromaque, en parlant de ce qu’a enduré son peuple. La crainte d’une nouvelle effusion de sang entre Troyens et Grecs hante les personnages. Les Grecs craignent qu’Astyanac, le fils d’Andromaque et d’Hector, ne venge la mort de son père. Aussi, veulent-ils sa mort : « Il n’est point de familles qui ne demandent compte à ce malheureux fils d’un père ou d’un époux qu’Hector leur a ravis et qui sait ce qu’un jour ce fils peut entreprendre » dit Oreste, le messager des grecs, envoyé à Pyrrhus 5. En épousant Andromaque, Pyrrhus, lui-même, quoiqu’il dise refuser de « se baigner dans le sang d’un enfant » 6 et de poursuivre « ses inimitiés » 7, finira par provoquer à nouveau un bain de sang en épousant Andromaque.

Sur fond de dévastation, avec violence se décline la grammaire des amours passionnelles impossibles, « Je t’aime moi non plus ». Pyrrhus veut posséder Andromaque : jouissant du plaisir à se perdre pour celle-ci 8, il s’apprête à sacrifier « amis… et devoirs » 9 pour s’unir à elle, ce qui lui vaudra sa perte 10. Cependant, il la hait d’autant plus qu’elle est inaccessible : « Cent fois, dit-il d’Andromaque, le nom d’Hector est sorti de sa bouche » 1. En menaçant de tuer Astyanax, il fait de l’enfant d’Andromaque et d’Hector, un objet de négociation de l’amour de la mère. Épris d’Andromaque, il laisse libre cours à sa haine : « Attend-elle en ce jour Que je lui laisse un fils pour nourrir son amour ? » 12. Andromaque, fidèle à son époux, elle balance entre deux modalités où la mort est en jeu: verser son sang avec celui de son fils, pour échapper à Pyrrhus ou, pour sauver son fils, se tuer après avoir contracté mariage avec le roi d’Épire.

Hermione, elle, rend compte de ce que Lacan appelle l’«hainamoration» 13 . En parlant de Pyrrhus, elle déclare : « sa mort sera l’effet de l’amour d’Hermione » 14 . Celle-ci est aimée par Oreste alors que son regard n’est tourné que vers Pyrrhus attaché à Andromaque. Jouissant d’imaginer que cette dernière comble Pyrrhus, Hermione est rongée par la «jalouissance» 15 . Elle reproche à Pyrrhus: « Tu comptes les moments que tu perds avec moi, Ton cœur impatient de revoir ta Troyenne,… Tu la cherches des yeux » 16. La folie vengeresse d’Hermione la pousse au meurtre par procuration. Pour satisfaire sa soif de vengeance, elle utilise l’amour aveugle d’Oreste envers elle, pour lui intimer d’assassiner Pyrrhus. Cependant, à la mort de ce dernier, elle le pleure. Elle méprise et rejette alors Oreste, et elle n’assume pas avoir tenu des propos meurtriers. « Fallait-il en croire une amante insensée ? Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée ? 17, lui dit-elle, ce qui peut se lire dans la suite de Lacan, « Ne me donne pas ce que je te demande, parce que ce n’est pas ça que je désire » 18 . Nous voyons bien que « répondre à la demande est forcément la décevoir, puisque ce qui y est demandé est Autre-Chose » 19 . Voulant satisfaire sa bien-aimée et la posséder, Oreste passe à côté de son idéal en acquiesçant à l’exigence d’Hermione d’assassiner Pyrrhus, qu’il vénère pourtant 20 . Au terme, il se retrouve, seul, répudié par l’aimée qui le traite de « monstre » 21 . Il succombe alors à la folie.

Dans la pièce de Racine, les héros oscillent entre un discours amoureux et celui de la haine, envahis par une jouissance mortifère; la pulsion de mort, telle une substance explosive, se déchaîne dans une effusion de sang, la mort ou la folie. Entre leurs angoisses et leur volonté de domination, les héros tracent leur propre voie vers le suicide 22. Dans cette pièce, la répétition des signifiants matérialise, «motérialise » la pulsion de mort 23 : « le sujet est amené à se comporter d’une façon essentiellement signifiante en répétant indéfiniment quelque chose qui lui est à proprement parler mortel », affirme Lacan 24. Les signifiants mort, venger/vengeance, haine, sang ne cessent d’insister à travers le discours de chacun.

La mise en scène à l’Odéon, théâtre de l’Europe

Stéphane Braunschweig, metteur en scène, a su rendre palpable cette violence qui se manifeste dans toute la pièce de Racine par une trouvaille interprétative : un liquide rouge recouvre la scène dans laquelle les héros piétinent, se déplacent … Le spectateur ne peut oublier que le discours de chacun des personnages baigne dans ce sang qui les a éclaboussés à des titres différents. Stéphane Braunschweig a lu le texte racinien, pas seulement comme l’expression de passions amoureuses, mais comme la mise en lumière de l’impact de la folie guerrière sur la folie individuelle 25 . Par son décor sobre, hors du temps, l’interprétation renvoie au monde contemporain : un habillement moderne, un maniement des alexandrins avec le style du langage parlé. Stéphane Braunschweig a souhaité ne pas dissimuler la cruauté omniprésente le long de l’écriture, que pourrait voiler la beauté des alexandrins 26 : pas d’enjambement, pas d’inscription dans la musicalité des vers. La mise en scène rend hommage à cette tragédie de 1667 en faisant résonner chez le spectateur des préoccupations actuelles, la guerre à nos portes, l’injonction au meurtre d’un homme par une femme, l’impossible rapport entre les «parlêtres». Elle met à notre portée la pérennité du Malaise dans la Civilisation. Andromaque plonge le spectateur dans un mauvais rêve où, entre le 17 e et le 21 e siècle, la ligne du temps se condense en un point d’où surgit le réel, intemporel, de la pulsion de mort.

 

Bernadette Colombel

 

[1] Tragédie de Racine, jouée la première fois en 1667, récemment mise en scène par Stéphane Braunschweig au
Théâtre de l’Odéon. Le 3 décembre 2023, dans le cadre de l’Envers de Paris, la représentation a été suivie d’un
échange entre le metteur en scène, Virginie Leblanc, et Hélène de la Bouillerie, psychanalystes, membres de l’ECF.

[2] Racine J., Andromaque, Paris, Gallimard, coll. Folio Classique, 1982, Acte I, scène 2, p. 201-202.
[3] Le déclenchement de la guerre de Troie a été causé par l’enlèvement d’Hélène, épouse de Ménélas, roi de Sparte,
par Pâris, prince troyen.

[4] Ibid., Acte III, Scène 8, 997-998.
[5] Ibid., Acte I, Scène 1, 158-161.
[6] Ibid., Acte I, Scène 1, 216.
[7] Ibid., Acte I, Scène 1, 219
[8] Ibid., Acte II, Scène 5, 642.
[9] Ibid., Acte II, Scène 5, 639.
[10] Lacan, Jacques, Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 83.
[11] Racine, Jean, Andromaque, Acte II, Scène 5, 650.
[12] Ibid., Acte II, Scène 5, 655-656.
[13] Lacan, Jacques, Le Séminaire, livre XX. Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 84.
[14] Racine, Jean, Andromaque, Acte V, Scène 2, 1422.
[15] Lacan, Jacques, Ibidem, p. 9
[16] Racine, Jean, Andromaque, Acte V, Scène 6, 1376-1379.
[17] Idem, Acte V, Scène 3, 1545-1546.
[18] Lacan, Jacques, Le Séminaire, livre XIX, … ou pire, Paris, Seuil, 2011, p. 82.
[19] Idem, La psychanalyse. Raison d’un échec (1967), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 343.
[20] Racine, Jean, Andromaque, Acte IV, Scène 3, 1206-1207.
[21] Ibid., Acte V, Scène 3, 1564.
[22] Lacan, Jacques, L’agressivité en psychanalyse (1948), Les Écrits, Paris, Seuil 1966, p 124.
[23] Idem, Le Séminaire Livre III, Les psychoses, Paris, Seuil,1975, p. 326.
[24] Idem, Le Séminaire Livre IV, La relation d’objet, Paris, Seuil, 1994, p. 5
[25] Une paix impossible? Entretien avec Stéphane Braunschweig, Fascicule publié par Odéon, Théâtre de
l’Europe, Andromaque de Racine mise en scène et scénographie par Stéphane Braunschweig, du 16 au 22
décembre 2023.

[26] Envers de Paris, Échange avec Stéphane Braunschweig, 3 novembre 2023.

ÉDITO MARS 2024

ÉDITO MARS 2024

PARISLEAKS MARS 2024

 

Chères et chers membres et abonnés de L’Envers de Paris,

Le mois de février a été marqué par de nombreux évènements d’une grande importance. Après la journée Question d’École, la très belle présentation du Séminaire xv de Lacan, le Rendez-vous avec la Passe, ce sont les Grandes Assises de l’Association Mondiale de Psychanalyse, sous le titre « Tout le monde est fou », qui ont conclu un mois dense d’étude et de rencontres.

Nous entrons dans un mois de mars qui ne manquera pas d’évènements et de surprises : ne pas manquer la 3e Journée d’étude du CERA intitulée : « L’autisme pour tous ? ». Elle se tiendra au Palais des Congrès d’Issy-les-Moulineaux, le samedi 23 mars 2024 de 9h à 18h. Les inscriptions sont déjà ouvertes sur : events.causefreudienne.org. Cette journée n’est pas réservée qu’aux spécialistes de l’autisme, mais intéresse tout le monde, car il y a quelque chose d’autistique chez chacun d’entre nous. Et, comme le soutient J.-A. Miller, l’autisme est le statut natif du parlêtre.

***

Une autre date à retenir est celle de jeudi 14 mars à 21h au cinéma Les 3 Luxembourg, 67 rue Monsieur le Prince, Paris 6e, sera projeté Lettre errante, le nouveau film de Nurith Aviv. La projection sera suivie d’une rencontre avec Éric Laurent, psychanalyste à Paris, membre de l’École de la Cause freudienne et ancien directeur de l’Association Mondiale de Psychanalyse. Entièrement dédié à une unique lettre de l’alphabet : la lettre R et ses multiples prononciations, Lettre errante poursuit le travail d’exploration de la langue de la réalisatrice Nurith Aviv.

Pour tout savoir, vous pouvez consulter le site : ICI

Concernant le travail en cartel, tel que Lacan l’a pensé, Stéphanie Lavigne, déléguée au cartel pour l’EdP vous invite à poser toutes vos questions : Comment/pourquoi faire un cartel ? Comment rejoindre un cartel, déposer une annonce sur le site internet de l’EdP ? Comment faire pour trouver un plus-un ? Comment déclarer un cartel ?.. Vous pouvez lui écrire à cette adresse : enversdeparis-cartels@causefreudienne.org

Et voici les nouvelles des groupes et des vecteurs de l’EdP pour le mois de mars :

 

Lectures freudiennes :

Si le fantasme d’être battu dans sa première phase voit triompher les amours incestueuses, celles-ci vont cependant disparaître. Soumises au refoulement et persistant dans l’inconscient, elles se trouvent en même temps nouées à une conscience de culpabilité, dont l’apparition renverse le triomphe initial. Le fantasme s’énonce alors : Non, le père ne t’aime pas, car il te bat, « Nein, er liebt dich nicht, denn er schlägt dich ».

Susanne Hommel et Nathalie Menier

Nous nous retrouverons le vendredi 08 mars 2024 à 21h :00 chez Susanne Hommel.

Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

Seminario Latino :

Le Seminario Latino de Paris (SLP) initie pour l’année 2024-2025 un cycle de soirées à la maison de l’Amérique Latine, avec pour thème « Signifiants dans l’air du temps ».

Une première soirée, autour de l’amour, aura lieu le 27 mars en présence de Dalila Arpin.

« J’ai eu un crush, ça a matché, il/elle m’a ghosté.e, on est dans une relation ouverte, j’ai toute la charge mentale, on s’est rencontrés sur une appli »… Aurait-on pu comprendre certaines de ces phrases il y a quelques années ? Une série de signifiants qui pour certains disparaissent à peine les a-t-on découverts. Ils viennent de l’anglais, ils viennent des jeunes, et leur regard sur la tragicomédie des sexes semble s’écarter de la génération qui les a précédés, avertis du ratage du rapport sexuel entre deux êtres… Comment se débrouillent aujourd’hui les sujets, à l’ère de la technologie qui va si vite, qui nous promet notre moitié en 3 clics, à l’ère de la transparence où « l’on se dit tout » ?

Le 27 mars, à la Maison de l’Amérique latine, nous converserons autour de l’amour, qui lui, malgré les costumes divers et variés adoptés selon les époques, ne cesse d’être une quête, une question, un ravage ou pas, un réel qui déferle…

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

 

Lectures cliniques :

“Pour poursuivre le sujet abordé lors du Congrès de l’AMP, le Vecteur des lectures cliniques, dont le thème de cette année est “Tout le monde est fou, chacun à sa manière”, va se réunir pour travailler le texte de Karl Abraham “Différences psycho sexuelles entre l’hystérie et la démence précoce” ainsi que le texte clinique présenté par Marcela Fernandez Zosi.”

Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org

Vecteur psychanalyse et littérature :

Dans son roman sur sa propre vie au féminin, Fille, Camille Laurens écrit : « Tu cherches à comprendre mais tu ne sais pas quoi. [1] » Pour percer ce mystère, elle commence par mettre en lumière le signifiant-maître de l’Autre de son enfance qui a marqué son destin. « Le surnom qu’il t’a trouvé alors te restera longtemps : Gras-du-bide. Ton père ne pratique pas plus la grammaire que la dentelle. Tu es une fille gras, c’est tout.[2] » C’est de ce signifiant de l’Autre paternel, S1 qui veut dire et maîtriser le tout de son être fille et qui barre la route à son désir vivant, dont C. Laurens, née Laurence Ruel, desserre l’étau en engageant la dynamique de son corps vivant dans l’articulation signifiante de son désir d’écrire, S1-S2. « Désirer, c’est-à-dire se dé-sidérer, sortir littéralement de la sidération, de l’immobilité peureuse qui nous empêche de vivre ou nous force à nous répéter. Mes livres obéissent tous […] au même élan.[3] » Dans Fille, elle centre son écriture sur « l’absence sur quoi le désir se fonde [4] », le manque dans l’Autre et l’objet perdu, et se met « en filature pour percer le mystère.[5]»

Lors de notre réunion-Zoom du 24 Mars, R. Montani présentera sa lecture de la réponse singulière de C. Laurens à sa question : « puisque désormais tu es présente à toi-même, tu peux continuer en ton nom, maintenant. C’est quoi tes souvenirs de fille ? »

Pour rejoindre notre vecteur, contacter M-C Baillehache : littérature@enversdeparis.org

Vecteur Le corps, pas sans la psychanalyse :

Lors de la réunion de février du vecteur Le corps, pas sans la psychanalyse, Geneviève Mordant a relu et synthétisé l’ensemble des travaux produits au sein du groupe au cours des derniers mois sur la motérialité, telle qu’inventée tardivement par Lacan : du fait d’un hiatus entre lalangue du sujet et la langue de l’Autre, un mot du langage peut percuter une pulsion et, soit devenir cause d’un symptôme, soit servir d’escabeau pour parvenir au sinthome. Les prochaines rencontres porteront sur les fantasmes contemporains du corps, thème proposé par L’Envers de Paris qui résonne évidemment avec l’angle du vecteur.

Prochaine rencontre : 19 mars à 20h au 76 rue des Saints-Pères.

Membres du vecteur : Geneviève Mordant, Pierre-Yves Turpin, Guido Reyna, Martine Bottin, Isabelle Lebihan, Marie Faucher-Desjardins, Baptiste Jacomino (coordinateur).

Contact : corpsy@enversdeparis.org

 

Vecteur Psynéma :

Le vecteur Psynéma prépare activement la prochaine rencontre psychanalyse – cinéma qui aura lieu au Patronage laïque Jules Vallès à Paris, le 30 mars à 14h.

Le film qui sera l’objet de notre étude est Marathon Man de John Schlesinger, sorti en 1976, avec Laurence Olivier et Dustin Hoffman dont les performances crèvent l’écran. Le cinéaste produit à cet égard un effet de division saisissant ─ mettant en effet en jeu subtilement, dans la langue anglaise, une singulière équivoque devenue maintenant une réplique célèbre du cinéma : it is safe ? ─, si bien qu’au bout du compte le spectateur donne sa langue au chat…

Venez donc nombreux à cette rencontre, pour un film hors du commun, qui a donné par ailleurs du grain à moudre aux cinéphiles et aux critiques de cinéma. Et ça continue.

Notre prochaine réunion de travail est le 13 mars à 20h30.

Le vecteur est ouvert à ceux qui désirent y travailler.

Karim Bordeau

Entrée libre sous réservation : https://www.patronagelaique.eu/event-details/marathon-man

Ou réservation au : 01 40 60 86 00

Vecteur Théâtre :

La prochaine rencontre organisée par le vecteur Théâtre et psychanalyse aura lieu le vendredi 15 mars, à 20h au Théâtre 14. Il s’agit de la pièce célèbre de Jean Genet, Les Bonnes, inspirée du crime des sœurs Papin, sur lequel Lacan a écrit son texte, « motifs du crime paranoïaque : Le double crime des sœurs Papin » publié à la suite de sa thèse sur la psychose paranoïaque. Francesca Biagi-Chai a accepté de venir débattre avec le metteur en scène, Mathieu Touzé, à l’issue de la représentation.

Vous pouvez prendre vos places directement sur le site du Théâtre 14, avec le code promo ENVERS pour bénéficier du tarif préférentiel de 18 € ou en appelant au 01 45 45 49 77

Contact : theatre@enversdeparis.org

Vecteur Clinique et addictions :

« S’il n’y a pas d’avenir, si le passé attire par son appel, il n’y a pas d’investissement possible envers l’autre, si ce n’est comme miroir : pour chercher le même. L’autre en tant que tel n’est plus investi, perd de sa valeur, peut être éliminé, d’où la violence à son zénith. Conversation avec Marco Androsiglio sur la pulsion de mort et la nostalgie le 17 mars 2024.

Pierre Sidon

Renseignements et inscriptions sur : addicta.org/conversations

 

Enfin nous rappelons aux membres de L’Envers de Paris que l’Assemblée générale ordinaire de notre association, se tiendra le lundi 18 mars 2024 à 20h50 à l’Institut Protestant de Théologie, 83 boulevard Arago, 75014 Paris. Tous les membres de l’EdP, à jour de leur cotisation, sont invités à participer à cet évènement incontournable pour notre association.

En vous attendant nombreux à nos activités, et aux évènements de notre champ, je souhaite à tous bon travail… et un bon début de printemps !

 

Cinzia Crosali
Directrice de L’Envers de Paris.
https://enversdeparis.org/

 

[1] Laurens C., Fille, Paris, Ed. Quarto, Gallimard, 2023, p. 891.
[2] Ibid, p. 769.
[3] Laurens C., Tout ce qui de mon cœur fut l’unique désir, Paris, Ed. Quarto, Gallimard, 2023, p. 11.
[4] Ibid.
[5] Ibid.

Horizon N° 68/ Eruptions dans la langue

Horizon N° 68/ Eruptions dans la langue

HORIZON n° 68

Présentation par Ariane Chottin

De nouveaux signifiants se propagent sur les réseaux, font irruption dans le parler des adolescents, trouent la langue, exilent du sens commun. La psychanalyse nous permet d’aborder ces éruptions dans leurs nuances, la singularité des symptômes qu’elles colorent, les manifestations de l’inconscient qu’elles accompagnent, ce qui cherche à s’y dire dans la clameur ou à bas bruit. Les textes de ce numéro en éclairent aussi la dimension de subversion et de création. Ils abordent enfin, avec nos invités, leurs aspects historiques, politiques, poétiques.

Les Éruptions dans la langue portent l’inouï qui cherche à se dire pour interpréter le monde.

Sommaire

ÉDITORIAL
L’éruption et la faille, Dalila Arpin

INTRODUCTION
Des bouts de langue fusent, Ariane Chottin

« DANS CETTE FORÊT DE NOUVEAUX MOTS »
LʼHorizon 68, rencontre avec Emmanuelle Loyer
Trouver une langue pour y dire ce qui fait éruption, Philippe Lacadée
« Cʼest mon crush », Hélène de La Bouillerie
« Trouer » le discours capitaliste, Hélène Guilbaud avec Victor Mongay
Place dʼexil, au sujet de la pièce de Tamara Al Saadi, Olivia Bellanco
Lʼadieu à la parole, entre injure et censure, Pierre Sidon

ÉTINCELLE : L’acte manqué, Isolde Huba-Mylek

« D’OÙ VIENT-IL CE LANGAGE ? »
Trouer la langue commune de la psychologie cognitive, Ricardo Schabelman
Cyberharcèlement, surgissement dʼune jouissance délocalisée dans le virtuel, Aurélie-Flore Pascal
De Sydney à Eliza, irruption du réel, Sophie Ronsin
« Il mʼa ghostée », B. Jacomino, G. Mordant, G. Reyna, P.-Y. Turpin
Les enfants du 209 rue Saint-Maur Daphné Leimann
« Une toile filante ! », Valeria Sommer-Dupont

ÉTINCELLE : Le lapsus, Hélène de La Bouillerie

« NE PAS MUSELER LES MOTS PRÊTS À JAILLIR »
Le trauma, entre éruption et irruption, Sophie Gayard
Le pouvoir dʼun nom, Nathalie Georges-Lambrichs
Néologisme et néosémantème dans la psychose, Marga Auré
Subversions langagières, Brigitte Lehmann
Éruption et inertie, Françoise Labridy
Quand la musique d-énonce, Thomas Daigueperce

ÉTINCELLE : Le mot d’esprit, Mathilde Madelin

« METTRE UN PETIT GRAIN DE SABLE »
« Encantado », Rencontre avec Lia Rodrigues
PAIN, ou lʼénonciation de Nan Goldin, Beatriz Gonzalez-Renou
Éruptions littéraires, écrire le monde dʼaprès le père, Camilo Ramírez
Le cri des femmes, Marie-Hélène Blancard
Signe-moi ce que tu veux, Isolde Huba-Mylek

ÉTINCELLE : L’éruption langagière du rêve, Agnès Vigué-Camus

« CES CAILLOUX SURGIS DANS LA LANGUE »
La faille du savoir, Véronique Voruz
Frappé-e-s par le contraste, Émilie Dragüla-Gabillet
Ruptures dʼévidences, Anne Béraud Bogino
Un homme qui aimait les femmes, Janis Gailis
Salman Rushdie, la langue de la vérité, Sébastien Dauguet
Subversion dans la langue, Marie-Christine Baillehache

ÉTINCELLE : L’oubli du nom, Daphné Leimann

ÉCLAT
Éloge de lʼanalyse en langue étrangère, Serge Cottet

ÉTINCELLE : Le lapsus calami, Sophie Ronsin

Annie Ernaux, Une femme à la recherche d’une vérité perdue.

Annie Ernaux, Une femme à la recherche d’une vérité perdue.

Valérie Chevassus-Marchionni : Annie Ernaux, Une femme à la recherche d’une vérité perdue.

Dans Une femme, Annie Ernaux cherche par son écriture littéraire à atteindre une vérité sur sa mère. De quelle vérité s’agit-il exactement ? Est-ce vraiment cela qu’elle cherche et ce à quoi elle aboutit ?

«Ce que j’espère écrire de plus juste se situe sans doute à la jointure du familial et du social, du mythe et de l’histoire. Mon projet est de nature littéraire, puisqu’il s’agit de chercher une vérité sur ma mère qui ne peut être atteinte que par des mots. (C’est-à-dire que ni les photos, ni mes souvenirs, ni les témoignages de la famille ne peuvent me donner cette vérité.) Mais je souhaite rester, d’une certaine façon, au-dessous de la littérature. 1

Elle réfute donc la photo comme pourvoyeuse de cette vérité recherchée. Elle se fonde pourtant souvent sur des images mais ce qu’elles lui fournissent comme réalité d’une époque ou d’un âge ne correspond pas à ce qu’elle conçoit comme une vérité sur sa mère. De même, le souvenir n’est à ses yeux qu’une vérité trompeuse, un écran ne conservant et ne restituant qu’une image erronée de la vérité qu’elle vise par son écriture. De la même façon, pour elle, les témoignages de la famille ne peuvent que mentir sur la vérité : seule son écriture peut l’atteindre. Cette écriture au-dessous de la littérature, elle la conçoit à la jointure des sciences sociales et humaines. Elle ne veut pas enjoliver la réalité, ni la romancer, mais être fidèle à la langue des siens, celle de son inconscient. Son parti pris littéraire est celui de l’écriture plate qui ne « va pas faire un beau livre  2». Elle l’exprime ainsi dans L’écriture comme un couteau : « Je ne voulais plus faire quelque chose de beau d’abord, mais d’abord de réel, et l’écriture était ce travail de mise au jour de la réalité : celle du milieu populaire d’enfance.  3

Cette vérité ayant le sens des réalités du milieu social de son enfance, visée par A. Ernaux, est la vérité parlée par la langue de son Autre de l’enfance. À ce titre, elle rejoint ce que J.-A. Miller écrit sur la vérité en psychanalyse. « La vérité, c’est le signifiant-maître de l’enseignement de Lacan à ses commencements. Il la pose distincte de l’exactitude. La vérité n’est pas de dire ce qui est, ce n’est pas l’adéquation du mot et de la chose – selon la définition ancestrale –, la vérité dépend du discours. Il s’agit […] de faire vérité de ce qui a été  4». Dans son travail d’écrire cette vérité de l’Autre, Annie Ernaux n’en obtient que des vérités partielles, levées du refoulement partielles et successives. Dans son effort de les organiser et de les mettre en forme de fiction, elle fait l’expérience, comme dans la cure analytique, que le fin mot de la vérité est toujours repoussé.

« En fait, je passe beaucoup de temps à m’interroger sur l’ordre des choses à dire, le choix et l’agencement des mots, comme s’il existait un ordre idéal, seul capable de rendre une vérité concernant ma mère – mais je ne sais pas en quoi elle consiste – et rien d’autre ne compte pour moi, au moment où j’écris, que la découverte de cet ordre-là 5. Or, comme l’indique J.-A. Miller, « Le fin mot, c’est ce qui reste, dans la pratique de la psychanalyse, toujours enveloppé de problèmes, c’est-à-dire comme une aporie. 6

Comme dans la cure analytique, ce qui compte dans la visée littéraire d’A. Ernaux d’écrire la vérité-sens, c’est non seulement qu’elle soit « capable de prendre en charge ce qui est resté comme trou dans la réalité du sujet, et de faire ainsi sens de ses traumatismes, de ses images indélébiles, de ses scènes monumentales, ou de ses trous, en les remplissant, en les filant, en rétablissant une continuité, en racontant une hystoire  (avec un y qui signale que c’est pour un autre, dans le « rapport intersubjectif », entre guillemets, que cela se tisse)  7», mais aussi que « dans cette narration même, des trous se manifestent, des achoppements, qui sont autant de signes d’une autre vérité, d’un autre sens, lesquels sont en peine de se conjuguer à la fiction d’une narration. Voilà pourquoi ces émergences qui rompent la narration, on leur donne valeur de réel, plutôt que de vérité et de sens 8

Quelle place A. Ernaux fait-elle à ces trous non résorbables par le sens dans son écriture fictionnelle même ? 

Dans Une femme, elle écrit, et une seule fois : 

« J’essaie de ne pas considérer la violence, les débordements de tendresse, les reproches de ma mère comme seulement des traits personnels de caractère, mais de les situer aussi dans son histoire et sa condition sociale. Cette façon d’écrire, qui me semble aller dans le sens de la vérité, m’aide à sortir de la solitude et de l’obscurité du souvenir individuel, par la découverte d’une signification plus générale. Mais je sens que quelque chose en moi résiste, voudrait conserver de ma mère des images purement affectives, chaleur ou larmes, sans leur donner de sens.  9» 

Par cet unique aveu, elle laisse entendre que si elle met son écriture au service du sens de la vérité sur sa mère, quelque chose y échappe et insiste. Son privilège donné à une vérité qui donne du sens aux choses lui permet d’échapper au réel en jeu dans sa relation à sa mère, au réel qui excède le sens de la vérité et qui implique son corps : violence, débordement de tendresse, chaleur et larmes demeurent dans son écriture hors sens 10. Son écriture littéraire vise à ce que la vérité fasse couple avec le sens 10. Pour que son écriture inclue ce réel, il faudrait qu’elle consente à « se déprendre des mirages de la vérité […] et viser au-delà la fixité de la jouissance, l’opacité du réel 11

Dans son écriture littéraire, Annie Ernaux s’en tient au sens de la vérité. Et si « le symptôme est un Janus, il a deux faces, une face de vérité et une face de réel  12


1 Ernaux A., Une femme, Paris, Gallimard, 1987, p. 23.
2 Ernaux A., L’atelier noir, Paris, Gallimard, 2022, p. 56.
3 Ernaux A., L’écriture comme un couteau, Paris, Gallimard, 2011, p. 70.
4 Miller J.-A., « La vérité fait couple avec le sens », La Cause du désir, n o 92, mars 2016, p. 85.
5 Ernaux A., Une femme, op. cit., p. 44.
6 Miller J.-A., « La vérité fait couple avec le sens », op. cit., p. 85.
7 Ibid., p. 89.
8 Ibid.
9 Ernaux A., Une femme, op. cit., p. 52.
10 Miller J.-A., « La vérité fait couple avec le sens », op. cit.
11 Miller J.-A., « Lire un symptôme », présentation du thème du congrès de la NLS à Tel Aviv en 2012. Lisible à
l’adresse suivante : http://atelierclinique.t.a.f.unblog.fr/files/2008/05/jacques-alain-miller-lire-un-symptome, p. 6.
12 Ibid., p. 4.

Quand la douleur s’écrit, pas sans la honte.

Quand la douleur s’écrit, pas sans la honte.

Rosana Montani-Sedoud : Quand la douleur s’écrit, pas sans la honte.

« Si j’avais une définition de ce qu’est l’écriture ce serait celle-ci : découvrir en écrivant ce qu’il est impossible de découvrir par tout autre moyen […] C’est là la jouissance – et l’effroi – de l’écriture, ne pas savoir ce qu’elle fait arriver, advenir 1 ».

Si dans son ouvrage de 2003 L’écriture comme un couteau, A. Ernaux soutient qu’elle écrit avec « le sentiment de creuser toujours le même trou 2 », c’est pour mieux affirmer son désir « de faire surgir du vide quand elle écrit, et qui est absent quand elle n’écrit pas 3 ». Pour cet écrivain, la littérature est « la descente sans garde-fou dans une réalité qui appartient à la vie et au monde, pour arracher des mots qui aboutiront à un livre 4 ». Ainsi elle écrit comme au couteau, presque une arme dont elle a besoin 5

Dans ses trois premiers romans, Les armoires vides de 1973, Ce qu’ils disent ou rien de 1976 et La femme gelée de 1980, A. Ernaux se sert avec violence de son arme littéraire pour « venger sa race 6 ». Dans sa recherche d’une vérité « qui se dérobe sans cesse 7 », il lui a d’abord fallu, avoue-t-elle dans Écrire la vie, aller « très loin » dans une « violence exhibée 8 » avant de pouvoir changer « la posture entière de [son] acte d’écrire 9 ».

C’est en 1982 avec La Place, sa fiction autobiographique sur son père,  qu’elle renonce à son écriture affective et violente au profit d’une écriture « plate10» qui, pour elle, est « le seul moyen juste d’évoquer une vie, en apparence insignifiante, celle de [son] père, de ne pas trahir (lui, et le monde dont [elle est]  issue) […] de reconstituer la réalité de cette vie à travers des faits précis, à travers les paroles entendues 11 ». Ce style d’écriture lui permet de gagner une position à ses yeux « juste » : « d’une distance objectivante, sans affects exprimés, sans aucune complicité avec le lecteur cultivé […], celle-là même que j’utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles 12 ». Pour assumer et dépasser sa propre « déchirure culturelle : celle d’être une immigrée de l’intérieur de la société française 13 », elle introduit dans son mode d’écriture « quelque chose de dur, de lourd, de violent même, lié aux conditions de vie, à la langue du monde ouvrier et paysan. Toujours quelque chose de réel 14 ».

Son « désir de ne pas oublier des faits réels 15 », est fondé sur sa convocation de souvenirs chargés de sensations ressenties dans son corps et vide de sens. En faisant de ses souvenirs chargés d’une sensation énigmatique la source de son écriture, A. Ernaux produit un objet de sublimation que Lacan nomme la Chose, « médium entre le réel et le signifiant 16 ». Son travail d’écriture produit sans cesse une « organisation autour de ce vide, qui désigne justement la place de la Chose 17 ». Chacun de ses romans est « dans un certain rapport avec la Chose qui est à la fois pour cerner, pour présentifier, et pour absentifier 18 » le réel de sa sensation. Tout son effort vise par son écriture même à donner à sa « mémoire matérielle 19 » et à ses « épiphanies constantes 20 » de sensation, une valeur de vérité symbolique. Pour elle, l’écriture est « le lieu de l’indépassable, social, familial, sexuel, […] [du] dévoilement du réel, […] [des] mêmes pulsions, conflits même, depuis le début 21 ». Il s’agit pour elle de donner la primeur à la sensation telle qu’elle lui arrive nue22 et de chercher, « trouver les mots 23 » afin que les « choses très noires et complexes 24 » qui l’habitent et la surprennent gagnent leur dignité symbolique.

Douleur de la honte.

Dans son roman La Place, A. Ernaux revient sur le souvenir chargé d’une jouissance éprouvée, surprenante, douloureuse et honteuse. « Je crois que tout dans La place, sa forme, sa voix, son contenu, est né de la douleur. Celle qui m’est venue à l’adolescence lorsque j’ai commencé à m’éloigner de mon père, ancien ouvrier, patron d’un petit café-épicerie. Douleur, sans nom, mélange de culpabilité, d’incompréhension et de révolte. Douleur dont on a honte, qu’on ne peut ni avouer ni expliquer à personne 25 ».

Cette douleur dont elle a honte n’est pas liée au regard qu’elle porte sur la scène traumatisante 26 qui avait été au cœur de son livre La honte. Elle est la honte d’éprouver un excès sans nom. Cette honte est « un rapport à la jouissance 27 » et « une tentative pour ranimer le regard qui fait honte […] le regard de l’Autre qui pourrait juger 28 ». La honte à la fois fait barrière et pointe aussi l’inexplicable jouissance « qui lui est plus intime que sa volonté […] en atteignant sa pudeur – terme qui est antonyme de la honte 29 ». C’est en faisant le choix d’une écriture plate, qu’A. Ernaux traite sa jouissance restée énigmatique mais qui insiste pour se dire. Dans Écrire la vie, elle fait équivaloir son ressenti de jouissance à « l’identité et la permanence de son être 30 ». Son traitement par l’écriture littéraire de sa jouissance incandescente hantant ses souvenirs l’ancre dans son désir incessant d’écrire. Elle prend appui sur ce dont il lui est impossible de parler et ne cesse pas de chercher pour « trouver les mots et les phrases les plus justes, qui feront exister les choses, “voir”, en oubliant les mots, à être dans ce que je sens être une écriture du réel 31 ». Par son travail d’écriture littéraire, A. Ernaux ne cesse d’y mettre du sien pour que « le regard de l’Autre conserve un sens, c’est-à-dire pour que la honte existe et qu’il y ait quelque chose au-delà de la vie pure et simple 32 ».


1 Ernaux A., L’écriture comme un couteau, Paris, éd. Gallimard, 2003, p. 136.
2 Ibid., p. 22.
3 Ibid., p. 14.
4 Ibid., p. 15.
5 Ibid., p. 36.
6 Ernaux A., Écrire la vie, Paris, éd. Gallimard, 2011, p. 15.
7 Ernaux A., L’écriture comme un couteau, op. cit., p. 30.
8 Ernaux A., Écrire la vie, op. cit., p. 47.
9 Ernaux A., L’écriture comme un couteau, op. cit., p. 31.
10 Ibid., p. 34.
11 Ibid., p. 33-34.
12 Ibid.
13 Ibid.
14 Ibid.
15 Ibid., p. 37.
16 Lacan J., L’Éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 155.
17 Ibid., p. 168.
18 Ibid., p. 169.
19 Ernaux A., L’écriture comme un couteau, op. cit., p. 39-40.
20 Ibid., p. 40.
21 Ibid., p. 137.
22 Ibid.
23 Ibid.
24 Ibid., p. 91.
25 Ibid., p. 32.
26 Ibid., p. 50.
27 Miller J.-A., « Note sur la honte », La Cause freudienne, n° 54, 2003, p. 8.
28 Ibid., p. 10.
29 Ibid., p. 9.
30 Ernaux A., Écrire la vie, op. cit., p. 267.
31 Ernaux A., L’écriture comme un couteau, op. cit., p. 35.
32 Miller J.-A., « Note sur la honte », op. cit.,p. 12.