ÉDITO NOVEMBRE 2023

ÉDITO NOVEMBRE 2023

PARISLEAKS NOVEMBRE 2023

Chers Membres et Abonnés,

Dernière ligne droite avant la Journée « Les nouveaux symptômes du numérique », évènement organisé par l’Envers de Paris et l’ACF Ile-de-France, le 9 décembre prochain, au centre Sèvres, 35 bis rue de Sèvres, 75006 Paris.

Le Sommet sur la sécurité de l’intelligence artificielle, le AI Safety Summit, a eu lieu au Royaume-Uni, les 1er et 2 novembre derniers. Parmi les angoisses qui se réveillent, celle mise au premier plan, est une attaque terroriste orchestrée par ces machines. C’est dire l’importance de ces nouvelles technologies et la menace qu’elles peuvent incarner pour les États démocratiques. Des enjeux politiques, sociaux, éducatifs, économiques défient les sujets du XXIème siècle. Il revient aux psychanalystes d’interpréter ces nouveaux phénomènes :

« Qu’y renonce donc plutôt celui qui ne peut rejoindre à son horizon la subjectivité de son époque. Car, comment pourrait-il faire de son être l’axe de tant de vies, celui qui ne saurait rien de la dialectique qui l’engage avec ces vies dans un mouvement symbolique ? Qu’il connaisse bien la spire où son époque l’entraîne dans l’œuvre continuée de Babel, et qu’il sache sa fonction d’interprète dans la discorde des langages »[1].

Ni technophobes, ni technophiles, nous pouvons nous inspirer des idées du philosophe français Gilbert Simondon (1924-1989), qui prônait la considération des objets technologiques comme des précipités d’actions humaines et des concentrés de l’histoire qui les ont forgés. Ni objets asservissants, ni esclaves de l’intelligence humaine, en découle l’invitation à passer « de l’esclavage à la familiarité »[2] : « une familiarité qui fait qu’on a presque un lien d’amitié avec cette concrétisation du travail, avec cette réalité qui n’est pas un organisme, mais qui est presque un équivalent d’organisme »[3]. Mais qui est cet ami à la fois familier heimlich et à la fois étrangement inquiétant, Unheimlich, chevillé à notre corps ? La psychanalyse d’orientation lacanienne a introduit une catégorie spécifique pour cela : petit a. Il nous revient d’en assumer les conséquences.

Nous dialoguerons avec des représentants d’autres disciplines, eux aussi concernés par ces nouvelles inventions.

Vous trouverez en bas de cette page le lien vers le programme. Vous êtes invités à vous inscrire en suivant le lien indiqué ci-dessous.

Il n’y aura pas d’inscription sur place.

Avant cela, l’évènement annuel de l’École de la Cause freudienne, le 18 et 19 novembre prochain, sur un sujet cher à la Psychanalyse, « Interpréter, scander, ponctuer, couper ». Le lien pour l’inscription se trouve en bas de la page.

Et voici quelques nouvelles des vecteurs :

Réunis chez Susanne Hommel le 4 octobre, les membres du vecteur Lectures freudiennes ont commencé à examiner le ressort du fantasme de l’enfant battu : il consiste dans le rapport de haine et de mépris que l’enfant (la petite fille dans trois cas sur quatre) entretient avec un petit frère ou une petite sœur. La présence du petit dernier, auquel les parents aveuglés gardent toujours une part de tendresse, a en effet pour conséquence de faire chuter d’un seul coup (einen einzigen Schlag) l’enfant de son statut de toute-puissance imaginée, engendrant ainsi la haine et le mépris. Dans ces conditions, le fantasme (die Schlagephantasie) dit : « cet autre enfant, le père ne l’aime pas : il n’aime que moi. »

Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

 

Pour terminer cette année 2023 sous le signe de la tragédie, le vecteur Théâtre et psychanalyse vous invite au théâtre de l’Odéon le dimanche 3 décembre à 15h pour une représentation d’Andromaque, de Jean Racine, mise en scène par Stéphane Braunschweig, directeur du théâtre de l’Odéon. Virginie Leblanc viendra débattre avec le metteur en scène à l’issue de la représentation. Vous pouvez réserver vos places en écrivant un mail à theatreetpsychanalyse@gmail.com (prix préférentiel de 30€). Vous pourrez également lire prochainement le texte de Eva Carrere Naranjo, membre du vecteur, qui propose sur notre site une lecture lacanienne de cette fameuse tragédie.

Contact : theatre@enversdeparis.org

 

Poursuivant ses activités autour du thème « Institutions et savoir inconscient », le Seminario Latino propose une soirée sous le titre « Interprétation et acte dans les institutions » qui comptera avec la participation d’Éric Zuliani en tant qu’extime. Elle aura lieu à la Maison de l’Amérique Latine, le mercredi 20 décembre à 21h.

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

 

En novembre, notre vecteur Psychanalyse et Littérature continuera de suivre pas à pas C. Laurens dans sa modalité singulière de jouir de la langue. De son propre aveu, son écriture romanesque, commencée dès les années 1990, prend sa place vitale en 1995 après la mort de son fils Philippe. « Comment en mars 1994, couchée sur mon lit en position fœtale, […], souffrant tant que j’avais l’impression d’être trouée, béante, brisée, comment la seule idée qu’à un moment j’allais me lever et m’asseoir devant une feuille de papier a-t-elle pu m’apporter l’apaisement suffisant pour traverser les heures ? » [4] C’est en prenant appui sur le mystère que demeure pour elle cet horizon de vie retrouvée qu’elle choisit d’inscrire le temps au travail dans sa pratique de la langue et trouve sa solution pour « ne pas mourir de douleur » [5]. « Langue-onguent, cérat des mots qui opérait un lent et sûr adoucissement du chagrin. Car les mots pansent : eux par quoi s’élabore la pensée – on disait autrefois le pensement – prennent soin aussi de nos blessures. » [6] Ce lien de confiance et de secours que C. Laurens établit avec sa langue écrite repose sur son consentement à accorder aux mots le temps qu’il leur faut pour trouver leurs résonnances de sens et leur poids de corps. Pour elle, l’écriture ne vaut que si elle parvient à « peser ses mots. » [7] C’est qu’ils ont « une épaisseur, une densité, une profondeur », c’est qu’ils ont « leur corps, leur chair, leur voix » [8]. Pour leur donner ce poids de vie, ce grain de voix, elle n’hésite pas à entrer « dans la mémoire la plus intime de [ses] mots » [9] en apprenant pas à pas « à déchiffrer l’obscur dans ce qui parait clair, et à entrevoir l’absence dans l’apparente stabilité d’une présence » [10].

La visée de C. Laurens d’écrire la clarté du sens et l’ombre du corps jouissant des mots résonne avec ce que Lacan nous enseigne en 1972 dans son Séminaire Encore : « Nous ne savons pas ce que c’est d’être vivant sinon seulement ceci, qu’un corps cela se jouit. Cela ne se jouit que de le corporiser de façon signifiante » [11].

Lors de notre réunion-Zoom du Lundi 13 Novembre à 20h, Valérie Chevassus-Marchionni dépliera pour nous comment C. Laurens, dans son roman Celle que vous croyez, n’a pas oublié de se souvenir qu’elle était vivante.

Notre vecteur Psychanalyse et Littérature reste ouvert à qui désire s’enseigner de l’art littéraire de C. Laurence et s’orienter de Lacan et de J.-A. Miller. Il vous suffit de contacter M.-C. Baillehache à l’adresse : littérature@enversdeparis.org.

 

La première réunion du nouveau groupe du vecteur des lectures cliniques a eu lieu le 14 octobre. Le thème que nous avons commencé à travailler converge avec le titre du Congrès de l’AMP « Tout le monde délire, mais chacun à sa façon (clinique différentielle des psychoses) ».

Lors de notre réunion du mois d’octobre, nous sommes d’emblée entrés dans le vif du sujet avec les discussions à partir du questionnement de Cristobal Farriol sur le texte de Sigmund Freud « La perte de la réalité dans la névrose et dans la psychose ».

Le cas clinique exposé par Isabela Mourao de Matos frappait les esprits par son actualité clinique et politique, en suscitant des échanges très vifs, subtils et enseignants et permettant de revoir l’intérêt du texte freudien à la lumière d’aujourd’hui.

Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org

 

Vecteur Le corps pas sans la psychanalyse :

Après l’accueil de Martine Bottin, nouvelle venue dans notre vecteur, nous avons discuté en détail d’un cas, dans le cadre de notre thème des effets de résonance sur le corps des sons et des mots dans leur motérialité.
Il s’agissait d’un patient qui avait participé à une séance d’un groupe d’improvisation vocale, où il avait été demandé que chacun à son tour mette en sons, en paroles et en gestes un simple mot choisi par devers lui. Ce sujet, habituellement à l’aise dans ce genre d’espace de créativité, s’est ce jour- là retrouvé sans souffle et sans voix, empêtré dans ses gestes et incapable de mettre en scène le mot « amour » qu’il avait lui-même choisi. C’est après-coup seulement qu’il put mettre des mots sur ce passage à vide.

Pour la prochaine séance qui aura lieu le 23 novembre à 20h à Cachan, un participant s’est proposé de préparer une discussion sur la motérialité et le style, d’après « Lituraterre ».

Contact : corpsy@enversdeparis.org

Le vecteur Psynéma se réunit le 11 novembre à 20h afin de préparer la rencontre psychanalyse-cinéma prévu le 2 décembre au Patronage Laïque Jules Vallès à 14h, avec Romain-Pierre Renou, notre invité. Le film en question sera The Big Lebowski (1998) de Joel et Ethan Coen.

Contact : psynema@enversdeparis.org

 

En attendant de vous voir nombreux dans nos activités, rendez-vous en décembre, pour la dernière Paris Leaks de cette équipe.

Dalila Arpin

Directrice de l’Envers de Paris

 

[1] Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 321.

[2] Alombert A., Penser l’humain et la technique. Simondon et Derrida après la métaphysique, ENS Éditions, 2023, p. 299.

[3] Simondon G., Sur la technique, puf, 2014, cité par Alombert A., op. cit, p. 299.

[4] Laurens C., Quelques-uns, Paris, Gallimard, 2011, p. 14.

[5] Ibid.

[6] Ibid., p. 15.

[7] Ibid.

[8] Ibid., p. 18.

[9] Ibid., p. 19.

[10]Ibid., p. 24.

[11] Lacan J., Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 26.

ÉDITO OCTOBRE 2023

ÉDITO OCTOBRE 2023

PARISLEAKS OCTOBRE 2023

Chers Membres et Abonnés,

L’activité de notre association reprend, impulsée par ses différents vecteurs. Nous vous invitons à y participer que ce soit en faisant partie de l’un d’eux, ou bien en assistant aux soirées qu’ils proposent.

L’automne nous amène également à nous inscrire aux 53èmes Journées de l’École de la Cause freudienne, qui auront lieu le 18 et 19 novembre prochains, sous le titre : « Interpréter, scander, ponctuer, couper ». Ce sera l’occasion d’explorer ce sujet passionnant qui fait le cœur de notre pratique et sur lequel s’appuie l’action analytique. Lacan a pu donner à l’interprétation la place de la tactique dans une analyse. Il revient au psychanalyste de savoir s’en servir.

Comme à l’accoutumée, ces journées débuteront le samedi par des salles simultanées où on pourra écouter des études de cas issus de la pratique de nos collègues. Elles seront suivies des exposés en salle plénière, le dimanche, où ce sujet sera déplié sous des angles différents.

Nous vous rappelons également que vous pouvez déjà vous inscrire à la Journée organisée par l’Envers de Paris et l’Association de la Cause freudienne : « Nouveaux symptômes du numérique », qui aura lieu le 9 décembre au Centre Sèvres-Paris, 35 bis rue de Sèvres, 75006, en cliquant sur le lien en bas de page.

*** Il n’y aura pas d’inscription sur place ***

Lors de cette journée, nous allons explorer le sujet du numérique à l’ère actuelle autour de quatre axes principaux :

– Le langage : la voix synthétique, la traduction automatique et le dialogue avec Chat GPT.

– L’ère post-Zoom : quels sont les nouveaux enjeux pour la société ? Et si, malgré l’apparence de liberté et d’autonomie, on devenait dépendant des technologies, des « Technopersonnes », à suivre le philosophe Javier Etcheverria ?

– L’amour et l’algorithme : comment les sites et les applications ont-ils modifié la rencontre amoureuse ? Quels sont les usages qui prévalent dans ces nouvelles plateformes ?

– Les nouvelles sublimations du numérique : quel usage font les jeunes du numérique ? Comment peuvent-ils s’en servir à bon escient ? Peut-on en faire un outil thérapeutique ?

Des psychanalystes vont dialoguer avec des spécialistes de ces différents domaines afin d’éclairer ce qui se joue pour les être parlants dans cette nouvelle révolution qu’est le digital.

Nous vous attendons nombreux.

Lectures freudiennes

Le travail de traduction de l’article « Un enfant est battu » a repris le mercredi 6 septembre. Après avoir reconnu les trois phases du fantasme de l’enfant battu, Freud cherche dans le chapitre IV, à démêler les fils dans lesquels la petite fille, auteur du fantasme, s’est emmêlée : ce sont les fils « des excitations de son complexe parental ». Si elle est « tendrement fixée au père…/… qui a tout fait pour cela », et est animée par là d’une haine pour la mère, elle n’est pas sans éprouver en même temps un courant de tendre attachement pour celle-ci. Ce complexe est la base du fantasme et en est-il le ressort ? L’évocation « d’autres enfants » que la petite fille elle-même, laisse entrevoir une autre haine et une autre concurrence. 

Citons Freud dans ce passage :

« Mais ce n’est pas au rapport à la mère qu’est noué le fantasme d’être battu. Il y a dans la chambre d’enfants encore d’autres enfants, de très peu d’années plus âgés ou plus jeunes, que l’on n’aime pas pour toute autre raison, mais principalement parce que l’on doit partager l’amour des parents avec eux ».

C’est ce qui sera étudié le 4 octobre à 21h.

Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

Seminario Latino

« La sexualidad es transgénero ».

Soirée organisée par le Seminario Latino de París et l’ACF-Ile de France :

C’est avec ce titre et cette affirmation, « la sexualité est transgenre », que l’auteure, Mari Paz Rodriguez, déploie et articule dans son ouvrage des aspects de la littérature psychanalytique classique revisités, mais aussi des questions sociétales plus contemporaines. Cette soirée qui nous rappelle les enjeux de notre époque, où les semblants sont en mutation face au réel, va nous permettre aussi de revenir sur le concept lacanien de sexuation. Celui-ci est en lien avec le mystère du corps, qui n’est jamais le bon et à qui la science promet le salut.

Le 11 octobre à la maison de l’Amérique latine, nous aurons l’occasion d’échanger avec Mari Paz Rodriguez, en présence de Marie-Hélène Brousse et Dominique Corpelet, pour aborder ensemble cette rupture, collage et/ou confusion entre sexualité et genre, entre jouissance et identification, entre identité et être.

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

 La prochaine activité du vecteur Psynéma aura le 14 octobre au Patronage Laïque Jules Vallès, 72 Av. Félix Faure, 75015, à 14 h. Le film projeté sera L’inconnu du Nord-Express d’Alfred Hitchcock.

Contact : psynema@enversdeparis.org

 

Le vecteur des lectures cliniques vient de constituer un nouveau groupe de travail pour les deux années à venir. Le sujet que nous allons travailler durant cette période rejoint le thème du Congrès de l’AMP – Tout le monde délire, mais chacun à sa façon (clinique différentielle des psychoses).

Lors de notre réunion du mois d’octobre, nous entrerons d’emblée entrer dans le vif du sujet en discutant un cas clinique exposé par Isabela Mourao de Matos ainsi que le texte de Sigmund Freud « La perte de la réalité dans la névrose et dans la psychose ».

Cette année nous allons également consacrer notre temps à réétudier le texte de Freud « Pour introduire le narcissisme », ainsi que le chapitre III du cas Schreber « Du mécanisme de la paranoïa »avant de nous pencher ensemble sur l’ouvrage de Karl Abraham « Les différences psychosexuelles entre l’hystérie et la démence précoce ». En 2024/2025 nous poursuivrons l’étude de ce sujet à partir des textes de Jacques Lacan, de Jacques-Alain Miller et d’Éric Laurent.

Une permutation ayant eu lieu au sein du cartel préparatoire, Andrea Souza Paleari et Alexandra Escobar ayant pris d’autres engagements, tout comme Ricardo Schabelman qui a confié la responsabilité de ce vecteur à Janis Gailis.

Le nouveau Cartel de préparation du vecteur des lectures cliniques est constitué de Caroline Happiette, Pauline Préau, Noa Farchi, Sophie Ronsin et Janis Gailis.

Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org

 

Le vecteur Théâtre et psychanalyse vous propose, dans le cadre du Festival d’automne, de venir assister à la représentation de Edelweiss [France Fascisme] de Sylvain Creuzevault aux Ateliers Berthier, le dimanche 15 octobre 2023 à 15h. Dans une comédie qui interroge les fondements du fascisme, Sylvain Creuzevault met en scène des figures historiques de la droite nationale dans la France des années 40. 

Anaëlle Lebovits-Quenehen a accepté notre invitation à venir débattre avec Sylvain Creuzevault à l’issue de la représentation. Vous pouvez réserver vos places en écrivant un mail à theatreetpsychanalyse@gmail.com (prix préférentiel de 29€).

Contact : theatre@enversdeparis.org

 Le Vecteur Psychanalyse et Littérature poursuivra cette année 2023-2024 son approfondissement de l’apport spécifique de l’art littéraire à la psychanalyse avec l’œuvre de Camille Laurens. Dans la perspective de la Journée du 9 Décembre 2023 « Les nouveaux symptômes du numérique » organisée par l’Envers de Paris et l’ACF Ile-de-France, nous commencerons par étudier son roman, Celle que vous croyez. C. Laurens y met en scène une femme de 48 ans, professeur de littérature, Claire, qui, après une rupture amoureuse, se crée un faux profil sur Facebook, un autoportrait fictif d’elle-même plus jeune : Clara, 24 ans, y lie une relation entre son double virtuel et un homme de 30 ans, Christophe, qui tombe rapidement amoureux des écrits et de la voix de Clara. Suivant les modalités de la rencontre en ligne conçue selon les règles marketing des investissements de la standardisation et des stéréotypes, le roman de Camille Laurens déplie la rencontre entre Clara et Christophe depuis la conformité des « profils », les échanges écrits et téléphoniques jusqu’à la rencontre réelle rendue impossible par la différence d’âge disqualifiant Claire. Dans son étude Les nouvelles lois de l’amour, Marie Bergström souligne : « Femme et hommes ne sont pas égaux face à la rencontre. Les sites et les applications le révèlent, avec une certaine cruauté. »[1] Cette inégalité des sexes, C. Laurens en éclaire essentiellement le côté femme, avec Claire se jetant à corps perdu dans ce lien fictif de la « Toile » où elle est tantôt « l’araignée, tantôt le moucheron » : « pour des gens comme moi, Internet est à la fois le naufrage et le radeau : on se noie dans la traque, dans l’attente […]on surnage dans le virtuel, on s’accroche aux présences factices […]au lieu de se déliter on se relie »[2]. Dans ce roman sur les liens fictifs du Net où chacun, homme et femme, « navigue en sous-marin dans l’océan des visages et des mots »[3], C. Laurens interroge le poids des mots et leur puissance d’impact sur le corps. Elle met en tension le sens de l’énigme, la signification de son texte avec le corps de son écriture, la chair et la voix de ses mots. « Car les mots ont une voix, ils ont un grain – comme on dit le grain de peau, bien sûr, mais aussi, au fond, comme on parle des fous, des marginaux : chaque mot est un original, une pièce unique. »[4] Ainsi, tout en écrivant sur la modalité de jouissance virtuelle des nouvelles rencontres numériques, elle ne capitule pas devant sa propre singularité qu’elle remet dans le lien social comme écrivain désirant « dire ensemble la clarté et l’ombre des mots »[5].

Notre vecteur commence sa lecture du grain des mots de C. Laurens avec son roman Celle que vous croyez. Lors de notre réunion du Mardi 3 Octobre à 20h par Zoom. Rosana Montani nous présentera comment elle en a déchiffré la langue.

Contact : litterature@enversdeparis.org

 

Lors de la prochaine réunion du vecteur « Le corps, pas sans la psychanalyse » qui aura lieu le 24 octobre, nous continuerons à nous interroger sur l’inflation et l’entropie des jouissances permises par l’invasion tous azimuts de l’usage du numérique qui sollicite en permanence quasiment tous nos sens. 

Se référant à Lacan dans sa « Conférence de Genève sur le symptôme » en 1975, nous poursuivrons ce que nous avons commencé et nous nous focaliserons sur les effets de résonance sur le corps des sons et des mots dans leur motérialité, et comment, au- delà des outils de scansion, de coupure et de ponctuation de la psychanalyse, les sujets peuvent tenter de se réabonner à l’inconscient en retrouvant du silence, du rien et du manque.

Contact : corpsy@enversdeparis.org

 

À bientôt de vous revoir dans nos activités,

Dalila Arpin 

Directrice de l’Envers de Paris

[1] Marie Bergström, Les nouvelles lois de l’amour, Paris, éd. La Découverte, 2019, p. 166.

[2] Camille Laurens, Celle que vous croyez, Paris, éd. Gallimard, 2016, p. 23-24.

[3] Ibid., p. 25.

[4] Camille Laurens, Quelques uns, Paris, éd. Gallimard, 2011, p. 18.

[5] Ibid, p. 25.

 

 

ÉDITO SEPTEMBRE 2023

ÉDITO SEPTEMBRE 2023

PARISLEAKS SEPTEMBRE 2023

Chers Membres et Abonnés,

En cette rentrée de vacances, les activités de l’Envers de Paris démarrent avec force.

Vous trouverez ci-dessous le détail des nouvelles de nos vecteurs, mais aussi les affiches de leurs activités ainsi que le thème des prochaines journées de l’ECF « Interpréter, scander, ponctuer, couper », le 18 et 19 novembre prochain.

L’Envers de Paris et l’Association de la Cause freudienne préparent une journée sous le titre « Les nouveaux symptômes du numérique », le 9 décembre prochain, au Centre Sèvres Paris, au 35 bis rue des Sèvres, 75006 Paris.

Vous trouverez en bas de page le lien pour lire l’argument et vous inscrire.

Lors de cette journée, nous recevrons des invités qui travaillent dans le domaine de la linguistique, des rencontres en ligne, de l’adolescence et des changements dans la société qui dialogueront avec des psychanalystes afin de cerner les modifications singulières passées et à venir provoquées par l’avènement du numérique, cette nouvelle révolution. Il y aura aussi la possibilité d’échanger avec la salle. Les inscriptions sont déjà ouvertes. Il suffit de cliquer sur le lien figurant sur le dépliant pour procéder au paiement. Il n’y aura pas d’inscription sur place.

Nous comptons sur votre présence !

 

Le vecteur Seminario Latino organise une activité sous le titre : « Commencer une analyse en institution ? »

Les sujets débarquent dans les diverses institutions avec une plainte, une demande, une question… Et parfois, dans ce contexte, ils rencontrent un analyste. Est-ce pour certains d’entre eux l’occasion d’éveiller le désir d’aller plus loin dans leur demande ? Serait-ce l’occasion pour d’autres de faire une première expérience de l’inconscient, de commencer une analyse ?

Voici les questions que l’on explorera lors de la première soirée de l’année du Seminario Latino, consacrée au thème du prochain grand congrès américain, l’ENAPOL « Commencer une analyse ». Lors de cette soirée, les interventions seront discutées par Xavier Esqué et les responsables de l’organisation de l’ENAPOL de chaque École américaine. Elle aura lieu le mercredi 13 septembre à 21h par Zoom, en Espagnol.

Nous vous attendons nombreux !

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

 

 

En cette rentrée, le vecteur Théâtre et psychanalyse vous propose, dans le cadre du Festival d’automne, de venir assister à la représentation de Edelweiss [France Fascisme] de Sylvain Creuzevault aux Ateliers Berthier, le dimanche 15 octobre 2023 à 15h. Dans une comédie qui interroge les fondements du fascisme, Sylvain Creuzevault met en scène des figures historiques de la droite nationale dans la France des années 40.

Anaëlle Lebovits-Quenehen a accepté notre invitation de venir débattre avec Sylvain Creuzevault à l’issue de la représentation. Vous pouvez réserver vos places en écrivant un mail à theatreetpsychanalyse@gmail.com (prix préférentiel de 29€).

Contact : theatre@enversdeparis.org

 

 

Le vecteur Le corps pas sans la psychanalyse propose, pour la séance de rentrée le 13 septembre, de continuer à explorer – comme nous l’avons fait pour « ghoster » – le vaste domaine des nouveaux mots de la langue introduits par (ou émergents avec) l’usage du numérique tels que « crush » dans le domaine des échanges amoureux, ou encore « NFT », « complosphère », etc. pour tenter d’en cerner les effets qu’ils peuvent avoir sur le corps. Que peut-on attendre de l’emploi des nouveaux mots du numérique sur le sujet ? Va-t-on vers une uniformisation des liens ?

Par ailleurs, langue, parole et discours étant construits avec des sons, dont le support est la voix, nous pourrons aussi aborder les problèmes posés par l’emploi des voix désincarnées des intelligences artificielles, à l’instar de celle de « Lara » chez Meetic, célèbre site de « rencontres amoureuses en ligne, véritables et durables » destinées à « changer la vie des gens » (voir l’interview de Matthieu Jacquier sur BFM-TV le 07 Janvier 2022).

Contact : corpsy@enversdeparis.org

 

 

Le vecteur des Lectures Cliniques commence son troisième cycle de travail de deux ans. Nous sommes en train d’accueillir les demandes de participation des personnes souhaitant rejoindre notre espace de réflexion clinique.

Notre travail est centré sur la psychanalyse appliquée en institution et s’adresse en priorité à des nouveaux venus, désireux d’étudier et de discuter à plusieurs les textes cliniques de S. Freud, J. Lacan, J.-A. Miller et E. Laurent pour y mettre en relief la logique et la dynamique de l’orientation lacanienne. Ce sera notre boussole pour l’élaboration des cas cliniques, présentés par les participants du vecteur. Pour certains, ce sera l’occasion de parler de leur clinique pour la première fois devant d’autres collègues.

Lors de chaque réunion deux participants vont, chacun, dire en quelques mots leur questionnement, issu de la lecture des textes de référence et susciter ainsi une discussion générale, qui va faire appel aux lectures et à l’expérience clinique de chacun (en tant que clinicien et / ou en tant qu’analysant).

Dans notre vecteur nous poursuivons la méthode du travail mise en place par Pascale Fari : « faire cas du texte » et « élever le texte théorique à la dignité d’un cas ».

Pour que chaque participant du vecteur puisse prendre une part active aux discussions et faire les présentations s’il le souhaite, le nombre de vectorisants est limité à une vingtaine.

Les réunions de notre vecteur ont lieu un samedi après-midi par mois, de 15h00 à 18h00. Chacune de ces réunions est préparée par une rencontre entre le cartel d’organisation et les collègues qui vont présenter une intervention clinique ou théorique lors de la prochaine réunion.

Ce principe, qui constitue une des originalités de notre vecteur, a montré son intérêt dans le peaufinement du travail présenté à l’ensemble du Vecteur des lectures cliniques. Comme l’a noté Pascale Fari, la fonction du cartel d’organisation est d’animer le travail du vecteur, cerner les questions, les mettre en perspective car « mettre en relief un point vif aide à ne pas éviter le tranchant, les arêtes, le réel du texte » et du cas clinique.

Pour s’inscrire et prendre part à notre vecteur on peut nous contacter à l’adresse : clinique-lacan@enversdeparis.org

 

 

La prochaine réunion du vecteur Psynéma aura lieu le 7 septembre à 21h. Ils préparent le prochain événement Psychanalyse cinéma qui aura lieu le 14 octobre au Patronage Laïque Jules Vallès, 72 AV. Felix Faure, 75015, à 14 h. Le film projeté sera L’inconnu du Nord-Express d’Alfred Hitchcock.

Contact : psynema@enversdeparis.org

 

 

À bientôt de vous revoir dans nos activités,

 

Dalila Arpin

 

Directrice de l’Envers de Paris

 

 

ÉDITO JUIN 2023

ÉDITO JUIN 2023

PARISLEAKS JUIN 2023

Chers Membres et Abonnés,

Nous aurons prochainement l’occasion de nous réunir pour le 7ème Congrès Européen de Psychanalyse Pipol 11, organisé par l’Eurofédération de Psychanalyse, le 1 et 2 juillet prochains à Bruxelles : « Clinique et critique du patriarcat ». Un rendez-vous très attendu pour reprendre les travaux en présentiel, après plusieurs années d’activités à distance, en raison de la pandémie du Covid. Mais aussi et surtout une belle opportunité pour répondre aux discours qui se veulent accusateurs à l’égard de la Psychanalyse, voyant en elle un véhicule des idées réactionnaires. Loin de là, l’invention freudienne revisitée par Lacan est plus que jamais d’une grande actualité. Ainsi, Freud s’interrogeait déjà sur la position des sujets névrosés qui s’empêchaient d’aller au-delà du père et Lacan, avec l’introduction de la jouissance féminine, met les jalons d’un tout autre paradigme qui tient compte des femmes d’une manière inédite.

Voici l’argument préparé par Guy Poblome, Directeur de Pipol 11 :

Le retour du patriarcat

Le thème du patriarcat, s’il était devenu désuet, revient aujourd’hui en force et serait même tenu pour responsable du malaise contemporain. Il a émergé dans les studies qui nous viennent des universités américaines, les médias s’en font l’écho. Mais il s’entend aussi dans le discours des analysants. C’est à partir de cet angle clinique que nous aborderons cette question pour l’élargir aux enjeux sociétaux actuels.

Considéré comme un système social, culturel et économique, construit pour la domination et l’exploitation des femmes par les hommes, des minorités de race, de classe ou de genre, par la majorité blanche, colonialiste, bourgeoise et hétéronormée, le patriarcat rassemble contre lui les luttes féministes, les idéologies dites woke, et l’activisme de la communauté LGBTQIA+.

La psychanalyse a, depuis son invention par Freud, participé à la remise en cause de l’ordre patriarcal. Aujourd’hui, paradoxalement, elle serait accusée d’être complice de son maintien en plaçant le père au centre de la subjectivité humaine. Lacan l’avait noté en 1971 – c’est alors la seconde vague du féminisme – l’Œdipe, « soi-disant, […] instaure la primauté du père, qui serait une espèce de reflet patriarcal »[1].

La carence du père

 

[1] Poblome, G., Argument du 7ème. Congrès Européen de Psychanalyse, le 1 et 2 juillet 2023, à lire sur le site du Congrès : PIPOL – EuroFédération de Psychanalyse (europsychoanalysis.eu).

Les 18 et 19 novembre prochains auront lieu les 53èmes Journées de l’Ecole de la Cause Freudienne, sous le titre : « Interpréter, scander, ponctuer, couper ». Les inscriptions sont ouvertes dores et déjà.

 

Et maintenant, quelques nouvelles de la Commission des cartels et de nos vecteurs, avant la parenthèse estivale :

 

Commission de cartels :

Le cartel est l’organe de base de l’École, comme le souligne Lacan. C’est le cœur de son mode de travail. Ce que le cartel met en avant, c’est que pour la psychanalyse, le savoir n’est pas universel. Au contraire, tout savoir est à construire. Le produit des cartels va ainsi de l’universel au singulier.

Le 10 juin 2023, de 10h30 à 13h00, l’ACF Île-de-France et L’Envers de Paris organisent une matinée intercartels qui aura pour titre : « Ce que produit un cartel ». À cette occasion, Clotilde Leguil sera notre extime afin de discuter trois textes qui mettent en avant des produits du cartel. Cela sera aussi l’occasion de discuter du fonctionnement du cartel, et de son importance au sein de l’École de la Cause freudienne. L’évènement aura lieu au Centre Sèvres, 35 bis rue de Sèvres, 75006 Paris.

Inscription préalable : enversdeparis-cartels@causefreudienne.org

Participation de 10 euros sera demandée

On vous attend nombreux.

Rosana Montani-Sedoud, déléguée des cartels l’ACF Île-de-France

Soledad Peñafiel, déléguée des cartels l’Envers de Paris

 

Vecteur Le corps pas sans la psychanalyse.

Lors de notre dernière réunion du vecteur « Le corps, pas sans la psychanalyse », nous avons finalisé l’article « Il m’a ghosté.e » que nous voulons proposer pour publication dans la prochaine issue d’Horizon. Puis nous avons discuté sur les différents thèmes des tables rondes organisées pour la Journée de l’Envers de décembre, dans la perspective de constituer le vecteur en cartel pour la préparation d’animation des débats de cette Journée et éventuellement la rédaction d’articles à soumettre pour une édition hors-série d’Horizon.
La prochaine réunion aura lieu le Mercredi 14 Juin à 18h30 à Cachan.

Contact : corpsy@enversdeparis.org

Seminario Latino :

« [La] science physique se trouve, va se trouver ramenée à la considération du symptôme dans les faits, par la pollution de ce que du terrestre on appelle […] l’environ­nement (*) », disait déjà Lacan en 1971.

Il avait vu juste. Au XXIème siècle, il n’est pas un jour où nous ne sommes rappelés à l’état de dégradation de notre planète, où nous ne sommes appelés au réveil, à changer nos habitudes pour tenter d’y faire barrage. Nos enfants nous font aujourd’hui la leçon, ils font le compost à l’école et nous rappellent que l’huile de palme est proscrite. Fin de l’insouciance qui régnait auparavant : enfants, jeunes, artistes relayent le message, transforment leur mode de vie.

Que peut dire la psychanalyse par rapport à cette forme particulière du malaise dans la civilisation ? Comment cette angoisse se présente dans la clinique ? Ce réel nous annonce la fin, une fin. De quoi, de qui ?

Le “Seminario Latino” de l’Envers de Paris vous invite à une conversation animée par Marie-Hélène Brousse sur cette question d’actualité, à la Maison de l’Amérique latine le mercredi 28 juin à 21h. La soirée se tiendra en français et en présence.

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

 

Vecteurs lectures freudiennes :

Nous suivons pas à pas la lecture du texte de Freud, « Un enfant est battu ». Alors que la personne qui bat reste la même, le fantasme s’énonce ainsi : « je suis battu par le père ». L’essentiel de ce que nous avons traduit lors de cette dernière rencontre concerne le fantasme : il n’est jamais remémoré mais construit au cours de l’analyse. Ce qui, pour Freud, est une nécessité.

 « La deuxième phase…. est la plus lourde de conséquences. Mais on peut dire d’elle en un certain sens qu’elle n’a jamais eu d’existence réelle. Elle n’est en aucun cas remémorée. Elle n’a jamais pu parvenir à la conscience. Elle est une construction de l’analyse, mais en cela pas moins une nécessité. ».  Notre prochaine lecture aura lieu le mercredi 7 juin 2023 à 21h.

Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

Vecteur Psynéma :

Voici les films qui seront projetés à la rentrée prochaine : L’inconnu du nord express (soulignez les titres ou italiques) de Hitchcock, le 14 octobre 2023, The Big Lebowski des frères Coen, le 2 décembre 2023, Zatoichi de Kitano, le 10 février 2024, Marathon Man de Schlesinger, le 30 mars 2024. .
Les projections seront suivies d’un débat avec un.e psychanalyste, au Patronage laïque Jules Valles .

Le vecteur fera une réunion de préparation le 20 juin à 21 h.

Contact : psynema@enversdeparis.org

 

Vecteur Littérature et Psychanalyse :

Dans son roman Mémoire de fille, Annie Ernaux revient sur sa première rencontre avec la sexualité. A 18 ans, alors qu’elle est monitrice dans une colonie et pour la première fois loin du regard de sa mère dont la surveillante étroite l’a tenue jusque-là « à l’écart des garçons comme du diable »[1], elle éprouve qu’« elle crève d’envie de faire l’amour mais par amour seulement. »[2] En cet été 1958, elle ignore tout de « cet acte mystérieux qui introduit au banquet de la vie […] et sur lequel pèsent l’interdit et l’effroi des conséquences »[3]. Mais, cette énigme qui la concerne au plus intime d’elle-même, elle l’attend avec un désir ardent et en dépit d’« une grande insécurité de langage et de manière. »[4]. Il lui suffira, lors d’une surprise-partie, de la rencontre contingente avec le regard intense et le désir impérieux et sans retenue du moniteur-chef pour qu’elle se fasse soumise à celui-là qui « est pour elle du côté de ceux qui dirigent. »[5] Son désir, piégé par le regard de l’Autre, s’est effacé.

« Elle a abdiqué toute volonté, elle est entièrement dans la sienne. »[6]

Le rapport sexuel qui s’en suit, son premier, la jeune femme de 18 ans le vit sans honte mais comme « seulement l’obéissance à ce qui arrive, l’absence de signification de ce qui arrive. »[7] Son désir y est réduit à la soumission à la loi phallique indiscutable et universelle où s’impose « une sauvagerie masculine qu’un jour ou l’Autre il lui aurait bien fallu subir. »[8] Fatalité du rapport sexuel qui fait croire qu’il y en a un.

Tout-au-long de son roman, A. Ernaux déplie les conséquences de cette rencontre avec la jouissance du Non-rapport-sexuel qui l’a laissée, à 18 ans, sans pensée et sans corps, sans règle et en proie aux humiliations de ses paires. Elle en décrit le parcours depuis la « fille chiffon » qui « est dans l’affolement de la perte, dans l’injustifiable de l’abandon »[9] jusqu’à sa retrouvaille avec « les bornes du corps. »[10]

C’est cette « traversée périlleuse » de la jeune femme de 18 ans qu’A. Ernaux fut et qui l’a menée 50 ans plus tard « au port de l’écriture »[11] , que notre Vecteur Psychanalyse et Littérature suivra en assistant, le Dimanche 11 Juin au théâtre du Vieux-Colombier, à l’adaptation théâtrale qu’en a fait Silvia Costa.

Contact : littérature@enversdeparis.org

 

Le Vecteur des Lectures Cliniques va commencer son troisième cycle de travail de deux ans à la rentrée 2023. Nous sommes en train d’accueillir les demandes de participation des personnes souhaitant rejoindre notre espace de réflexion clinique.

Notre travail est centré sur la psychanalyse appliquée en institution et s’adresse en priorité à des nouveaux venus, désireux d’étudier et de discuter à plusieurs les textes cliniques de S. Freud, J. Lacan, J.-A. Miller et E. Laurent pour y mettre en relief la logique et la dynamique de l’orientation lacanienne. Ce sera notre boussole pour l’élaboration des cas cliniques, présentés par les participants du Vecteur. Pour certains, ce sera l’occasion de parler de leur clinique pour la première fois publiquement.

Lors de chaque réunion deux participants vont, chacun, dire en quelques mots leur questionnement, issu de la lecture des textes de référence et susciter ainsi une discussion générale, qui va faire appel aux lectures et à l’expérience clinique de chacun (en tant que clinicien et / ou en tant qu’analysant).

Dans notre Vecteur nous poursuivons la méthode du travail mise en place par Pascale Fari: “faire cas du texte” et “élever le texte théorique à la dignité d’un cas”.

Pour que chaque participant du Vecteur puisse prendre une part active aux discussions et faire les présentations s’il le souhaite, le nombre de vectorisants est limité à une vingtaine.

Les réunions de notre Vecteur ont lieu un samedi après-midi par mois, de 15h00 à 18h00. Chacune de ces réunions est préparée par une rencontre entre le cartel d’organisation et les collègues qui vont présenter une intervention clinique ou théorique lors de la prochaine réunion.

Ce principe, qui constitue une des originalités de notre Vecteur, a montré son intérêt dans le peaufinement du travail présenté à l’ensemble du Vecteur des lectures cliniques. Comme l’a noté Pascale Fari, la fonction du cartel d’organisation est d’animer le travail du Vecteur, cerner les questions, les mettre en perspective car « mettre en relief un point vif aide à ne pas éviter le tranchant, les arêtes, le réel du texte » et du cas clinique.

Cette méthode, nous l’avons également appliquée lors de la réunion du 13 mai quand nous avons travaillé ensemble le chapitre V Tuché et automaton du séminaire des Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse de Jacques Lacan. Le questionnement de Cécile Boultez a souligné avec finesse l’aspect partitif de la répétition, tandis que Caroline Happiette, grâce à une vignette clinique très élégante, a mis en lumière le fait que le transfert n’est pas la répétition et que c’est la présence de l’analyste qui est la condition de l’interprétation. C’était également le fil conducteur du cas clinique présenté par Manuela Rabesahala qui a suscité une discussion très riche et animée.

Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org

 

Le Vecteur Addictions nous informe que la prochaine Conversation du TyA aura lieu le lundi 19 juin. Marie Salaün interviendra sous le tire : Fumer pour « rentrer entre parenthèses »

À partir de la situation de Claire, nous proposons d’interroger une forme d’usage singulier du cannabis dans un cas de psychose ordinaire.

Contact : addicta.org/conversations

 

En attendant de vous retrouver dans l’un ou plusieurs de nos rendez-vous, je vous souhaite un bel été, plein de belles découvertes et de lectures inspirantes.

Dalila Arpin

Directrice de L’Envers de Paris

(*) Lacan J., « Lituraterre », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p.18.

[1] Annie Ernaux, Mémoire de fille, Paris, Ed. Gallimard, 2016, p. 30.

[2] Ibid., p. 31.

[3] Ibid., p. 32.

[4] Ibid., p. 28.

[5] Ibid., p.45.

[6] Ibid., p. 48.

[7] Ibid., p. 50.

[8] Ibid., p. 48.

[9] Ibid., p. 55.

[10] Ibid., p. 161.

[11] Ibid., p. 158.

ÉDITO MAI 2023

ÉDITO MAI 2023

PARISLEAKS MAI 2023

Chers Membres et Abonnés,

 Le mois de mai est marqué par la tenue du XXIème Congrès de la New Lacanian School, « Malaise et angoisse dans la clinique et dans la civilisation », le 20 et 21 mai prochain. Il aura lieu par Zoom, selon une modalité déjà usuelle dans notre champ : le samedi sera consacré à des exposés cliniques dans des salles simultanées et le dimanche, des exposés dans des salles plénières. Il sera consacré à l’étude des répercussions sur le corps au XXIème siècle, comme le pose Daniel Roy, Président de la NLS, dans l’argument : 

Renseignements et inscriptions :  

www.amp-nls.org/calendar/xxie-congres-internationale-nls-malaise-et-angoisse-dans-la-clinique-et-dans-la-civilisation/

Inscriptions ouvertes : 

www.causefreudienne.org/evenements/interpreter-scander-ponctuer-couper/

Le prochain spectacle proposé par le vecteur théâtre et psychanalyse aura lieu le dimanche 4 juin à 15h aux ateliers Berthier du théâtre de l’Odéon (1 rue André Suarès, 17ème) pour Hedda, pièce mise en scène par Aurore Fattier. C’est une variation contemporaine de la pièce d’Ibsen, Hedda Gabler, récrite par Sébastien Monfè et Mira Goldwicht. La pièce sera suivie d’un débat avec Aurore Fattier et Bénédicte Jullien, animé par Hélène de La Bouillerie. 

Vous pouvez réserver vos places en écrivant un mail à theatreetpsychanalyse@gmail.com

(prix préférentiel de 29 €)

Nous nous retrouverons le mercredi 10 mai 2023 à 21h. 

Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

 

Le cas présenté par Geisiane Ribeiro Dos Santos nous a montré sa stratégie clinique pour travailler avec un patient psychotique hospitalisé sous contrainte. Dans ce cas, la question du sujet supposé savoir s’est posée tout à fait différemment que pour un névrosé. Quelle est la fonction de l’institution, la pluralisation du transfert et la marge de nos interventions pour travailler avec un tel sujet ? De quel côté se situe le sujet supposé savoir ?

Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org

Contact : corpsy@enversdeparis.org

Annie Ernaux fonde son travail d’écriture littéraire sur « la mémoire qui [lui] apporte constamment des éléments en écrivant […] ramenant des choses vues, entendues (rôle des phrases, souvent isolées, fulgurantes), des gestes, des scènes, avec la plus grande précision. » [5] À l’écoute de cette « mémoire matérielle » [6] , elle se fait d’abord docile à « la sensation dont la scène, le détail, la phrase sont porteurs », puis cherche les mots qui la serrent et la servent au plus près. Ses madeleines subjectives constituent sa source d’écriture littéraire et son écriture en produit sa vérité. Pour A. Ernaux, cette vérité d’écriture reste sans cesse à ré-écrire. « Pour moi, la vérité est simplement le nom donné à ce qu’on cherche et qui se dérobe sans cesse ». [7] Pour écrire son roman Une femme, elle fait revenir de sa mémoire les traces corporelles issues de sa relation à sa mère : « sa voix […], ses paroles, ses mains, ses gestes, sa manière de rire et de marcher » [8] Par son travail des mots et de leur articulation, elle dessine le portrait-en-vérité du lien qui unit la femme qu’elle est alors à l’enfant qu’elle fut et elle se fait auteur de son histoire. Cette vérité, J.-A. Miller nous enseigne qu’elle est « quelque chose qui devient dé-caché, […] dés-oublié, autrement dit que son statut natal est le voilage. » [9] Pour écrire Une femme, A. Ernaux fait l’effort sublimatoire de lever le voile du refoulement et reconnait ce qu’elle doit au désir vivant de son Autre maternel. « Après la mort de ma grand-mère, [ma mère] a gardé longtemps le deuil et pris l’habitude d’aller à la messe en semaine, de bonne heure. Quelque chose de « romanesque » en elle s’est évanoui » [10] et, « Elle perdait la tête. Cela s’appelle la maladie d’Alzheimer […]. Depuis quelques jours, j’écris de plus en plus difficilement, peut-être parce que je voudrais ne jamais arriver à ce moment. Pourtant, je sais que je ne peux pas vivre sans unir par l’écriture la femme démente qu’elle est devenue, à celle forte et lumineuse qu’elle avait été. » [11] Mais, si par son écriture littéraire, A. Ernaux vise à dévoiler une vérité inconsciente pour lui donner sa valeur de sens fictionnel, tout dans ses romans n’est pas sens. Et la puissance du sens qu’elle ambitionne comme écrivain d’appliquer aux faits laisse cependant entrevoir « des achoppements, qui sont autant de signes d’une autre vérité, d’un autre sens, lesquels sont en peine de se conjuguer à la fiction d’une narration. Voilà pourquoi ces émergences qui rompent la narration, on leur donne valeur de réel, plutôt que de vérité et de sens. » [12]

Ce sont ces achoppements qui ouvrent à la mise-en-jeu d’un plaisir du corps articulé au langage que nous interrogerons lors de notre réunion Zoom du 14 Mai. Nous nous appuierons sur le travail de lecture de Valérie Marchionni du roman d’A. Ernaux Une femme et nous nous orienterons du texte de J.-A. Miller « Lire un symptôme ».

Notre Vecteur reste ouvert à qui désire joindre ses questions et ses trouvailles aux nôtres.

Contact : litterature@enversdeparis.org

Contact : psynema@enversdeparis.org

Renseignements et inscriptions sur addicta.org/conversations

 

Quels éclairages peut apporter la psychanalyse sur les pratiques d’inclusion dans les écoles ? C’est la question, suivant le fil de notre thème de l’année « Institutions et savoir inconscient », que nous explorerons lors de la prochaine soirée du Seminario Latino « Paradoxes de l’inclusion, pratiques de la psychanalyse dans l’institution scolaire ».

Rocio Davrieux, Mercedes Pagliano et Ana Martha Wilson Maia, depuis l’Argentine et le Brésil, partageront avec nous leur expérience vivante au sein même des écoles. Dans cette soirée internationale, Dalila Arpin, directrice de L’Envers de Paris et AME de l’École de la Cause freudienne, nous fera l’honneur et le grand plaisir de participer en tant qu’extime. La conversation sera animée par Pablo Llanque.

Cette soirée se tiendra par Zoom EN ESPAGNOL, le 10 mai de 2023 à 21h00

Pour recevoir le lien, inscription gratuite sur : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

nbsp;
[1]Lacan J., La Troisième ; Miller J.-A., Théorie de lalangue, Paris, Navarin éditeur, 2021, p. 40.

[2] Supports/Surfaces est un mouvement artistique qui fut l’un des groupes fondateurs de l’art contemporain français, tant en peinture qu’en sculpture. (Wikipedia)

[3] Lacan J., « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 530.

[4] Freud S., Le Malaise dans la civilisation, trad. B. Lortholary, présentation C. Leguil, Paris, Points Seuil, 2010.

[5] Ernaux A., L’écriture comme un couteau, Paris, éd. Gallimard, 2003, p. 39-40.

[6] Ibid.

[7] Ibid., p. 30.

[8] Ernaux A., Une femme, Paris, éd. Gallimard, 1987, p. 106.

[9]  Miller J.-A. « L’orientation lacanienne. Choses de finesse en psychanalyse » (2008-2009), enseignement prononcé dans le cadre du département de l’université Paris VIII, cours du 18 Mars 2009, inédit.

[10] Ernaux A., op. cit., p. 59.

[11] Ibid., p. 89.

[12] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Choses de finesse en psychanalyse », op. cit.