L’inconscient au lycée…

L’inconscient au lycée…

Rencontre du troisième type ?
Par Emilie Descout*

Si l’on ajoute un métier impossible à un autre(1), est-ce que cela fait proliférer l’impossible ? Ou est-ce que cela l’annule, un peu à la manière des nombres opposés, dans les équations ? C’est la question que l’on peut se poser quand un professeur invite un psychanalyste dans sa classe. Rencontres improbables entre le professeur, l’analyste et l’élève qui s’avérèrent, disons-le sans ambages, d’authentiques rencontres.

Depuis 2016, l’ACF Ile-de-France a monté un projet destiné aux lycéens de région parisienne.

L’idée initiale était d’organiser, en classe de terminale « littéraire » (les feues classes de terminales littéraires faudrait-il dire, puisque la réforme est venue labourer et supprimer les sections), parce qu’elles proposaient le nombre d’heures de philosophie le plus important, la venue d’un psychanalyste en classe, afin d’aborder la notion d’inconscient avec ceux qui travaillent – officiellement – avec. Le pari de départ était ainsi de porter le discours analytique dans la Cité, dans l’école en l’occurrence, à partir d’une psychanalyse pure, en intension, psychanalyse dans son abord théorique et clinique, celle qui existe dans les cabinets d’analystes, par les cures et les contrôles, et dans la recherche, au sein des écoles de psychanalyse, pour aller vers une psychanalyse en extension, celle dont la dimension est davantage politique et éthique, celle qui « présentifie la psychanalyse au monde»(2).

Rapidement, les terminales littéraires n’ont plus été le seul public visé, mais ce furent les classes de terminales en général, la notion d’inconscient figurant après tout au programme de toutes les classes de terminales, générales et technologiques. Il s’en est fallu de peu qu’à cet égard aussi, il faille parler au passé de feu la notion d’inconscient du programme de philosophie : souvenons-nous que la notion a manqué passer à la trappe(3), avant qu’une mobilisation des professeurs de philosophie(4), et bien au-delà(5), ne vienne in extremis calmer les ardeurs scientistes du comité de pilotage des nouveaux programmes qui proposait comme nouvelles notions « l’idée de Dieu » et « le corps et l’esprit », sous l’égide de la métaphysique(6)!

Dans tous les cas, dépassant ce prétexte pragmatique inaugural lié aux programmes, – bien utile notamment pour persuader l’institution scolaire d’accepter et de cautionner ces rencontres – les analystes vinrent au lycée rencontrer les élèves, tout simplement : les classes de seconde, par exemple, suite à une pièce de théâtre, Dans la peau de Don quichotte, par la troupe de La Cordonnerie, au Nouveau théâtre de Montreuil(7) ou encore Logiqueimperturbabledufou de Zabou Breitman, au Théâtre du Rond-point des Champs-Élysées(8), où théâtre et folie font féconde rencontre. Mais des ateliers eurent également lieu en BTS commerce, en partant des thèmes du programme national – « Seuls avec tous » et « Corps naturel corps artificiel » – et même en BAC professionnel.

Que pouvons-nous retenir de ces rencontres singulières et précieuses ? Et bien on pourrait dire … qu’elles ressemblent à des séances ! On peut les attendre avec un peu d’appréhension face à l’imprévisible, bien que s’y joue en grande partie du toujours pareil, de la répétition, une structure ne varietur, tandis que s’y loge, au détour d’une question ou d’une intervention, de petits miracles de justesse et d’inédit, dans le bien-dire(8) des élèves, comme contaminés par celui des analystes.

La magie de « l’intervenant extérieur », – selon le jargon institutionnel – qui opère souvent, semble démultipliée par l’analyste qui, plus qu’un écrivain ou un comédien, semble doté d’un savoir énigmatique, mais bien réel, que les élèves lui prêtent bien volontiers, alors même que le psy, habitué à écouter, est pourtant généralement moins loquace que les autres hôtes de la classe, souvent prompts à parler, beaucoup et avec passion, de leur activité. Les analystes, au moins aussi passionnés, sont avertis que la rencontre avec l’inconscient ne se déroule pas, ne se démontre pas, ne s’étale pas. Ainsi, dans la classe, ils écoutent beaucoup, acceptent toutes les questions, ne s’en laissent pas compter et sont peu impressionnés par les questions cash, sur leur salaire, sur le fait qu’eux-mêmes pourraient être leur premier malade ou sur le risque suicidaire chez certains de leurs camarades. Non sans vigueur parfois, les élèves peuvent être un peu rentre-dedans au départ, peu ou prou persécutés par le sujet-supposé-savoir qu’incarne assez spontanément le psy à leurs yeux ; puis ils s’adoucissent. Et les pépites fusent ! Mentionnons quelques sorties mémorables : « L’inconscient, c’est ce qu’on n’ose pas penser. » ; « Vu ce que vous nous dites de cette Emmy, ce n’est pas Freud alors qui a inventé la psychanalyse, c’est cette femme qui lui a dit de se taire et de l’écouter non ? » ; quelques moments inattendus aussi : une classe impudique qui se met soudain à parler de ses rêves quand une autre semble inhibée, ne dit mot ou presque, mais, lors de l’heure suivante, ne souhaite évoquer que la rencontre avec le psychanalyste qui n’est plus là et refuse de reprendre le fil du cours, quand ce n’est pas un étudiant de BTS qui demande à son professeur si l’intervenant est son psy !

« Qu’y renonce donc plutôt [à la pratique analytique] celui qui ne peut rejoindre à son horizon la subjectivité de son époque. […] Qu’il connaisse bien la spire où son époque l’entraîne dans l’œuvre continuée de Babel, et qu’il sache sa fonction d’interprète dans la discorde des langages»(9). Les analystes, quittant leur institution et leur cabinet, entrent au lycée en nomades et en invités, pour honorer ce conseil de Lacan, dans son Discours de Rome. Par la qualité de leur adresse, ils tentent de rejoindre la subjectivité de leur époque en rencontrant ces élèves, tout disposés à converser avec des analystes, du moment qu’on leur parle sincèrement et passionnément. Plutôt que de raisonner, les analystes se proposent de faire résonner l’inconscient, en attrapant le signifiant au vol, en sachant se taire, en se laissant surprendre, en posant une question inattendue. D’où l’effet de surprise et d’ouverture qui n’est pas sans rappeler celui d’une séance analytique.

*Professeur de lettres au lycée Jean-Jaurès de Montreuil, membre de L’Envers de Paris

(1) Les « métiers impossibles : éduquer, guérir, gouverner », Sigmund Freud, Préambule à la première édition de Jeunesse à l’abandon d’August Aichhorn, Editions du Champ social, Lecques, 2000 et « Analyse avec fin et analyse sans fin », in Résultats, idées, problèmes, tome II, Paris, puf, 1985, chap. 7, p. 263.

(2) Lacan J., « Proposition du 9 octobre 1967 », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 246.

(3) Avec « la conscience », « le sujet », « autrui », « la perception », « l’interprétation », ainsi que « le travail » et « le bonheur ».

(4) Eloi F., « Ci-gît la philosophie », posté le 27 mars 2019 sur le blog de Fabrice Loi dans Le Club de Mediapart, https://blogs.mediapart.fr/fabrice-loi/blog/270319/ci-git-la-philosophie 

(5) « Irréductibilité de l’inconscient : vers une suppression manquée ? », Diacritik, samedi 22 mai 2019, https://diacritik.com/2019/05/22/irreductibilite-de-linconscient-vers-une-suppression-manquee/ 

(6) Leguil C., « Nouveaux programmes de philosophie : on voit disparaître la notion-clé de la pensée elle-même, “le sujet” », Le Monde, 11 mai 2019, https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/11/nouveaux-programmes-de-philosophie-on-voit-disparaitre-la-notion-cle-de-la-pensee-elle-meme-le-sujet_5460817_3232.html 

(7) http://www.nouveau-theatre-montreuil.com/fr/programme/don-quichotte

(8) https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/logiquimperturbabledufou/

(9) L’expression de « devoir de bien dire » apparaît dans « Télévision », Autres Ecrits, Paris, Seuil, 2001, p. 526.

(10) Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Ecrits, Paris, Seuil, 1966, coll. « Points », 1999, p. 319.

El SEMINARIO LATINO

El SEMINARIO LATINO

 

SEMINARIO LATINO DE PARIS Cycle 2019-2020

Le Seminario Latino de Paris aura sa 2ème soirée autour du thème Exils et Psychanalyse. D’une part, nous aurons la présentation et discussion du livre « Exils. Regards psychanalytiques » parue chez AGPsy – écrit par Christiane  Alberti, François Ansermet, Marie-Hélène Brousse, Ana Lia Gana et Sofia Guaraguara (sous la direction de) dont les textes ont été établis par Flavia Hosftetter et qui présentera le livre suivi d’une conversation avec Marie-Hélène Brousse et Sofia Guaraguara. D’autre part, Alejandro Sanchez Rudegar, professeur à l’Université de Buenos Aires, interviendra à propos des « Exils et Genre ». Soirée animée par Patrick Almeida.

Rendez-vous le 27 novembre à 21h à la Maison de l’Amérique Latine, 217 bd Saint-Germain, 75007, Paris.

 

Rencontre entre un écrivain et une psychanalyste…

Rencontre entre un écrivain et une psychanalyste…

Sans point à la ligne !
Par Stéphanie Lavigne

Après avoir fait des études littéraires en hypokhâgne et khâgne, Joseph Ponthus choisit le métier d’éducateur spécialisé qu’il exercera en région parisienne pendant plusieurs années. L’écriture lui tient au corps et il publiera dès 2012 Nous la cité(1), résultat d’un atelier d’écriture.

Lorsque l’amour le percute, il part en Bretagne. Il rencontre alors l’usine où il travaille comme ouvrier à ligne. Les bulots, les langoustes, le tofu, puis les abattoirs deviendront ses partenaires.

Le premier roman de J. Ponthus, A la ligne, feuillets d’usine(2), n’est-il pas un livre sur le corps de l’être parlant(3) ? A la rencontre du réel, il est question de la chair, des viscères de bœuf, de la douleur du corps, de l’épuisement, de l’angoisse, de la solitude – aussi bien la sienne que celle des ouvriers d’usine. « Tirer tracter trier porter soulever peser ranger »(4). Gestes automatiques, répétés maintes fois à la ligne. L’usine replonge l’auteur dans l’écriture, elle se rappelle à lui, elle le rattrape. De ces morceaux, de ces déchets, Ponthus effectue une transformation artistique.

« A la ligne », c’est surtout le choix d’écriture de J. Ponthus. Sa non ponctuation donne le rythme de lecture, les phrases sont tranchées, coupées. Il hache la langue et crée une singularité de forme incomparable. Il ne s’agit pas d’un témoignage, mais d’une littérature poétique qui permet de cerner des bouts de réel.

L’Envers de Paris vous invite à une conversation avec Joseph Ponthus et Bénédicte Jullien, psychanalyste membre de l’École de La Cause freudienne. Cette rencontre aura lieu le mercredi 11 décembre 2019 à 20h, librairie Les Arpenteurs, 9 rue Choron, 75009 Paris.

En savoir plus, lire le texte de Coralie Haslé>

 

(1) Ben Bella R., Érambert S., Lakhéchène R., Philibert A., Ponthus J., Nous… La cité. On est partis de rien et on a fait un livre. Paris, La Découverte, 2012, coll. « Zones ».

(2) Ponthus J., A la ligne, feuillets d’usine, Paris, La table ronde, 2019.

(3) « Le réel, c’est le mystère du corps parlant, c’est le mystère de l’inconscient. » in Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Le Seuil, 1974, p. 118.

(4) Ponthus J., A la ligne, feuillets d’usine, Paris, La table ronde, 2019, p.16.

 

Psynéma…

Psynéma…

Semblants et vacillements

 

Notre prochaine réunion se tiendra le 9 novembre 2019, à 15h15, chez Maria-Luisa Alkorta. Pour tous renseignements contactez Karim Bordeau>

Au programme :

1) Lecture du Séminaire XVIII de Jacques Lacan, D’un discours qui ne serait pas du semblant, première leçon, conjointement à celle De la nature des semblants de Jacques-Alain Miller ;

2) Préparation de la prochaine projection-débat au Patronage laïque Jules Vallès qui aura lieu le 25 janvier 2020 à 14h autour du film A Touch of Sin, de Jia Zhangke ( 2013). Anne Ganivet-Poumellec, membre de l’Ecole de la Cause freudienne, sera notre invitée et notre extime.

Par ailleurs, des textes passionnants exposés(1) lors à notre dernière projection-débat du 12 octobre 2019 au PLJV, autour du mystérieux film de Paul Newman : The Effect of Gamma Rays on Man-in-the-Moon Marigolds, sont à venir…

Cet événement a été l’occasion d’un vif débat quant à la logique des discours telle que Lacan la déploie dans son enseignement, et de montrer que la jouissance féminine se situe topologiquement « au-delà » de cette logique, d’y échapper. C’est à ce niveau de structure que la lettre vient en effet s’accointer à la logique du pas-tout. P. Newman nous a curieusement porté en ce point de nodalité où le semblant, d’une totalité close, vacille, laissant en suspens le mystère qui se décline en filigrane tout au long de son remarquable film.

L’oeuvre cinématographique de J. Zhanke, jouant subtilement de la lettre et de la fiction, nous permettra de poursuivre notre réflexion quant au lien du politique et du pas-tout. Quelques textes de Jean-Claude Milner seront à cet égard mis à l’étude.

Karim Bordeau

 

(1) Exposés de Maria-Luisa Alkorta, Karim Bordeau, Laure de Bortoli, Elisabetta Milan Fournier, Leila Touati.

Dans l’après-coup de la C-5 “psychanalyse et pédopsychiatrie”

Dans l’après-coup de la C-5 “psychanalyse et pédopsychiatrie”

 

La psychiatrie aujourd’hui et demain. Quelle place pour la psychanalyse ? 5e conversation organisée par L’Envers de Paris et l’ACF-IdF : « La pédopsychiatrie : questions et variété des réponses », avec Ligia Gorini*, psychiatre, chef de pôle à l’EPS de Ville-Évrard ; Angèle Terrier*, psychologue dans le secteur infanto-juvénile du Nord des Hauts-de-Seine ; Janis Gailis°, psychiatre, médecin directeur au CMPP de Montreuil.

 

Une place, du côté de la vie
par Aurélie Pascal

Mercredi 25 septembre a eu lieu la cinquième et dernière conversation du cycle « La psychiatrie, aujourd’hui et demain. Quelle place pour la psychanalyse ? » organisée par l’ACF IdF et l’Envers de Paris, avec cette fois-ci, comme thème, « psychanalyse et pédopsychiatrie : questions et variétés de réponse ». La soirée fut riche, vivante, comme la question de la place de la psychanalyse qui apparaît se dégager de l’inertie actuelle, idée que nous pourrions proposer comme une des réponses possibles, en conclusion de ce cycle. Cette inertie, bien présente de nos jours, est largement due au S1 émanant des évaluations en psychiatrie notamment. Ligia Gorini dans son exposé nous parle d’une « certaine plasticité difficilement réductible » à un chiffre pour un sujet, et qui doit appeler à une « souplesse de la part du clinicien »(1). La clinique s’oppose aux tests qui tendent à figer, allant contre ce côté plastique de la pensée. L’acte analytique vise une ouverture de l’inconscient, à l’inverse de l’évaluation avec thérapie courte qui constitue une fermeture de la question et un refus de la contingence. François Ansermet développe l’idée que si nous sommes programmés neurologiquement, nous nous y inscrivons dans une discontinuité permanente : « On est déterminé pour ne pas l’être. On est déterminé pour recevoir l’incidence de la contingence, pour être soumis au stochastique. On est déterminé aussi pour qu’il y ait un espace pour l’acte du sujet. On n’est pas dans un modèle action/réaction. »(2) Autrement dit, le propre du parlêtre c’est cette inadéquation à la nature, cette mise en échec de l’instinct, cette résistance aux formules du biologique qui ne se trouvent pas supprimées, mais en quelque sorte court-circuitées par la morsure du signifiant sur le corps. La psychanalyse prend ainsi une voie que l’on pourrait qualifier de « résistance » pour reprendre les mots de Francesca Biagi-Chai lors de sa précédente intervention dans le même cycle de conversations. Résister contre la pente actuelle qui est celle de la demande de résultats entrant dans la logique « action/réaction », du « faire-mieux », pente qui peut devenir, aussi, injonction.

En effet, nous avons affaire actuellement à un véritable culte de la performance avec, par exemple, le remplacement des classifications nosographiques par les diagnostics statistiques. C’est un paradigme nouveau auquel nous sommes confrontés, comme le souligne Yasmine Grasser dans la discussion, à savoir viser « l’optimal de la performance » : « bilanter » pour chiffrer, chiffrer pour « protocoliser ». « La logique de handicap remplace la logique des soins », quand bien même nous pouvons aussi entendre que « le handicap recouvre quelque chose en plus »(3) puisque l’enfant pourra alors avoir droit à la présence d’une Assistance de Vie Scolaire, à un tiers temps pour les examens, etc., décalant ainsi le terme « handicap » de son aspect déficitaire. La clinique analytique permet la subversion d’une étiquette posée épinglant un déficit, car elle remet le sujet au centre. Plutôt que des protocoles pour tous, la psychanalyse peut proposer des soins sur mesure : « isoler ce qui revient toujours à la même place pour un sujet »(4), et qui ne vaut que pour lui, repérer par la logique le point de réel en jeu, ce que l’on peut apprendre de la singularité de sa jouissance… Et ceci, en tant que seul le sujet peut nous l’enseigner et non l’inverse. La pratique analytique parie sur le fait que le symptôme se constitue de sa capture dans le discours de l’analyste, c’est-à-dire qu’il y a un embrayage du symptôme sur le Sujet Supposé Savoir. C’est donc une Clinique Sous Transfert et non sur rail. La psychanalyse propose une orientation, pas un parcours fléché qui pourrait être emprunté anonymement et sans rapport à la contingence. C’est ce que nous rappelle Angèle Terrier, l’importance de « recueillir la parole de l’enfant avec un désir qui ne soit pas anonyme », cet accueil, cette rencontre n’étant que contingente, laissant la place à la dimension du réel. La place du clinicien est essentielle en tant qu’elle offre, pour certaines familles, une possibilité de faire état du « point d’impasse dans laquelle elle se trouve face à l’institution scolaire ». Point d’impasse auquel l’analyste fait signe, adresse un « accusé de réception » pour ne pas le laisser résonner dans le vide de l’Autre et ainsi éviter à l’enfant de se « débrancher » radicalement de son parcours scolaire.

Janis Gailis parle en ce sens de « mobiliser la responsabilité subjective d’un enfant », pour faire en sorte que « son désir d’apprendre s’ouvre », les enfants arrivant parfois avec un désir largement écrasé par une pose de diagnostic réalisé au préalable par l’école. Face au côté massif de l’évaluation, à l’inertie du S1, le clinicien peut « réintroduire un peu de libido »(5), pour qu’une certaine curiosité envers la connaissance puisse émerger chez l’enfant. En cela, « l’acte psychanalytique se présente comme incitation au savoir »(6), incitation ou invitation pouvant être réinventée à chaque instant. Ces exposés nous transmettent ainsi comment la place de la psychanalyse ne peut se penser en dehors d’une clinique qui tient de l’invention, d’un pari sur la vie de l’inconscient, pari à renouveler, encore.

En savoir plus en un clic> 

(1) Ligia Gorini, dans son intervention lors de cette 5e conversation.

(2) François Ansermet, « Continuité et discontinuité, entre neurosciences et psychanalyse », disponible sur YouTube 24 mars 2018 cliquez>

(3) Janis Gailis, dans son intervention lors de cette 5e conversation.

(4) Angèle Terrier, dans son intervention lors de cette 5e conversation.

(5) Francesca Biagi-Chai, dans la discussion suivant les exposés des intervenants.

(6) Lacan J., Le séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2006, p. 345.

* Psychanalyste, membre de l’ECF.

° Membre de l’Envers de Paris.