Édito mai 2025

Édito mai 2025

Édito février 2025

Cinzia Crosali, directrice de l’EdP

Vous avez reçu l’argument, l’appel à contribution et le blog concernant les prochaines Journées de l’ECF, qui se dérouleront, les 15 et 16 novembre prochains, au Palais des Congrès de Paris, sous le titre  Le comique dans la clinique.

Édito février 2025

Vous pouvez retrouver ces documents en cliquant sur les liens suivants :

Édito février 2025

Ce document offre un éclairage précieux sur cet événement majeur qui se déroulera, le 15 et 16 novembre prochains, aux Palais des Congrès de Paris, sous le titre Le Comique dans la clinique. Ce thème n’intéresse pas seulement les psychanalystes, il invite également tous les acteurs du champ culturel et social à participer aux Journées 55. Les interlocuteurs habituels de L’Envers de Paris y sont ainsi conviés : artistes, enseignants, éducateurs, chercheurs, ainsi que des professionnels du théâtre et du cinéma, des arts figuratives, de la musique, de la littérature… Nous suivrons avec grand intérêt la préparation à ces J 55, ainsi que les débats et les travaux, qui seront produits dans les mois à venir.

Édito février 2025

L’appel à contribution est également ouvert. Cliquez ici :

Édito février 2025

Les inscriptions sont ouvertes et il est possible de s’y inscrire dès à présent, à titre individuel ou au titre de la formation permanente et continue. Cliquez ici pour s’inscrire :

Édito février 2025

Soyez nombreux à ce grand rendez-vous de la psychanalyse !

Édito février 2025

Nous vous rappelons également le prochain Congrès de l’EuroFédération de Psychanalyse, PIPOL 12 qui se tiendra les 12 et 13 juillet 2025 à Bruxelles, sous le titre : Malaise dans la famille. Lire l’argument pour en savoir plus : https://www.europsychoanalysis.eu

Édito février 2025

L’Envers de Paris continue la préparation de la journée d’étude qui se tiendra le 6 décembre prochain sous le titre : Fantasmes contemporains du corps.

Dans son cours Extimité, J.-A. Miller introduit le concept de fantasme du corps, à partir de la notion d’incorporation du signifiant :

« Une incorporation de structure, c’est ce qui rétroactivement peut faire qualifier le signifiant d’incorporel. Dans un premier temps, le signifiant serait incorporel, et, dans un second temps, il s’incorpore. Il s’incorpore et un corps devient alors son lieu et son support. Quel est le résultat de l’incorporation ? Quels sont les effets de la structure de langage sur le corps ? […] C’est un thème qui n’a pas cessé de retenir Lacan dès l’orée de son enseignement, et c’est ce qu’il a abordé d’abord sous les espèces du fantasme du corps morcelé [1] ».

À l’heure de l’Intelligence artificielle et des machines parlantes qui nous entourent, cette notation nous apparait précieuse. Pour avoir une structure langagière humaine il ne suffit pas qu’un langage soit déployé, que des mots s’alignent, même si dans une construction cohérente et logique, il faut encore que le signifiant s’incorpore, il faut donc un corps, un corps vivant, pour que le fantasme et le désire puissent circuler et faire du corps biologique un corps pulsionnel et jouissant.

Nous continuons notre recherche sur les Fantasmes contemporains du corps, les membres de L’Envers de Paris peuvent nous adresser des propositions de textes sur ce sujet, pour une éventuelle publication sur notre site.


[1] Extrait de la leçon du 22 janvier 1986 du cours de J.-A. Miller, « L’orientation lacanienne. Extimité », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université́ Paris VIII.

Édito février 2025

La parole maintenant aux responsables des vecteurs :

Vecteur Lectures freudiennes

Édito février 2025

Nous continuons de lire et traduire l’article que Freud écrit en 1919 : « Ein Kind wird geschlagen – Un enfant est battu », dans ce paragraphe Freud articule pas à pas le fantasme d’être battu, ses protagonistes et les différentes phases de la position féminine. Voici un extrait de notre traduction :

« Si le montage ludique de la scène masochiste se tient à la fiction d’un petit garçon désobéissant, d’un page, ou d’un apprenti, qui doit être puni. Mais les personnes qui infligent des corrections dans les fantasmes comme dans les mises en scène sont à chaque fois des femmes. C’est assez déroutant ; on voudrait aussi savoir, si le masochisme du fantasme infantile d’être battu repose déjà sur une telle position féminine […] Le fantasme connu et conscient : je suis battu par la mère, est à la place de la troisième phase chez la fille, dans laquelle, comme mentionné, des petits garçons inconnus sont les objets battus ».

Nous nous retrouverons chez Susanne Hommel, le jeudi 7 mai à 21h, contact lectures-freudiennes@enversdeparis.org

Seminario Latino

Édito février 2025

En mai, le Seminario Latino de L’Envers de Paris poursuit la préparation de sa prochaine soirée autour du harcèlement. Celle-ci aura lieu en présentiel à la Maison de l’Amérique Latine, le mercredi 11 juin à 21h, avec la participation de Sébastien Ponnou. 

Responsables : Flavia Hofstetter et Nayahra Reis

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org
Vous pouvez consulter l’argument du cycle d’étude 2024-2025 du Seminario Latino de Paris sur : enversdeparis.org/seminario-latino-de-paris

Vecteur Lectures cliniques

Édito février 2025

La seconde année du cycle 2023-2025 sur « La clinique différentielle » s’est ouverte en octobre pour une année scolaire. Durant cette période, le vecteur se réunira cinq fois, chaque fois en présence d’un invité extime. Il a déjà reçu Adela Bande-Alcantud, Ricardo Schabelman, Ariane Chottin et Cinzia Crosali. Au mois de mai, la réunion préparatoire au dernier rendez-vous du vecteur accueillera Pascale Fari.

Le vecteur est l’occasion de prendre la parole, de présenter un exposé et d’en débattre à plusieurs. Pour que chacun puisse présenter son travail, le nombre de participants est limité. La commission d’organisation du vecteur est composée de : Andréa Castillo, Noa Farchi, Caroline Happiette, Pauline Préau et Sophie Ronsin.

Responsables : Caroline Happiette et Sophie Ronsin

Contact : vlc.enversdeparis@gmail.com

Vecteur Psychanalyse et littérature

Édito février 2025

En mai, notre vecteur poursuivra son travail d’articulation entre la notion de la coupure telle que R. Barthes la théorise et l’applique à l’écriture littéraire, principalement dans ses deux ouvrages, Le Plaisir du texte [1] et S/Z [2] et, la coupure telle que J. Lacan nous l’enseigne dans son Séminaire, Le Désir et son interprétation [3], aux chapitres 21, 22, 23.

Selon R. Barthes, la littérature trouve son fondement dans une jouissance qui ne peut ni se dire ni s’écrire. Chaque écrivain ancre son art d’écrire dans cette énigme qui insiste, à son insu, au plus intime de lui-même et le divise. Cette division donne sa forme divisée à son écriture entre un usage de la langue tel qu’il est fixé par l’Autre de sa culture et un usage subversif qui en renouvelle la forme. Pour effectuer ces deux usages, l’écrivain met en scène dans son écriture même, une coupure qui sépare deux bords : un bord conforme, un bord surprenant. Cette coupure entre deux bords ouvre un vide où prend place une jouissance hors sens dit et écrit qui subvertit le plaisir du texte conforme aux assises culturelles et qui produit un terme nouveau, inédit.

Lacan nous enseigne que la coupure est un vide où prend place un objet a dont la jouissance réelle se loge dans l’intervalle entre les signifiants articulés. Cet objet a qui est dans le vide de la coupure est le réel du sujet lui-même et il n’est symbolisé par rien. Lacan situe dans l’élément discordant, discontinu, l’avènement de cette coupure et il reconnait dans l’œuvre d’art le moyen que se donne le sujet pour faire venir au jour son propre rapport à la coupure et à au réel.

Lors de notre réunion-Zoom du 23 mai à 20h, nous analyserons comment Chantal Thomas, dans certaines de ses nouvelles de son recueil La Vie réelle des petites filles [4], met en scène cet espace vide de la coupure pour prendre appui sur la jouissance énigmatique qui s’y répète et chercher à la lier autrement au langage.

Notre vecteur reste ouvert à qui désire s’éclairer de la littérature pour préciser toujours mieux l’enseignement de J. Lacan.

Contacter : M-C Baillehache : litterature@enversdeparis.org.



1. Barthes R., Le Plaisir du texte, Paris, Seuil, 1975.
2. Barthes R., S/Z, Paris, Seuil, 1970.
3. Lacan J., Le Séminaire, livre VI, Le Désir et son interprétation, texte établi par J.-A. Miller, Paris, La Martinière/Le Champ freudien, 2013.
4. Thomas C., La Vie réelle des petites filles, Paris, Gallimard, 1995. 

Vecteur Le corps, pas sans la psychanalyse

Édito février 2025

Lors de notre réunion d’avril, nous avons discuté avec Julien Fournié, designer de mode, à partir des questions écrites que nous lui avions fait parvenir en amont. Il en ressort notamment une certaine aspiration du créateur aux moments d’acmé, d’intensité, qui se situent à la limite de la vie et de la mort, du rire et du tragique, de l’horreur et de la splendeur. Cette jouissance se retrouve dans ce qu’il donne à voir des corps, dans ce qu’il en dit et dans son dire.

Prochaine rencontre : le 20 mai à 20h30, au 76 rue des Saints-Pères.

Membres du vecteur : Geneviève Mordant, Pierre-Yves Turpin, Guido Reyna, Martine Bottin, Isabelle Lebihan, Marie Faucher-Desjardins, Elisabetta Milan Fournier, Ana Dussert, Baptiste Jacomino (coordinateur).

Responsable : Baptiste Jacomino
Contact : corpsy@enversdeparis.org

Vecteur Psynéma

Édito février 2025

La prochaine projection organisée par le vecteur Psynéma, suivie d’un débat avec les spectateurs, sera consacrée au film de Pedro Almodóvar LA PIEL QUE HABITO. Elle aura lieu le jeudi 5 juin 2025 à 20h, au cinéma Les 7 Parnassiens, 98 bd du Montparnasse, Paris 14e.

La Piel que habito (2011) est un film de Pedro Almodóvar dans lequel le cinéaste espagnol revisite le mythe de Frankenstein et du savant démiurge. Un chirurgien plasticien (Antonio Banderas), sous prétexte de vengeance et pour créer un être à l’image de sa femme disparue, a mis au point, grâce à la transgénèse, une peau synthétique. Telle une araignée, il y a emprisonné sa « proie » (Elena Anaya), après lui avoir fait subir un changement de sexe. Abandonnant les couleurs bariolées de ses films précédents pour une tonalité plus froide, en écho avec le discours de la science et l’art contemporain, Almodóvar met en lumière les liens troubles qui unissent le chirurgien et sa victime. Celle-ci, confrontée au réel de sa perte d’identité sexuée, devient pour son bourreau pur objet de jouissance. Pour exister en tant que sujet du désir, elle recourt à la création, qui passe par l’écriture et la confection de poupées, inspirée des œuvres de Louise Bourgeois, autant de modes de jouissance qui lui permettent d’« habiter sa peau ». Pedro Almodóvar nous offre là un film très actuel, en lien avec notre thème, Fantasmes contemporains du corps, sur lequel nous aurons plaisir à débattre.

Marie Majour

 

Responsables du vecteur Psynéma : Marie Majour et Leila Touati

Nous contacter à : vecteur.psynema@gmail.com

Notre programmation 2025 en partenariat avec le cinéma, Les 7 Parnassiens se trouve sur le site « Multiciné » avec les liens pour l’achat d’un billet :

https://www.multicine.fr/evenements/37201-psychanalyse-et-cinema-saison-2025/

Vecteur Théâtre

Édito février 2025

Le dimanche 1er juin à 15h au théâtre de l’Odéon, Paris 6e, le collectif Théâtre et psychanalyse vous propose un événement préparatoire aux J55, autour de la pièce L’Hôtel du Libre-Échange de Georges Feydeau, mise en scène par Stanislas Nordey. Ce célèbre vaudeville hilarant qui tourne autour de l’adultère sera certainement un support formidable pour nous aider à saisir la question du comique, notamment dans son rapport avec le phallus. Et c’est Catherine Lazarus-Matet qui a accepté de venir participer à un débat avec le metteur en scène et animé par Hélène de La Bouillerie. Vous pouvez réserver vos places en envoyant un mail à l’adresse : theatreetpsychanalyse@gmail.com (prix des place 34€).

Vecteur Clinique et addictions

Édito février 2025

Loin de se satisfaire de l’hypothèse d’une maladie supposée, l’addiction, la pratique que nos

deux collègues exposeront à cette Conversation Clinique & Addictions du 7 mai dans le cadre du TyA-Envers de Paris, fera état d’un dialogue approfondi avec deux sujets très différents quoi que se reconnaissant, chacun, dans le terme d’addict. Cette pratique leur a permis, pour l’un, l’obtention d’une guérison de surcroît de l’addiction après un traitement minutieux des autres symptômes ; pour l’autre, l’hypothèse qu’il s’agirait d’un nouage symptomatique stabilisant le sujet et peut-être à respecter. Avec Krassimira Totcheva et Coralie Haslé. Renseignements et inscriptions sur addicta.org

REVUE HORIZON

Édito février 2025

Le dernier numéro de notre bulletin, Horizon 69, est disponible à la librairie de l’ECF.

Pour l’achat on-line : www.ecf-echoppe.com

Édito février 2025

Nous vous souhaitons un très beau mois de mai et nous vous attendons nombreux aux événements de L’Envers de Paris

Cinzia Crosali,

directrice de L’Envers de Paris.

Horizon N° 69/ Dans la jungle du numérique

Horizon N° 69/ Dans la jungle du numérique

ÉDITORIAL

Le parlêtre à l’époque de l’intelligence artificielle, Cinzia Crosali

INTRODUCTION

Dans la jungle du numérique, Agnès Vigué-Camus

CAP AU PIRE?

Rencontre avec Yoshua Bengio

par Sarah Abitbol, Marie-Hélène Brousse et Cinzia Crosali

LANGAGE : MODÉLISATION OU ÉNONCIATION?

LʼIA générative : révolution ou avancée technologique ? Josiane Boutet

Le symbolique comme outil à disjoindre le réel René Fiori

Modéliser le langage ? Sur la « chambre chinoise » de John Searle Paula Galhardo Cépil

Qui parle ? Xavier de La Porte

L’ALGORITHME, UN NOUVEL AUTRE?

Psychanalyse et cybernétique : où en sommes-nous ? Gilles Chatenay

Du corps à lʼalgorithme François Ansermet Lʼalgorithme et ses biais Sylvie Cassin-Agullo

Subjectivités inventives, le pari de la psychanalyse Francisco-Hugo Freda converse avec François Ansermet et François Forestier

Lʼalgorithme du chaudron ou la politique des âmes mortes Grigory Arkhipov

CYBER(A)MUR

Actualité du sujet supposé savoir Dalila Arpin

Lʼamour au temps des connexions illimitées Fabian Fajnwaks Lʼamour au-delà de la mort Sophie Ronsin

 

NOUVELLES MODALITÉS DE PRÉSENCE CORPS, REGARD ET VOIX

Vecteur psynéma, Le cinéma et sa science-fiction IA et mémoire inconsciente. Karim Bordeau

Blade Runner : lʼandroïde est-il un corps parlant ? Carole Niquet

Her. Sophie Lac

Vecteur théâtre, « La vidéo a valeur de masque de chair ». Rencontre avec Tiphaine Raffier

« Le numérique, un nouvel outil pour les artistes ». Entretien avec Jean-Marie Dallet et Don Foresta

Le vif de la création pris dans la machine. Rencontre avec Joëlle Léandre

Désartification ou provocation à aller plus loin. Quatre questions à David Chaillou

DU CÔTÉ DE LA CLINIQUE

Tu adoreras ton moi numérique comme toi-même. Nayahra Reis

Cartel fulgurant
Des objets connectés pour une psychopathologie de la vie quotidienne. Ricardo Schabelman

Un dialogue sans parole. Sophie Ronsin

Le téléphone et la parole. Adela Bande-Alcantud

Un écran et un partenaire pour apprivoiser le réel. Claudia Vilela

Addict au regard Marcela. Fernandez Zosi

Des praticiens et des programmes-impasses et ouvertures en psychiatrie. Caroline Hapiette, Alexandra Escobar, Magda Gomez, Mariel Martins

EFFETS DE RECONFIGURATION DU MONDE

Ne pas perdre les fils de lʼexpérience Francis Chateauraynaud IA, miroir de lʼhomme moderne ? Alice Viterbo

Émergence dʼune « intelligence » informatique : quelle responsabilité médicale ?

Entretien avec Ferdinand Dhombres

UN FUTUR QUI NE SE LAISSE PAS ANTICIPER

Éthique – Le réel et la contingence Entretien avec Jean-Gabriel Ganascia

HORIZON n° 69

Le bizarre du monde contemporain où se sont invités toujours plus vite les ordinateurs et les tablettes, eux-mêmes envahis maintenant par les dispositifs de l’intelligence artificielle est l’objet de ce numéro 69 d’Horizon. Un bizarre révélé par la beauté de l’image de couverture réalisée par John Sturrock, à l’occasion de l’exposition David Hockney qui eu lieu à Londres de juin à Octobre 2024.

La psychanalyse et ceux qui s’orientent de son discours sont concernés par ce mouvement inouï qui interroge : quels effets sur les parlêtres qui vivent ces transformations, non sans une certaine angoisse, à en croire les médias et ceux qui viennent nous parler?

Une enquête a été menée par l’équipe d’Horizon auprès d’artistes, d’intellectuels, issus de différents champs de savoir. Le lecteur disposera ainsi d’un corpus de textes qui indiquent  les points de tension, les avancées des réflexions autour de ce qui s’est produit en quelques dizaines d’années, reconfigurant tous les domaines de la société : à l’université et au-delà, dans le soin et la relation médecin/malade, dans les domaines de l’art, etc.

Trois points forts

On y serre de près la question de l’émergence éventuelle d’un nouvel Autre algorithmique dans la mesure où il faut sans doute compter désormais avec un nouveau binaire qui n’est plus seulement l’articulation signifiante, traitée par la psychanalyse, mais celle du code.

A cet égard, on trouvera une actualisation des questions posées par Lacan, dès 1955, sur les relations entre psychanalyse et cybernétique.

Enfin, on  compte, parmi d’autres précieux témoignages, un interview de Yoshua Bengio, l’un des plus grand experts dans le domaine de l’intelligence artificielle. Après s’être consacré à la science, comme l’y poussait son désir,  celui-ci se trouve confronté à des effets qu’il n’avait pas soupçonnés : et si la science ne travaillait pas seulement pour le bien de l’humanité ?

Un numéro très dense, donc, à garder près de soi.

Textes, textiles

Textes, textiles

par Jocelyne Lamotte

Si un texte est une structure nouée dans un réseau qui le tient, « un texte ne peut se tisser qu’à faire des nœuds » [1], le « fiber art » renvoie à un autre dit de Lacan : « Tout art se caractérise par un certain mode d’organisation autour [d’un] vide » [2]. Deux lieux parisiens présentaient, l’un une installation de Chiharu Shiota, l’autre une rétrospective signée O. de Amaral.

L’œuvre de Shiota est filaire, les nœuds ne sont là que pour accrocher des objets, valises, clés…, les fils relient, enveloppent, les fils cachent et/ou protègent, soit lâches, soit tendus. Ils sont soit rouges soit noirs, comme le sang ou la cendre, ils sont blancs comme le blanc sacré du pays originel. Le corps est immergé dans le liquide garance d’une baignoire ou bien laisse fuir un flot de sang. L’œuvre intime et filaire de Shiota peut se faire filante. L’angoisse saisie dans l’entremêlement des fils dit les secousses de la maladie, ses récidives, la mort qui rôde, le sang qui s’échappe comme un robinet ouvert sur l’extérieur, les cellules qui envahissent et menacent un corps à la fois maintenu et affaibli par la chimie, les flammes qui consument un lieu familier et réduisent au silence les notes du piano. Shiota bat l’air de son fil de laine tiré de la pelote qui s’évide, déclinant ses « Soul Trembles » [3], ancrant et construisant son propre univers.

Le corps de l’artiste tente de se tenir sur la scène du monde, dans l’espace de Berlin au Japon, pris dans le filet arachnéen ou bien jeté morcelé au sol, en itinérance parmi des valises, en errance parmi des clés qui n’ouvrent rien. Le tissu de la mémoire est interrogé, ses fils peuvent se rompre ou s’emmêler, l’œuvre regarde et questionne singulièrement le monde.

Toute autre est l’œuvre de O. de Amaral : elle surgit comme une assertion qui renvoie à l’Histoire, à des lieux, à une mémoire collective, elle est plurielle.

Dans l’histoire humaine, l’évolution de la matière textile est objet d’étude. L’art textile, lien matériel et symbolique porteur d’héritage, d’identités, convoque notre mémoire et concerne le monde. S’il est devenu art, c’est parce qu’il a été travaillé et retravaillé, transformé, manipulé, noué, tressé, entrelacé, réinventé pour sortir de son usage utilitaire et de la sphère domestique. Freud souligne qu’il est transmis du plus loin, de la Préhistoire : « Peut-être [les femmes] ont-elles […] inventé une technique, celle du tressage et du tissage. S’il en est ainsi, on serait tenté de deviner le motif inconscient de cette réalisation. C’est la nature elle-même qui aurait fourni le modèle de cette imitation en faisant pousser, au moment de la puberté, la toison pubienne […]. Le pas qui restait encore à franchir consistait à faire adhérer les unes aux autres les fibres qui, sur le corps, étaient plantées dans la peau et seulement emmêlées les unes avec les autres » [4].

Tissage et tressage seraient donc des idées, des pratiques tirées du corps et de l’observation de la nature par les femmes, afin de faciliter le quotidien. Chez O. de Amaral, les fibres naturelles sont des éléments corporels intégrés à la création artistique, elle considère le cheveu comme un fil, tout comme le crin de cheval et le fil de laine. Le corps de l’artiste est engagé dans l’élaboration d’un endroit et d’un envers, façonnant un langage où chaque fil est un mot, une transcription mémorielle – ici, hommage est ainsi rendu aux Incas. Le dialogue se noue aussi avec le spectateur qui perçoit différemment les pièces suivant la lumière (fils d’or) et ses déplacements. L’art se fait lien, instrument de ralliement et dans notre siècle, le questionnement sur les frontières, les murs qui s’élèvent ou qui tombent, les migrations, rencontre cet art textile venu des temps anciens, à travers les âges et les pays, transmis par des femmes en interrogation sur leur présence au monde, construisant un art à bas bruit qui s’extrait de l’espace domestique pour se montrer et se répandre dans l’espace artistique mondial, c’est dire que le domestique devient alors politique. Elles se tiennent debout dans l’existence de leur art, brandissant un bout de vérité qui vient saisir notre regard.


[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XIX, … Ou pire, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2011, p. 171.
[2] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 155.
[3] Titre de l’exposition au Grand Palais, Paris, 2025.
[4] Freud S., Nouvelles conférences d’introduction à la Psychanalyse, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1933, p. 177.

La cession subjective ou l’effraction au « non » du corps

La cession subjective ou l’effraction au « non » du corps

par René Fiori

Emma, jeune fille, est reçue par Freud [1]. Une idée l’obsède, qui fait symptôme : elle ne doit pas rentrer seule dans une boutique. Elle attribue cette hantise à un souvenir de ses treize ans où, entrant dans un magasin, les deux vendeurs s’étaient esclaffés de rire. L’un d’eux l’avait, à première vue, séduite et lui avait plu. S’est alors installée chez elle, cette mauvaise conscience, mais qui restait néanmoins sans fondement. Puis, quelque temps plus tard dans les entretiens, lui revient cet autre souvenir où à l’âge de huit ans, entrée dans une boutique pour acheter des friandises, « le marchand avait porté la main, à travers l’étoffe de sa robe, sur ses organes génitaux ». Malgré cet incident, elle était retournée une seconde fois dans la boutique. Voilà donc ce qui serait à l’origine de sa « mauvaise conscience », sous-tendue par de l’angoisse.

Pour Flavie Flament, tout remonta à sa mémoire juste après la mort de son grand-père : « Jamais il ne l’a trahie, jamais elle n’était aux abois [2] », « tout était délicieusement prévisible, tendre et apaisé [3] ». « L’angoisse la quitte immédiatement lorsqu’elle est avec lui [4] ». Ce fut alors qu’elle consultait pour une tristesse envahissante, à la suite d’un échange avec son compagnon concernant leur relation : « soudain, tout ce que j’avais oublié est revenu ». Une photo, de l’album que lui avait demandé le psychothérapeute pour soutenir l’anamnèse, venait de surgir, quelque trente ans plus tard donc. Jusque-là l’appui du grand-père, et du don d’amour qu’il représentait, l’avait aidée à repousser dans les ténèbres le souvenir de son adolescence, violée par un célèbre photographe pour faire plaisir à sa mère dépressive, et sur ses injonctions. Son livre, La Consolation sera, on le sait, à l’origine d’une modification de la loi s’agissant de la prescription en cas de viol et d’agression sexuelle.

Dans ces deux cas, sous des dehors dissemblables s’est produite une « cession subjective [5] », c’est-à-dire ce qui, ensuite, « revient dans le corps sans le sujet [6] », privant ce dernier de voix, soit une répétition pulsionnelle avant même que cela ne se constitue en traumatisme [7]. « Qu’est-ce qui hausse une intuition, une notion ou une idée à la dignité du “concept” psychanalytique ? [8] » s’interroge Aurélie Pfauwadel devant Jacques-Alain Miller.

Le livre de Clotilde Leguil, Céder n’est pas consentir [9], nous emmène dans ce travail d’élaboration à partir du consentement, du cum-sentire, pour en dégager ce qui pourrait bien s’apparenter à un concept clinique autant qu’épistémologique. Celui-ci nous rend lisible ces situations diverses où le corps cède, sans pour autant que le sujet n’y ait consenti, ni ait pu manifester ce non-consentement. Une cession comme réponse du corps, « là où il y a une non-réponse du sujet [10] ». Nous sommes dans le registre freudien de l’effroi [11] et dans celui lacanien de Réel, c’est dire une mise à distance de l’imaginaire et du symbolique. Il y a alors eu effraction du corps sans que l’angoisse, signal annonciateur, anticipateur de l’indicible, ce « symboliquement réel [12] », ait pu se manifester. Quelque chose a cédé dans le sujet, en court-circuit de la parole, dans le silence du corps qui répond en cédant, et qui se révèlera par la suite indicible. C’est un rapt qui ici, « n’est pas dû à une force physique contre laquelle je ne peux me défendre [13] », « mais à une déflagration qui touche le corps [14] », « un “non” du corps qui est forcé par l’Autre [15] ». Cet indicible ne se situe pas simplement au niveau simplement du non-communicable publiquement, mais au niveau d’un impossible à dire intime [16] ». Il y faudra alors « des conditions de paroles particulières pour le dire [17] ». La cession subjective est à l’œuvre dans le cas Emma, de Freud. Si elle revient dans la boutique après l’effraction, ce n’est pas par consentement à l’acte du marchand, mais parce que la marque du réel dans le corps par cession subjective, engrène sur la répétition. De même pour la jeune Flavie. C’est le corps qui fait réponse et non le sujet, et par-delà ce dernier. La question du désir et de la pulsion est aussi engagée. Si l’on peut situer dans certains cas un consentement initial du sujet, une ouverture à l’autre, ouverture confiante au désir de l’Autre, cela ne vaut pas acquiescement du corps quand la réponse se fait sur le mode de la pulsion qui fait effraction. Ainsi la cession subjective pourrait bien être un concept de notre temps, si l’on considère son extension et la pluralité de ses applications : l’agression sexuelle et le viol, le burn out dans le milieu professionnel, le soldat en guerre, la victime de l’attentat. Ne pourrait-il alors répondre à cet appel d’Adriana Campos : « Incontestablement, la subjectivité contemporaine a changé et, avec elle, notre clinique. Il nous revient de saisir ces changements, de les interpréter. Pour ce faire, une mise à jour de nos outils conceptuels s’impose [18] ».


[1] Freud S., La Naissance de la psychanalyse, Paris, PUF, 1979, p. 364-366.
[2] Flament F., La Consolation, Paris, Le livre de poche, 2017, p. 154.
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] Leguil C., Céder n’est pas consentir, Paris, PUF, 2023, p. 149-167.
[6] Ibid., p. 84.
[7] Ibid., p. 82-85, p. 113-115, p. 144-145.
[8] Pfauwadel A., « En ligne avec Jacques-Alain Miller », La Cause du désir, n° 80, 2012, p. 12.
[9] Leguil C., Céder n’est pas consentir, op. cit., p. 109.
[10] Ibid., p. 87.
[11] Ibid., p. 154.
[12] Lacan J., Le séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre », leçon du 15 mars 1977, inédit.
[13] Leguil C., Céder n’est pas consentir, op. cit., p. 113.
[14] Ibid.
[15] Ibid., p. 112.
[16] Ibid., p. 115.
[17] Ibid.
[18] Campos A., Édito, L’Hebdo blog, n° 366, publié le 24 mars 2025.

L’amante anglaise

L’amante anglaise

Eva Carrere-Naranjo

L’interrogatoire de Claire Lannes, personnage principal de L’Amante anglaise de Marguerite Duras, s’écoute avec la même attention qu’une présentation de malade, l’oreille tendue par ce qui s’y dit et qui semble relever du « dire », c’est-à-dire, comme nous le dit Lacan, ce « qui importe dans le réel [1]». Les questions de l’interrogateur sont insufflées par l’intérêt qu’il porte à cette femme accusée du meurtre de sa cousine sourde et muette qu’elle a elle-même avoué et dont elle ne peut expliquer les motifs. Disons avec lui qu’il « cherche pour elle [2] » et que cela le conduit à mieux cerner la subjectivité de celle qui consent à se faire interroger. Au fil de cette discussion, de l’inédit sort de la bouche de celle que son mari décrit comme « une espèce de folle qu’on avait dans la maison, mais tranquille [3] ». Alors que ce dernier en dresse le portrait d’un être absolument indifférent à tout y compris à lui, son mari, elle va rendre compte de la singularité de son expérience qu’elle semble découvrir à mesure qu’elle la nomme et qu’elle l’adresse, donnant lieu à une nouvelle énonciation, loin de la récitation de phrases écrites qui la caractérisait jusque-là. Ainsi, on apprend qu’elle ne savait pas qu’elle n’aimait pas la viande en sauce qui la faisait pourtant vomir et encore moins que cela aurait pu se dire, jusqu’à ce qu’elle le formule à son interrogateur, de manière tout à fait nouvelle pour elle :

– Claire Lannes : « Je ne pensais pas : “je n’aime pas la viande en sauce”, alors je ne pouvais pas dire : “je n’aime pas la viande en sauce” »

– L’interrogateur : « C’est moi qui vous l’apprends maintenant que vous auriez pu le leur dire ? »

– Claire Lannes : « Peut-être. J’en ai avalé des tonnes. Je ne comprends pas très bien [4] ».

Celle que son mari décrit comme « un endroit sans porte où le vent passe et emporte tout [5]», va sous l’effet de l’intérêt particularisé que lui porte l’interrogateur, être amenée à se poser des questions : « je me demande bien à quoi j’ai passé ma vie [6]» et faire entendre dans un effort de bien-dire, l’historisation d’une existence jusque-là flottante. Conduite à rendre compte des moments clés de sa vie, de ses moments de rupture, elle semble s’approcher de ce qui constitue pour elle l’insupportable de son existence. Tout se passe comme si elle prenait la parole pour la première fois ou que pour la première fois, elle était entendue.

Sa vie parait démarrer avec une rencontre amoureuse, celle de l’agent de Cahors, homme « superbe », qu’elle a érigé à la hauteur de Dieu. Mais la trahison de cet Autre idéalisé dont elle était l’amante, a été un effondrement la poussant à se jeter dans un étang : « J’ai aimé l’agent de Cahors 130 […] Je n’écoutais que lui, il était tout pour moi et un jour, il n’y a pas plus eu de Dieu mais lui seul. Lui seul. Et puis un jour, il a menti. Le ciel s’est écroulé [7]». Elle a alors vécu sa vie comme « un seul jour très long [8]», avec un homme qu’elle a épousé, deux ans après son aventure de Cahors dont il ne semblait ne rester aucune trace, si ce n’est celle d’un néologisme et de son goût prononcé pour « l’amante anglaise », sa plante préférée.

Rapidement, sa cousine sourde et muette est venue s’installer chez eux et se rendre indispensable pour tenir la maison, faire la cuisine, le ménage, toutes ces tâches ménagères qui lui étaient étrangères, elle qui ne savait que faire sa toilette pour être prête au cas où quelqu’un viendrait la chercher, la ravir peut-être. Dans cette attente ou ce temps suspendu, elle a passé son temps dans son jardin, sur un banc de ciment, absente à elle-même, « exilée des choses [9]» comme Lacan disait de Lol V. Stein. Mais alors qu’elle paraissait à tous quasi morte sur son banc, elle nous apprend à quoi elle avait alors affaire, des phénomènes de pensée qu’elle décrit comme un « grouillement [10]» des idées, tantôt exaltant – c’est là qu’elle avait des « pensées intelligentes [11]» – tantôt si insupportable qu’elle pensait se supprimer pour y échapper. Exilée sur son banc, elle voulait aussi s’extraire d’une maison envahie par sa cousine « trop grosse pour la maison [12]» et son mari grand « échalas [13]». Elle cerne à mesure qu’elle le raconte, l’insupportable de ce qu’a été pour elle cette présence quotidienne, de celle qu’elle voyait comme « un petit bœuf [14]»  ou un gros morceau de viande dont sortait parfois des bruits et dont la tache qu’elle avait dans le cou, semblait lui faire signe. S’il lui a fallu « s’arracher [15]» à son amant de Cahors revenu la voir quelques années après leur séparation, on peut penser qu’il y a aussi de cet arrachement nécessaire dans ce passage à l’acte commis sur sa cousine, peu de temps après avoir découvert cette tache dans son cou. Elle nous indique qu’elle avait toujours rêvé de tuer tous les gens de son entourage et qu’elle devait « arriver à le faire vraiment une fois [16]». Faire disparaitre les traces de ce cadavre semble avoir été l’occasion pour elle d’exercer son art de faire disparaitre les traces qu’elle a toujours pratiqué pour elle-même dans sa propre habitation. Enfin, ce passage à l’acte lui a permis de devenir autre, de s’arracher à son être de déchet : « J’étais un égout avant le crime. Maintenant moins [17] ».

L’exploration de la logique à l’œuvre dans ce passage à l’acte reste à explorer et élucider avec la metteuse en scène Émilie Charriot et Francesca Biagi-Chai qui sera notre invitée lors de la prochaine rencontre du vecteur Théâtre et psychanalyse le 13 avril prochain aux ateliers Berthier du théâtre de l’Odéon.

 


[1] Lacan J., « Ouverture de la section clinique », Ornicar ?, n° 9, 1977, p. 7.
[2] Duras M., L’Amante anglaise, Paris, Gallimard, 1967, p. 54.
[3] Ibid., p. 57.
[4] Ibid., p. 126.
[5] Ibid., p. 64.
[6] Ibid., p. 131.
[7] Ibid., p.130.
[8] Ibid., p. 134.
[9] Lacan J., « Hommage fait à Marguerite Duras, du ravissement de Lol V. Stein », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 191.
[10] Duras M., L’Amante anglaise, op. cit., p. 139.
[11] Ibid, p. 128.
[12] Ibid., p. 127.
[13] Ibid.
[14] Ibid., p. 114.
[15] Ibid., p. 132.
[16] Ibid., p. 117.
[17] Ibid., p. 163.