L’exil du genre. Les paradoxes de l’identité

L’exil du genre. Les paradoxes de l’identité

Pour sa troisième soirée, le vecteur Seminario Latino aura le plaisir de recevoir François Ansermet et Magda Gomez. La rencontre se tiendra en français, autour du thème « L’exil du genre. Les paradoxes de l’identité ». La soirée sera animée par Patrick Almeida et Flavia Hofstetter. Rendez-vous le mercredi 10 février à 21h sur Zoom. Le lien Zoom sera envoyé aux 100 premiers inscrits par mail>> 

Contact : Patrick Almeida, par mail>>

Traverser les murs. La folie de la psychiatrie à la psychanalyse : rencontre avec Francesca Biagi-Chai

Traverser les murs. La folie de la psychiatrie à la psychanalyse : rencontre avec Francesca Biagi-Chai

L’Envers de Paris et l’ACF-IdF ont le plaisir de vous inviter à la  conversation avec Francesca Biagi-Chai autour de son dernier livre Traverser les murs, la folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, ouvrage préfacé par Jacques-Alain Miller.
Rencontre animée par :
Beatriz Gonzalez-Renou, Xavier Gommichon, Laura Vigué.
Le jeudi 4 mars à 21h
Visioconférence Zoom. Inscription en cliquant ici>>

Après inscription, vous recevrez un mail de confirmation contenant les instructions pour rejoindre le webinaire.

Ouvrage disponible sur ECF.ECHOPPEcliquer ici>>
Et encore disponible, le numéro double Horizon 64 / Confluents 72
“La psychiatrie affolée”, cliquer ici>>

 

 

 

ÉDITO FEVRIER 2021

ÉDITO FEVRIER 2021

Chères et chers membres et amis de L’Envers de Paris,

L’annonce de l’arrivée prochaine d’une vaccination de masse, avant l’été, augurait la fin de la crise sanitaire. Et voilà que de gros nuages noirs nous alertent sur la gestion industrielle et financière des laboratoires, ce qui retarderait la livraison des vaccins en Europe. On envisage, à nouveau, des mesures de confinement partout afin de faire reculer la progression d’une troisième vague de la Covid-19.

Devant ce réel pandémique L’Envers de Paris propose comme réponse de ne pas nous arrêter et de tisser entre nous un lien de travail et d’étude de la psychanalyse, malgré la frustration de ne pas pouvoir nous rencontrer avec nos corps et notre gai savoir.

J’ai le plaisir de vous annoncer plusieurs rencontres importantes à noter dans vos agendas.

Tout d’abord celle de la tenue de notre Assemblée Générale Ordinaire de 2020 qui aura lieu le mercredi 24 mars 2021 à 21h et à laquelle tous nos membres sont invités. Nous annoncerons la modalité de la rencontre – en présentiel, par visioconférence ou mixte – prochainement. Les membres de L’Envers recevront la convocation et le rapport d’activité par mail. Si ce moment est à chaque fois essentiel pour notre association, cette année le sera davantage, car nous parlerons des difficultés passées, de nos désirs et de nos réussites. Nous envisagerons ensemble comment donner continuité́ à nos projets et nous proposerons de nouvelles initiatives. Nous allons nous donner un nouveau souffle.

Nous vous invitons à une conversation avec Francesca Biagi-Chai autour de son dernier livre Traverser les murs, la folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, ouvrage préfacé par Jacques-Alain Miller. Cette rencontre aura lieu le jeudi 4 mars à 21h par visioconférence Zoom, en partenariat avec l’ACF-IDF, et élaborée par un cartel qui a travaillé sur l’ouvrage. Une inscription par mail à l’adresse suivante sera nécessaire :

https://us02web.zoom.us/webinar/register/WN_wP2TbfKySeGL8_r9V01VUQ

Après l’inscription, vous recevrez un mail de confirmation contenant les instructions pour rejoindre le webinaire.

Et c’est aussi avec un grand plaisir que je vous annonce la tenue d’une série de soirées et rencontres de L’Envers de Paris pour l’année 2021 que nous organisons avec soin sur le thème des « Épars désassortis de la globalisation, nouvelles angoisses, nouvelles solitudes, nouveaux nouages avec la psychanalyse ». Nous donnerons lors de ces rencontres place aux travaux qui se sont mis en marche depuis plusieurs mois sur ce thème. Notez déjà une première soirée le jeudi 8 avril à 21h avec la participation dans notre débat de Sonia Chiriaco qui conversera avec nous à partir des travaux d’Adela Bande-Alcantud, Cincia Crosali, Romain-Pierre Renou et moi-même.

Voici quelques nouvelles de nos vecteurs et groupes, ainsi que le calendrier des rencontres proposées en février :

Nouria Gründler nous annonce que le vecteur Les enfants de la science organise un séminaire qui sera animé par elle-même et François Ansermet sur le thème « Lorsque le désir d’enfant rencontre la science », en lien avec l’association POPI, le service de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent de l’Hôpital Pitié-Salpétrière, APHP et le Service de Biologie de la Reproduction – CECOS, APHP centre, Université de Paris, Hôpital Cochin. Ce séminaire est pensé aussi en vue de la préparation au Congrès International PIPOL X qui aura lieu en juillet prochain. Voici l’argument de travail de ce vecteur pour cette année : « À travers les biotechnologies, un monde nouveau s’invente, dont on ne sait pas encore ce qu’il est. Un fantasme devenu réalité, une réalité devenue fantasme : on se trouve pris dans une spirale dont on ne mesure pas encore où elle nous emmène. D’où le projet d’en prendre la mesure, en adressant des questions spécifiques à ceux qui se trouvent convoqués par le désir d’enfant lorsqu’il rencontre la science ».  Cinq invités seront reçus pour converser et nous ferons un court enregistrement de cette conversation qui pourra ensuite être visualisée sur le site de L’Envers de Paris et sera le document mis au travail lors des rencontres proposées par le vecteur. Nous vous donnerons les dates des réunions du séminaire et des rencontres très bientôt.

Le vecteur Psynéma poursuit son travail actuellement sur deux films de William Friedkin : L’Exorciste et Sorcerer sortis respectivement en 1973 et 1977. Comme W. Friedkin le formule lui-même, l’un est un film sur la foi (The Faith) et l’autre sur le destin (The Fate) ; les deux films s’articulant étrangement et subtilement autour de cette équivoque.

Nous travaillons en parallèle les textes de Lacan suivants : « La science et la vérité » et le compte rendu du Séminaire … ou pire qu’on trouve dans les Autres écrits. Notre prochaine réunion sera le 27 février à 11h. Nous conclurons sur le cinéma de W. Friedkin et passerons à l’étude du film d’Aki Kaurismäki, De l’autre côté de l’espoir, film sorti en 2017. Si vous voulez vous joindre à nous, contacter Maria Luisa Alkorta par mail>>, ou Karim Bordeau par mail>>

Pour sa troisième soirée, le vecteur Seminario Latino aura le plaisir de recevoir François Ansermet et Magda Gomez. La rencontre se tiendra en français, autour du thème « L’exil du genre. Les paradoxes de l’identité ». La soirée sera animée par Patrick Almeida et Flavia Hofstetter. Rendez-vous le mercredi 10 février à 21h sur Zoom. Le lien Zoom sera envoyé aux 100 premiers inscrits par mail>>. Contact : Patrick Almeida, par mail>>

Voici les lignes que Geneviève Mordant nous transmet concernant le vecteur Le corps, pas sans la Psychanalyse : « À partir du corps de l’hystérique Freud a institué la psychanalyse et contribué à la libération des corps. Aujourd’hui, en pandémie on est en régression ; le pouvoir a pris la maîtrise des corps : état d’urgence, gouvernance par décrets, court-circuit de la démocratie. Le discours politique, orienté par les conseils scientifiques, est transformé en discours éthique concernant l’espèce humaine. Dans cette conjoncture nous proposons d’engager une réflexion sur le thème : « Du corps pulsionnel en Pandémie ». Prochaine réunion : le mercredi 17 février. Contact : Geneviève Mordant par mail>>

Marie-Christine Baillehache nous livre ces nouvelles concernant le vecteur Psychanalyse et Littérature : le groupe travaille sur l’opposition radicale entre le traitement du corps par les discours du capitalisme et de la science d’un côté, et, de l’autre, le traitement par l’écriture du Trait Unaire et de la Lettre de Nathalie Sarraute. La visée de l’écrivain est de faire résonner le reste de jouissance du corps hors-sens dans le langage pour produire une langue singulièrement incarnée ; c’est en cela qu’il (le corps) échappe à la mortification de ces deux discours contemporains qui homogénéisent les corps avec des normes ségrégatives féroces et les morcellent avec des objets en toc à consommer immédiatement. Le jeudi 11 février puis le jeudi 25 février, nous interrogerons successivement dans deux réunions Zoom les travaux que V. Melul et I. Otechar ont chacune produits pour rendre compte du savoir-faire de N. Sarraute pour réguler sa propre jouissance de corps irrésorbable et hors-norme en maniant la lettre qui écrit la jouissance de son symptôme. Nous nous enseignerons des chapitres XII et X de Ouvrez et de l’article d’É. Laurent « La lettre volée et le vol sur la lettre » paru dans La Cause freudienne, n° 43. Contact : Marie-Christine Baillehache, par mail>>

Le vecteur Lectures cliniques continue d’organiser des réunions mensuelles par Zoom et poursuit son travail. Nous expérimentons ainsi ces nouvelles modalités d’échange et de discussion. Comme les fois précédentes, la séance s’ouvrira avec un « flash » proposé par un membre de la commission d’organisation sur le texte « Intuitions milanaises » de J.-A. Miller (Mental, n° 11&12). Nous poursuivons la lecture de l’ouvrage de J.-A. Miller, L’os d’une cure (Navarin, 2018) : deux participants exposeront leur lecture de la seconde partie. La deuxième partie de la séance sera consacrée à la présentation, suivie d’une discussion d’un cas clinique par une autre participante. Contact : Adela Bande-Alcantud par mail>>, et/ou Pascale Fari par mail>>

 Bon travail en février et bon courage à tous !

 Marga Auré

ÉDITO JANVIER 2021

ÉDITO JANVIER 2021

Chères et chers membres et amis de L’Envers de Paris,

Dans ce moment si spécial où l’année s’éveille tout juste en pointant ses premiers jours, tout d’abord je vous souhaite une excellente année 2021 avec une bonne santé, de l’énergie et plus de douceur dans nos vies que durant cette rude année 2020 que nous venons de traverser. Je souhaite aussi à notre association de la vigueur et de la rigueur intellectuelles et qu’elle puisse nous procurer de retrouver du désir et du plaisir dans l’étude et la transmission de la psychanalyse dans notre chère ville de Paris.

En effet, pour L’Envers de Paris, la traversée de l’an dernier a été compliquée. Beaucoup de nos activités ont été réduites et parfois même stoppées radicalement. Néanmoins nous avons inventé d’autres formules qui nous ont permis de poursuivre un travail d’étude épistémique et clinique dans nos groupes et de transmettre la psychanalyse.

En 2021 les choses s’annoncent un peu mieux. Nous nous dirigeons petit à petit vers une normalité collective, mais durant les six premiers mois de l’année nous devrons encore résister contre la pandémie et poursuivre dans l’invention des formules qui nous permettent de continuer à travailler ensemble par visioconférence et surtout d’envisager à nouveau, lorsque cela sera possible, de nous réunir avec nos corps. Nous le ferons bien entendu avec la jauge établie et bien mesurée afin d’éviter de nous mettre en péril.

 Nous avions décidé d’annuler notre journée d’étude de L’Envers de Paris de juin prochain sur le thème « Les épars désassortis à l’époque de la globalisation, (nouvelles angoisses, nouvelles solitudes, nouveaux nouages avec la psychanalyse) ». Cette formule de rencontre aurait permis de tous nous réunir pendant une journée pour présenter les produits de nos travaux autour de ce thème, chaque vecteur en connexion avec son axe de travail spécifique. Nous encourageons les groupes qui ont commencé à travailler sur ce thème, car nous allons donner une place à leurs travaux en cours lors d’une série de rencontres qui pourront être envisagées dans un espace public ou par Zoom. Notez sur vos agendas une première réunion qui aura lieu en soirée le jeudi 8 avril et dans laquelle Adela Bande-Alcantud, Cinzia Crosali, Romain-Pierre Renou, et moi-même serons aux cotés de Sonia Chiriaco qui présidera et commentera nos travaux. Une deuxième rencontre est prévue en juin dans laquelle seront présentés des travaux du vecteur Lectures cliniques sur ce thème. D’autres rencontres sur ce thème auront lieu pendant le dernier trimestre de l’année proposées par d’autres vecteurs ; nous avons déjà quelques propositions.

 Les membres de L’Envers de Paris peuvent noter aussi dans leurs agendas la date  notre Assemblée Générale, le mercredi 24 mars en soirée.

Je vous annonce avec joie la rencontre jeudi 4 mars avec Francesca Biagi-Chai pour débattre de son dernier ouvrage Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyseCette rencontre est organisée en connexion avec l’ACF-IdF. Nous vous donnerons prochainement plus d’information sur le lieu et la modalité de cette rencontre ainsi que son horaire.

 Le Vecteur Psynema se réunit le jeudi 7 janvier à 20h30, puis le 16 janvier avec au programme Friedkin et sa filmographie, afin de préparer la projection de son film  Sorcerer qui aura lieu (si les conditions le permettent) le 6 février à 14h00 au  Patronage Laïque Jules Valles à Paris ; projection qui sera suivie d’un débat. Quentin Tarantino disait « qu’aucun film n’est jamais allé aussi loin que Sorcerer ». Film de référence méconnu sorti en 1977, Sorcerer nous plonge dans le monde d’aujourd’hui – un monde incertain où l’universel n’a plus de prise sur un réel sans loi ; sur bien des points, tel que l’exil, comme le dit Tarantino on n’est jamais allé aussi loin… Un film très lacanien à ne pas manquer ! Contacter Karim Bordeau par mail>>

Le Vecteur Lectures Freudiennes se réunira le 9 janvier pour finaliser le travail de traduction des textes de Freud à publier chez Eres. Contact : Susanne Hommel par mail>>

 Le Vecteur Psychanalyse et Littérature se réunira par Zoom le jeudi 14 Janvier 2021 à 20h00 pour travailler comment l’écriture de N. Sarraute, en prenant au sérieux le choc de certains mots sur le corps, vient apporter un contre point radical à notre XXIe siècle qui réduit le langage à n’être qu’un opérateur de jouissance immédiate et sans suite. Le texte de R. Montani et M-C Baillehache qui met en tension son écriture du Trait Unaire et la pratique du sujet contemporain des tweets instantanés et vite oubliés nous servira de point de départ. Vous trouverez leur travail Du Tweet au Trait dans le Paris Leaks de janvier 2021. Pour vous joindre à nous, contactez Marie-Christine Baillehache par mail>>

Le Collectif Théâtre et Psychanalyse, sous réserve des annonces qui seront faites quant à la réouverture des théâtres parisiens, vous propose deux rencontres en janvier :

  1. Rencontre en deux temps autour deCoriolan de William Shakespeare. Temps 1, le samedi 16 janvier 19h00 au Théâtre de la Bastille, représentation de la pièce mise en scène par François ORSONI. La dernière tragédie de Shakespeare. Réservations auprès du théâtre au nom de L’Envers de Paris. Temps 2, dimanche 17 janvier à 18h00, rencontre Zoom avec François Orsoni et Pascal Pernot, psychanalyste, membre de l’ECF. Réservation pour la rencontre par mail>>
  2. Le Syndrome de l’oiseau, texte de Pierre Tré-Hardy. Mise en scène : Sara Giraudeau, Renaud Meyer. Le dimanche 31 janvier à 15h30 au Théâtre du Rond-Point. Rencontre à l’issue de la représentation avec Sara Giraudeau et Hélène Bonnaud, psychanalyste, membre de l’ECF, qui a consacré un article à l’histoire de Natascha Kampusch dont le témoignage a inspiré la pièce, sur le blog des journées de l’ECF et disponible ici :Comment sortir de 3096 jours d’enfermement ? – Attentat sexuel. Contact : Philippe Bénichou par mail>>

Pour janvier, le vecteur du Seminario Latino de L’Envers de Paris va se réunir afin de continuer la préparation des deux prochaines soirées qui se dérouleront en février puis en mars, fort probablement par Zoom si d’ici là la maison de l’Amérique Latine n’ouvre pas ses portes. On poursuit nos réflexions autour de la problématique des Nouages des subjectivités contemporaines et l’impact du discours du maître contemporain et ses effets sur le parlêtre à l’instar des nouveaux symptômes dans l’ère de l’Un-tout-seul du monde de la globalisation. Renseignements par mail>>

 Geneviève Mordant nous invite à travailler dans le groupe Le corps, pas sans la psychanalyse. Le dernier enseignement de Lacan tel qu’explicité par J.-A. Miller (« Psychanalyse en immersion », La Cause du désir n° 106) amène à nous questionner sur le passage des formations de l’inconscient aux évènements de corps, et de la vérité à la satisfaction. De quelle satisfaction peut-il s’agir aujourd’hui ? Nous vivons une époque où symbolique et imaginaire (le tout virtuel et la distanciation des corps…) prennent le pas sur le réel. Celui-ci fait retour en force sur les évènements de corps, non seulement au niveau des épars désasortis mais aussi au niveau du « pour tous » : la pandémie en est un exemple. Pour notre prochaine réunion qui aura lieu le 20 janvier, nous reviendrons à Freud par la lecture de « L’avenir d’une illusion » et du « Malaise dans la civilisation ». Contact : Geneviève Mordant par mail>>

Vous avez donc des nombreux choix thématiques pour poursuivre l’étude de la psychanalyse mais aussi à vous régaler avec cette sélection d’œuvres littéraires, de films et de pièces de théâtre proposée par nos vecteurs.

Je vous souhaite

BONNE ANNEE 2021 À TOUTES ET À TOUS

ET

QUE VIVE L’ENVERS DE PARIS !!!

 

 Marga Auré

Du Tweet au Trait

Du Tweet au Trait

Du Tweet au Trait

Par Rosana Montani-Sedoud & Marie-Christine Baillehache

Dans « Intuitions milanaises »[i], Jacques-Alain Miller part de cette formule de Lacan extraite de son Séminaire de 1966-1967 « La logique du fantasme » : « Je ne dis pas “la politique, c’est l’inconscient” mais tout simplement “l’inconscient, c’est la politique” »[ii]. J.-A. Miller pointe qu’il y a une agalma dans cette formule : « il y a manifestement dans cette formule un flash, qui surprend au moins un instant, avant de disparaître dans la nuit où tous les chats sont gris »[iii]. Il articule cet instant de voir agalmatique à la division de l’Autre entre l’Autre freudien et l’Autre lacanien.

La première partie de la formule, « la politique, c’est l’inconscient » correspond à la thèse freudienne structurée par le régime paternel et disciplinaire de l’Un du discours du maître. Dans sa seconde formulation, l’inconscient est le discours de l’Autre, Lacan, après avoir pensé la psychanalyse à l’époque disciplinaire, il soutient que l’Autre est articulé à la jouissance de l’objet a. Formulée en 1966, elle anticipe « la psychanalyse à l’époque impériale »[iv]. Cette dimension « impériale » de notre modernité est celle de la jouissance aux commandes et de « l’Autre qui n’existe pas » comme J.-A. Miller l’a mis à l’étude dans son cours de 1996-1997. Au XXIe siècle, l’Autre n’est plus la garantie de la norme nor-mâle opérée par le Nom-du-Père et la signification phallique. C’est une époque sans le binarisme symbolique avec son dedans et son dehors qui fait frontière mais avec le règne de la jouissance en « tant qu’elle n’a pas de contraire »[v]. Les différents modes de jouir y visent à se satisfaire sans limite. Le signifiant lui-même est devenu un opérateur de jouissance. Ainsi à notre époque de la globalisation, règnent les tweets instantanés, contradictoires, violents et vite oubliés. L’effet de jouissance du choc immédiat de ces mots tweetés font voler en éclat l’Autre de la grammaire et de la vérité.

L’écriture littéraire de Nathalie Sarraute est une écriture subversive qui remet radicalement en question l’intrigue, les personnages et leurs caractères typifiés du roman classique et troue l’Autre du discours commun établi prétendant assurer l’identité du sujet. Sa visée est de passer de la tyrannie du langage et de ses phrases imposées et chargées de sens à un lien nouveau entre le signifiant et la jouissance qui soit capable de créer une langue vivante et singulière. Son travail du rapport entre les mots et la jouissance qui les habite et les soutient, l’amène à prendre au sérieux le choc que certains mots exercent sur le corps. Dans son roman de 1997 Ouvrez, elle fait des mots ses personnages et se centre sur l’effet que certains mots exercent sur le corps en provoquant des sensations hors sens mais qui ne cessent d’en appeler au langage. Pour montrer cet impact des mots sur le corps, elle met en scène la rencontre impossible entre les mots qui figent la jouissance et la jouissance qui ne se satisfait jamais tout-à-fait d’aucun d’eux.

 « — Qu’est-ce qui nous arrive ? Vous ne le sentez pas ?

— Moi je le sens… c’est d’entendre ces supplications, ces cris…

— On a perdu notre naturel, notre liberté de mouvement…

— On sautille, on veut paraître légers…

— Des petites balles de ping-pong…

— J’ai l’impression qu’on a l’air de jouer la comédie…

— On minaude…

— Il faut absolument que là-bas, de l’autre côté, il arrête d’appeler… Ne vaudrait-il pas mieux ?…

— Puisqu’il n’est pas possible de ne pas entendre ses appels, ses cris… eh bien, qu’il sorte enfin… mais en amenant avec lui toute une équipe…

— Oui, de secours.

— Vous allez ouvrir ?

— Ça vaudrait mieux, croyez-le… Qu’il sorte doucement… très doucement.

— Un mot très doux… familier… rien de menaçant… Il n’y a rien en lui qui effraie… il apporte avec lui des remèdes… très efficaces…

— D’autres viendront bientôt…

— Allons, on le fait… on ouvre…

— Attendez, encore un instant… ça fait si peur…

— Mais non, ne craignez rien, cela vaut mieux… vous verrez… Voilà… On y va…

— Oh non, ne faites pas ça….

— Non, non, n’ouvrez pas. »[vi]

 Ainsi N. Sarraute met-elle en lumière que le langage ne saurait se passer de la jouissance et que la jouissance en appel au langage mais qu’entre le réel rebelle à l’impératif réducteur du langage et les mots, fussent-ils les plus doux, le rapport est toujours raté.

[i] Miller J.-A., « Intuitions milanaises » (1), Mental, n° 11, décembre 2002.

[ii] Ibid, p. 10.

[iii] Ibid.

[iv] Ibid, p. 17.

[v] Ibid.

[vi] Sarraute N., Ouvrez, Paris, Gallimard, 1997, p. 97-98.