Epars désassortis : l’os du singulier

Epars désassortis : l’os du singulier

Le jeudi 24 juin à 21h00
Visioconférence Zoom. Pour s’inscrire, cliquer sur ce lien>>

Après inscription, vous recevrez un mail de confirmation contenant les instructions pour rejoindre le webinaire.

2ème soirée des « Épars désassortis » sous le titre « L’os du singulier ». « Qu’il s’agisse d’un texte théorique ou d’un cas clinique, la psychanalyse est avant tout lecture du plus singulier ». Au programme de cette soirée, trois flèches sur L’Os d’une cure de J.-A. Miller (Navarin, 2018) et deux cas cliniques. Laurent Dupont nous fait l’honneur d’être l‘extime de cette soirée qui conclura le premier cycle de travail de ce vecteur. Intervenants : Adriana Comensoli, Alexandra Escobar, Noa Farchi, Janis Gailis, Andrea Paleari Souza. Cette soirée est organisée par : Adela Bande-Alcantud, Adriana Campos, Pascale Fari, Janis Gailis, Elisabetta Milan, Ana Inés Vasques.

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ÉDITO JUIN 2021

ÉDITO JUIN 2021

Chères et chers membres et amis de L’Envers de Paris,

Vous avez été très nombreux à avoir demandé une homologation de cartel ainsi que postuler pour le travail, lancé par Jacques-Alain Miller, de déchiffrage et de traduction des archives et des documents légués par Lacan. Nous connaissons déjà les premières homologations et nous attendons celles à venir.

Les 51èmes Journées de l’ECF auront lieu en visioconférence les 20 et 21 novembre sur le thème « La Norme Mâle ». Cette norme mâle, Lacan, dans « L’Étourdit » en 1972, la mettait en relation au normal dans les névroses, tout en signalant son côté de semblant. Lacan en avait cependant déjà pronostiqué la désintégration en 1938, dans les Complexes familiaux et plus tard avec la pluralisation du Nom-du-Père.

Ce thème si actuel de « La Norme Mâle » nous met au travail dans nos Vecteurs et nos groupes et je lance un appel aux cartels pour les membres et amis de L’Envers de Paris, avec l’aval de Beatriz Gonzalez-Renou, secrétaire aux cartels de l’ECF. Les membres et amis de L’Envers de Paris qui souhaitent participer à la préparation des journées dans ce cadre de travail peuvent présenter leurs propositions de cartels auprès d’Aurélie Charpentier-Libert, par mail>>

Nous vous annonçons une conversation entre Francesca Biagi-Chai (psychanalyste, membre de l’ECF) et Patricia Janody (psychanalyste, écrivain, directrice de Cahiers pour la folie) autour des livres que leur a inspiré leur longue pratique de médecin-psychiatre orientée par la psychanalyse à l’hôpital psychiatrique. Cette rencontre, dans le fil de la psychiatrie éclairée au long cours, a été organisée soigneusement par Nathalie Georges-Lambrichs avec Didier Cremniter, Anicette Sangnier et Agnès Vigué-Camus. Elle aura lieu le jeudi 10 juin à 21h00, par webinaire. Nous écouterons une lecture des textes par Louise Roch, comédienne. Voici le lien pour s’inscrire : cliquer ici>>

La conversation ouverte organisée en mai par le Vecteur Lectures cliniques à partir des travaux des cartels sur le thème « Exclusion, inclusion, exception » a connu un franc succès. Pour le mois de juin ce vecteur a préparé précieusement la 2ème soirée des « Épars désassortis » sous le titre « L’os du singulier ». Elle aura lieu le jeudi 24 juin à 21h00. « Qu’il s’agisse d’un texte théorique ou d’un cas clinique, la psychanalyse est avant tout lecture du plus singulier ». Au programme de cette soirée, trois flèches sur L’Os d’une cure de J.-A. Miller (Navarin, 2018) et deux cas cliniques. Laurent Dupont nous fait l’honneur d’être l‘extime de cette soirée qui conclura le premier cycle de travail de ce vecteur. Intervenants : Adriana Comensoli, Alexandra Escobar, Noa Farchi, Janis Gailis, Andrea Paleari Souza. Cette soirée est organisée par : Adela Bande-Alcantud, Adriana Campos, Pascale Fari, Janis Gailis, Elisabetta Milan, Ana Inés Vasques. Pour s’inscrire, cliquer sur ce lien>>

Le projet se poursuit d’accueillir sur le site de L’Envers de Paris les vidéos des activités des différents commissions et Vecteurs. Flavia Hofstetter nous donne des nouvelles de la première vidéo d’Horizon avec de l’action, du charme et des passions… Lorsqu’une pandémie déferle sur un monde où désormais le réel se déchaîne et la vérité tourbillonne comme le mensonge, que peut faire un petit groupe de psychanalystes ? Vous le saurez bientôt en regardant ce premier épisode de « Horizon, la vidéo », où des auteurs ont tombé le masque le temps de vous faire découvrir le numéro 65 de la revue.

Le Vecteur Psynéma de L’Envers annonce sa prochaine réunion le 5 juin. Elle sera ouverte à tous ceux qui souhaitent y participer. Le thème d’étude pour cette réunion sera la leçon du 18 décembre 1973 du Séminaire XXI, suivie de la leçon du 8 janvier 1974. Le Vecteur fera le choix d’un film pour le prochain événement préparatoire aux J-51 sur la « Norme Mâle » programmé le 16 octobre. D’autres films seront sélectionnés en partenariat avec le Patronage Laïque Jules Vallès. Des films d’A. Egoyan, S. Lumet, C. Chaplin, J. Deray, B. Keaton, J. L. Mankiewicz, B. Wilder, M. Bellochio sont à l’étude. Pour tout renseignement sur le vecteur Psynema contacter Maria-Luisa Alkorta par mail>> ou Karim Bordeau par mail>>

Le Vecteur Lectures Freudiennes de L’Envers nous donne des nouvelles de son intense activité : comme Joyce, nous filons notre Work in progress. Fin juin nous rencontrons l’éditrice en vue de la publication chez Eres de nos traductions de Freud à la fin de l’année. Notre vecteur se réunira le dimanche 6 juin à 15h00 chez Susanne Hommel pour une relecture et une reprise des notes de chacun des textes.

Le Collectif Théâtre et psychanalyse de L’Envers de Paris nous annonce la rencontre Zoom préparatoire aux Journées de l’ECF, « La Norme Mâle » autour de L’École des femmes de Molière qui avait été reportée et se tiendra le lundi 7 juin à 21h00 en présence de Stéphane Braunschweig et d’Aurélie Pfauwadel, directrice des J-51. Il reste des places en envoyant une demande à Philippe Benichou par mail>>

Patrick Almeida et l’équipe éditorial du vecteur El Seminario Latino de L’Envers de Paris nous annoncent qu’ils organisent courant juin une réunion afin de discuter leur thématique de travail pour l’année 2021/2022. Déjà une soirée sera prévue en septembre/octobre autour de la thématique annuelle de L’Envers de Paris sur « L’un du monde de la globalisation » notamment en ce qui concerne « les épars désassortis, entre racisme et ségrégation ». Pour tout renseignement contacter le comité d’accueil par mail>>

Le Vecteur Psychanalyse et Littérature de L’Envers de Paris nous annonce une prochaine réunion le 20 juin à 20h00 par Zoom dans laquelle le Vecteur bouclera son année d’étude sur la nature et la fonction de la Lettre telles que Lacan nous l’enseigne en 1971 dans « Lituraterre ». Tout au long de cette année 2020-2021, l’art littéraire de Nathalie Sarraute nous a éclairés sur la mise en fonction de la Lettre à partir du Trait Unaire. Lacan reconnait dans les objets d’art, des objets « de la même série que petit a »[1]. Produits à partir du vide pulsionnel énigmatique, ils sont la mise en fonction et en forme symbolique de l’objet a. Ils présentifient et témoignent que le sujet parlant ne peut soutenir son désir qu’avec cette place vide d’un objet perdu. L’artiste est ce sujet qui extrait du vide de sa jouissance de corps illimitée et hors-sens la cause de son désir inconscient en se munissant d’un trait Unaire, coalescence d’un signifiant tout-seul et de a. C’est en appareillant son écriture d’un essaim de traits Unaires S1/a et en faisant usage de la Lettre que N. Sarraute met en fonction son désir dans l’Autre de l’articulation signifiante et produit une écriture incarnée et vivante. Vous trouverez, ci-joint, le texte de Gabrielle Vivier résultant du travail d’écriture mené par le Vecteur, qui rend compte du savoir-faire vivant de N. Sarraute avec son objet a qui n’est pas en toc. Contact : Marie-Christine Baillehache par mail>>

Geneviève Mordant nous donne des nouvelles du Vecteur Le corps pas sans la psychanalyse de l’Envers : À partir d’une étude faite par Maro Rumen-Doucouré, psychologue participante au vecteur, sur les « Mécanismes groupaux face à l’absence de » rites funéraires en EHPAD lors de la première vague du Covid-19, nous avons consacré une grande partie de notre dernière réunion à des échanges sur le rôle de ces rites en tant que moyen de dénégation ou de transgression de la violence du réel de la mort, pour s’en faire la bonne dupe. Lors de notre prochaine réunion, qui aura lieu le jeudi 1er juillet, nous reviendrons sur la pulsion invocante mise en jeu par ailleurs dans des ateliers à visée thérapeutique, visant à refaire du lien chez les corps-parlants là où les sciences et les techniques contemporaines, dans un moment de coupure entre corps et parlant, tirent de plus en plus le corps du côté du réel biologique au détriment du réel de la parole (cf. Marie-Hélène Brousse sur LWT). Contact : Geneviève Mordant par mail>>

Voilà donc un nouveau mois riche d’activités qui nous attendent !

Marga Auré

[1] Jacques-Alain Miller, « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse », La Cause freudienne, n° 59, 2005, p. 102.

 

La lettre, tou-jours…

La lettre, tou-jours…

La lettre, tou-jours…

Par Gabrielle Vivier

(Texte résultant du travail d’écriture mené par le Vecteur)

 Avec « Lituraterre »[i], Lacan établit la lettre comme littoral entre les deux registres radicalement hétérogènes du savoir et de la jouissance. Elle est illisible et « se décompose en une face signifiante et une face réelle, en S1 en tant qu’il fait trou dans le savoir et que a le comble [ii] ». D’un côté, la lettre borde le trou de l’Autre du savoir et, d’un autre côté, elle invoque l’objet a sans pour autant en résorber l’énigme. Son usage non seulement fait équivoquer le langage mais également produit un effet de jouissance de a.

Sur ce « couple S1a »[iii] de la Lettre, le chapitre XX d’Ici de Nathalie Sarraute nous éclaire :

« il fallait faire défiler en bon ordre sans se tromper lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche… et puis recommencer lundi, mardi… Ils viennent tout seuls maintenant, ils se suivent de plus en plus vite… lundi, mardi, mercredi… […] … et après ? de nouveau, lundi, mardi, mercredi, jeudi… et puis encore lundi ? mais jusqu’à quand ?… – Toujours. Toujours ?… Il n’y a pas moyen, même en se tendant de toutes ses forces, de saisir ce que ce mot veut dire, mais il y a tant de choses qu’un enfant ne peut pas comprendre… il faudra attendre, encore pour ça, de devenir grand…[iv] »

Sarraute opère ici une coupure du signifiant toujours et fait entendre son hors-sens débarrassé des significations qui le chargent habituellement. Elle nous indique que toujours est un signifiant qui tente vainement d’attraper le réel. Son ironie joyeuse nous fait comprendre qu’en devenant grand nous n’apprenons pas ce que les mots voudraient dire mais plutôt à mieux oublier le trou dans le savoir voilé par leur usage dans le « disque-ourcourant[v]». Elle donne à ce signifiant coupé de l’Autre du savoir sa valeur de S1 qui opère un vide de sens, et elle fait usage de la lettre qui « dissout ce qui faisait forme[vi]» pour que toujours devienne tou-jours.

Sarraute poursuit :

« Mais en attendant, comme il est drôle, ce mot… c’est amusant de le prononcer, de le répéter… tou-jours… en avançant les lèvres, en les arrondissant en cul de poule, comme pour souffler… tou-jours[vii] »

Elle montre non seulement que le signifiant tout-seul tou-jours n’a pas de sens mais aussi qu’il implique une jouissance de corps. Elle le saisit par sa « motérialité[viii] », par sa lettre qui fait ressentir « l’effet qu’elle vous fait[ix] » dans le corps. Pour montrer l’énigme de cette jouissance hors-sens, elle utilise dans son écriture des points de suspension, des coupures du signifiant et des répétitions de phonèmes détachés de leur sens. Si ses différents procédés d’écriture invoquent l’énigme qui troue l’Autre du sens, c’est par son usage de la lettre qu’elle libère l’objet a et le fait entrer en fonction dans l’Autre, produisant un nouvel effet de sens véritablement singulier et résolument vivant.

« Tou-jours… comme les doux mots caressants des berceuses qui apaisent, rassurent… tou-jourstou-jours[x] »

La mise en fonction de l’objet a dans la production d’un nouvel effet de sens métaphorique renvoie à une expérience enfantine qui est cernée au plus près du réel de la jouissance à jamais perdue qui est en jeu que N. Sarraute recherche en tant qu’elle lui est propre. Ainsi, elle fait tenir ensemble « ce qui ne tient pas ensemble, le réel et le sens, le faire et le parler[xi] ». Par son usage de la lettre, elle montre son savoir-y-faire avec cette « jouissance à ce que le monde ou aussi bien l’immonde, y ait pulsion à figurer la vie[xii] ». Voilà un bel antidote aux discours du capitalisme et de la science contemporains dont la visée du tous pareils congédie le sujet parlant et désirant singulièrement.

[i] Lacan J., « Lituraterre » (1971), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001.

[ii] Marret-Maleval S., « La condition littorale : lecture de “Lituraterre” », disponible sur le site d’UFORCA (https://bit.ly/3umtw5r)

[iii] Ibid.

[iv] Sarraute N., Ici, Paris, Gallimard, 1995, p. 180.

[v] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 34.

[vi] Lacan J., « Lituraterre », op. cit., p. 17.

[vii] Sarraute N., Ici, op. cit., p. 180.

[viii] Lacan J., « Conférence à Genève sur le symptôme » (1975), Le Bloc-notes du psychanalyste, n°5, 1985, p. 12.

[ix] Laurent É., « La lettre volée et le vol sur la lettre », La Cause freudienne, n° 43, octobre 1999, p. 31-46, disponible sur internet (https://bit.ly/349V3MM)

[x] Sarraute N., Ici, op. cit., p. 180.

[xi] Laurent É., « La lettre volée et le vol sur la lettre », op. cit.

[xii] Lacan J., « Lituraterre », op. cit., p. 17.

Épars désassortis de la globalisation

Épars désassortis de la globalisation

Épars désassortis de la globalisation

Par Marga Auré

Nous traversons actuellement une situation de crise mondiale au caractère inédit. Des millions de personnes sur la planète se sont retrouvées presque en même temps sous la contrainte de dispositifs de confinement à peu près semblables, une fois décrété dans chaque pays l’état d’urgence sanitaire répondant à la nécessité de freiner la diffusion de la pandémie de Covid-19. Chacun a fait son expérience de ce « réel sans loi », incalculable, avec son corps, son temps et son espace, mais parallèlement, le collectif  au sens freudien du « sujet de l’individuel »[i]  a fait une expérience de ce réel au regard de la multitude des singularités. À ce réel impossible, chacun a réagi de façon singulière avec plus ou moins d’angoisse ou d’une manière plus ou moins symptomatique.

L’Envers de Paris a réagi pendant cette période serrant les liens épistémiques entre ses membres en donnant la priorité à l’étude et à la transmission de la psychanalyse. Laurent Dupont, dans deux de ses lettres en mars 2020[ii], nous encourageait à maintenir ce lien de travail avec deux signifiants : « épars désassortis » ; qui avaient, par leur répétition dans ses deux lettres, retenu notre attention.

Lacan avait utilisé cette formule « épars désassortis » à propos de la passe et des AE de l’école signalant qu’ « il n’y a pas de tous en l’occasion, mais des épars désassortis »[iii]. Jacques-Alain Miller, ensuite,  orientait la question du « il n’y a pas de tous » impliquant le réel en jeu  soulignant : « le réel est fait d’éléments épars désassortis »[iv].

Ces deux signifiants « épars désassortis » prennent une toute autre résonance dans le contexte actuel aussi bien pandémique que global. Ils opèrent une torsion entre « tous les mêmes », devant cette expérience collective planétaire, et la dissymétrie, dans l’inconscient, de « l’un-tout-seul » qui nous fait des uns « épars désassortis » en relation au réel.

Nous entendons par époque globale celle qui est venue s’imposer après la décadence de la modernité introduite par l’industrialisation. À partir des années 1950, l’hypermodernité a été précipitée par une économie de marché  sauvage, conjointement à la réussite et à l’accélération des avancées techniques et scientifiques. L’une des conséquences majeures de ces avancées a été la révolution du maniement du temps et de l’espace qui a uniformisé le globe avec les mêmes marchandises, dans un monde qui devenait non seulement de plus en plus multiple et désordonné mais qui menait inexorablement à des bouleversements climatiques et à des catastrophes sanitaires comme celle que nous vivons aujourd’hui. La globalisation a marqué un changement d’époque colossal. Un nouveau malaise est apparu.

Tel que Lacan l’avait prophétisé, l’époque s’avère agitée par la montée des fondamentalismes religieux et par la prolifération des ségrégations. Il a montré comment la modernité s’est trouvée  sans modèle qui puisse servir d’Idéal immuable suite à l’évaporation du Nom du Père. Cette fonction vient lier le désir à la loi,  au nom de l’Idéal, un Idéal « pour tous », universel, à l’exception du Père. L’ordre ancien, avec la boussole d’un Autre consistant s’est désagrégé. Nulle garantie par un Autre solide. Une société de frères émerge à la recherche d’Idéaux tenaces, vectorisée par une économie ultralibérale et par la dominante poussée sociale à la consommation d’objets.

 Miller nous a fait remarquer à quel point « la montée au zénith de l’objet a »[v] devient la boussole de la civilisation d’aujourd’hui signalant que « la thèse de Lacan qui nous éclaire ici est celle du privilège du plus de jouir pour situer la jouissance contemporaine »[vi], à tel point que dans le monde de la globalisation « c’est la catégorie du manque elle-même qui tend à devenir obsolète »[vii]. La performance de la globalisation suppose de combler tout manque, cela génère bien entendu de la plus-value mais, les conséquences sont lourdes dans la clinique car, quand le manque vient à manquer, les phénomènes d’anxiété et d’angoisse s’expriment. Le gigantesque progrès de la science, et l’économie de marché, ont fait triompher sur la planète entière une société d’addicts, d’hyperconnectés, une société de consommateurs d’objets avec le droit pour chacun d’en jouir. Avec l’inconsistance de l’Autre, apparaît une nouvelle clinique, la clinique de la « forclusion généralisée » et l’arrivée d’une myriade de nouveaux monosymptômes.

 Du point de vue des identifications, on peut clairement observer qu’elles sont mises à mal dans la société globale. Puisque « l’identification se réfère à l’Autre »[viii], lorsque l’Autre perd de sa consistance, l’identification pâtit et devient protéiforme. Avec la chute du Nom-du-Père et de ses idéaux stables, une société hybride s’est mise en place. « Les hybrides vont croître et multiplier [] et le nuancier ira à l’infini »[ix]. Du côté de la sexualité, on découvre de plus en plus de variétés d’identité de genre, de plus en plus épars et désassorties, s’éloignant de ce qui correspondait auparavant à la norme mâle. Nous nous trouvons maintenant dans la polychromie identitaire du cis, des homme cis, des femmes cis, des trans M to F, trans F to M, provoquant des nouvelles luttes et des nouveaux rejets tel que les transphobies et les TERF[x]. Une multitude de façons de procréer, de vivre sa sexualité ou d’être en couple, est mise en place, soutenue par des nouvelles techniques biomédicales et génétiques engendrant des nouveaux désirs, des nouveaux modèles de parentalité. Les lois s’adaptent ensuite.

Dans la société globale deux logiques distinctes de « l’Un » vivent ensembles. Ces logiques ne s’excluent pas mais elles subsistent dans le malentendu et « le non rapport ». D’un côté, le capitalisme incarne le discours du Maître, de « l’Un absolu », qui commande pour « tous pareil ». Le monde de la globalisation dans ce sens est régi par l’Œdipe, car le capitaliste se met à la place du Père d’autrefois, faisant exception et dictant la loi d’un marché « pour tous ».

De l’autre côté de cette logique, à l’époque de l’Autre qui n’existe pas, chacun est accaparé par son petit gadget et par ses objets qui lui procurent son plus-de-jouir particulier. C’est l’époque d’« à chacun son truc »[xi]. Dans le monde global de l’Autre qui n’existe pas, l’orientation est donnée par une multitude de « bavardages communautaires »[xii], qui s’émettent dans les débats télévisés par des multiples points de vue de scientifiques, de journalistes, de juristes ou de tout venant qui se retrouvent dans une cacophonie d’avis.

Lacan avait abordé l’inconscient en connexion structurelle  au discours du Maître, par l’impératif d’un surmoi féroce, qui était aux commandes. Le discours du Maître de l’inconscient est néanmoins à l’envers du discours de la psychanalyse et nous constatons à quel point la structure de ce dernier est voisine du discours de la civilisation hypermoderne par la présence primordiale de l’objet.

Le discours de la psychanalyse  avec l’analyste en position de semblant d’objet permet, non seulement, de saisir la singularité de chaque sujet, mais de donner un savoir y faire avec son symptôme, porteur en lui-même d’une modalité de jouissance inclassable, qui dévoile « l’un-tout-seul » de chacun. Nous y retrouvons la logique du pas-tout, logique qui nous situe au cœur de la contemporanéité. La psychanalyse donne une chance aux « Uns égarés »[xiii] que nous sommes, d’établir un nouveau lien à l’Autre, élevant la psychanalyse à sa dimension politique en relation au collectif.

[i] Lacan J., « Le temps logique ou l’assertion de certitude anticipée », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 213, note 2.

[ii] Lettres des 20 et 29 mars 2020, ECF-messager.

[iii] Lacan J., « Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI », Autres Écrits, Seuil, Paris, 2001, p. 573.

[iv] Miller J.-A., L’orientation lacanienne, « Choses de finesse en psychanalyse », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, leçon du 11 février 2009, inédit.

[v] Miller J.-A., « Une fantaisie », Mental, n°15, p. 11.

[vi] Miller J.-A., « Malaise dans l’identification », Mental, n°39, p. 160.

[vii] Miller J.-A., « Intuitions milanaises », Mental, n°11, p. 15.

[viii] Miller J.-A., « Malaise dans l’identification », op. cit., p. 151.

[ix] Miller J.-A., « Tombeau de l’homme de gauche », Lacan quotidien, n° 898, 4 décembre 2002.

[x] TERF : Trans-Exclusionary Radical Feminist.

[xi] Miller J.-A., « Les prophéties de Lacan », entretien, Le Point, 18 août 2011, disponible sur internet.

[xii] Miller J.-A., « Malaise dans l’identification », op. cit., p. 173.

[xiii] Miller J.-A., « Les prophéties de Lacan », op. cit.

Des particules élémentaires à des épars désassortis

Des particules élémentaires à des épars désassortis

Des particules élémentaires à des épars désassortis

Par Romain-Pierre Renou

 « Le sujet participe du réel en ceci, justement, qu’il est impossible apparemment. […] il en est de lui comme de l’électron, là où celui-ci se propose à nous à la jonction de la théorie ondulatoire et de la théorie corpusculaire. Nous sommes forcés d’admettre que c’est bien en tant que le même que cet électron passe en même temps par deux trous différents ».

Jacques Lacan, Le Séminaire, livre XVII, L’Envers de la psychanalyse

 

Je souhaite revenir plus en détail sur l’emploi non standard que fait Lacan du terme « épars » dans cette formule d’« épars désassortis » que nous avons retenue pour notre titre.

Mais avant cela, quelques petits rappels sur un des derniers écrits de Lacan dont cette formule est tirée, soit la « Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI » qui date de 1977. Dans son cours du 6 décembre 2006 consacré au « tout dernier enseignement de Lacan »[i], Jacques-Alain Miller précise que ce texte appartient bien à cette période du tout dernier enseignement de Lacan qu’il fait débuter très exactement au chapitre IX du Séminaire XXIII intitulé : « De l’inconscient au réel » (prononcé le 13 avril 1976) ; chapitre que J.-A. Miller considère comme une introduction à cette « Préface », puisque Lacan, dit-il, y « tire la leçon de son Séminaire du Sinthome et en même temps il l’ouvre sur une partie restée obscure », car « il n’a pas consacré ensuite d’écrit à cette ultime élucubration ». J.-A. Miller parle « de bascule ou d’un tournant historique dans l’enseignement de Lacan » qui élabore une théorie de l’inconscient non plus à partir de l’hystérie et de l’histoire, mais bien plutôt à partir de la psychose et de l’hallucination comme manifestation erratique et coupé de l’Autre. C’est dans cet ultime écrit que Lacan avance, dans une incise, que l’inconscient pourrait être réel[ii] : « l’inconscient, (qui n’est pas ce qu’on croit, je dis : l’inconscient, soit réel, qu’à m’en croire) »[iii]. La suite de cet écrit tire en quelque sorte toutes les conséquences de cette avancée dans l’enseignement de Lacan en ce qui concerne la pratique de la psychanalyse, sa transmission, et la passe.

J.-A. Miller, dans le commentaire qu’il en fait, propose de le renommer « plus familièrement » des tous premiers mots qui l’introduisent : « l’esp d’un laps », comme un possible nom de l’inconscient réel[iv]. Ce terme de « laps »[v] est celui retenu par J.-A. Miller pour intituler son cours de 1999-2000, « Les us du laps ». Il expliquait alors avoir rencontré ce terme sous la plume d’André Gide, « un maître de l’usage contemporain de la langue », dans son article de 1910, « Baudelaire et M. Faguet »[vi], en réponse à un texte où M. Faguet (contemporain de Baudelaire) critiquant la parution des Fleurs du mal écrivait que Baudelaire est un « très mauvais écrivain » et que « sa langue abonde en impropriétés, en gaucheries, en lourdeur, et en platitude ». Ce à quoi répond Gide que « cet espacement, ce laps entre l’image et l’idée, entre le mot et la chose est précisément le lieu que l’émotion poétique va pouvoir habiter »[vii].

Ceci nous ramène de plain-pied à cette formule « des épars désassortis » qui n’est pas sans résonnances poétiques dans sa sonorité et l’usage non conventionnel que Lacan en fait.

En effet, le dictionnaire nous apprend que ce terme d’épars est un adjectif, alors que dans une première lecture de l’usage qu’en fait Lacan, nous pouvons le lire comme en place de nom commun. Il s’agirait alors de la forme substantivée de l’adjectif « épars », soit d’accorder une certaine substance signifiante à ce terme : il existerait un ou des épars ; épars qui seraient, de plus, « désassortis ».

En tenant compte d’un autre aspect qui tient à la particularité du texte d’où est tirée cette formule, une autre piste de lecture se présente à nous. Comme le titre de cet écrit l’indique, « Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI », il est rédigé à l’attention de lecteurs de langue anglaise. Nous pouvons faire l’hypothèse que dans cette expression Lacan use de la forme syntaxique anglaise qui a coutume de placer l’adjectif avant le nom qu’il qualifie. La formule française plus classique serait donc renversée, soit « des désassortis épars », « épars » retrouvant sa fonction d’adjectif pour exprimer la qualité des « désassortis ». Mais si l’on vérifie cette hypothèse en allant voir du côté de la traduction anglaise, celle-ci s’écroule, car, que ce soit la première traduction qui en a été faite pour la publication en anglais des Quatre concepts en 1977, ou que ce soit celle plus récente (2018) parue dans Hurly-Burly, le choix a été fait de traduire « épars » par un terme anglais qui est également un nom commun[viii].

Après ce détour par ces traductions anglaises qui confirmerait l’usage substantivé d’« épars »[ix], il nous apparaît qu’une autre lecture peut être faite et considérer que nous sommes finalement bien là en présence de deux adjectifs qui se rapportent de façon elliptique à un nom qui n’est pas explicitement mentionné, mais simplement évoqué dans la première partie de la phrase, soient ceux qui tentent « la mise à l’épreuve de l’hystorisation de l’analyse » par ce dispositif que Lacan dit « désigné de la passe ». Nous pouvons donc en déduire que ceux que Lacan qualifie ici d’« épars désassortis » sont avant tout ceux que se frottent à cette mise à l’épreuve.

De cette brève analyse grammaticale, nous pouvons pointer le soin que prend Lacan pour élider, en ne les nommant pas précisément, ceux qui sont dits « épars désassortis ». Si l’on rapporte ces termes à ce qui précède cette formule dans cet écrit de Lacan, ceux-là dont il est question se distinguent d’un Tout, d’une totalité englobante, puisque Lacan précise bien qu’« il n’y a pas de tous en l’occasion » : il s’agit donc de quelques-uns, des uns-tout-seuls. D’une certaine manière, Lacan fait la promotion ici de ce que produit de plus incomparable et d’inédit l’expérience analytique, des uns-tout-seuls épars désassortis[x]. En ce sens, les caractéristiques de « dispersé », « éparpillé », « difficile à cerner », « diffus » auxquelles renvoient le terme d’« épars » interrogent sur le lien auquel peut aboutir ces différents éléments épars, d’autant plus que ces caractéristiques sont renforcées par l’adjonction du qualificatif de « désassortis », soit ce qui ne va pas ensemble. Remarquons qu’une telle définition consonne avec celle que donne J.-A. Miller de la théorie des ensembles dans son cours du 23 mars 2011 : « on met ensemble des choses n’ayant entre elles strictement aucun rapport. Elles ne se ressemblent par aucune propriété, aucune forme, aucune donnée imaginaire, par aucune signification. Le seul point commun entre ces éléments est d’être des Uns et d’appartenir à tel ensemble marqué de telle lettre », mais qui « compte en plus l’ensemble vide […] comme un Un-en-plus »[xi].

C’est sous le trait de la singularité que le discours de la psychanalyse procède à la constitution d’un lien social inédit en se préservant de tout regroupement procédant d’identifications à un idéal ou mode de jouir.

A contrario, à l’orée de notre XXIe siècle, un produit culturel littéraire qui a rencontré un certain succès public et critique, adapté sur grand écran en 2006[xii], puis au théâtre en 2017[xiii], se réfère à un tout autre type d’épars désassortis. Publié en 1998, Les Particules élémentaires[xiv] du roman de Michel Houellebecq renvoient en partie à une société composée d’individus se sentant isolés, séparés les uns des autres et où « la tendance croissante des individus à se percevoir comme des particules isolées, soumises à la loi des chocs, agrégats provisoires de particules plus petites […] rend bien sûr inapplicable la moindre solution politique »[xv] selon les propres propos de l’auteur. Ce dernier imagine, comme destin pour la civilisation, une issue bio-technologique trans-humaniste mettant fin à la fois aux souffrances de l’humanité, et à l’humanité elle-même, supplantée par une nouvelle espèce « génétiquement modifiée, immortelle et stérile »[xvi].

Ce n’est pas la perspective que propose la psychanalyse. L’année précédant la publication de cet ouvrage, J.-A. Miller affirmait que ce séminaire – « L’Autre qui n’existe pas et ses comités d’éthique » fait avec Éric Laurent –, était un effort « de plonger le lien social analytique dans la société, c’est-à-dire de le resituer dans les bavardages communautaires de notre temps », allant en ce sens contre l’idée que « le lien social analytique est un refuge contre le malaise dans la civilisation » pour « faire pénétrer ce malaise dans la sphère préservée de la séance analytique elle-même »[xvii].

[i] Miller J.-A., L’orientation lacanienne. « Le tout dernier Lacan », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, cours du 6 décembre 2006, inédit.

[ii] Cf. Miller J.-A., « L’Un est lettre », La Cause du désir, n°107, mars 2021, p. 22 : « C’est seulement dans un de ses derniers écrits, entre deux virgules, dans une parenthèse, que Lacan énonce qu’il se pourrait que l’inconscient soit réel. » (Cours du 16 mars 2011, « L’Un-tout-seul »)

[iii] Lacan J., « Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 571.

[iv] Miller J.-A., L’orientation lacanienne. « Le tout dernier Lacan », op. cit.

[v] « Ça serait formidable qu’on arrive à toucher un petit peu à la langue française en redonnant vigueur à ce laps. » Miller J.-A., L’orientation lacanienne. « Les us du laps », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, cours du 8 décembre 1999, inédit.

[vi] Gide A., « Baudelaire et M. Faguet », La Nouvelle Revue Française, n°23, 1er novembre 1910.

[vii] Miller J.-A., L’orientation lacanienne. « Les us du laps », op. cit. : « Gide déplace le mot de laps qui, dans la langue, est normalement soudé au temps – on dit un laps de temps –, eh bien il prend laps et il l’introduit dans les connotations de l’espace ».

[viii] Individuals » – « personnes » pour la première traduction, ou « oddments » – « bizarreries, article dépareillé » pour la seconde.  Toutes deux gardent la qualité d’adjectif pour le terme « désassortis » (« scattered » – « éparpillé » et/ou « ill-assorted » – « mal assorti ») :

« D’où j’ai désigné de la passe cette mise à l’épreuve de l’hystorisation de l’analyse, en me gardant, cette passe, de l’imposer à tous parce qu’il n’y a pas de tous en l’occasion, mais des épars désassortis. »

  • « I have therefore designated as a “pass” that putting of the hystorization of the analysis to the test, while refraining from imposing this pass on all, because it is not a question, as it happens, of all, but of scattered, illassorted individuals.» “Preface to the English edition of The Four Fundamental Concepts of Psychoanalysis”, The Seminar of Jacques Lacan, Book XI, pages vii‐ Alan Sheridan translation.
  • « Hence, I designated the pass as putting the hystorization of analysis to the test, taking care not to impose it on one and all because, as it happens, there is no all but only illassorted oddments.», « Preface to the English Edition of Seminar XI », The Lacanian Review. HurlyBurly Issue 6, 2018, pages 22‐ Russell Grigg Translation.

[ix] Quelle substance signifiante pourrions-nous alors donner à ce terme à partir de la définition qu’en donne le dictionnaire (Le Robert) de cet adjectif « épars » ? Il est d’abord dit que c’est « le participe passé adjectivé de l’ancien français espadre “séparer, disperser, répandre” », lui-même étant un « verbe issu du latin spargere “répandre”, “parsemer” qui se rattache à une racine indoeuropéenne °spher– “éparpiller”, “semer” » et « employé depuis le XIIe siècle avec le sens de “répandu ici et là”  […] spécialement usité à propos des cheveux en désordre » est-il précisé ; et plus tard, « en parlant de personnes » avec la signification « de “répartis et dispersés” ». Dans son emploi au singulier et appliqué à une personne, comme dans « un homme épars », il prend alors le sens de « qui va au hasard ».

[x] Cf. Miller J.-A., « L’Un est lettre », op. cit., (cours du 16 mars 2011), p. 23 : « Le sens se situe au niveau de la description, disons de la fonction en termes logiques, et le réel au niveau du il existe, où s’introduit cet x appelé variable. Le Sinn, la description, se résume logiquement dans la lettre F de la fonction. On décrit ses attributs que l’on applique à on ne sait quoi dont on marque la place en écrivant x entre parenthèses, F(x). Au-delà d’une possible variation, le terme variable signifie qu’on ne sait pas si quelque chose de réel vient à la place de ce trou. La constante est ce qui peut remplir ce trou. Dans tous les cas, ce ne sera qu’un signifiant, un exemplaire du signifiant Un. »

[xi] Miller J.-A., « L’Un est lettre », op. cit., (cours du 23 mars 2011), p. 32.

[xii] Elementarteilchen, film allemand réalisé par Oskar Roehler, 2006.

[xiii] Les Particules élémentaires, adaptation, mise en scène et scénographie de Julien Gosselin, théâtre de l’Odéon, 12 septembre – 1er octobre 2017.

[xiv] Houellebecq M., Les Particules élémentaires, Paris, Flammarion, 1998.

[xv] « Entretien avec Jean-Yves Jouannais et Christophe Duchatelet », in Houellebecq M., Interventions, Paris, Flammarion, 1998, p. 47. Cf. également le passage du roman de M. Houellebecq qui exprime le rapport qu’il établit entre ses personnages et la théorie quantique qui distingue les comportements corpusculaires et ondulatoires de certaines particules : « de même Bruno pouvait apparaître comme un individu, mais d’un autre point de vue il n’était que l’élément passif du déploiement d’un mouvement historique. Ses motivations, ses valeurs, ses désirs : rien de tout cela ne le distinguait, si peu que ce soit, de ses contemporains », Les Particules élémentaires, op. cit., p. 178.

[xvi] Wikipédia, « Les Particules élémentaires ». Et cf. M. Houellebecq, Les Particules élémentaires, op. cit., p. 156 : « Contrôle de plus en plus précis de la procréation, qui finira bien un jour ou l’autre par aboutir à sa dissociation totale d’avec le sexe, et à la reproduction de l’espèce humaine en laboratoire dans des conditions de sécurité et de fiabilité génétique totales. Disparition par conséquent des rapports familiaux, de la notion de paternité et de filiation. Élimination, grâce aux progrès pharmaceutiques, de la distinction entre les âges de la vie. »

[xvii] Miller J.-A. et Laurent É., L’orientation lacanienne. « L’Autre qui n’existe pas et ses comités d’éthique », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, cours du 11 décembre 1996, inédit.