Les nouveaux visages de la ségrégation
S’intéresser à partir de la psychanalyse aux aspects les plus sombres de notre actualité, celle qui se présente sous la forme d’un réel dénudé et féroce, frappant sans relâche ici et là, semant la terreur de façon imprévisible, est un choix. Pour notre Association L’Envers de Paris, cela a pris la forme d’une nécessité de comprendre, notamment depuis que la ville a été touchée de plein fouet ces deux dernières années, marquant radicalement un avant et un après dans notre façon de l’habiter et la parcourir.
Après la stupeur et l’effroi, il est urgent de se pencher sur ces évènements qui découpent aujourd’hui le relief du monde afin d’en saisir la structure et d’en dégager la logique. Certes, ces nouvelles manifestations de la haine et de la pulsion de mort, accomplies au nom de la certitude religieuse, reconfigurent avec une virulence inédite le cours du monde et il importe de savoir si ce retour du religieux est le même que celui que Jacques Lacan avait annoncé au début des années soixante ou s’il obéit à une nouvelle logique forgée par les changements de civilisation qui ont accompagné le passage du siècle précédent au nôtre.
La chute du régime paternel avec ses idéaux tyranniques et ses binaires symboliques a laissé place à celui du pas-tout propre à l’hypermodernité avec pour corollaire l’illimité et l’égarement qu’il induit. Force est de constater que cette transition, loin de favoriser un quelconque apaisement, a donné lieu à de nouvelles manifestations où le surmoi trouve de quoi nourrir son exigence insatiable de sacrifices. Lacan avait déjà souligné que les avancées du discours de la science et l’hégémonie du discours capitaliste feraient le nid des nouvelles formes de ségrégation, terme qu’il a appareillé à plusieurs reprises à un autre, celui de fraternité : « Je ne connais qu’une seule origine de la fraternité — je parle humaine, toujours l’humus —, c’est la ségrégation. »
Comment le passage de l’ordre patriarcal à celui de la bande des frères agrège-t-il de nouvelles formes d’identifications collectives autour d’une pure volonté de mort ? Obéissent-elles toujours à la conjonction funeste entre l’objet et l’Idéal décrite par Freud dans sa Psychologie des Masses ? Pourquoi celles-ci favorisent-elles la communion voire la conversion vers une jouissance sacrificielle et toute puissante ? En quoi le réel auquel se frottent les psychanalystes dans leurs pratiques peut-il nous éclairer sur ces questions ?
Certes le domaine de la croyance n’est pas le seul où la ségrégation s’enracine. Il prend corps dans d’autres contextes liés à la migration et aux déplacements de populations, aux changements sociétaux dans les champs de la sexualité et de la parentalité, où des replis identitaires se durcissent, au nom d’une bannière politique ou d’une jouissance partagée.
Alors qu’espérer du discours analytique ? Comment reprendre à la lumière d’aujourd’hui ce que nous ont enseigné Freud puis Lacan : que l’altérité détestée et rejetée dans l’Autre ne fait qu’occulter celle qui me fait horreur et qui gît au plus intime de moi-même, que cette zone étrangère est précisément celle que je préfère localiser dans l’Autre menaçant plutôt que de l’assumer comme ma jouissance obscure dont je dois répondre en tant que sujet ?
S’appuyer à ce que nous enseigne notre clinique et entrer en conversation avec nos invités qui apporteront leurs éclairages et leurs réflexions sur ces questions brûlantes, dessinera l’architecture de cette journée d’étude.
Camilo Ramirez
La procréation et la filiation, par-delà le biologique – perspectives et malentendus contemporains
Dates du séminaire Les Enfants de la Science à la Salpêtriére. Le vendredi 23 novembre à 14h Les vendredis de 9h30 à 11h30 22 février, 19 avril , 24 mai et 28 juin 2019. Renseignements et inscriptions> "La procréation et la filiation, par-delà le biologique -...
Lorsque le désir d’enfant rencontre la science
« Lorsque le désir d'enfant rencontre la science » C’est à partir de leur expérience clinique que François Ansermet et Nouria Gründler interrogeront ces six intervenants, tous enseignants-chercheurs, sur ce monde en mutation qui s’invente à travers les...
De quel portrait le diable est-il le nom
Le diabolique est au cœur de l’homme et comme sur une bande de mœbius, il se mêle intimement à l’humain dans sa chair.
Dans son lumineux petit livre Le portrait du Diable, Daniel Arasse pose la question du portrait et analyse, dans les traits prêtés au diable, une césure au moment du passage du Moyen Âge à la Renaissance. (…) par Ariane Chottin
… de qui sommes–nous frères …
Sans le Nom du Père, la horde des frères peut mener au pire.
La discrimination est le fondement politique du FN, que Jean-Marie Le Pen théorisa simplement: «Je préfère mon frère à mon cousin, mon cousin à mon voisin et mon voisin à un étranger». Lacan, lui, nous dit: «…sachez que ce qui monte, qu’on n’a pas encore vu jusqu’à ses dernières conséquences, et qui, lui, s’enracine dans le corps, dans la fraternité du corps, c’est le racisme». (…) par Corinne Chabot
Le sujet comme tel est un immigré
C’est une idée très forte que de penser la fraternité fondée sur le rejet.
Si la haine ne recouvre pas la pulsion de mort, c’est néanmoins l’une de ses manifestations les plus importantes. Qu’est-ce que la psychanalyse permet de comprendre sur la ségrégation ? Comment peut-elle nous éclairer sur le fonctionnement de la haine et de la pulsion de mort ? (…) par Marga Auré
Les nouveaux visages de la ségrégation
Une soirée préparatoire à la Journée du 10 Juin de l’Envers de Paris sur “Les nouveaux visages de la ségrégation” aura lieu le Mercredi 26 Avril 2017, de 21 à 23 heures, atelier 7 du CentQuatre – Paris (5 rue Curial, 75019), en liaison avec L’Espace Psychanalytique d’Orientation et de Consultation (L’EPOC),
avec la participation de Thierry Jacquemin, psychiatre, psychanalyste membre de l’ECF, Geneviève Mordant et Guido Reyna, membres du Vecteur- recherche de l’Envers de Paris “Le corps, pas sans la psychanalyse”, et Thomas Bellorini, chef-de-chœur et metteur en scène d’un spectacle réalisé à partir de « Le dernier voyage de Sindbad » d’Erri de Luca, qui fait écho aux drames des migrants. (…)
Retour sur le réel des attentats
Mercredi 9 novembre 2016 à 18h. Conférence à Paris 7 avec Sarah Abitbol, François Bafoil, Marie-Hélène Brousse, Christian Hoffmann et Sissy Rapti-Escurier.