ÉDITO OCTOBRE 2024

ÉDITO OCTOBRE 2024

Chers membres et amis de L’Envers de Paris, 

Deux événements majeurs nous attendent dans les prochains mois : la soirée de rentrée des cartels en octobre et les Journées de l’École de la Cause freudienne en novembre. Concernant le premier, Stéphanie Lavigne, déléguée des Cartels pour L’Envers de Paris, nous donnera ci-dessous un premier aperçu ; pour le deuxième nous vous renvoyons au site de l’ECF en suivant ce lien 54es Journées de l’ECF. 

Le titre de ces 54ese Journées de l’ECF, Phrases marquantes, nous interpelle, car, comme l’écrit Dominique Holvoet dans une récente contribution : « Sans phrases marquantes, point de parlêtre ». Et, il ajoute : « Au début était le Verbe signifie que, pour tout un chacun, il y eut, au début de la vie, des phrases marquantes sans aucune portée de sens, des énoncés primordiaux qui ont fait événement de corps dans leur portée de hors-sens. 1 » 

L’enjeu de L’Envers de Paris est celui d’articuler notre thème d’étude, Fantasmes contemporains du corps, à ces marques primordiales qui font résonner les énonciations. Est-ce que la phrase du fantasme est une phrase marquante ? Toute phrase marquante conduit-elle à la construction d’un fantasme ? Ce n’est pas sûr. Nous travaillons à L’Envers de Paris pour essayer d’éclaircir plusieurs questions autour du thème des Journées, et pour nous préparer à cet événement majeur dans notre communauté de travail.  

Les inscriptions aux 54ese Journées sont ouvertes, le rendez-vous se fera au Palais des Congrès de Paris, les 16 et le 17 novembre 2024, et l’événement se tiendra en présence ! 

1. Holvoet D., « D’où opère une phrase marquante », posté le 16 septembre 2024 sur le blog des J54 Phrases marquantes, https://2a9il.r.sp1-brevo.net/mk/mr/sh/1t6AVsd2XFnIG8W9YHfxFXviym2BTF/c1xtdKZ_cx5_

***

Le mois d’octobre est également riche de moments de rencontres et de travail. 
La parole est à Stéphanie Lavigne qui nous invite à la soirée de rentrée des cartels  :

CARTELS

La praxis du cartel, autour des phrases marquantes
Lorsque Lacan fonde l’École française de psychanalyse en 1964, il invente le cartel2. Ce travail en petit groupe, sans chefferie, de quatre personnes PLUS-UNE, restera l’un des piliers de l’École freudienne de Paris. Il en est toujours ainsi pour l’École de la Cause freudienne. 

Quelle est l’actualité des cartels ? 

Chaque année les différentes Associations de l’École de la Cause freudienne (les ACF) préparent la rentrée des cartels. Concernant Paris et l’Île-de-France, cette rentrée se déroulera, le 17 octobre 2024 à 21h, au local de l’ECF (entrée libre) ; étudiant, cartellisant, néophyte ou expérimenté, membre de l’École, d’une ACF, de L’Envers de Paris ou non, chacun est invité à venir écouter les exposés et à participer au tirage au sort afin de pouvoir constituer un nouveau cartel. Leila Bouchentouf-Lavoine, Guillermina Laferrara et Jérémie Wiest nous présenteront leur travail de cartellisant, chacun d’eux s’étant prêté au jeu de nouer leurs découvertes à partir d’une phrase marquante, thème des prochaines Journées de l’ECF : Phrases marquantes

Pour cette soirée, Katty Langelez-Stevens, psychanalyste membre de l’École de la Cause freudienne, notre extime, a accepté de commenter chacun des travaux. Stéphanie Lavigne

Pour toute information, vous pouvez contacter :

Stéphanie Lavigne : enversdeparis-cartels@causefreudienne.org
ou Laurence Maman : acf.dr-idf-cartels@causefreudienne.org

2. Cf. Lacan J., « Acte de fondation » Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 229-241.

Et maintenant, la parole aux responsables des vecteurs et des groupes de l’Envers de Paris :

VECTEUR LECTURES FREUDIENNES

Nous continuons la traduction de l’article « Ein Kind wird geschlagen – Un enfant est battu » que Freud écrit en 1919, à l’issue de l’analyse de sa fille Anna. Un texte d’une incroyable actualité, citons le dans notre traduction, encore inédite : « En effet nous pensons, que le complexe d’Œdipe est le noyau proprement dit de la névrose, que la sexualité infantile, qui culmine en lui, est la condition effective de la névrose, et ce qui reste de lui dans l’inconscient, représente la disposition aux maladies névrotiques futures des adultes. Le fantasme d’être battu et d’autres fixations perverses analogues ne seraient alors aussi que des dépôts du complexe d’Œdipe, pour ainsi dire des cicatrices d’un processus qui s’est déroulé tout comme la fameuse « infériorité » correspond à une telle cicatrice narcissique ».

Nous nous retrouverons chez Susanne Hommel, le jeudi 3 octobre à 21h.

Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

SEMINARIO LATINO

« Comment parle-t-on de la folie aujourd’hui ? » 

HPI, HPE, TDA, Dys, TSA… Ces nouveaux signifiants donnent le tournis et pourtant ils ont complètement envahi la psychiatrie. Exit la psychopathologie ! La psychose, en tant que structure pour dire la logique de la folie, semble ainsi en voie de disparition. Aujourd’hui c’est le neuro qui s’impose comme diagnostic et qui tient le manche pour « nommer-à-la-folie ». Alors la psychose, un signifiant disparu ? Trois collègues parleront de leurs pratiques en institution. 

Nous vous attendons nombreux !

Responsables : Flavia Hofstetter et Nayahra Reis.

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

L’argument du cycle d’étude 2024-2025 du Seminario Latino de Paris : enversdeparis.org/seminario-latino-de-paris

VECTEUR LECTURES CLINIQUES

La première réunion du vecteur Lectures Cliniques se tiendra le samedi 12 octobre. Nous poursuivrons notre travail autour de la clinique différentielle en prenant cette fois pour appui le texte « C.S.T » (Clinique sous transfert) de Jacques-Alain Miller. Nous échangerons à partir d’une lecture singulière de ce texte proposée par Javier Naranjo Silva et d’un cas clinique présenté par Noa Farchi, en présence d’Adela Bande-Alcantud, notre invitée pour cet atelier.

L’atelier se tiendra au CSAPA La Corde Raide, passage Gatbois, 75012 Paris (métro Gare de Lyon) de 15h à 18h.

Responsables du vecteur Lectures Cliniques : Caroline Happiette et Sophie Ronsin.

Contact : VLC.Enversdeparis@gmail.com

VECTEUR PSYCHANALYSE ET LITTERATURE

Durant sa lecture du Journal de Kafka dans lequel il décrit au plus près les sensations de plaisirs de corps que lui procure la nage, C. Thomas est marquée par cette phrase qui fait événement de corps pour elle-même : « L’Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. Après-midi piscine. 3 » Reconnaissant chez cet écrivain sa capacité à transcrire « le désespoir de son corps4 » et de s’en défendre en étant « un nageur passionné 5 », elle s’engage alors à écrire son propre Journal de nage. Plongeant dans le langage comme on se jette à l’eau, elle tente de ferrer le réel de son corps avec sa propre élaboration signifiante. Et si la phrase de Kafka est pour elle ce qui est venu « dire que non à la jouissance en percutant le corps 6 », ce n’est pas sans laisser un reste, un objet a plus-de-jouir. Dans son Journal de nage, c’est son rapport à son objet électif de jouissance autoérotique qui est en jeu.

Lors de sa réunion du lundi 21 octobre à 20h, notre vecteur continuera à repérer et à préciser comment C. Thomas prend appui sur son écriture littéraire pour y faire résonner cette jouissance éprouvée au niveau du corps.

Contact : littérature@enversdeparis.org

3 Thomas C., Journal de nage,
4 Ibid., p. 21.
5 Ibid. 
6 Holvoet D., « D’où opère une phrase marquante », posté le 16 septembre 2024 sur le blog des J54 Phrases marquantes.

VECTEUR LE CORPS PAS SANS LA PSYCHANALYSE

Lors de la réunion du 12 septembre Baptiste Jacomino, poursuivant le travail du vecteur sur les Fantasmes contemporains du corps, est parti du film Fantastic Mr Fox de Wes Anderson, dans lequel on voit un personnage d’enfant, Ash, se débattre avec le mot « athlète » qui est pour lui un signifiant-maître et qui désigne un idéal du corps auquel il ne parvient pas à se conformer. L’athlète qu’il aspire à être, c’est son père, en tant qu’à ses yeux il fait exception au lot commun de la castration. La prise de cet idéal s’assouplit au cours du film, en particulier quand Ash découvre la possibilité d’être exceptionnel en affirmant une singularité plutôt qu’en cherchant à échapper à la castration. 

La prochaine rencontre aura lieu le 1er octobre à 20h30, exceptionnellement en visioconférence.

Membres du vecteur : Geneviève Mordant, Pierre-Yves Turpin, Guido Reyna, Martine Bottin, Isabelle Lebihan, Marie Faucher-Desjardins, Elisabetta Milan Fournier, Ana Dussert, Baptiste Jacomino (coordinateur).

Contact :corpsy@enversdeparis.org

VECTEUR PSYNEMA

Le vecteur Psynéma prépare la rencontre psychanalyse-psynéma du 12 octobre 2024 qui aura lieu à 14h au Patronage laïque Jules Vallès à Paris, autour du film Ordet de Dreyer consacré à la problématique de la foi et du miracle. Nous verrons à cette occasion comment Lacan aborde celle-ci avec Kierkegaard dans son enseignement. 

Venez nombreux à cette rencontre où Dreyer nous montre au cinéma un vrai miracle. Mais lequel ? 

Karim Bordeau 

Lien pour inscription : https://www.patronagelaique.eu/event-details/ordet-2/form

VECTEUR CLINIQUE ET ADDICTIONS

« Les premières fois.
La première fois, c’est une occasion dont on se souvient, une rencontre, décidée ou pas, une marque, choisie ou refusée, un trauma. Elle peut faire énigme ou pas, décider du désir ou écraser. Une insondable décision de l’être laisse un choix. Qui peut être un “déchoix”. Mais le réel sonne toujours deux fois. Alors il y a plusieurs premières fois.7»

Rendez-vous à la rentrée prochaine pour une nouvelle saison des Conversations clinique & addictions ! Renseignements et inscriptions sur addicta.org/conversations

7 Miller J.-A., « Le choix de la psychose », La Clinique psychanalytique des psychoses, Actes de l’ECF, 1983. 

Les Conversations auront lieu à Paris de 20h30 à 22h30 les mercredis
suivants :

6 novembre 2024
4 décembre 2024
8 janvier 2025
5 février 2025
5 mars 2025
2 avril 2025
7 mai 2025
4 juin 2025

VECTEUR THÉATRE

La première rencontre organisée par le vecteur Théâtre et psychanalyse aura lieu le dimanche 15 décembre à 15h (et non pas le 24/11) avec La Mouette de Tchekhov mise en scène par Stéphane Braunschweig au théâtre de l’Odéon. La pièce sera suivie d’un débat avec Stéphane Braunschweig et Bénédicte Julien, animé par Hélène de La Bouillerie.

Vous pouvez déjà réserver votre place en envoyant un mail à l’adresse : theatreetpsychanalyse@gmail.com (prix des place 34 €).

Nous vous attendons nombreux aux rendez-vous et aux événements organisés par L’Envers de Paris et aux activités de l’École de la Cause freudienne. 

À vous tous, chers membres et amis de L’Envers de Paris, je souhaite un très beau mois d’octobre, riche de couleurs d’automne et de nouvelles rencontres marquantes. 

Cinzia Crosali
Directrice de L’Envers de Paris

Emergence d’une « intelligence » informatique : quelle évolution de la responsabilité médicale ?

Emergence d’une « intelligence » informatique : quelle évolution de la responsabilité médicale ?

(suite…) Entretien avec Ferdinand Dhombres 1

Professeur des Universités – Praticien Hospitalier à Sorbonne Université à Paris, Ferdinand Dhombres exerce comme gynécologue obstétricien dans le service de médecine fœtale et d’échographie à l’hôpital Trousseau (APHP) comme chercheur en informatique à l’INSERM (LIMICS). Il enseigne dans ces deux disciplines.

Horizon Mais alors la question se pose de savoir si l’IA est quelqu’un…

F. Dhombres – On sait que ce quelqu’un, c’est l’éditeur du logiciel au moment où les données ont été validées et rentrées. Cette question de l’autonomie dans la prise de décision nous amène donc tout droit à celle de la responsabilité : quel est le niveau de l’autonomie de l’IA dans le processus de décision de prise en charge ? Si nous considérons que l’IA intervient pour faire remonter l’information pertinente, cela ne pose pas de problème. Mais si l’IA commence à analyser des données en autonomie, à en cacher certaines pour en présenter d’autres, le médecin qui en analyse les résultats ne sait pas quelles informations ne lui sont pas présentées.

Prenons un exemple : l’IA fait une première proposition comme celle d’identifier une image pour dire qu’elle est normale. Il n’y a pas de problème si cette image produite par l’IA a été montrée au radiologue qui a donné son aval et qui assume la responsabilité de son interprétation. Mais dans le cas de figure où c’est l’IA qui décide toute seule que la radio est normale, alors l’autonomie de l’IA est plus grande que la responsabilité humaine. Cette responsabilité humaine est, du coup, plus difficile à mobiliser car l’humain n’est plus dans la boucle. On se trouve dans une situation personne ne peut dire qui est responsable, puisqu’il peut ne plus être dans la boucle d’un point de vue médical. Aussi lorsqu’on parle du sens clinique ou de l’expérience médicale, cela ne nous renvoie à rien de moins qu’à cette double question : quelle médecine voulons-nous aujourd’hui ? Pour demain ?

Horizon Nous sommes amenés à traiter des personnes qui se sont trouvées malmenées par de tels dispositifs…

F. Dhombres – Je ne sais pas qui sont celles et ceux qui vous consultent et pourquoi ils le font. Ce que je constate c’est que nos patients sont nombreux à attendre de la médecine qu’elle soit normative, scientifique, opérationnelle et dispose de techniques de pointe. Ce sont eux qui affichent une préférence pour des procédés extrêmement automatisés dans un système où il n’y a pas de place pour le flou, pour le subjectif. Ils vont même jusqu’à considérer que ces machines donnent des « résultats objectifs », en pensant qu’« objectif » veut dire que l’on ne peut pas se tromper.

Or, si, du point de vue statistique, à l’échelle dite des populations, c’est sûr que pour la question donnée, la tâche effectuée le sera de manière plus ou moins performante selon la métrique utilisée, ça ne nous dit pas si les patients se verront dispenser de meilleurs soins pour autant. Je pense qu’il y a un risque de glisser du cadre du soin dans celui de la prestation technique. Mais on peut aussi se demander ce que les gens désirent, s’ils veulent ou non être soignés au sens où nous l’entendons…

Horizon Il n’y a pas de doute que l’air du temps focalise sur la performance technique. Il y a une véritable fascination, encouragée par les promoteurs de l’IA, les médias… On veut être « dans le vent », « de son temps »… Est-ce que les préférences ou les préjugés de vos patients évoluent, avec l’expérience de la maladie ? Comment les accompagnez-vous dans leur cheminement ?

F. Dhombres – De mon côté il y a le contexte, qui rend au quotidien mon approche du terrain assez pragmatique. Quand vous êtes dans une situation où vous avez un système de santé en berne ; quand vous avez les soignants qui n’en peuvent plus, qu’il y a des déserts médicaux, que des gens attendent des mois avant d’obtenir un rendez-vous, on doit se poser la question de savoir si quelqu’un doit attendre six mois et plus pour avoir un rendez-vous avec un médecin, ou s’il peut bénéficier d’un système avec un programme informatique. C’est le moment de faire entrer dans nos échanges l’IA générative dont nous n’avons pas encore parlé. D’ailleurs, dans le domaine médical, je ne vois pas bien où cela se place, mais c’est peut-être là, avec l’agent conversationnel, toujours disponible, « gentil », sympathique. Ainsi, on peut avoir une espèce de package avec beaucoup d’automatisation. Ces outils pour accueillir une première demande de consultation semblent grosso modo rendre de vrais services.

Horizon La réponse robotique qui pallie la non-disponibilité de la médecine publique et propose de vous recevoir tout de suite au lieu d’attendre comporte donc le risque d’une incomplétude du soin.

F. Dhombres – Il faut pondérer tous les aspects, mais entre les problématiques d’accès au soin, les problématiques du coût du soin et les problématiques annexes, collatérales, ce n’est pas simple, et il faut savoir que nous ne sommes pas les plus mal lotis en France, loin de là. Avec un « système de prestations techniques de soin » – appelons cela ainsi – on a la possibilité de proposer des prises en charge qui permettent globalement d’améliorer la santé d’une population qui n’a pas accès au soin. Qu’est-ce qui est mieux, les laisser mourir ou leur proposer le système qui peut être violent, froid, inhumain, mais qui va permettre de sauver des gens, et de détecter à temps des processus morbides ? Si ces derniers n’avaient pas été mis en lumière, les malades qui s’ignoraient seraient probablement morts quelques années plus tard, de problèmes cardio-vasculaires, cancer, diabète… C’est à de tels enjeux que nous sommes confrontés dans certaines zones géographiques.

Le problème, c’est que lorsque l’on réduit l’offre de soin, on se met à se dire : « Est-ce que cela n’est pas plus rentable ? » Or, la rentabilité de l’humain, la métrique de l’humain, cela n’existe pas vraiment, alors que si on a un système qui nous garantit la détection de 80% des cancers du côlon, on sait que si on le met en place, la prédiction deviendra réalité.

Horizon Peut-on risquer un parallèle, avec l’arrivée des machines à pain venues pallier le manque de boulangeries ?

F. Dhombres – C’est un peu ça. Il se trouve que l’IA permet des choses très performantes, et aussi qu’il y a des systèmes informatiques où il n’y a pas forcément de l’IA. Aux États-Unis, dans les années 1960 il y a eu un engouement et une première vague d’investissements conséquents sur l’IA, mais les résultats n’ont pas suivi. Il a fallu attendre les algorithmes mathématiques et les ordinateurs capables de fournir une capacité de calcul suffisante, ce qui est assez récent. Enfin, manquait la masse de données qui est là maintenant, d’où la puissance de cette nouvelle vague aujourd’hui que des processeurs très puissants se conjoignent avec cette masse de données que l’on n’avait pas il y a encore dix ans.

Horizon Dix ans, c’est l’âge de votre article écrit en 2014 : « Informatique médicale et médecine informatisée 6», paru dans l’ouvrage collectif intitulé : Histoire de la pensée médicale contemporaine aux éditions du Seuil.

F. Dhombres C’est vrai qu’à l’époque de cet article, l’IA générative n’existait pas encore.

Horizon Y a-t-il eu des avancées depuis dix ans, au niveau des applications, de l’implication de l’IA dans la médecine, concrètement ?

F. Dhombres – Ce sont les découvertes dans le domaine de l’imagerie qui m’impressionnent le plus. Je trouve enthousiasmant le concours entre les techniciens et les cliniciens. Par exemple, les informaticiens de Google ont réussi à dépister plus de mélanomes sur des photos que des dermatologues. Si on prend le cas de la dermatologie, avoir un système pour envoyer la photo de son grain de beauté sur une plate-forme, et se faire dire par retour : « Il faut consulter un dermatologue demain » ou « vous pouvez attendre mais il faut le faire voir dans l’année », c’est plutôt intéressant, et pas très malfaisant, si on n’oublie pas que nous sommes là dans le cadre d’une prestation de diagnostic et de pronostic, par le biais d’une technique qui peut être performante, mais qui n’est pas un soin. C’est évidemment un gain de temps, ce qui est précieux, mais, de mon point de vue, ce n’est pas une alternative au contact avec un soignant, ce n’est donc pas une solution pour pallier les déserts médicaux.

Histoire de la pensée médicale contemporaine, Paris, Seuil, 2014.

Horizon Jusque-là vous avez abordé la responsabilité du médecin au regard du guide des bonnes pratiques. Nous arrivons à la question de savoir dans quelle mesure ces outils affectent, voire transforment la relation entre le malade et le médecin : pouvons-nous dire qu’un malade risque de n’être plus pour le médecin qu’un ensemble de données ?

F. Dhombres – Oui, du point de vue de ces outils, le patient n’est rien d’autre qu’un ensemble de données, on ne peut mieux dire. Mais le soignant est-il appelé à n’être plus qu’un utilisateur d’outils ? Je ne le crois pas, et surtout ce n’est pas du tout comme cela que je conçois mon métier.

Du nouveau dans la formation

Horizon – Aujourd’hui, on constate combien le quotidien des médecins est grignoté par la tâche de rentrer des données. Un retour sur la pratique a-t-il bien lieu ou y a-t-il un clivage ? Cela ne prend-il pas trop de place dans la formation ?

F. Dhombres – Pour la partie formation, il y a quelque chose de très récent avec les programmes d’investissements France 2030, qui ont pour objet de développer les compétences et les métiers d’avenir, avec un engagement de plus de 50 millions d’euros pour la « santé numérique ». Notre université fait partie des lauréats de ce programme et nous avons obtenu 4 millions d’euros pour mettre en place l’enseignement de la « santé numérique », pour des futurs professionnels de santé et pour des futurs professionnels du numérique.

Comme vous le savez, la faculté de médecine est devenue la faculté de santé. Elle dispense une formation universalisée aux professionnels de santé avec un référentiel. Parmi les professionnels de la santé concernés nous trouvons des sage-femmes, des psychomotriciens, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes, des infirmiers. Il n’y a pas de psychologues. Pour tous les métiers médicaux et paramédicaux qui composent la hiérarchie médicale, nous avons donc un référentiel socle pour le premier cycle dont les éléments ont été définis par un arrêté.

Horizon – C’est une bonne nouvelle car une bonne part des psychologues rappellent à cor et à cri que leur profession n’est pas une profession médicale, et que c’est justement de par sa formation spécifique que le psychologue peut s’articuler dans bien des cas avec les médecins ou les équipes hospitalières et être un véritable partenaire. Mais pouvez-vous préciser ce que vous entendez par « santé numérique » ?

F. Dhombres – Elle comporte notamment le Dossier Patient Informatisé (DPI), le Dossier Médical Partagé (DMP), Mon espace santé, les problématiques de cybersécurité, la messagerie de données en santé, comment un médecin envoie à un autre médecin des informations concernant un malade par exemple ; il y a aussi les aspects réglementaires sur lesquels veille la CNIL avec le Règlement Général sur la Protection des Données [RGPD] et ses extensions spécifiques pour des données de santé, la télésanté, etc.

Pour le premier cycle de toutes les formations en santé, tout le monde doit avoir une trentaine d’heures minimum sur ces volets-là. C’est une première base. Il y a aussi la notion de « logiciel-métier », qui comporte toute une série d’outils comme les outils d’aide à la décision, les logiciels de gestion de patient, les systèmes de messagerie etc.

Horizon – Dans quelle mesure le médecin ou le spécialiste participe-t-il à l’élaboration de ces outils ? Ceux-ci lui arrivent ready-made ?

F. Dhombres L’idée directrice est de rendre ces outils de santé numérique attractifs, alors qu’on les dénigre ou les critique souvent. Or, ce sont ces outils qui vous donnent un compte- rendu d’hospitalisation quand vous sortez de l’hôpital, permettant à votre médecin traitant (avec votre accord) d’y accéder directement. Ce dernier peut alors vous prescrire un bilan biologique consultable en ligne sans avoir à se déplacer, recevoir une alerte etc. Tout cela améliore globalement le parcours de soin et les échanges d’informations qui restent extrêmement sécurisés, puisqu’il faut deux cartes, la carte du médecin ou la carte professionnelle de santé (CPS), et la carte vitale du patient pour y accéder.

Le chatbot, le malade et le médecin : quelle interlocution ?

Quant à la question de la relation médecin-malade, il ne s’agit pas de réduire tout à l’IA, même si je continue à penser que l’accès à l’information est un élément important.

Google – je dis Google parce que c’est le moteur de recherche le plus diffusé actuellement – donne accès via internet à une quantité d’informations colossale. Selon qu’on est positif ou négatif on dira qu’on s’en trouve enrichi ou parasité. Le problème, d’un point de vue très pratique, est surtout d’apprécier le temps que cela demande ou épargne… Étant donné que, sauf erreur de ma part, les médecins généralistes en France ont en moyenne entre 6 et 8 minutes par patient, s’il faut débricoler pendant ce temps-là la recherche faite par un patient, qui a consulté Internet en mettant deux mots-clés captés en bas d’un compte rendu, c’est compliqué.

Je vais parler à partir de mon expérience professionnelle. J’exerce comme gynécologue- obstétricien à l’hôpital Trousseau, dans le service de médecine fœtale où je fais de l’échographie. Je fais aussi de la recherche informatique dans une unité INSERM.

La partie clinique de mon activité consiste à recevoir des couples qui sont dans des situations extrêmement stressantes, notamment après des diagnostics prénataux d’anomalies fœtales. Autour de la table entre professionnels, on pose des questions sur ce que l’on voit, sur ce que l’on pense, sur ce que sait la médecine, sur les connaissances concernant cette situation, sur les options possibles. Du côté du couple, quelle est sa vie, sa situation familiale, son histoire ? Quels sont les meilleurs choix, ou les moins mauvais ?

Ce sont des consultations difficiles tant médicalement que du point de vue de la relation humaine, comparables à ce qu’on appelle les « consultations d’annonce » en cancérologie.

Par rapport auxdites consultations d’annonce, les consultations que je réalise comportent, en plus du diagnostic, la proposition d’une modalité de prise en charge où l’on peut être amené à décider de gestes, etc.

Ainsi, il y a de plus en plus de couples qui viennent parce qu’un signe a été noté à l’échographie : « le fémur est court, les os propres du nez sont hypoplasiques » ou que sais- je… De là, les gens filent sur internet et trouvent sur les forums la liste à la Prévert des malformations congénitales, y compris les plus sévères. Ils vont faire des parallèles avec des cas de catastrophe et arriver en demandant une interruption médicale de la grossesse. C’est un scénario classique, du fait de cette somme énorme d’informations ininterprétables pour le public qui n’a pas les moyens de se repérer dans cette masse.

ChatGPT n’a pas d’oreilles

Il y a une espèce d’illusion quand on utilise un moteur de recherche ; or, ChatGPT et ces IA génératives qui produisent du texte ou des images l’augmentent encore. Celles qui parlent en texte donnent l’illusion d’avoir quelqu’un en face, et aussi l’illusion que ce quelqu’un a analysé les choses. On lui dit : « tel fœtus a telle anomalie, est-ce que c’est grave ? » et ChatGPT va répondre, certes, mais il va répondre en fonction des données trouvées sur internet. Si généralement, il ne se trompe pas trop, il arrive qu’il dise des absurdités parce que, par exemple, les données prises en ligne n’étaient pas à jour, ou que la source sur internet était fausse ; on entre dans le cadre d’un web service ou d’une prestation technique qui n’est pas de l’ordre du soin.

Or, réussir à donner une information loyale et éclairée au couple, cela commence déjà par faire connaissance, par expliquer ce qu’on a vu : il y a un échange, qui prélude à une relation de soin. Les agents conversationnels du type ChatGPT donnent l’illusion d’une telle relation, puisqu’ils s’adaptent au langage. ChatGPT, ce sont des modèles de langue ; ils n’ont pas été évalués sur l’exactitude de l’information qu’ils donnent, ce n’est pas leur objectif. Le but de ChatGPT au départ, c’est de donner l’illusion d’avoir avec soi quelqu’un qui est capable de discuter sur tout et rien. Sur ce dernier point, c’est performant, mais non pas sur la fiabilité du résultat. Tout ça a été testé : on a utilisé ChatGPT pour lui faire répondre à des questions d’examen aux États-Unis. Les versions actuelles répondent aux questions très bien dans 70% à 80% des cas dans toutes les disciplines.

Mais pour le soin on n’est pas dans ce type d’exercice. Soigner quelqu’un, c’est l’aider à prendre la meilleure décision pour lui, en fonction d’un apport de connaissances, de ce qu’il est possible de faire et de son histoire personnelle. Dans ces situations-là, la décision n’est pas bonne ou mauvaise, il s’agit plutôt de prendre la décision la plus adaptée aux gens, la plus juste. C’est un exercice difficile qui n’est pas sans poser de problèmes. Il est très facile d’adopter des outils qui font de l’aide à la décision, avec des paramètres qui disent que pour « telle situation, la bonne réponse c’est probablement ça, puis ça et puis ça, etc… » On peut appliquer ces outils-là, en effet, mais ce n’est pas la médecine que je désire.

Les mises à jour ne dissipent pas les illusions

Quelle est la disponibilité des médecins ? En ce moment, ils sont fatigués. Ça se lit et ça se perçoit. Ce que je vais dire maintenant n’est pas politiquement correct : beaucoup de gens vont voir le médecin et vont à l’hôpital alors qu’ils n’ont pas besoin d’y aller ; peut-être feraient-ils mieux d’aller vous voir, vous ! L’hôpital est devenu le guichet de demandes de prises en charge psychosociales qui ne devraient pas arriver là, comme celui qui se fait mal au genou et qui veut son IRM du genou tout de suite. Du coup, la disponibilité d’écoute est impactée à cause de ce surmenage.

Après, c’est le métier !

Prenons l’exemple des 6-8 minutes de la consultation chez le généraliste ; n’y aurait-il pas des choses qui pourraient être automatisées une fois sur deux pour des suivis ? S’il faut seulement vérifier la fonction rénale, il suffit d’une prise de sang et d’un système qui dit : « c’est bon, ou ce n’est pas bon ». Ensuite, il peut y avoir une consultation qui dure douze minutes… Malheureusement, la stratégie actuelle n’est pas celle-là : on garde la consultation de six minutes et on enchaîne.

Il était question de la disponibilité d’écoute. ChatGPT, par exemple, est disponible H24. Il donne l’illusion d’être une personne. Il est gentil, ChatGPT. Il est politiquement correct. Aujourd’hui on veut des réponses tout de suite et sur tout. Avant, on allait sur Google, maintenant on a ChatGPT. Or la consultation qu’on fait derrière, je ne sais pas comment elle va évoluer… Une fois : « Bah, ChatGPT m’a dit que je n’avais pas besoin de faire d’amniocentèse ». Soudain, on a l’illusion d’une entité pensante, on a l’illusion de faire la conversation avec quelqu’un. C’est assez étonnant ! Avez-vous déjà essayé ? Je vous y encourage ! C’est important, pour voir concrètement ce dont on parle.

Autre point. Vous avez parlé des systèmes qui s’auto-alimentent. Or, normalement, ils ne doivent pas s’auto-alimenter, mais s’actualiser. S’auto-alimenter, c’est un risque. Je ne sais pas jusqu’où cela va aller. Ainsi, l’IA produit du texte. On lui dit par exemple : « fais-moi un article sur l’intervention de notre cher président de la République et la déclaration du premier ministre ». « Fais-moi un texte qui résume en dix pages le profil des principaux nouveaux membres du gouvernement ». Alors qu’est-ce qu’il va faire ? Il va piocher et rassembler des matériaux pour produire du texte, souvent plutôt pas mal. On peut lui dire « Fais-le plus style Figaro, ou façon Libé », etc., il exécute la commande et le texte arrive sur Internet. Six mois plus tard, on repose une question à ce système-là. Sur quoi va-t-il s’entraîner ? Sur les données qui sont sur Internet. Or, s’entraîner sur des données qu’il a générées lui-même, est- ce une spirale vertueuse ? La réponse est non. Il y a des gens qui pensent que c’est un risque réel, car cela se délite, au détriment de la qualité de ces systèmes.

Pour ma part je n’en sais rien ; je ne fais pas de prédictions, mais ça fait écho à ce que vous disiez sur l’auto-alimentation.

Toutefois, entre ChatGPT et Google, une différence existe. On est dans l’interlocution avec ChatGPT, tandis qu’on présente des requêtes à Google. Bien que je ne sois pas un expert de ce moteur de recherche, le résultat que vous obtenez chez Google quand vous faites une requête, dépend de beaucoup de choses, comme la publicité et ce qui a été mis comme argent pour arriver en haut de la page ; cela va dépendre aussi du pays. Par exemple, une requête sur l’IVG n’aura pas la même réponse en Espagne, en Italie, à Paris, en Chine…

Horizon Pourquoi ?

F. Dhombres – D’abord, certaines choses sont filtrées ; ensuite, toutes les pages ne sont pas traduites dans toutes les langues. Enfin, il y a un système de tri. Dans les systèmes de tri qui sont faits par Google, la notion de popularité de la page intervient en interférant à propos du mot proposé, si bien que Google met à votre disposition l’information qui est a priori celle… que vous voulez. Cela varie en fonction des périodes. En période d’élections, tapez « EL » sur Google… et s’affichera tout de suite : « ÉLection présidentielle ».

Mais, a contrario, si le moment est celui d’une panne électrique mondiale, et que vous tapez « EL », viendra « ELectricity breakdown ». Tout dépend du contexte, qui lui va dans le sens de la popularité et qui régit la circulation des pages.

Horizon – Merci beaucoup Ferdinand Dhombres pour votre accueil, les perspectives et les informations dont vous nous avez fait part. Voilà qui nous donne du grain à moudre !

1. Par Sylvie Cassin, Nathalie Georges-Lambrichs, Nicolás Landriscini et Agnès Vigué-Camus.
6 Dhombres F., « Informatique médicale et médecine informatisée », in Lambrichs L. et Fantini B. (s/dir.),
Histoire de la pensée médicale contemporaine, Paris, Seuil, 2014.

Les cartels de L’Envers de Paris 2024-25

Les cartels de L’Envers de Paris 2024-25

La praxis du cartel, autour des phrases marquantes

Lorsque Lacan fonde l’École française de psychanalyse en 1964, il invente Le cartel1. Ce travail en petit groupe, sans chefferie, de quatre personnes PLUS-UNE, restera l’un des piliers de l’École freudienne de Paris. Il en est toujours ainsi pour l’École de la Cause freudienne.
Quelle est l’actualité des cartels ?

Chaque année les différentes Associations de l’École de la Cause freudienne (ACF) préparent la rentrée des cartels. Concernant Paris et l’Île-de-France, cette rentrée se déroulera, le 17 octobre 2024 à 21h, au local de l’ECF ; étudiant, cartellisant, néophyte ou expérimenté, membre de l’École, d’une ACF, de L’Envers de Paris ou non, chacun est invité à venir écouter les exposés et àparticiper au tirage au sort afin de pouvoir constituer un nouveau cartel. Leila Bouchentouf-Lavoine, Guillermina Laferrara et Jérémie Wiest nous présenteront leur travail de cartellisant, chacun d’eux s’étant prêté au jeu de nouer leurs découvertes à partir d’une phrase marquante, thème des prochaines Journées de L’ECF : Phrases marquantes2

Pour cette soirée, Katty Langelez-Stevens, psychanalyste membre de l’École de la Cause freudienne.

Pour toutes informations vous pouvez contacter Stéphanie Lavigne : enversdeparis-cartels@causefreudienne.org
ou Laurence Maman : acf.dr-idf-cartels@causefreudienne.org”>

Laurence Maman (ACF Île-de-France)

ÉDITO SEPTEMBRE 2024

ÉDITO SEPTEMBRE 2024

Cinzia Crosali,
Directrice de l’EdP

Chers amis de L’Envers de Paris,

Avec votre participation active, notre rentrée s’avère d’ores et déjà stimulante et riche pour chacun de nos lectrices et lecteurs. Les activités de L’Envers de Paris reprennent leur rythme avec l’élan et l’enthousiasme habituels. Vous trouverez dans cette newsletter les informations et les échos des prochains événements de notre champ.

Nous poursuivons également la recherche autour de notre thème d’étude : Fantasmes contemporains du corps qui nous guide et qui connecte les activités des groupes et des vecteurs. Les patients parlent souvent dans les séances de leurs corps et des embrouilles qui en dérèglent les fonctions. Ces corps, qui nous donnent consistance notamment à travers l’image, sont en même temps, nous dit J.-A. Miller : « la honte de la création, parce que ce sont des corps malades de la vérité. Ils sont malades parce que la vérité embrouille – la vérité, la vérité variable, la vérité qui parle, la vérité qui change – la vérité embrouille le rapport du corps avec le monde et avec le pur réel 1 ».

La question du corps n’est pas étrangère non plus au thème de nos prochaines Journées de l’École de la Cause freudienne, dont le titre Phrases marquantes, nous conduit à la marque que le signifiant imprime dans le corps du sujet.

Ce lien pour en savoir plus :

1.Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. L’expérience du réel dans la cure analytique », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, leçon du 2 juin 1999, inédit.

Vous pouvez cliquer sur ce lien pour recevoir toutes les informations concernant les J54 :

***

Je signale parmi les événements de la rentrée une soirée très importante : La rentrée des Cartels, dont vous trouverez tous les détails dans l’annonce de Stéphanie Lavigne, déléguée aux Cartels pour L’Envers de Paris, qui suit.

CARTELS

Le mois de septembre est un temps de travail particulier concernant les cartels. Chaque Association de l’École de la Cause freudienne (ACF) prépare la rentrée des cartels de l’ECF. Je peux déjà vous annoncer notre date de rentrée, organisée par L’Envers de Paris et l’ACF Île-de-France, qui se tiendra au local de l’ECF, le 17 octobre 2024 à 21h. Plusieurs exposés de cartellisants seront commentés par Katty Langelez-Stevens, notre extime. Le tirage au sort se fera lors de cette soirée afin de constituer de nouveaux cartels. Nous vous attendons nombreux pour ce moment de travail inédit, inventé par Lacan en 1964 [1] et toujours au cœur de son École.

1.Cf. Lacan J., « Acte de fondation », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 229-241.

Stéphanie Lavigne

Et maintenant, la parole aux responsables des vecteurs et des groupes de l’Envers de Paris :

VECTEUR LECTURES FREUDIENNES

Dans le paragraphe que nous venons de traduire, Freud cherche à situer dans l’enfance, le moment de « l’impression déterminante », qui forgera la perversion à l’âge adulte. Il avance que cette expérience remémorée n’est jamais rencontrée avant la sixième année et pourrait représenter l’héritage du complexe d’Œdipe.

Cette année 2024-2025, nous finirons de traduire « Un enfant est battu » en vue d’une publication. Étant donné que Freud intitule son texte : « Un enfant est battu », forme passive et impersonnelle, nous pourrions déduire qu’il considère que ce fantasme d’être battu est celui de tous, fils et filles, hommes et femmes. C’est une entrée du sujet dans le monde via le fantasme. « Me too » indique : moi aussi – comme tout le monde – j’appartiens au monde via ce fantasme. C’est un point crucial à mettre au travail lors de notre prochaine journée.

Nous nous retrouverons chez Susanne Hommel le mercredi 4 septembre à 21h, contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

SEMINARIO LATINO

« Comment parle-t-on de la folie aujourd’hui ? » 

HPI, HPE, TDA, Dys, TSA… Ces nouveaux signifiants donnent le tournis et pourtant ils ont complètement envahi la psychiatrie. Exit la psychopathologie ! La psychose, en tant que structure pour dire la logique de la folie, semble ainsi en voie de disparition. Aujourd’hui c’est le neuro qui s’impose comme diagnostic et qui tient le manche pour nommer-à-la-folie. Alors la psychose, un signifiant disparu ? Trois collègues parleront de leurs pratiques en institution. 

Nous vous attendons nombreux !

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org
L’argument du cycle d’étude 2024-2025 du Seminario Latino de Paris : 

Seminario Latino de Paris

VECTEUR LECTURES CLINIQUES

Ce vecteur fonctionne par cycle de deux ans articulés autour d’un thème et propose une lecture de textes de référence (S. Freud, J. Lacan, J.-A. Miller, É. Laurent…) sur la pratique d’orientation lacanienne. Nous faisons le pari que cette lecture à plusieurs, aide à découvrir et à redécouvrir de quoi est faite la boussole de la clinique lacanienne. Nous avons à cœur de faire des liens et des allers-retours entre les textes et la pratique des participants qui y exposent des cas cliniques.

La seconde année du cycle 2023-2025 sur La clinique différentielle va s’ouvrir en octobre prochain pour une année scolaire, jusqu’en juin 2025. Durant cette période, le vecteur se réunira cinq fois, chaque fois en présence d’un invité extime, le samedi de 15h00 à 18h00. C’est parfois la première occasion de prendre la parole, de présenter un exposé et d’en débattre à plusieurs. Pour que chacun puisse présenter son travail, le nombre de participants est limité. La commission d’organisation du vecteur est composée de : Andréa Castillo, Noa Farchi, Caroline Happiette*, Pauline Préau et Sophie Ronsin*.

Cette seconde année du cycle 2023-2025 sur La clinique différentielle qui s’ouvre en octobre peut accueillir quelques participants supplémentaires. Il reste quelques jours pour adresser votre demande par mail ; ou contacter les responsables.

Caroline Happiette : caroleilahapp@yahoo.fr
Sophie Ronsin : ronsinsophie@yahoo.fr

VECTEUR PSYCHANALYSE ET LITTERATURE

Comme nous l’avons annoncé en juin dernier, durant cette année 2024-2025 notre vecteur travaillera à dégager et à articuler les trois dimensions de l’imaginaire, du symbolique et du réel dans l’écriture littéraire de Chantal Thomas. L’article de J.-A. Miller « Les prisons de la jouissance 2 » sera notre premier appui d’orientation pour dégager la fonction de l’imaginaire dans l’écriture de son roman de 2022, Journal de nage. Si dans son premier enseignement, Lacan affirme la domination de l’instance du symbolique qui détermine le sujet sur les mirages de l’imaginaire, c’est dans son dernier enseignement qu’il noue ensemble les trois registres de l’imaginaire, du symbolique et du réel et leur donne à chacun une valeur égale. Ainsi, fait-il de l’imaginaire noué au symbolique, la forme qui montre et cache, montre pour cacher et fait exister ce qui ne peut se voir. Notre travail de vecteur commencera par interroger de quoi l’écriture littéraire de C. Thomas est l’écran.

Notre prochaine réunion aura lieu le lundi 16 Septembre à 20h par Zoom.

Pour y participer, contacter : litterature@enversdeparis.org

2. Miller J.-A., « Les prisons de la jouissance », La Cause freudienne, no 69, 2008, p. 113-123.

Pour rejoindre notre vecteur, contacter M.-C. Baillehache : litterature@enversdeparis.org

VECTEUR LE CORPS PAS SANS LA PSYCHANALYSE

Ce vecteur explore depuis quelques années différentes voies ouvertes par Freud et Lacan pour aborder le corps avec la psychanalyse, en prenant successivement différents angles d’approche : l’objet a, le corps à l’heure du numérique, l’image du corps…

Depuis mars 2024, nos travaux s’attachent aux fantasmes contemporains de corps. Ce titre proposé par Jacques-Alain Miller à Cinzia Crosali pour L’Envers de Paris ne pouvait qu’intéresser notre vecteur. Nous l’avons approché en nous intéressant notamment au corps marqué, par exemple par les tatouages, aux discours contemporains sur la santé du corps, à l’imaginarisation contemporaine de la maladie et aux occurrences du terme de « fantasme » dans l’œuvre de Lacan.

Nous voulons poursuivre cette réflexion au cours des prochains mois en conservant notre manière habituelle de travailler : à chaque rencontre, un membre du vecteur présente un texte qu’il a préparé en lien avec le thème commun qu’il soumet à la lecture de tous.

Certains de ces textes peuvent se retrouver ci-dessous sur le site L’Envers de Paris.

Les rencontres se tiennent une fois par mois au 76, rue des Saints-Pères dans le 7e arrondissement de Paris. Les dates sont fixées collectivement d’une réunion à l’autre.

Le vecteur, fondé par Géneviève Mordant, est actuellement coordonné par Baptiste Jacomino. Membres : Geneviève Mordant, Pierre-Yves Turpin, Guido Reyna, Martine Bottin, Isabelle Lebihan, Marie Faucher-Desjardins, Elisabetta Milan Fournier, Baptiste Jacomino.

Contact : baptistejacomino@gmail.com
Contact : corpsy@enversdeparis.org

VECTEUR PSYNEMA

Le vecteur Psynéma prépare activement la prochaine rencontre psychanalyse-cinéma qui aura lieu à Paris, le 19 septembre 2024, au 7 Parnassiens à 20h, autour de l’étonnant Rashômon d’Akira Kurosawa sorti en 1950. Ce sera l’occasion par ailleurs de parler de l’ensemble de la filmographie de ce géant du cinéma qui nous donne en effet du grain à moudre.

Quant à la difficile problématique des émotions si prégnantes aujourd’hui, dont le corps parlant est le siège, Lacan, le 27 juin 1962, dans son Séminaire « L’Identification »3 », fait une percutante référence à Rashômon :

« Et ce qui est le plus sensible, tout ce que nous pouvons en voir, se trouve dans les formes antiques de la lutte. Que ceux qui ont vu le film Rashômon se souviennent de ces étranges intermèdes qui soudain suspendent les combattants, qui vont chacun séparément faire sur eux-mêmes trois petits tours, faire à je ne sais quel point inconnu de l’espace une paradoxale révérence. Ceci fait partie de la lutte, de même que dans la parade sexuelle. Freud nous apprend à reconnaître cette espèce de paradoxe interruptif d’incompréhensible scansion 4 ».

Qu’est-ce que nous apprend en effet Akira Kurosawa sur le nouage complexe – fantasmatique à l’occasion – de l’émotion, du langage et du corps ? Que dit la psychanalyse sur ce point nodal ? Eh bien, nous le verrons le 19 septembre.

3.Lacan J., Le Séminaire, livre ix, « L’Identification », (1961-1962), leçon du 27 juin 1962, inédit.
4.Ibid.

Lien pour l’inscription à cette soirée, à ne pas manquer :

https://www.multicine.fr/evenements/24105-cine-club-lenvers-de-paris-rashomon/

Pour rappel, voici aussi les dates des prochaines séances ciné-débat qui auront lieu au Patronage laïque Jules Vallès à Paris (saison 2024-2025) – ainsi que les films concernés (les séances commencent à 14h).

  1. Samedi 12/10/2024 : Chantage (Blackmail) d’Alfred Hitchcock,
  2. Samedi 07/12/2024 : Ordet de Carl Theodor Dreyer,
  3. Samedi 01/02/2025 : Le festin de Babette de Gabriel Axel,
  4. Samedi 05/04/2025 : Reflection in a Golden eyes de John Huston.

Pour les rencontres qui auront lieu au cinéma les 7 Parnassiens retenir que les séances commencent à 20h :

  1. Jeudi 19 septembre 2024 : Rashômon d’Akira Kurosawa,
  2. Jeudi 5 décembre 2024 : La Chasse de Thomas Vinterberg.

Puis, dans le cadre d’un partenariat avec L’Institut Goethe, mis en place par Alexandra Fehlauer et Jessika Schlosser, le 29 janvier 2025 à 20h, au Cinéma Club 21, 23, rue des Écoles, aura lieu la projection de L’Ange bleu de Josef von Sternberg, premier film allemand parlants ; Nathalie Georges-Lambrichs sera notre invitée à cette occasion.  Film noir-policier

Le vecteur compte maintenant quinze membres : Maria Luisa Alkorta, Katie April, Karim Bordeau, Alexandra Fehlauer, Estelle Fredet, Anne Ganivet, Lila Kapur, Sophie Lac, Marie Majour, Vanessa Minkowski, Carole Niquet, Solenne Philippon, Jessika Schlosser, Leila Touati, Eugenia Varela Navarro,

Le vecteur Psynéma reste toujours ouvert à ceux qui veulent y travailler.

Karim Bordeau

 

Quant à la difficile problématique des émotions, dont le corps parlant est le siège, Lacan, le 27 juin 1962, dans son séminaire l’identitication, fait expressément rétérence
à Rashomon :
« Et ce qui est le plus sensible, tout ce que nous pouvons en voir, se trouve dans les formes antiques de la lutte. Que ceux qui ont vu le film Rashomon se souviennent de ces étranges intermedes qui soudain suspendent les combattants, qui vont chacun séparément faire sur eux-mêmes trois petits tours, taire à je ne sais quel point inconnu de l’espace une paradoxale révérence. Ceci tait partie de la lutte, de même que dans la parade sexuelle. Freud nous apprend à reconnaître cette espèce de paradoxe interruptit d’incomprehensible scansion. »
Qu’est-ce que nous apprend en effet Akira Kurosawa sur le nouage complexe et fantasmatique de l’émotion, du langage et du corps ? Que dit la psychanalyse sur ce point nodal ?

VECTEUR THÉATRE

La première rencontre organisée par le vecteur Théâtre et psychanalyse aura lieu le dimanche 24 novembre à 15h avec La Mouette de Tchekhov mise en scène par Stéphane Braunschweig au théâtre de l’Odéon. Vous pouvez déjà réserver votre place en envoyant un mail à l’adresse : theatreetpsychanalyse@gmail.com (prix des places 34€).

VECTEUR CLINIQUE ET ADDICTIONS

“Les premières fois”.

La première fois, c’est une occasion dont on se souvient, une rencontre, décidée ou pas, une marque, choisie ou refusée, un trauma. Elle peut faire énigme ou pas, décider du désir ou écraser. Une insondable décision de l’être laisse un choix. Qui peut être un “déchoix”. Mais le réel sonne toujours deux fois. Alors il y a plusieurs premières fois. 5 »

Rendez-vous à la rentrée prochaine pour une nouvelle saison des Conversations clinique & addictions ! Renseignements et inscriptions sur addicta.org/conversations

5. Miller J.-A., « Le choix de la psychose », La clinique psychanalytique des psychoses, Actes de l’ECF, 1983.

Avec le bureau de L’Envers de Paris, je vous souhaite une très belle rentrée et nous vous donnons RDV aux nombreux événements organisés par l’EdP et par l’École de la Cause freudienne.

Cinzia Crosali,
directrice de L’Envers de Paris.

VECTEUR LECTURES CLINIQUES 2024-25

VECTEUR LECTURES CLINIQUES 2024-25

Responsables : Caroline Happiette et Sophie Ronsin,
avec la participation d’Andréa Castillo, Noa Farchi et Pauline Préau.

Qu’est-ce qu’une clinique orientée par la psychanalyse ?Comment lire la clinique pour en dégager la singularité ?

Ce Vecteur fonctionne par cycle de deux ans articulés autour d’un thème et propose une lecture de textes de référence (S. Freud, J. Lacan, J.-A. Miller, É. Laurent…) sur la pratique d’orientation lacanienne. Nous faisons le pari que cette lecture à plusieurs aide à découvrir et à redécouvrir de quoi est faite la boussole de la clinique lacanienne. Nous avons à cœur de faire des liens et des allers-retours entre les textes et la pratique des participants qui y exposent des cas cliniques.
La seconde année du cycle 2023-2025 sur La clinique différentielle va s’ouvrir en octobre prochain pour une année scolaire, jusqu’en juin 2025. Durant cette période, le Vecteur se réunira cinq fois, chaque fois en présence d’un invité extime, le samedi de 15h00 à 18h00. C’est parfois la première occasion de prendre la parole, de présenter un exposé et d’en débattre à plusieurs. Pour que chacun puisse présenter son travail, le nombre de participants est limité. La commission d’organisation du vecteur est composée de : Andréa Castillo, Noa Farchi, Caroline Happiette*, Pauline Préau et Sophie Ronsin*.
Cette seconde année du cycle 2023-2025 sur La clinique différentielle qui s’ouvre en octobre peut accueillir quelques participants supplémentaires. Il reste quelques jours pour adresser votre demande par mail ; ou contacter les responsables.

Caroline Happiette : caroleilahapp@yahoo.fr
Sophie Ronsin : ronsinsophie@yahoo.fr