Le mois de juin s’ouvre à L’Envers de Paris avec nombreux évènements, en lien avec notre sujet de recherche : Fantasmes contemporains du corps. Nous poursuivons notre travail sur ce thème, en nous appuyant sur la notion du fantasme, dans sa double fonction : d’une part, faire barrière à la jouissance, et d’autre part, permettre de récupérer des bribes de jouissance, comme on peut le voir dans la construction que Freud fait du fantasme…
James Joyce lu par John Huston dans The Dead
James Joyce lu par John Huston dans The Dead
James Joyce lu par John Huston dans The Dead
par Elisabeth Gurniki
Le 4 octobre dernier au Patronage Jules Vallès, le charme a opéré une fois de plus à la projection du film Gens de Dublin de John Huston qui interprète avec chaleur et élégance une nouvelle de James Joyce sur la mort : The Dead.
Un bal annuel en période de Noël dans la société mélomane de Dublin avec la joyeuse hospitalité irlandaise, se termine dans l’intimité d’un couple, Gabriel et Gretta, à qui s’impose la présence d’un amoureux de Gretta « mort pour elle » il y a bien longtemps.
Après avoir adouci avec humour les tableaux de fête équivoque aux accents ironiques de Joyce, par le charme de la poésie gaëlique et une convivialité chaleureuse, John Huston oriente la confidentialité du couple autour de la mort vers une méditation sur la condition humaine.
Ainsi dans le dernier tableau Gabriel ne rejoint pas Gretta endormie dans ses pleurs pour l’amant mort, comme le dépeint Joyce dans la nouvelle où la neige recouvre de son linceul les ombres des vivants comme des morts. Huston ouvre un hors-champ sur le monde extérieur, avec Gabriel à la fenêtre, tourné vers la campagne blanchie, évoquant l’enneigement des tourbières de l’Ouest où il décide de partir en voyage. Son regard s’élève vers un nuage de flocons tourbillonnant dans le ciel, comme une aspiration au voyage et au rêve.
Alors le spectateur ne quittera pas l’écran sur l’évocation par Gabriel d’un effacement de son être dans un monde où se dissout la limite entre la vie et la mort : « Sa propre identité s’effaçait et se perdait dans la grisaille d’un monde impalpable [1] » écrit Joyce dans la nouvelle.
Car l’interprétation de John Huston donne corps aux personnages de la nouvelle. Elle échappe sensiblement au défaut du parlêtre que Joyce fait tenir par son écriture en nommant le réel, en donnant forme à LOM [2] et au monde qu’il fait surgir.
Cependant cette interprétation ouvrira peut-être au spectateur une fenêtre sur la singularité étrange et puissante du monde de Joyce… à découvrir.
[1] Joyce J., Gens de Dublin, traduction de Dubliners par Jacques Aubert, Paris, Gallimard, 1974, p. 268.
[2] Lacan J., « Joyce le Symptôme », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 565.




Mais je rêve !? Tu prends tes désirs pour des réalités ! Arrête tes histoires ! Même pas en rêve ! Ces discours courants voudraient chasser les rêves comme opposés à la réalité. Lacan révèle que la réalité et le désir – qui entretient les rêves – sont en continuité : le désir est l’essence de la réalité.






En novembre, le Seminario Latino de L’Envers de Paris poursuit son cycle d’études, « Signifiants dans l’air du temps », et prépare sa dernière soirée de l’année. Celle-ci aura lieu le mercredi 3 décembre en présence d’Adriana Campos comme invitée et sera consacrée au thème de la liberté et de l’autonomie.


Le vecteur Théâtre et psychanalyse organise une rencontre, le dimanche 23 novembre à 19h, avec Alain Françon pour sa mise en scène d’Oh les Beaux Jours ! de Samuel Beckett.
Nous avons le plaisir d’annoncer l’imminente parution du nouveau bulletin : Horizon 70, sous le titre subversif : Les illusions de la gentillesse.