REPÈRES POUR LA PSYCHOSE ORDINAIRE

REPÈRES POUR LA PSYCHOSE ORDINAIRE

Jean-Claude Maleval*

En librairie depuis le 10 septembre 2019 (diffusion Pollen CED) Et notamment sur ecf-echoppe.com>  NAVARIN ÉDITEUR à Paris 6ème

« C’est une création, que je conçois comme extraite [du] “dernier enseignement de Lacan” […] J’ai fait le pari que ce signifiant pouvait provoquer un écho ». Jacques-Alain Miller

Effet retour sur la psychose ordinaire

La psychose interroge. Elle inquiète : on préconise des protocoles sans même écouter les patients… L’enseignement de Lacan sur la structure psychotique et la notion de psychose ordinaire donnent une boussole. L’auteur relève les nouages originaux qui caractérisent la psychose ordinaire, un mode qui trouve ainsi à se stabiliser.

Quand manque un serre-joint au nœud du réel, du symbolique et de l’imaginaire, des phénomènes élémentaires perturbent le sujet. Il s’agit de repérer des signes discrets révélateurs d’un nouage restauré, bien que non borroméen, permettant l’arrimage dans un lien social. Nous découvrons ici nombre d’inventions des sujets pour suppléer à la fonction paternelle : création d’un sinthome, étayage sur une identification, raboutage de l’ego, orientation sur un fantasme, etc. – suppléances que favorise et soutient l’analyste.

La clinique de la psychose ordinaire débouche sur l’égarement de la jouissance contemporaine. Jacques-Alain Miller

 

*Jean-Claude Maleval, Psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne (ECF) et de l’Association mondiale de psychanalyse (AMP), professeur émérite de psychologie clinique. Il est notamment l’auteur de : Étonnantes mystifications de la psychothérapie autoritaire (Navarin/Le Champ freudien, 2012), Écoutez les autistes ! (Navarin, 2012), La Forclusion du Nom-du-Père (Seuil, 2000) et Logique du délire (Masson, 1996).

 

REPÈRES POUR LA PSYCHOSE ORDINAIRE – Sommaire

INTRODUCTION

I- APPRÉHENSION DE LA PSYCHOSE ORDINAIRE

  1. Discerner la psychose ordinaire
    Phénomènes élémentaires
    Une structure précocement identifiable
  1. Modes de stabilisation
    Le raboutage de l’ego
    Le concept de suppléance

 II – RATAGES DU NOUAGE BORROMÉEN

  1. Présence envahissante de l’objet a
    Émergence d’une jouissance hors limite
    Ébauches de pousse-à-la-femme
    Les entasseurs pathologiques
    Deuils pathologiques
    Un être rejeté
    Sacrifices salvateurs
    Confrontation à la volonté de jouissance de l’Autre
  1. Inconsistance du sujet et fuite du sens
    Ruptures de la chaîne signifiante
    Jouissance de la lettre
  1. Glissements imaginaires et troubles de l’identité
    Laisser-tomber du corps et émoussement affectif
    Le signe du miroir
    Le transitivisme.
    Le fonctionnement « comme si »
    Les imposteurs pathologiques
    La suridentification
    Le branchement sur un proche

III- SIGNES DISCRETS DE NOUAGES NON BORROMÉENS

  1. Fantasmes pris à une image indélébile
    Sept images indélébiles
    Images et solutions
    « Tu me fais  mal » – l’image insupportable
    Le bain comme rapport sexuel innocent
    On étrangle une femme : un scénario masturbatoire envahissant
    Une femme est maltraitée
    « La pendaison de Cattle Kate » et la jouissance du meurtre
    Fonctions des images indélébiles
  1. Sinthomes dans la psychose ordinaire
    Une jouissance au-delà de l’éjaculation précoce
    Une mère incastrable
  1. Du fantasme de changement de sexe au sinthome transsexuel
    Un tableau hétérogène
    Asymétrie du syndrome transsexuel
    Le rejet de l’inconscient
    Le devenir des transsexuels
    Retour sur la structure suppléante et la psychose ordinaire

CONCLUSION

NAVARIN ÉDITEUR À PARIS 6ème

 

Journée FIPA 14 mars 2020

Journée FIPA 14 mars 2020

Qu’attendre d’un traitement court ?
La psychanalyse comme boussole

Il y a exactement 100 ans, en 1919, Freud avait déjà conçu le projet de créer des centres psychanalytiques gratuits. Il proposait alors « d’adapter notre technique à ces conditions nouvelles » et prédisait : « Tout porte aussi à croire (…) que nous serons obligés de mêler à l’or pur de l’analyse une grande quantité du cuivre de la suggestion directe.(1) »

Dans les travaux et débats qui ont entouré la création des institutions de la FIPA (2), la question de cette « adaptation » s’est posée. Pour les CPCT, la limitation de la durée à 16 séances a étéretenue comme contrepartie de la gratuité. Cette limitation de la durée, Freud l’avait inventée avec l’Homme aux loups. Cela n’a pas été le choix de tous : pour d’autres institutions de la FIPA, le temps se joue plus entre continuité et discontinuité. Ce qui rassemble les institutions de la FIPA est cependant l’orientation donnée par J.-A. Miller : « Le traitement gratuit à durée limitée ne se justifie que s’il introduit à l’expérience psychanalytique (…) (3) ». Pas question donc de céder sur le discours analytique qui est notre boussole, ni de verser dans la psychothérapie.

La pratique dans les CPCT et les institutions apparentées est ainsi conçue sur le mode d’une première approche de la psychanalyse, d’un premier cycle (4). Mais quelles sont les spécificités d’un tel premier cycle, tant côté sujet que côté praticien ? Du côté de la technique se pose d’emblée la question du temps logique, tel que les scansions et les actes de l’analyste peuvent le produire (instaurer « une relation scandée » selon l’expression de J.-A. Miller (5). Nous observons également des spécificités du transfert qui se fait le plus souvent sur l’institution, et pas spécifiquement sur le praticien dont le nom reste souvent oublié.

Pour savoir ce qu’on peut attendre d’un traitement, enseignons-nous de notre expérience qui s’étend à présent pour nombre d’entre nous au-delà de la décennie. Quels sont les effets produits par cette pratique particulière ?

 

Les nombreux travaux de nos institutions (publiés ou pas) peuvent nous enseigner quant à leur nature. Obtenir une « rectification subjective (6) » ne serait déjà pas si mal disait S. Cottet. Qu’un sujet puisse « (…) concevoir que la réponse à sa question ne lui serait pas délivrée automatiquement par un autre, mais qu’il avait en lui-même les moyens d’y répondre (7) ». Nous parions sur la rencontre et sur l’effet de surprise : il est étonnant de constater combien les sujets s’approprient vite le dispositif qui leur est mis à disposition.

Pouvons-nous repérer des séries parmi les cas ? Par exemple celles qui seraient dans le registre de la « naissance de l’Autre », donc de la production d’un sujet, celles qui permettraient de céder, lâcher ou d’apaiser une jouissance coûteuse, ou d’éviter un passage à l’acte, un déclenchement. Les effets sur les corps ont souvent été relevés. Ailleurs il s’agit de restituer sa complexité à une situation, de traiter un énoncé traumatisant, ou de faire avec un Autre méchant…

Enseignons-nous donc de l’usage que les sujets rencontrés font de nous : « L’être de l’analyste, c’est cela : se faire un instrument, rien de plus. C’est quelque chose dont on se saisit pour s’analyser avec (8) ». Mais aussi de ce que les praticiens disent de leur activité, de leur expérience, de leurs inventions… Jérôme Lecaux, co-directeur de la journée FIPA.

Pour s’inscrire à la journée FIPA : https://www.causefreudienne.net/produit/3e-journee-de-la-fipa/

 

(1) Freud S., « Les voies nouvelles de la thérapeutique », La technique psychanalytique, PUF, 1953, p.141. Traduction revue par J. Lecaux.

(2 )La Fédération des institutions de psychanalyse appliquée est composée de 16 CPCT et 17 institutions ou initiatives apparentées, proposant des traitements gratuits.

(3) Miller J.-A., « Le salut par les déchets », Mental n°24, avril 2010, p.15. 4 Cf. « Effets thérapeutiques rapides en psychanalyse. La conversation de Barcelone » (sous dir. de J.-A. Miller), Collection du paon, Navarin 2005, p.71. 5 Ibid.

(6) « S’en tenir à la rectification subjective, c’est-à-dire à l’implication du sujet dans le désordre dont il se plaint ne serait déjà pas si mal. » S. Cottet, « Raccourcir le temps pour comprendre ? », in L’inconscient éclair, Collection rue Huysmans, Paris.

(7) Ibid .

(8)  Cf. « Effets thérapeutiques rapides… », op. cit ., p. 70.

Une soirée cinéma aux ateliers Varan

Une soirée cinéma aux ateliers Varan

Une soirée cinéma aux ateliers Varan

Mitra est le titre d’un long métrage de Jorge León. Ce film lui a été inspiré par la lecture des courriels échangés par Mitra Kadivar et Jacques-Alain Miller, publiés par l’Institut Lacan en 2012> .

Mitra Kadivar a fait appel à Jacques-Alain Miller, depuis l’hôpital psychiatrique de Téhéran, où elle a été emmenée et retenue contre sa volonté. Mitra ne voulait pas du traitement qu’on entendait lui administrer de force. M. Kadivar s’est donc adressée à celui qui a fondé l’Association Mondiale de Psychanalyse, dont elle est membre, et elle s’est fait entendre de lui, elle a obtenu réponses et appuis.

Attention : Mitra n’a rien d’un documentaire. C’est une création à part entière. C’est à un film que J. León a tout de suite pensé quand cet échange lui est tombé sous les yeux. Même s’il a commencé par concevoir un opéra, avec l’ensemble de musique contemporaine Ictus, il a mené de front les deux créations, et le film porte les traces de la performance musicale qui eut lieu à Bruxelles en mai 2018. Le premier point qui nous intéresse est le choix de ce média complexe pour approcher un champ qui ne l’est pas moins, et qui ainsi fait pièce au discours contemporain de Pipol 9 à Bruxelles grâce à Katty Langelez – où, l’année précédente, avait été justement représentée la pièce de Claudel intitulée L’Otage, qui forme le premier volet de la fameuse trilogie, dans une version inoubliable due à Louise Roch, Valentin Lherminier et Jacques Roch.

Il nous a beaucoup intéressés, à plus d’un titre. J. León est heureux qu’il puisse enfin être montré à Paris, et il a accepté notre invitation à rencontrer son public, le 16 janvier prochain à 20h30, aux Ateliers Varan.

Nous vous invitons dès maintenant à trouver sur internet les articles qu’Hervé Castanet – qui sera des nôtres le 16 janvier – a consacrés à J. León dans Lacan Quotidien(1), et l’ensemble du dossier de presse. Vous pourrez ainsi affiner vos questions, et les partager avec nous si le cœur vous en dit. Car J. León souligne aussi dans l’entretien cité plus haut, et nous ne doutons pas que vous y serez sensible, qu’il a « rencontré Mitra par les mots ».

Ateliers Varan,
6, Impasse de Mont Louis,
75011, Paris.
Métro : ligne 2, station Philippe Auguste.
Entrée : 10 euros, étudiants : 5 euros.
Accueil à partir de 20h00

Pour toutes demandes d’information vous pouvez contacter Nathalie Georges> ou Christiane Page> ou Agnès Vigué-Camus> 

 (1) Castanet H., « Que chante le réel »,  Lacan Quotidien, n° 777. https://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2018/05/LQ-777.pdf>

Lectures Freudiennes

Lectures Freudiennes

Lectures Freudiennes

Nous continuons à lire, à commenter et à traduire les textes de Sigmund Freud Metapsychologische Ergänzung zur Traumlehre – Complément métapsychologique à la Doctrine du Rêve – rédigés par Freud en 1916, donc pendant la Première Guerre Mondiale. Nous désirons transmettre ce que Freud nous a offert, cette ouverture de l’esprit, ce qui suit la Aufklärung, Les Lumières. Goethe est mort en 1832, Freud est né en 1856.

Nous étions restés sur la question de savoir comment le mode de satisfaction de désir non hallucinatoire pouvait être rétabli.

Nous pouvons trouver la réponse à cette question si nous déterminons avec plus de précision le système Cs, le système de la conscience. Jusqu’à présent nous ne l’avions pas clairement séparé du système Pc, du système préconscient. Déjà dans la Traumdeutung nous avons dû admettre que la perception est le résultat d’un effort d’un système tout à fait singulier qui montre des traits surprenants. Nous avons recouvert le système P et le système Cs dont le travail permet le devenir-conscient. Mais le devenir-conscient ne recouvre pas entièrement l’appartenance au système car nous avons appris qu’il est impossible que les images de souvenirs sensoriels trouvent à se loger dans le système Cs  ou P. Donc les images sensorielles ne peuvent pas être logées dans les systèmes Conscient et Perception, Cs et P. C’est une question pour nous. Elles ne peuvent pas être représentées par un signifiant ?


Notre prochaine rencontre aura lieu le mardi 3 décembre 2019 à 21 heures chez Susanne Hommel>