Édito mars 2025

Édito mars 2025

Édito février 2025

Cinzia Crosali,
Directrice de l’Envers de Paris

Chers membres et amis de L’Envers de Paris,

Le mois de mars revêt pour nous une grande importance, car c’est le moment de l’assemblée générale annuelle de notre association. Il s’agit d’une occasion précieuse pour se rencontrer, connaître les nouveaux inscrits, échanger, se confronter, lancer de nouveaux projets, passer un moment convivial autour d’un verre. Tous les membres de l’association y sont conviés et y sont attendus le 13 mars prochain, à l’adresse indiquée dans la convocation. Si un membre de L’Envers de Paris n’a pas reçu la convocation, merci d’écrire à : cinziacrosali@gmail.com

Mars est aussi le mois du printemps et de son réveil ; nous sommes sensibles à tous les types de réveils, car c’est le réveil qui nous oriente avec les effets du réel et ses irruptions. L’émergence du réel est précisément ce qui nous réveille, le réel affecte le corps et produit des tensions insupportables, dues au fait qu’on se cogne à l’impossible. Même s’il nous est impossible de nous réveiller complètement, nous pouvons néanmoins avoir un désir de réveil et énoncer avec Jacques-Alain Miller que cet impossible « n’interdit pas de le prendre pour fin, ce réveil 1 ». En tous cas, réveillés ou endormis, nous ne cessons pas de rêver, même avec les yeux ouverts. De quoi sont-ils faits ces rêves éveillés qui ont tellement intéressé Freud ? S’agit-il des pensées, des rêveries, des fantaisies, des fantasmes ? Et comment le corps y est-il impliqué ? C’est ce que nous continuons d’explorer à l’EdP, autour du notre thème de recherche, intitulé Fantasmes contemporains du corps, fil rouge qui nous accompagnera jusqu’à la fin de l’année.

Rêves et fantasmes sont aussi les deux signifiants que nous retrouvons dans le titre de la prochaine Journée de l’Institut Psychanalytique de l’Enfant, qui se tiendra le 22 mars prochain, de 9h à 18h au Palais des Congrès, 25 Avenue Victor Cresson, 92130 Issy-les-Moulineaux, sous le titre : Rêves et Fantasmes chez l’enfant.

Suivre ce lien pour en savoir plus.

Nous signalons enfin deux événements majeurs de notre champ, qui ont déjà mis au travail plusieurs membres de L’Envers de Paris : PIPOL 12 et les Journées de l’École de Cause freudienne.

Le prochain Congrès de l’EuroFédération de Psychanalyse, PIPOL 12 se tiendra les 12 et 13 juillet 2025 à Bruxelles, sous le titre : Malaise dans la Famille. 

Suivre ce lien pour en savoir plus.

Les 55es Journées de l’École de la Cause freudienne se dérouleront les 15 et 16 novembre 2025, au Palais des Congrès de Paris, sous le titre : Le Comique dans la clinique. Elles se tiendront uniquement en présence. Leur direction sera assurée par Laura Sokolowsky.

Nous vous invitons à participer nombreux à ces événements.

 

1. Miller J.-A., « Réveil », Ornicar ? n° 20-21, Paris, Lyse, été 1980, p. 52.  

Lire la suite

***

Suivons maintenant les informations sur l’activité des cartels et des vecteurs de l’EdP :


 

Cartels

« Y-aurait-il une possible analogie entre le Witz[1] et la structure même du cartel telle que Lacan l’a proposée ? Un cartel se structure autour d’un manque de savoir et le plus-un a la responsabilité de faire chuter de cette place tout ce qui viendrait la satisfaire trop vite et, par là même, de soutenir le désir de chacun à élaborer un savoir nouveau.[2] »

De la lecture de Freud à Lacan, Chloé Lefebvre nous donne un bout de savoir sur « Le Witz en cartel », à lire dans le dernier numéro de Cartello en suivant ce lien :

https://www.causefreudienne.org/newsletters/le-witz-en-cartel/

Contact Paris cartels : Stéphanie Lavigne

1. Freud S., Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, Paris, Gallimard, 1930.
2. Lefebvre C., « Le witz en cartel », Cartello n° 45, octobre 2024, publication en ligne.


 

Vecteur Lectures freudiennes

Nous continuons de lire et traduire l’article que Freud écrit en 1919 : « Ein Kind wird geschlagen – Un enfant est battu ». Dans ce paragraphe, l’examen du « matériel » masculin conduit Freud à se demander si une structure symétriquement inverse de celle présente dans le « matériel » féminin peut se retrouver. Tel n’est pas le cas : là où le fantasme de la deuxième phase est inconscient chez les femmes, il semble conscient chez les hommes. Citons le dans notre traduction : « Nous avons l’habitude, de promettre aux impuissants psychiques, qui se soumettent à notre traitement, un rétablissement positif, mais devrions aussi être plus prudents dans ce pronostic, aussi longtemps que la dynamique du trouble nous est inconnue. C’est une méchante surprise, lorsque l’analyse nous dévoile comme cause de l’impuissance “simplement psychique” une position exclusivement masochiste, peut-être enracinée depuis longtemps. Chez ces hommes masochistes on fait donc une découverte, qui nous avertit de ne pas poursuivre pour l’instant l’analogie avec les circonstances présentes chez la femme, mais de juger l’état des choses par lui-même ».

Nous nous retrouverons chez Susanne Hommel le jeudi 6 mars 2025 à 21h, contact :  lectures-freudiennes@enversdeparis.org

contact lectures-freudiennes@enversdeparis.org

 


 

Seminario Latino

Likes, reels, stories, selfies, IRL, skins… une pluralisation de signifiants liés aux réseaux sociaux se fait présente dans le discours contemporain et notre clinique en témoigne. Le smartphone, objet-gadget par excellence, interroge les nouvelles modalités de faire lien social. L’imaginaire prend le dessus sur l’ordre symbolique. Comme conséquence nous avons les multiples facettes de ce que dégage l’aliénation dans l’axe imaginaire, berceau de l’agressivité et de la rivalité : allant d’un pousse-au-narcissisme et construction d’un moi numérique à la montée de la haine promue par l’ère virtuelle. Les écrans du numérique peuvent-ils venir court-circuiter le voile structurant du fantasme ?

Exit Œdipe, place à Narcisse !

Lors de cette soirée qui aura lieu le mercredi 19 mars à 21h à la Maison de l’Amérique Latine en présence de Laurent Dupont, psychanalyste membre de l’ECF, nous explorerons les effets subjectifs de l’usage des écrans sur le rapport à l’image du corps et au narcissisme.

Nous vous attendons nombreux !

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

Vous pouvez consulter l’argument du cycle d’étude 2024-2025 du Seminario Latino de Paris sur : enversdeparis.org/seminario-latino-de-paris


 

Vecteur Lectures cliniques

La seconde année du cycle 2023-2025 sur « La clinique différentielle » s’est ouverte en octobre pour une année scolaire. Durant cette période, le vecteur se réunira cinq fois, chaque fois en présence d’un invité extime. Nous avons déjà reçu Adela Bande-Alcantud, Ricardo Schabelman et Ariane Chottin. Au mois de mars, nous recevrons Cinzia Crosali, psychanalyste membre de l’ECF.  Nous aurons l’occasion de prendre la parole, de présenter un exposé et d’en débattre à plusieurs. Pour que chacun puisse présenter son travail, le nombre de participants est limité. La commission d’organisation du vecteur est composée de : Andréa Castillo, Noa Farchi, Caroline Happiette, Pauline Préau et Sophie Ronsin.

Responsables : Caroline Happiette, Sophie Ronsin
Contact : vlc.enversdeparis@gmail.com

 


 

Vecteur Psychanalyse et littérature

R. Barthes soutient dans Le plaisir du texte, que la littérature n’est pas un simple divertissement et qu’elle ancre son fondement dans une jouissance qui ne peut pas s’écrire. Pour rendre compte de cette jouissance du langage, il se réfère au processus d’écriture de Sade dans lequel il dégage la fonction de la coupure entre deux usages du langage. Au bon usage du langage dans « son état canonique, tel qu’il a été fixé par l’école, […], la littérature, la culture[1] », un usage subversif vient y faire coupure. L’écriture littéraire vise ces deux usages « sage » et « mobile[2] » du langage et les met en scène. Chaque écrivain a sa manière propre d’user et de mettre en scène cette coupure lui assurant un compromis symptomatique entre, d’un côté, l’Autre du discours commun où s’exerce le plaisir du texte et, de l’autre côté, la faille subversive de l’Autre où se manifeste une jouissance hors sens, mais créatrice d’un sens nouveau. Pour Chantal Thomas, R. Barthes, dont elle a suivi les séminaires, est une référence lui ouvrant la voie de la mise en jeu de son « corps érotique[3] » dans sa modalité d’écriture. À partir d’une courte nouvelle de son choix tirée de La vie réelle des petites filles, chaque vecteurisant, lors de notre prochaine réunion de mars, exposera comment Chantal Thomas coupe son texte de plaisir avec une jouissance scandaleuse et productrice d’« un terme excentrique, inouï[4] ».

Notre prochaine réunion aura lieu par Zoom, le 3 mars à 20h

Responsable : Marie-Christine Baillehache.
Contact : litterature@enversdeparis.org


1.Roland Barthes, Le plaisir du texte, Paris, Seuil, 1973, p. 13.
2. Ibid.
3. Ibid., p. 26.
4. Ibid., p. 74.

 


 

Vecteur Le corps, pas sans la psychanalyse

Lors de notre rencontre de février, nous avons analysé le dernier défilé de mode de Julien Fournié, « First Circus », auquel les membres de notre vecteur étaient invités. Des fantasmes du corps s’y laissent deviner : fantasmes bien connus du corps androgyne ou du corps militaire, fantasme christique que le corps du créateur lui-même vient à incarner… Mais le défilé indique aussi un au-delà du fantasme à travers la mise-en-scène d’un certain chaos d’images et de sons qui renvoie au corps réel jouissant, celui que les vêtements recouvrent tout en y renvoyant. Comme d’autres productions contemporaines du luxe, du commerce ou de l’art, ce défilé manifeste l’ambition d’embrasser le corps du public tout entier, par tous les sens à la fois, à la manière de ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler « une expérience totale » – pour reprendre les signifiants en vogue par lesquels ce fantasme se dit souvent.

Prochaine rencontre : le 11 mars à 20h30 au 76 rue des Saints-Pères.

Membres du vecteur : Geneviève Mordant, Pierre-Yves Turpin, Guido Reyna, Martine Bottin, Isabelle Lebihan, Marie Faucher-Desjardins, ElisabettaMilan Fournier, Ana Dussert, Baptiste Jacomino (coordinateur).

Responsable : Baptiste Jacomino

Contact : corpsy@enversdeparis.org

 


 

Vecteur Psynéma

La prochaine projection suivie d’un débat organisé par le vecteur Psynéma aura lieu, le jeudi 27 mars 2025 à 20h00, au cinéma Les 7 Parnassiens (Paris 14e – métro Vavin).

En hommage au grand cinéaste David Lynch récemment disparu, nous avons choisi de vous présenter LOST HIGHWAY (1997) qui fait écho au thème, Fantasmes contemporains du corps, de la prochaine Journée de L’Envers de Paris et de l’ACF-IdF. Dans ce film, structuré comme une bande de Moebius où imaginaire et réel se rejoignent, D. Lynch décline ses thèmes favoris, axés, outre l’objet regard, sur l’objet voix qui est au cœur de son œuvre.

Nous reprendrons ces différents points lors de notre réunion de travail fixée le mercredi 26 février à 20h30..

Contact : vecteur.psynema@gmail.com

Responsables du vecteur : Marie Majour et Leïla Touati.


Réservation :  www.multicine.fr


 

Vecteur Théâtre

La prochaine rencontre du vecteur Théâtre et psychanalyse aura lieu dimanche 13 avril à 15h, aux ateliers Berthier de l’Odéon, autour de L’Amante anglaise, de Marguerite Duras. Francesca Biagi Chai a accepté notre invitation à venir débattre avec la metteuse en scène, Emilie Charriot et c’est Eva Carrere Naranjo qui animera la rencontre.

Contact : theatreetpsychanalyse@gmail.com.

 


 

Vecteur Clinique et addictions

La prochaine Conversation Clinique & Addictions aura lieu le mercredi 5 mars 2025. Mathilde Braun interviendra sous le titre : « Vivre ou mourir ».

Vivre ou mourir, telle est sa question. La consommation de substance psychoactive protège ce jeune sujet du pire, mais l’oblige à un entre-deux invivable pour lui et insupportable pour ses proches.
Nous verrons quels effets et écueils le commencement d’une cure par la parole produit sur le sujet qui, jusque-là, avait choisi de se taire.

Renseignements et inscriptions sur addictia.org/conversations


 

***

Le dernier numéro de notre bulletin, Horizon 69, est disponible à la librairie de l’ECF.

Pour l’achat on-line: https://www.ecf-echoppe.com/produit/dans-la-jungle-du-numerique/

 


 

Nous vous attendons nombreux aux rendez-vous et aux événements de ce mois à L’Envers de Paris et à l’École de la Cause freudienne.

Cinzia Crosali

Directrice de L’Envers de Paris

 

Quelques associations libres sur le thème « Fantasmes contemporains du corps »

Quelques associations libres sur le thème « Fantasmes contemporains du corps »

Quelques associations libres sur le thème
« Fantasmes contemporains du corps[1] »

Grigory Arkhipov

 

Il convient de cerner ces trois termes : 1) fantasme ; 2) contemporanéité ; 3) corps.

On trouve les repères du fantasme dans le texte de J.-A. Miller : « le fantasme comme rêverie, le fantasme comme moyen de jouissance […] et “le fantasme dit fondamental, [qui] donne son cadre à toute la vie mentale du sujet[2]” ».

La contemporanéité, avec la notion d’hypermodernité, nous semble opportune ; le préfixe hyper- (qui désigne « le trop, l’excès[3] ») fait surgir la dimension surmoïque propre à notre époque. Les impératifs néolibéraux se concrétisent sous la forme des superhéros dont les corps revêtent cet aspect du trop – voir The Boys, série satyrique qui met l’envers jouissif (la gourmandise du surmoi) de ces déités à nu.

L’excès de la chair hypermoderne habite le body horror. La protagoniste du film La Substance est remake du Dr Faust et de Dorian Gray. Pour contrer le vieillissement, elle s’adresse à un laboratoire qui lui garantit la jeunesse éternelle, mais à quelques conditions… Ce drame caustique met en scène un corps féminin hypersexualisé dont le revers nauséabond est une substance informe qui insiste malgré, ou plutôt grâce à toutes les techniques scientifiques.

La science, maintenant. Dans son livre La Science de la résurrection[4], S. Charpier aborde une question qui évoque celle que Lacan a posée dans son séminaire sur Joyce (« à partir de quand est-on fou ?[5] ») : à partir de quand est-on mort ? Les soins intensifs qui permettent de sauver un patient, créent des dilemmes éthiques qui augmentent l’espace de l’entre-deux morts. La mort cérébrale produit un être plongé dans une jouissance qui semble végétative. Comment penser l’existence d’un corps rejeté hors du fantasme, mais qui peut néanmoins mûrir, se reproduire et même réagir aux mots ? De nombreux films essayent de répondre à cette question, thrillers ou films d’auteurs comme Almodóvar avec Habla con ella (2002).

Parlant de la mort, nous ne pouvons pas ignorer la guerre qui a éclaté sur notre continent en 2022. La guerre a toujours été un moteur du progrès. Les exploits d’une agence du Département de la Défense des États-Unis (DARPA) dans le domaine de la bionique font exister des corps qui pulvérisent le cadre des théories évolutionnistes classiques. Ce nouveau corps dit augmenté est paradoxal en ce qu’il naît d’un corps mutilé. Un cyber-objet serait susceptible de remplacer une livre de chair perdue ?

Nous ne pouvons pas négliger la question de l’espace : ce qui relevait auparavant du domaine de l’État est désormais transféré à la propriété privée. Le tourisme cosmique devenant de plus en plus accessible nous confronte à un corps plongé dans l’espace kantien reconstruit dans la navette.

Pour aborder le corps, les trois registres : symbolique, imaginaire et réel permettent un repérage fécond.

Le corps symbolique est un « monument[6] » marqué par des stigmates, scarifications et tatouages en constante augmentation. Le corps lui-même et sa jouissance peuvent faire l’objet d’un pacte symbolique. Ainsi, le rôle des contrats dans les pratiques BDSM consiste à encadrer des pratiques perverses.

Le corps imaginaire nous renvoie aux images embellies à l’aide des filtres superposés qui abondent sur les réseaux sociaux. Selon une récente étude de l’IFOP, de plus en plus de Français (surtout des jeunes) déclarent ne pas avoir de rapports sexuels[7]. En dehors des changement sociétaux qui entraînent une diminution du commerce charnel, tandis qu’un tiers du trafic sur le web mondial serait lié à la pornographie. De quoi témoignent ces flots d’images corporelles obscènes ?

C’est le corps réel qui nous renvoie au problème du fantasme fondamental, qui ne peut se construire que dans l’analyse.

En effet, si la pandémie a favorisé le travail psy en visio, rien ne remplace la présence des corps, celui du patient et celui de l’analyste. Ce point est constamment remis sur le métier.

 


[1] Ce texte est en partie le produit d’un travail de cartel.
[2] Miller J-A., « Propos sur La Logique du fantasme », La Cause du désir, n° 114, juillet 2023. p. 69
[3] Aubert N., « L’individu hypermoderne et ses pathologies », L’information psychiatrique, vol. 82, n° 7, 09/2006, p. 606
[4] Charpier S., La Science de la résurrection. Ils ont repoussé les frontières de la mort, Flammarion, 2020.
[5] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome (1975-76), Paris, Seuil, 2005, p. 77
[6] Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », dans Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 259
[7] Duffaut M., « Sexualité post-MeToo : les Français font de moins en moins l’amour, mais “ mieux ” », France Inter, 06/02/2024. (https://www.radiofrance.fr/franceinter/sexualite-post-metoo-les-francais-font-de-moins-en-moins-l-amour-mais-mieux-2473860).

Édito février 2025

Édito février 2025

Édito février 2025

Cinzia Crosali,
Directrice de l’Envers de Paris

« La rêverie, si on prend les choses par la rêverie fantasmatique, ça fait tout de suite valoir les deux aspects, deux registres du fantasme. D’abord, je dirais, une fonction imaginaire – ne serait-ce que parce que le fantasme comporte apparemment, des formes, des personnages, une scène, et comme un petit roman […] À côté de cette dimension imaginaire, qui paraîtra aussi de premier plan, il y a une dimension symbolique du fantasme […] on peut même poser […] qu’une phrase en est le support, et même le résumé, ou même que, le fantasme, c’est une phrase, c’est la phrase « Un enfant est battu ». Et, je dirais que ces deux aspects du fantasme […] sont ceux que Lacan a présentés d’abord […] c’est-à-dire qu’il lui a paru d’abord, qu’il était toujours, dans le fantasme, question de corps. De corps, mais évidemment, plutôt du corps comme enveloppe, du corps comme forme, ce corps tel qu’il est présenté dans le petit scénario lacanien du Stade du miroir, c’est le corps comme forme totale, qui justement, peut apparaître comme l’enveloppe de tout ce qui nous est donné d’avoir accès, en tant que désir, cette forme du corps, c’est l’épitomé du désir 1 ».

Nous continuons notre réflexion autour du thème Fantasmes contemporains du corps, thème qui nous accompagnera toute l’année, et qui traverse la recherche des vecteurs, des cartels et des groupes de travail. Nous interrogeons la clinique et la théorie psychanalytique sur ce thème en connexion avec les différents savoirs et disciplines qui nous entourent.

En ce mois de février, l’événement à ne pas manquer est : Question d’École, le 8 février 2025 de 10hà 18h à la Mutualité. Cette année, Question d’École abordera deux thèmes distincts. La matinée se tiendra sous le titre, Ce que l’École te donne à lire.  L’après-midi, nous mobilisera autour du thème, Les troubles neuro-développementaux. Suivre le lien pour en savoir plus.


1. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Du symptôme au fantasme et retour » (1982-1983), enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, cours du 3 novembre 1982, inédit.

Lire la suite

***

Nous lisons maintenant les nouvelles concernant les cartels et les vecteurs :


 

Cartels

Nous entamons notre deuxième année autour du thème, Fantasmes contemporains du corps. Ces deux années de réflexions orientées par le discours analytique feront l’objet d’une Journée, prévue le 6 décembre 2025. D’ailleurs, certains d’entre vous ont déjà écrit plusieurs textes sur ce sujet. Le cartel est un très bon moyen d’étudier les différentes références de Freud et de Lacan, en lien avec notre thème. Par exemple des sujets tels que le malaise dans la civilisation, les fantasmes, le corps imaginaire, symbolique et réel, le discours de la science, du capitalisme… pourraient être interrogés à plusieurs. Nous vous invitons dès aujourd’hui à ne plus hésiter à vous réunir en cartels afin de travailler joyeusement avec quelques autres.

Stéphanie Lavigne

Contact Paris cartels : enversdeparis-cartels@causefreudienne.org

 


 

Vecteur Lectures freudiennes

Nous continuons de lire et de traduire l’article que Freud a écrit en 1919 : « Ein Kind wird geschlagen – Un enfant est battu ». Dans ce paragraphe il précise : trois moments structurent la transformation du fantasme d’être battu : le premier et le dernier sont conscients, mais le moment intermédiaire est et reste inconscient. C’est le moment masochiste, où la petite fille qui fantasme est aussi celle qui dans le fantasme est battue par le père. Cette description permet à Freud d’introduire une remarque révélatrice : passant de cette phase intermédiaire à la dernière, la petite fille va « changer de sexe » (ihr Geschlecht wechseln), puisque l’enfant battu ne sera plus fille, mais garçon. Dans ce passage, la petite fille se fantasme garçon.

Nous nous retrouverons chez Susanne Hommel le jeudi 6 février à 21h,

contact lectures-freudiennes@enversdeparis.org

 


 

Seminario Latino

En février, l’équipe du Seminario Latino de L’Envers de Paris se réunira pour préparer ses activités de l’année autour de son thème d’étude, « Signifiants dans l’air du temps », dont sa prochaine soirée prévue pour le mois de mars sur la question du narcissisme, avec la participation de Laurent Dupont en tant qu’extime.

Plus de renseignements à venir.

Responsables : Flavia Hofstetter et Nayahra Reis
Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

Vous pouvez consulter l’argument du cycle d’étude 2024-2025 du Seminario Latino de Paris sur : enversdeparis.org/seminario-latino-de-paris

 


 

Vecteur Lectures cliniques

Ce vecteur fonctionne par cycle de deux ans articulés autour d’un thème et propose une lecture de textes de référence (S. Freud, J. Lacan, J.-A. Miller, É. Laurent…) sur la pratique d’orientation lacanienne. Nous faisons le pari que cette lecture à plusieurs, aide à découvrir et à redécouvrir de quoi est faite la boussole de la clinique lacanienne. Nous avons à cœur de faire des liens et des allers-retours entre les textes et la pratique des participants qui y exposent des cas cliniques.

La seconde année du cycle 2023-2025 sur « La clinique différentielle » s’est ouverte en octobre pour une année scolaire, jusqu’en juin 2025. Durant cette période, le vecteur se réunira cinq fois, chaque fois en présence d’un invité extime, le samedi de 15h à 18 heures. Il a reçu Adela Bande-Alcantud en octobre et Ricardo Schabelman en décembre. Il recevra en février Ariane Chottin. C’est parfois la première occasion de prendre la parole, de présenter un exposé et d’en débattre à plusieurs. Pour que chacun puisse présenter son travail, le nombre de participants est limité. La commission d’organisation du vecteur est composée de : Andréa Castillo, Noa Farchi, Caroline Happiette, Pauline Préau et Sophie Ronsin.

Responsables : Caroline Happiette, Sophie Ronsin
Contact : vlc.enversdeparis@gmail.com

 


 

Vecteur Psychanalyse et littérature

En février, le vecteur Psychanalyse et littérature poursuivra le lien que C. Thomas n’a pas cessé d’entretenir avec les écrits de R. Barthes sur l’écriture littéraire. À partir du choix de la nouvelle-fragment que chaque vecteurisant aura prélevé dans son recueil, La vie réelle des petites filles, nous dégagerons les éléments structuraux avec lesquels chacun de ces textes traite de la jouissance en jeu. En se référant à R. Barthes et à son carnet des notes préparatoires à son séminaire de 1973, Le plaisir du texte, nous relèverons avec précision et rigueur comment C. Thomas manie de façon singulière les repères fondamentaux barthiens de la coupure, de la faille dans l’Autre et de l’enjeu de corps nécessaire à la production d’une écriture inédite. Le texte de J.-A. Miller « L’inconscient et le corps parlant 1 » nous permettra de préciser des points de conjonction et de disjonction entre la conception barthienne du plaisir du texte et de la jouissance du texte et l’orientation lacanienne différenciant « la jouissance de la parole qui inclut le sens 2 » et « la jouissance propre au sinthome3 » qui tient au corps et exclu le sens.

Notre vecteur est ouvert à qui désir s’enseigner de la littérature pour approfondir l’orientation de la psychanalyse de Freud, Lacan et J.-A. Miller.

Notre prochaine réunion aura lieu le lundi 10 février à 20h par Zoom.

Responsable : Marie-Christine Baillehache.
Contact : litterature@enversdeparis.org


1. Miller J.-A., « L’inconscient et le corps parlant », La Cause du désir, n° 88, octobre 2014, p. 111.
2. Ibid.
3. Ibid.

 


 

Vecteur Le corps, pas sans la psychanalyse

Nous avons relu l’article de Daniel Roy « La mode : une fashion addiction ? » 1 suite à notre discussion avec un créateur de haute couture : Julien Fournié. Daniel Roy amène à s’interroger sur la privation qu’implique la mode pour le parlêtre dès lors qu’il ne peut jamais la posséder toute. Elle ouvre sur une jouissance indéfinie, qui se diffracte, entre autres, en jouissance de parler de mode, jouissance sublimatoire de la couture, jouissance de voir et d’être vu, ou encore, pour tel sujet, jouissance orale de la succion d’un tissu… Abordée sous cet angle, la mode ne peut pas être lue comme la simple conséquence d’un discours du temps. Si le signifiant est bien à l’œuvre dans la mode pour agrafer quelque chose de la jouissance du corps, il ne suffit ni à l’expliquer ni à la mortifier.

Prochaine rencontre, le 18 février à 19 h, au 76 rue des Saints-Pères.

Membres du vecteur : Geneviève Mordant, Pierre-Yves Turpin, Guido Reyna, Martine Bottin, Isabelle Lebihan, Marie Faucher-Desjardins, Elisabetta Milan Fournier, Ana Dussert, Baptiste Jacomino (coordinateur).

Responsable : Baptiste Jacomino

Contact : corpsy@enversdeparis.org


1. https://www.lacan-universite.fr/wp-content/uploads/2016/12/4_DRoy.pdf


 

Vecteur Psynéma

La prochaine projection/débat organisée par le Vecteur Psynéma aura lieu, le 1er février 2025, à 14h, au Patronage Laïque Jules Vallès, Paris 15e. Il s’agira du Festin de Babette, film réalisé par Gabriel Axel en 1987, inspiré d’un conte norvégien de Karen Blixen. Comme dans Ordet de Carl Th. Dreyer projeté en octobre, l’histoire se déroule dans une communauté luthérienne du Danemark au XIXe siècle. Ce film poétique, à l’esthétique très raffinée, est une réflexion sur la religion. La démarche de l’artiste centrée sur les plaisirs de la bouche est interprétée ici par Stéphane Audran, actrice chabrolienne s’il en est. Lacan nous indique qu’il y a deux bouches qui s’ouvrent, celle du besoin et celle de la demande articulée au désir, où se manifeste une sensualité qui n’est pas sans rappeler celle commentée par Lacan à propos de la scène « des huîtres d’Ostende » dans Bel-Ami de Maupassant 1.

Inscription ici :  https://www.patronagelaique.eu/agenda-cine-debats

Notre vecteur est ouvert à toute personne qui désire articuler la psychanalyse et le cinéma.

Nous contacter : vecteur.psynema@gmail.com

Lors de notre prochaine réunion de travail, dont la date sera précisée ultérieurement, nous discuterons du film, Reflets dans un œil d’or, de John Huston (projection prévue au Patronage Laïque le 5 avril).  


1. Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre V, Les Formations de l’inconscient, texte établi par J.-A., Paris, Seuil, 2004, p. 76-79.

 


 

Vecteur Théâtre

Le vecteur Théâtre et psychanalyse vous donne rendez-vous au théâtre du Rond-Point, le dimanche 9 février à 15h, pour assister à la pièce Neandertal de David Geselson, mêlant histoire des ancêtres et histoires intimes. Un débat aura lieu à l’issue du spectacle, avec David Geselson, le metteur en scène et Dalila Arpin. Il sera animé par Olivia Bellanco. Vous pouvez réserver vos places sur la billetterie du théâtre du Rond-Point, avec le code préférentiel COLLECTIFPSY.

Contact : theatreetpsychanalyse@gmail.com.

 


 

Vecteur Clinique et addictions

La prochaine Conversation Clinique & Addictions aura lieu le 5 février 2025. Tomás Verger tentera de répondre aux questions suivantes en s’appuyant sur un cas clinique : Comment un sujet qui ne recourt pas à la perspective attributive propre à la logique phallique peut-il habiller le sexe ? Les toxiques ne sont pas exclus de la question du corps. Comment contribuent-ils à l’usage du corps quand il n’y a pas la perspective attributive ?

Renseignements et inscriptions sur addictia.org/conversations

 


 

***

Le dernier numéro de notre bulletin, Horizon 69, est disponible à la librairie de l’ECF.

Pour l’achat on-line: https://www.ecf-echoppe.com/produit/dans-la-jungle-du-numerique/

 


 

Nous vous attendons nombreux aux rendez-vous et aux événements de ce mois à L’Envers de Paris et à l’École de la Cause freudienne.

Cinzia Crosali

Directrice de L’Envers de Paris

 

Édito janvier 2025

Édito janvier 2025

Cinzia Crosali,

Directrice

Avec le bureau je tiens à vous présenter, nos meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Qu’elle soit une année pleine de rencontres, d’activités et de surprises, pour tout un chacun.  Notre association repart, après la pause de fin d’année, chargée de nouvelles énergies et pleine de projets intéressants. Nous continuons à travailler sur le thème Fantasmes contemporains du corps, à interroger avec ce prisme de lecture, l’actualité, le cinéma, le théâtre, la littérature, la clinique et à tisser les connexions entre la psychanalyse et la cité, selon la vocation de L’Envers de Paris. 

La parole est maintenant aux responsables des vecteurs et des groupes de travail de notre association pour suivre les propositions de ce mois de janvier 2025, riche en projets et en activités. 

***

VECTEUR LECTURES FREUDIENNES

Nous continuons de traduire l’article que Freud écrit en 1919 : « Ein Kind wird geschlagen-Un enfant est battu ». Citons-le dans notre traduction : « Pourtant la deuxième phase du fantasme, inconscient et masochiste, d’être battu soi-même par le père, est sans comparaison plus importante. Non seulement elle continue d’agir par la phase qui se substitue à elle ; mais il y a des effets sur le caractère qui sont à prouver, qui dérivent immédiatement de sa version inconsciente. Des humains, qui portent avec eux un tel fantasme, développent une sensibilité et une irritabilité particulières contre des personnes qu’ils peuvent ranger dans la série paternelle ».

Nous nous retrouverons chez Susanne Hommel, le mercredi 8 janvier à 21h. Contact lectures-freudiennes@enversdeparis.org

SEMINARIO LATINO

En 2025, le Seminario Latino de L’Envers de Paris poursuit l’investigation de son thème d’étude, « Signifiants dans l’air du temps » et prépare sa prochaine soirée prévue pour le mois de mars sur la question du narcissisme, avec la participation de Laurent Dupont en tant qu’extime 

Plus de renseignements à venir.

Responsables : Flavia Hofstetter et Nayahra Reis

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

Vous pouvez consulter l’argument du cycle d’étude 2024-2025 du Seminario Latino de Paris sur : enversdeparis.org/seminario-latino-de-paris

VECTEUR LECTURES CLINIQUES

Notre prochaine réunion du vecteur Lectures cliniques se tiendra le samedi 2 février.

En prenant appui sur ce texte de référence qu’est la « Note sur l’enfant » (1969), nous pourrons aborder la clinique différentielle à partir du statut que peuvent prendre l’enfant et son symptôme au regard du fantasme maternel et du couple parental.

Avec Ariane Chottin comme extime, nous échangerons à partir des lectures proposées par Marcela Fernandez Zosi et Manuel Rabesahala et d’un cas clinique que nous présentera Isabelle Marty.

L’atelier se tiendra au CSAPA La Corde Raide, passage Gatbois, 75012 Paris (métro Gare de Lyon) de 15h à 18h.

Responsables : Caroline Happiette, Sophie Ronsin

Contact : vlc.enversdeparis@gmail.com

VECTEUR PSYCHANALYSE ET LITTERATURE

En janvier 2025, le vecteur Psychanalyse et littérature continuera son travail de lecture du roman de Chantal Thomas, La vie réelle des petites filles et en dégagera la logique du processus d’écriture. Il s’agira non pas tant de relever les différentes anecdotes romanesques des 57 cinquante-sept nouvelles brèves et disparates composant son recueil autofictionnel, mais de prélever les signifiants sur lesquels cet écrivain s’appuie pour traiter symboliquement le réel de jouissance qui lui fait problème. C’est en se référant explicitement aux écrits de R. Barthes dont elle a suivi les séminaires à l’EPHE de 1968 à 1977, que C. Thomas introduit dans le texte de chacune de ses nouvelles, un élément supplémentaire qui apparaît en excès. Cet élément ajouté à son texte déjà constitué est une subversion ouvrant une énigme. Ce trop « est à la fois la tentation de nommer et l’impuissance à nommer […] : il est ce bout de la langue, d’où va tomber plus tard, le nom, la vérité [1]». Ainsi, dans la nouvelle étudiée lors de notre réunion de décembre et choisie par Valérie Chevassus, Une petite fille toute seule, sur une grande route déserte, c’est frais…, C. Thomas met en scène une petite fille dont le plaisir de collectionner les poupées du monde entier est bouleversé par la vue de l’exposition des poupées de Hans Bellmer. C’est dans cet espace vide qui sépare radicalement la collection des corps féminins représentés dans leur unité imaginaire et symbolique par la petite fille et les corps féminins fragmentés représentés par l’artiste Hans Bellmer, que C. Thomas pointe l’énigme du trou dans l’Autre, S(Ⱥ).  Entre l’artiste écrivain et la petite fille de sa nouvelle, il y a un réel qui ne s’écrit pas.

Notre prochaine réunion de vecteur aura lieu par Zoom à 20h, le lundi 27 janvier.

Contacter Marie-Christine Baillehache : litterature@enversdeparis.org

1. Roland Barthes, S/Z, Paris, Seuil, 1970, p. 63.

VECTEUR LE CORPS PAS SANS LA PSYCHANALYSE

Lors de notre dernière réunion, nous avons relu collectivement l’entretien que nous avions eu en novembre avec le créateur de haute couture Julien Fournié, notamment en commençant de le confronter au texte « La mode : une fashion addiction ? » de Daniel Roy, qui pointe en quoi le vêtement vient meubler un manque et en quoi la mode, à l’heure de la mort du Père, s’inscrit dans une temporalité en proie à l’objet a faite de stases, de surprises, de surgissements… L’une des questions qui se pose est de savoir si la période actuelle ne donne pas à voir une poussée du réel dans la mode, une montée de ce que le corps peut avoir d’inquiétant, dans les images qu’elle diffuse, succédant à une mode antérieure qui semblait promettre un idéal pour tous. 

La dernière rencontre a eu lieu le 1er janvier à 18h, au 76 rue des Saints-Pères. 

Membres du vecteur : Geneviève Mordant, Pierre-Yves Turpin, Guido Reyna, Martine Bottin, Isabelle Lebihan, Marie Faucher-Desjardins, Elisabetta Milan Fournier, Ana Dussert, Baptiste Jacomino (coordinateur).

Contact : corpsy@enversdeparis.org

VECTEUR PSYNEMA

La prochaine projection/débat organisée par le vecteur Psynéma aura lieu le 1er février 2025, au Patronage Laïque Jules Vallès, Paris 15e. Il s’agira du film Le festin de Babette réalisé par Gabriel Axel en 1987, inspiré d’une nouvelle de Karen Blixen.

Inscription ici : https://www.patronagelaique.eu/agenda-cine-debats

Notre vecteur est ouvert à toute personne qui désire articuler la psychanalyse et le cinéma. 

Notre prochaine réunion de travail aura lieu le 16 janvier 2025, vers 20h à Montparnasse.

Nous contacter : vecteur.psynema@gmail.com

VECTEUR CLINIQUE ET ADDICTIONS

La prochaine Conversation « Clinique et addictions » aura lieu mercredi 8 janvier. Claudio Maino s’interrogera, à partir de la clinique, sur la relation commune entre la toxicomanie et deux des passions que Lacan a isolées dans le Séminaire, « Les Non-dupes errent » : l’amour et la haine.

Renseignements et inscriptions sur : addicta.org/conversations 

VECTEUR THÉATRE


pièce de David Geselson mêlant histoire des ancêtres et histoires intimes, au théâtre du Rond-Point, le dimanche 9 février à 15h. Une rencontre aura lieu à l’issue du spectacle, avec David Geselson, le metteur en scène et Dalila Arpin, animée par Olivia Bellanco. Vous pouvez réserver vos places sur la billetterie du théâtre du Rond-Point, avec le code préférentiel COLLECTIFPSY.

Contact : theatreetpsychanalyse@gmail.com.

Le dernier numéro de notre bulletin, Horizon 69, est disponible à la librairie de l’ECF. Pour l’achat on-line : https://www.ecf-echoppe.com/produit/dans-la-jungle-du-numerique/

En vous attendant nombreux aux rendez-vous et aux événements organisés par L’Envers de Paris, je vous souhaite, de nouveau une très belle année 2025.

Cinzia Crosali
Directrice de L’Envers de Paris

Chantal Thomas : du sens à la résonnance

Chantal Thomas : du sens à la résonnance

par Marie-Christine Baillehache

Chantal Thomas : du sens à la résonnance
Le secret du Journal de Nage

En 2021, C. Thomas commence l’écriture de son journal intime et se fait attentive aux sentiments intenses, fragmentaires et aux idées floues, éparses qui la traversent. Elle les travaille avec des mots et des images pour les sauver de l’incohérence, du non-sens et de l’oubli. Elle précise, limite et fixe les fragments de pensées et d’émotions qui lui arrivent dans un présent fugitif et refuse l’anecdote et le factuel. Par son effort symbolique et imaginaire, elle construit un assemblage où chaque fragment n’est pas clos sur lui-même mais reste en lien d’échos et de répétitions avec les autres fragments. En amarrant et orientant l’écriture de cet assemblage de fragments au S1 Nage, elle en noue les images éparses, fugitives, inoubliables à des mots choisis et compose l’unité imaginaire et symbolique d’un autoportrait qu’elle titre Journal de Nage.

Ce signifiant Nage, elle le choisit en référence au corps de son Autre maternel. « Je commence ma saison des bains avec la plage fréquentée par ma mère. Avec elle, donc. Avec son corps de jeune fille, la rapidité de ses gestes, sa spontanéité. Elle me pousse à écrire plus vite d’un seul jet. A me jeter dans le langage comme elle se jetait à l’eau.[1]» Ce S1 Nage est « un signifiant représentatif dans l’Autre[2]» qui stabilise et limite les idées et les éprouvés insistant et agitant confusément tout son corps. Il traite la jouissance en lui assurant une « normalisation libidinale […] [qui est] en opposition à la turbulence de mouvements dont [elle] s’éprouve l’animer[3]». Par son écriture, C. Thomas renoue avec l’expérience constitutive du stade du miroir dans sa double fonction de cerner le corps jouissant du sujet dans une forme visible qui est en extériorité à lui-même et qui est élevée à la hauteur du signifiant. Écrire, c’est plonger dans l’eau de sa jouissance de corps et l’accrocher à un S1 ayant un effet de castration limitative et d’un plus-de-vie. Son art littéraire met en lumière que « le support fondamental des images du corps des autres et du corps propre est le Nom-du-Père.[4]» Son Journal de Nage crée un autoportrait révélant que « le secret de l’image, le secret du champ visuel, c’est la castration.[5]» 

Le corps jouissant du Journal de Nage 

Avec cet effet de castration du signifiant Nage sur la jouissance retenue dans l’image, C. Thomas donne par là même à sa jouissance de corps « l’armure enfin assumée d’une identité aliénante[6]» et « donne existence à ce qui ne se présente et ne se représente pas, c’est-à-dire le manque[7]». Ce manque qui n’est pas pris dans l’image visible et le signifiant dicible est occupé par un objet de corps qui satisfait un plus-de-vie. Courant, insaisissable, entre les signifiants, cet objet est un plus-de-jouir « répondant au désir[8]» en appelant au sens. Encrée au S1 Nage, l’écriture de C. Thomas produit un effet de castration limitant sa jouissance diffuse de corps et met en jeu son plus-de-jouir (a) radicalement énigmatique. L’être et le corps jouissant qu’elle lui donne est indissociablement lié à l’Autre « qui entérine le sens de ce qui est dit et du désir[9]».

Dans son tout dernier enseignement, Lacan met au premier plan la jouissance qui est « celle du corps qu’on appelle le corps propre et qui est le corps de l’Un. Il s’agit d’une jouissance qui est primaire au sens où il n’est que secondaire qu’elle soit l’objet d’un interdit[10]». Cette jouissance du corps propre est produite par un signifiant qui fait évènement de jouissance dans le corps. C. Thomas fait directement dépendre son écriture de son Journal de Nage d’une phrase marquante lue dans le Journal de Kafka. Dans son combat pour résister au « désespoir de son corps[11]», Kafka écrit : « l’Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. Après-midi piscine[12] ». Cette phrase frappante ouvre son corps au mystère du « grand bain des sensations[13]» et c’est ce corps qui se jouit qu’elle noue à son écriture pour qu’elle ait un ton, un rythme, des résonnances habités par une sensualité réelle.


[1] Thomas C., Journal de Nage, Seuil, éd. Points, 2022, p. 29.
[2] Miller J.-A., « L’image du corps en psychanalyse », La Cause freudienne, n o 68, 2008, p. 99.
[3] Lacan J., « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 94-95.
[4] Miller J.-A., « L’image du corps en psychanalyse », op. cit., p. 98.
[5] Ibid., p. 100.
[6] Lacan J., « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je », op. cit., p. 97.
[7] Miller J.-A., « L’image du corps en psychanalyse », op. cit., p. 116.
[8] Ibid., p. 121.
[9] Ibid.
[10] Ibid.
[11] Thomas C., Journal de Nage, op. cit., p. 21.
[12] Ibid., p. 22.
[13] Ibid., p. 100-101.