ÉDITO SEPTEMBRE 2023

ÉDITO SEPTEMBRE 2023

PARISLEAKS SEPTEMBRE 2023

Chers Membres et Abonnés,

En cette rentrée de vacances, les activités de l’Envers de Paris démarrent avec force.

Vous trouverez ci-dessous le détail des nouvelles de nos vecteurs, mais aussi les affiches de leurs activités ainsi que le thème des prochaines journées de l’ECF « Interpréter, scander, ponctuer, couper », le 18 et 19 novembre prochain.

L’Envers de Paris et l’Association de la Cause freudienne préparent une journée sous le titre « Les nouveaux symptômes du numérique », le 9 décembre prochain, au Centre Sèvres Paris, au 35 bis rue des Sèvres, 75006 Paris.

Vous trouverez en bas de page le lien pour lire l’argument et vous inscrire.

Lors de cette journée, nous recevrons des invités qui travaillent dans le domaine de la linguistique, des rencontres en ligne, de l’adolescence et des changements dans la société qui dialogueront avec des psychanalystes afin de cerner les modifications singulières passées et à venir provoquées par l’avènement du numérique, cette nouvelle révolution. Il y aura aussi la possibilité d’échanger avec la salle. Les inscriptions sont déjà ouvertes. Il suffit de cliquer sur le lien figurant sur le dépliant pour procéder au paiement. Il n’y aura pas d’inscription sur place.

Nous comptons sur votre présence !

 

Le vecteur Seminario Latino organise une activité sous le titre : « Commencer une analyse en institution ? »

Les sujets débarquent dans les diverses institutions avec une plainte, une demande, une question… Et parfois, dans ce contexte, ils rencontrent un analyste. Est-ce pour certains d’entre eux l’occasion d’éveiller le désir d’aller plus loin dans leur demande ? Serait-ce l’occasion pour d’autres de faire une première expérience de l’inconscient, de commencer une analyse ?

Voici les questions que l’on explorera lors de la première soirée de l’année du Seminario Latino, consacrée au thème du prochain grand congrès américain, l’ENAPOL « Commencer une analyse ». Lors de cette soirée, les interventions seront discutées par Xavier Esqué et les responsables de l’organisation de l’ENAPOL de chaque École américaine. Elle aura lieu le mercredi 13 septembre à 21h par Zoom, en Espagnol.

Nous vous attendons nombreux !

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

 

 

En cette rentrée, le vecteur Théâtre et psychanalyse vous propose, dans le cadre du Festival d’automne, de venir assister à la représentation de Edelweiss [France Fascisme] de Sylvain Creuzevault aux Ateliers Berthier, le dimanche 15 octobre 2023 à 15h. Dans une comédie qui interroge les fondements du fascisme, Sylvain Creuzevault met en scène des figures historiques de la droite nationale dans la France des années 40.

Anaëlle Lebovits-Quenehen a accepté notre invitation de venir débattre avec Sylvain Creuzevault à l’issue de la représentation. Vous pouvez réserver vos places en écrivant un mail à theatreetpsychanalyse@gmail.com (prix préférentiel de 29€).

Contact : theatre@enversdeparis.org

 

 

Le vecteur Le corps pas sans la psychanalyse propose, pour la séance de rentrée le 13 septembre, de continuer à explorer – comme nous l’avons fait pour « ghoster » – le vaste domaine des nouveaux mots de la langue introduits par (ou émergents avec) l’usage du numérique tels que « crush » dans le domaine des échanges amoureux, ou encore « NFT », « complosphère », etc. pour tenter d’en cerner les effets qu’ils peuvent avoir sur le corps. Que peut-on attendre de l’emploi des nouveaux mots du numérique sur le sujet ? Va-t-on vers une uniformisation des liens ?

Par ailleurs, langue, parole et discours étant construits avec des sons, dont le support est la voix, nous pourrons aussi aborder les problèmes posés par l’emploi des voix désincarnées des intelligences artificielles, à l’instar de celle de « Lara » chez Meetic, célèbre site de « rencontres amoureuses en ligne, véritables et durables » destinées à « changer la vie des gens » (voir l’interview de Matthieu Jacquier sur BFM-TV le 07 Janvier 2022).

Contact : corpsy@enversdeparis.org

 

 

Le vecteur des Lectures Cliniques commence son troisième cycle de travail de deux ans. Nous sommes en train d’accueillir les demandes de participation des personnes souhaitant rejoindre notre espace de réflexion clinique.

Notre travail est centré sur la psychanalyse appliquée en institution et s’adresse en priorité à des nouveaux venus, désireux d’étudier et de discuter à plusieurs les textes cliniques de S. Freud, J. Lacan, J.-A. Miller et E. Laurent pour y mettre en relief la logique et la dynamique de l’orientation lacanienne. Ce sera notre boussole pour l’élaboration des cas cliniques, présentés par les participants du vecteur. Pour certains, ce sera l’occasion de parler de leur clinique pour la première fois devant d’autres collègues.

Lors de chaque réunion deux participants vont, chacun, dire en quelques mots leur questionnement, issu de la lecture des textes de référence et susciter ainsi une discussion générale, qui va faire appel aux lectures et à l’expérience clinique de chacun (en tant que clinicien et / ou en tant qu’analysant).

Dans notre vecteur nous poursuivons la méthode du travail mise en place par Pascale Fari : « faire cas du texte » et « élever le texte théorique à la dignité d’un cas ».

Pour que chaque participant du vecteur puisse prendre une part active aux discussions et faire les présentations s’il le souhaite, le nombre de vectorisants est limité à une vingtaine.

Les réunions de notre vecteur ont lieu un samedi après-midi par mois, de 15h00 à 18h00. Chacune de ces réunions est préparée par une rencontre entre le cartel d’organisation et les collègues qui vont présenter une intervention clinique ou théorique lors de la prochaine réunion.

Ce principe, qui constitue une des originalités de notre vecteur, a montré son intérêt dans le peaufinement du travail présenté à l’ensemble du Vecteur des lectures cliniques. Comme l’a noté Pascale Fari, la fonction du cartel d’organisation est d’animer le travail du vecteur, cerner les questions, les mettre en perspective car « mettre en relief un point vif aide à ne pas éviter le tranchant, les arêtes, le réel du texte » et du cas clinique.

Pour s’inscrire et prendre part à notre vecteur on peut nous contacter à l’adresse : clinique-lacan@enversdeparis.org

 

 

La prochaine réunion du vecteur Psynéma aura lieu le 7 septembre à 21h. Ils préparent le prochain événement Psychanalyse cinéma qui aura lieu le 14 octobre au Patronage Laïque Jules Vallès, 72 AV. Felix Faure, 75015, à 14 h. Le film projeté sera L’inconnu du Nord-Express d’Alfred Hitchcock.

Contact : psynema@enversdeparis.org

 

 

À bientôt de vous revoir dans nos activités,

 

Dalila Arpin

 

Directrice de l’Envers de Paris

 

 

ÉDITO JUIN 2023

ÉDITO JUIN 2023

PARISLEAKS JUIN 2023

Chers Membres et Abonnés,

Nous aurons prochainement l’occasion de nous réunir pour le 7ème Congrès Européen de Psychanalyse Pipol 11, organisé par l’Eurofédération de Psychanalyse, le 1 et 2 juillet prochains à Bruxelles : « Clinique et critique du patriarcat ». Un rendez-vous très attendu pour reprendre les travaux en présentiel, après plusieurs années d’activités à distance, en raison de la pandémie du Covid. Mais aussi et surtout une belle opportunité pour répondre aux discours qui se veulent accusateurs à l’égard de la Psychanalyse, voyant en elle un véhicule des idées réactionnaires. Loin de là, l’invention freudienne revisitée par Lacan est plus que jamais d’une grande actualité. Ainsi, Freud s’interrogeait déjà sur la position des sujets névrosés qui s’empêchaient d’aller au-delà du père et Lacan, avec l’introduction de la jouissance féminine, met les jalons d’un tout autre paradigme qui tient compte des femmes d’une manière inédite.

Voici l’argument préparé par Guy Poblome, Directeur de Pipol 11 :

Le retour du patriarcat

Le thème du patriarcat, s’il était devenu désuet, revient aujourd’hui en force et serait même tenu pour responsable du malaise contemporain. Il a émergé dans les studies qui nous viennent des universités américaines, les médias s’en font l’écho. Mais il s’entend aussi dans le discours des analysants. C’est à partir de cet angle clinique que nous aborderons cette question pour l’élargir aux enjeux sociétaux actuels.

Considéré comme un système social, culturel et économique, construit pour la domination et l’exploitation des femmes par les hommes, des minorités de race, de classe ou de genre, par la majorité blanche, colonialiste, bourgeoise et hétéronormée, le patriarcat rassemble contre lui les luttes féministes, les idéologies dites woke, et l’activisme de la communauté LGBTQIA+.

La psychanalyse a, depuis son invention par Freud, participé à la remise en cause de l’ordre patriarcal. Aujourd’hui, paradoxalement, elle serait accusée d’être complice de son maintien en plaçant le père au centre de la subjectivité humaine. Lacan l’avait noté en 1971 – c’est alors la seconde vague du féminisme – l’Œdipe, « soi-disant, […] instaure la primauté du père, qui serait une espèce de reflet patriarcal »[1].

La carence du père

 

[1] Poblome, G., Argument du 7ème. Congrès Européen de Psychanalyse, le 1 et 2 juillet 2023, à lire sur le site du Congrès : PIPOL – EuroFédération de Psychanalyse (europsychoanalysis.eu).

Les 18 et 19 novembre prochains auront lieu les 53èmes Journées de l’Ecole de la Cause Freudienne, sous le titre : « Interpréter, scander, ponctuer, couper ». Les inscriptions sont ouvertes dores et déjà.

 

Et maintenant, quelques nouvelles de la Commission des cartels et de nos vecteurs, avant la parenthèse estivale :

 

Commission de cartels :

Le cartel est l’organe de base de l’École, comme le souligne Lacan. C’est le cœur de son mode de travail. Ce que le cartel met en avant, c’est que pour la psychanalyse, le savoir n’est pas universel. Au contraire, tout savoir est à construire. Le produit des cartels va ainsi de l’universel au singulier.

Le 10 juin 2023, de 10h30 à 13h00, l’ACF Île-de-France et L’Envers de Paris organisent une matinée intercartels qui aura pour titre : « Ce que produit un cartel ». À cette occasion, Clotilde Leguil sera notre extime afin de discuter trois textes qui mettent en avant des produits du cartel. Cela sera aussi l’occasion de discuter du fonctionnement du cartel, et de son importance au sein de l’École de la Cause freudienne. L’évènement aura lieu au Centre Sèvres, 35 bis rue de Sèvres, 75006 Paris.

Inscription préalable : enversdeparis-cartels@causefreudienne.org

Participation de 10 euros sera demandée

On vous attend nombreux.

Rosana Montani-Sedoud, déléguée des cartels l’ACF Île-de-France

Soledad Peñafiel, déléguée des cartels l’Envers de Paris

 

Vecteur Le corps pas sans la psychanalyse.

Lors de notre dernière réunion du vecteur « Le corps, pas sans la psychanalyse », nous avons finalisé l’article « Il m’a ghosté.e » que nous voulons proposer pour publication dans la prochaine issue d’Horizon. Puis nous avons discuté sur les différents thèmes des tables rondes organisées pour la Journée de l’Envers de décembre, dans la perspective de constituer le vecteur en cartel pour la préparation d’animation des débats de cette Journée et éventuellement la rédaction d’articles à soumettre pour une édition hors-série d’Horizon.
La prochaine réunion aura lieu le Mercredi 14 Juin à 18h30 à Cachan.

Contact : corpsy@enversdeparis.org

Seminario Latino :

« [La] science physique se trouve, va se trouver ramenée à la considération du symptôme dans les faits, par la pollution de ce que du terrestre on appelle […] l’environ­nement (*) », disait déjà Lacan en 1971.

Il avait vu juste. Au XXIème siècle, il n’est pas un jour où nous ne sommes rappelés à l’état de dégradation de notre planète, où nous ne sommes appelés au réveil, à changer nos habitudes pour tenter d’y faire barrage. Nos enfants nous font aujourd’hui la leçon, ils font le compost à l’école et nous rappellent que l’huile de palme est proscrite. Fin de l’insouciance qui régnait auparavant : enfants, jeunes, artistes relayent le message, transforment leur mode de vie.

Que peut dire la psychanalyse par rapport à cette forme particulière du malaise dans la civilisation ? Comment cette angoisse se présente dans la clinique ? Ce réel nous annonce la fin, une fin. De quoi, de qui ?

Le “Seminario Latino” de l’Envers de Paris vous invite à une conversation animée par Marie-Hélène Brousse sur cette question d’actualité, à la Maison de l’Amérique latine le mercredi 28 juin à 21h. La soirée se tiendra en français et en présence.

Contact : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

 

Vecteurs lectures freudiennes :

Nous suivons pas à pas la lecture du texte de Freud, « Un enfant est battu ». Alors que la personne qui bat reste la même, le fantasme s’énonce ainsi : « je suis battu par le père ». L’essentiel de ce que nous avons traduit lors de cette dernière rencontre concerne le fantasme : il n’est jamais remémoré mais construit au cours de l’analyse. Ce qui, pour Freud, est une nécessité.

 « La deuxième phase…. est la plus lourde de conséquences. Mais on peut dire d’elle en un certain sens qu’elle n’a jamais eu d’existence réelle. Elle n’est en aucun cas remémorée. Elle n’a jamais pu parvenir à la conscience. Elle est une construction de l’analyse, mais en cela pas moins une nécessité. ».  Notre prochaine lecture aura lieu le mercredi 7 juin 2023 à 21h.

Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

Vecteur Psynéma :

Voici les films qui seront projetés à la rentrée prochaine : L’inconnu du nord express (soulignez les titres ou italiques) de Hitchcock, le 14 octobre 2023, The Big Lebowski des frères Coen, le 2 décembre 2023, Zatoichi de Kitano, le 10 février 2024, Marathon Man de Schlesinger, le 30 mars 2024. .
Les projections seront suivies d’un débat avec un.e psychanalyste, au Patronage laïque Jules Valles .

Le vecteur fera une réunion de préparation le 20 juin à 21 h.

Contact : psynema@enversdeparis.org

 

Vecteur Littérature et Psychanalyse :

Dans son roman Mémoire de fille, Annie Ernaux revient sur sa première rencontre avec la sexualité. A 18 ans, alors qu’elle est monitrice dans une colonie et pour la première fois loin du regard de sa mère dont la surveillante étroite l’a tenue jusque-là « à l’écart des garçons comme du diable »[1], elle éprouve qu’« elle crève d’envie de faire l’amour mais par amour seulement. »[2] En cet été 1958, elle ignore tout de « cet acte mystérieux qui introduit au banquet de la vie […] et sur lequel pèsent l’interdit et l’effroi des conséquences »[3]. Mais, cette énigme qui la concerne au plus intime d’elle-même, elle l’attend avec un désir ardent et en dépit d’« une grande insécurité de langage et de manière. »[4]. Il lui suffira, lors d’une surprise-partie, de la rencontre contingente avec le regard intense et le désir impérieux et sans retenue du moniteur-chef pour qu’elle se fasse soumise à celui-là qui « est pour elle du côté de ceux qui dirigent. »[5] Son désir, piégé par le regard de l’Autre, s’est effacé.

« Elle a abdiqué toute volonté, elle est entièrement dans la sienne. »[6]

Le rapport sexuel qui s’en suit, son premier, la jeune femme de 18 ans le vit sans honte mais comme « seulement l’obéissance à ce qui arrive, l’absence de signification de ce qui arrive. »[7] Son désir y est réduit à la soumission à la loi phallique indiscutable et universelle où s’impose « une sauvagerie masculine qu’un jour ou l’Autre il lui aurait bien fallu subir. »[8] Fatalité du rapport sexuel qui fait croire qu’il y en a un.

Tout-au-long de son roman, A. Ernaux déplie les conséquences de cette rencontre avec la jouissance du Non-rapport-sexuel qui l’a laissée, à 18 ans, sans pensée et sans corps, sans règle et en proie aux humiliations de ses paires. Elle en décrit le parcours depuis la « fille chiffon » qui « est dans l’affolement de la perte, dans l’injustifiable de l’abandon »[9] jusqu’à sa retrouvaille avec « les bornes du corps. »[10]

C’est cette « traversée périlleuse » de la jeune femme de 18 ans qu’A. Ernaux fut et qui l’a menée 50 ans plus tard « au port de l’écriture »[11] , que notre Vecteur Psychanalyse et Littérature suivra en assistant, le Dimanche 11 Juin au théâtre du Vieux-Colombier, à l’adaptation théâtrale qu’en a fait Silvia Costa.

Contact : littérature@enversdeparis.org

 

Le Vecteur des Lectures Cliniques va commencer son troisième cycle de travail de deux ans à la rentrée 2023. Nous sommes en train d’accueillir les demandes de participation des personnes souhaitant rejoindre notre espace de réflexion clinique.

Notre travail est centré sur la psychanalyse appliquée en institution et s’adresse en priorité à des nouveaux venus, désireux d’étudier et de discuter à plusieurs les textes cliniques de S. Freud, J. Lacan, J.-A. Miller et E. Laurent pour y mettre en relief la logique et la dynamique de l’orientation lacanienne. Ce sera notre boussole pour l’élaboration des cas cliniques, présentés par les participants du Vecteur. Pour certains, ce sera l’occasion de parler de leur clinique pour la première fois publiquement.

Lors de chaque réunion deux participants vont, chacun, dire en quelques mots leur questionnement, issu de la lecture des textes de référence et susciter ainsi une discussion générale, qui va faire appel aux lectures et à l’expérience clinique de chacun (en tant que clinicien et / ou en tant qu’analysant).

Dans notre Vecteur nous poursuivons la méthode du travail mise en place par Pascale Fari: “faire cas du texte” et “élever le texte théorique à la dignité d’un cas”.

Pour que chaque participant du Vecteur puisse prendre une part active aux discussions et faire les présentations s’il le souhaite, le nombre de vectorisants est limité à une vingtaine.

Les réunions de notre Vecteur ont lieu un samedi après-midi par mois, de 15h00 à 18h00. Chacune de ces réunions est préparée par une rencontre entre le cartel d’organisation et les collègues qui vont présenter une intervention clinique ou théorique lors de la prochaine réunion.

Ce principe, qui constitue une des originalités de notre Vecteur, a montré son intérêt dans le peaufinement du travail présenté à l’ensemble du Vecteur des lectures cliniques. Comme l’a noté Pascale Fari, la fonction du cartel d’organisation est d’animer le travail du Vecteur, cerner les questions, les mettre en perspective car « mettre en relief un point vif aide à ne pas éviter le tranchant, les arêtes, le réel du texte » et du cas clinique.

Cette méthode, nous l’avons également appliquée lors de la réunion du 13 mai quand nous avons travaillé ensemble le chapitre V Tuché et automaton du séminaire des Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse de Jacques Lacan. Le questionnement de Cécile Boultez a souligné avec finesse l’aspect partitif de la répétition, tandis que Caroline Happiette, grâce à une vignette clinique très élégante, a mis en lumière le fait que le transfert n’est pas la répétition et que c’est la présence de l’analyste qui est la condition de l’interprétation. C’était également le fil conducteur du cas clinique présenté par Manuela Rabesahala qui a suscité une discussion très riche et animée.

Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org

 

Le Vecteur Addictions nous informe que la prochaine Conversation du TyA aura lieu le lundi 19 juin. Marie Salaün interviendra sous le tire : Fumer pour « rentrer entre parenthèses »

À partir de la situation de Claire, nous proposons d’interroger une forme d’usage singulier du cannabis dans un cas de psychose ordinaire.

Contact : addicta.org/conversations

 

En attendant de vous retrouver dans l’un ou plusieurs de nos rendez-vous, je vous souhaite un bel été, plein de belles découvertes et de lectures inspirantes.

Dalila Arpin

Directrice de L’Envers de Paris

(*) Lacan J., « Lituraterre », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p.18.

[1] Annie Ernaux, Mémoire de fille, Paris, Ed. Gallimard, 2016, p. 30.

[2] Ibid., p. 31.

[3] Ibid., p. 32.

[4] Ibid., p. 28.

[5] Ibid., p.45.

[6] Ibid., p. 48.

[7] Ibid., p. 50.

[8] Ibid., p. 48.

[9] Ibid., p. 55.

[10] Ibid., p. 161.

[11] Ibid., p. 158.

ÉDITO MAI 2023

ÉDITO MAI 2023

PARISLEAKS MAI 2023

Chers Membres et Abonnés,

 Le mois de mai est marqué par la tenue du XXIème Congrès de la New Lacanian School, « Malaise et angoisse dans la clinique et dans la civilisation », le 20 et 21 mai prochain. Il aura lieu par Zoom, selon une modalité déjà usuelle dans notre champ : le samedi sera consacré à des exposés cliniques dans des salles simultanées et le dimanche, des exposés dans des salles plénières. Il sera consacré à l’étude des répercussions sur le corps au XXIème siècle, comme le pose Daniel Roy, Président de la NLS, dans l’argument : 

Renseignements et inscriptions :  

www.amp-nls.org/calendar/xxie-congres-internationale-nls-malaise-et-angoisse-dans-la-clinique-et-dans-la-civilisation/

Inscriptions ouvertes : 

www.causefreudienne.org/evenements/interpreter-scander-ponctuer-couper/

Le prochain spectacle proposé par le vecteur théâtre et psychanalyse aura lieu le dimanche 4 juin à 15h aux ateliers Berthier du théâtre de l’Odéon (1 rue André Suarès, 17ème) pour Hedda, pièce mise en scène par Aurore Fattier. C’est une variation contemporaine de la pièce d’Ibsen, Hedda Gabler, récrite par Sébastien Monfè et Mira Goldwicht. La pièce sera suivie d’un débat avec Aurore Fattier et Bénédicte Jullien, animé par Hélène de La Bouillerie. 

Vous pouvez réserver vos places en écrivant un mail à theatreetpsychanalyse@gmail.com

(prix préférentiel de 29 €)

Nous nous retrouverons le mercredi 10 mai 2023 à 21h. 

Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

 

Le cas présenté par Geisiane Ribeiro Dos Santos nous a montré sa stratégie clinique pour travailler avec un patient psychotique hospitalisé sous contrainte. Dans ce cas, la question du sujet supposé savoir s’est posée tout à fait différemment que pour un névrosé. Quelle est la fonction de l’institution, la pluralisation du transfert et la marge de nos interventions pour travailler avec un tel sujet ? De quel côté se situe le sujet supposé savoir ?

Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org

Contact : corpsy@enversdeparis.org

Annie Ernaux fonde son travail d’écriture littéraire sur « la mémoire qui [lui] apporte constamment des éléments en écrivant […] ramenant des choses vues, entendues (rôle des phrases, souvent isolées, fulgurantes), des gestes, des scènes, avec la plus grande précision. » [5] À l’écoute de cette « mémoire matérielle » [6] , elle se fait d’abord docile à « la sensation dont la scène, le détail, la phrase sont porteurs », puis cherche les mots qui la serrent et la servent au plus près. Ses madeleines subjectives constituent sa source d’écriture littéraire et son écriture en produit sa vérité. Pour A. Ernaux, cette vérité d’écriture reste sans cesse à ré-écrire. « Pour moi, la vérité est simplement le nom donné à ce qu’on cherche et qui se dérobe sans cesse ». [7] Pour écrire son roman Une femme, elle fait revenir de sa mémoire les traces corporelles issues de sa relation à sa mère : « sa voix […], ses paroles, ses mains, ses gestes, sa manière de rire et de marcher » [8] Par son travail des mots et de leur articulation, elle dessine le portrait-en-vérité du lien qui unit la femme qu’elle est alors à l’enfant qu’elle fut et elle se fait auteur de son histoire. Cette vérité, J.-A. Miller nous enseigne qu’elle est « quelque chose qui devient dé-caché, […] dés-oublié, autrement dit que son statut natal est le voilage. » [9] Pour écrire Une femme, A. Ernaux fait l’effort sublimatoire de lever le voile du refoulement et reconnait ce qu’elle doit au désir vivant de son Autre maternel. « Après la mort de ma grand-mère, [ma mère] a gardé longtemps le deuil et pris l’habitude d’aller à la messe en semaine, de bonne heure. Quelque chose de « romanesque » en elle s’est évanoui » [10] et, « Elle perdait la tête. Cela s’appelle la maladie d’Alzheimer […]. Depuis quelques jours, j’écris de plus en plus difficilement, peut-être parce que je voudrais ne jamais arriver à ce moment. Pourtant, je sais que je ne peux pas vivre sans unir par l’écriture la femme démente qu’elle est devenue, à celle forte et lumineuse qu’elle avait été. » [11] Mais, si par son écriture littéraire, A. Ernaux vise à dévoiler une vérité inconsciente pour lui donner sa valeur de sens fictionnel, tout dans ses romans n’est pas sens. Et la puissance du sens qu’elle ambitionne comme écrivain d’appliquer aux faits laisse cependant entrevoir « des achoppements, qui sont autant de signes d’une autre vérité, d’un autre sens, lesquels sont en peine de se conjuguer à la fiction d’une narration. Voilà pourquoi ces émergences qui rompent la narration, on leur donne valeur de réel, plutôt que de vérité et de sens. » [12]

Ce sont ces achoppements qui ouvrent à la mise-en-jeu d’un plaisir du corps articulé au langage que nous interrogerons lors de notre réunion Zoom du 14 Mai. Nous nous appuierons sur le travail de lecture de Valérie Marchionni du roman d’A. Ernaux Une femme et nous nous orienterons du texte de J.-A. Miller « Lire un symptôme ».

Notre Vecteur reste ouvert à qui désire joindre ses questions et ses trouvailles aux nôtres.

Contact : litterature@enversdeparis.org

Contact : psynema@enversdeparis.org

Renseignements et inscriptions sur addicta.org/conversations

 

Quels éclairages peut apporter la psychanalyse sur les pratiques d’inclusion dans les écoles ? C’est la question, suivant le fil de notre thème de l’année « Institutions et savoir inconscient », que nous explorerons lors de la prochaine soirée du Seminario Latino « Paradoxes de l’inclusion, pratiques de la psychanalyse dans l’institution scolaire ».

Rocio Davrieux, Mercedes Pagliano et Ana Martha Wilson Maia, depuis l’Argentine et le Brésil, partageront avec nous leur expérience vivante au sein même des écoles. Dans cette soirée internationale, Dalila Arpin, directrice de L’Envers de Paris et AME de l’École de la Cause freudienne, nous fera l’honneur et le grand plaisir de participer en tant qu’extime. La conversation sera animée par Pablo Llanque.

Cette soirée se tiendra par Zoom EN ESPAGNOL, le 10 mai de 2023 à 21h00

Pour recevoir le lien, inscription gratuite sur : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

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[1]Lacan J., La Troisième ; Miller J.-A., Théorie de lalangue, Paris, Navarin éditeur, 2021, p. 40.

[2] Supports/Surfaces est un mouvement artistique qui fut l’un des groupes fondateurs de l’art contemporain français, tant en peinture qu’en sculpture. (Wikipedia)

[3] Lacan J., « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 530.

[4] Freud S., Le Malaise dans la civilisation, trad. B. Lortholary, présentation C. Leguil, Paris, Points Seuil, 2010.

[5] Ernaux A., L’écriture comme un couteau, Paris, éd. Gallimard, 2003, p. 39-40.

[6] Ibid.

[7] Ibid., p. 30.

[8] Ernaux A., Une femme, Paris, éd. Gallimard, 1987, p. 106.

[9]  Miller J.-A. « L’orientation lacanienne. Choses de finesse en psychanalyse » (2008-2009), enseignement prononcé dans le cadre du département de l’université Paris VIII, cours du 18 Mars 2009, inédit.

[10] Ernaux A., op. cit., p. 59.

[11] Ibid., p. 89.

[12] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Choses de finesse en psychanalyse », op. cit.

ÉDITO AVRIL 2023

ÉDITO AVRIL 2023

PARISLEAKS AVRIL 2023

Chers Membres et Abonnés,

Le 29 mars dernier a eu lieu notre Assemblée Générale Ordinaire, dans une ambiance joviale et agréable. C’est la première à pouvoir se tenir en présentiel, après deux ans de pandémie. Les membres sont venus nombreux participer à la réunion annuelle de notre Association. Nous avons pu débattre des sujets qui concernent la transmission de la psychanalyse, notamment du thème et de l’organisation de notre prochaine Journée « Les nouveaux symptômes du numérique », qui aura lieu le 9 décembre prochain. Cela a été une précieuse occasion de travailler ensemble, avec la présence des membres du Conseil de L’Envers de Paris, Éric Zuliani, Anaëlle Lebovits-Quenehen et Guy Trobas. Nous vous donnerons plus de précisions lors de prochains envois.

L’Eurofédération de Psychanalyse nous fait part aussi de la prolongation du tarif Early Bird pour la Rencontre pipol, « Clinique et critique du patriarcat », à Bruxelles, le 1 et 2 juillet 2023, de 150 euros, jusqu’au 15 avril à minuit.

Au-delà, le prix d’inscription sera de 190 euros.

Voici les nouvelles sur les activités de nos vecteurs :

 

Vecteur Addictions :

La prochaine conversation du TyA-Grand Paris aura lieu le lundi 3 avril à 21h. Au programme : Emanuela Sabatini présentera un cas d’analyse sous le titre : « Empoisonnée par l’Autre ».

Nous évoquerons aussi, en contre-point la présentation de malades de Lacan parue dans le dernier numéro de la revue La Cause du désir, no 113.

Renseignements et inscriptions sur addicta.org/conversations

 

Vecteur Lectures freudiennes :

Dans la séance de travail du 9 mars 2023, nous avons continué la lecture du texte « Ein Kind wird geschlagen – un enfant est battu » où Freud nous indique avoir saisi un événement typique et pas du tout exceptionnel. La première phase des fantasmes d’être battu chez les filles appartient à un temps très précoce. Quelque chose, en ces fantasmes, reste d’une manière étonnante impossible à déterminer, comme si cela était indifférent. Cela se justifiera dans la suite de l’analyse. Si autre chose peut être déterminé plus tard, ce sera toujours dans ce même sens.

 Nous nous retrouverons le mardi 4 avril 2023, à 21h00 

Contact : lectures-freudiennes@enversdeparis.org

 

Le vecteur Seminario Latino travaille sur le sujet de l’« inclusion », devenu le must de notre époque. Véritable signifiant-maître face auquel nul questionnement n’a droit de cité, il s’impose dans tous les domaines de la civilisation occidentale, à coup de lois, de publicités et de tweets. Dans le champ de l’éducation, cette « inclusion pour tous » prend un poids tout particulier. Des nouvelles lois et réglementations réorganisent les institutions scolaires afin qu’elles puissent accueillir tous les enfants, quelles que soient leurs difficultés. Dans nombre de pays, il est question d’adapter les écoles à tous les besoins. Pourtant, la logique inclusive n’est pas sans impasses, comportant en elle-même, malgré les bonnes intentions qui l’animent, son envers de ségrégation.

Quels éclairages peut apporter la psychanalyse sur les pratiques d’inclusion dans les écoles ? C’est la question, suivant le fil de notre thème de l’année « Institutions et savoir inconscient », que nous explorerons lors de la prochaine soirée du Seminario Latino « PARADOXES DE L’INCLUSION », pratiques de la psychanalyse dans l’institution scolaire.

Rocio Davrieux, Mercedes Pagliano et Ana Martha Wilson Maia, depuis l’Argentine et le Brésil, partageront avec nous leur expérience vivante au sein même des écoles. Dans cette soirée internationale, Dalila Arpin, directrice de L’Envers de Paris et AME de l’École de la Cause freudienne, nous fera l’honneur et le grand plaisir de participer en tant qu’extime. La conversation sera animée par Pablo Llanque.

Cette soirée se tiendra par Zoom EN ESPAGNOL, le 10 mai de 2023 à 21h00

Pour recevoir le lien, inscription gratuite sur : seminario-latino-de-paris@enversdeparis.org

 

Le vecteur Lectures cliniques s’est réuni le 25 mars 2023. Cette fois-ci notre boussole pour questionner le concept du transfert était le chapitre X « La présence de l’analyste » du Séminaire de Jacques Lacan Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse.

L’exposé de Nadine Daquin a montré que la présence de l’analyste est la condition même du surgissement de l’inconscient. Alors comment saisir le paradoxe suivant : le transfert est tout autant la condition pour que l’interprétation puisse avoir ses effets et « le moyen par où […] l’inconscient se referme » (Lacan J., Séminaire xi, p. 119). La discussion, très intense, qui s’en est suivie a mis en exergue que dans l’orientation lacanienne, la position de l’analyste dans le transfert ne se situe pas sur l’axe imaginaire a – a’, mais dans le rapport du sujet au discours de l’Autre et à l’objet a – la nouveauté apportée par Jacques Lacan dans ce chapitre.

L’intervention d’Antonio d’Almeida a interrogé la présence de l’analyste et la dématérialisation du corps. Comment le monde d’aujourd’hui, où les moyens de communication numériques sont de plus en plus répandus, influence la vie amoureuse de certains sujets ? Les interrogations et les commentaires suscités par la présentation d’Antonio se situent dans la perspective de notre prochaine journée du 9 décembre « Les nouveaux symptômes du numérique ».

Solenne Philippon a exposé un cas clinique centré autour d’une interprétation qui a mis en tension l’homophonie des signifiants « être bête » et « être une bête », en permettant au jeune patient d’assumer ses investissements pulsionnels et se rendre ainsi disponible pour ses études. Quelle belle illustration de la présence de l’analyste !

Contact : clinique-lacan@enversdeparis.org

Le vecteur Le corps pas sans la psychanalyse nous fait parvenir l’annonce suivante :

Notre soirée du 14 mars consacrée à la projection du film Her de Spike Jonze au cinéma La Pléiade de Cachan a rencontré un franc succès, avec un public nombreux, jeune, qui s’est montré très intéressé par la discussion ouverte avec des psychanalystes de L’Envers.

Ce sont de bonnes prémices pour la Journée de L’Envers de Paris, que nous continuerons à développer lors de notre prochaine réunion le jeudi 20 avril à 20h00 à Cachan.

Contact : corpsy@enversdeparis.org

 

Le vecteur Psynéma a organisé une rencontre cinéma – psychanalyse autour du film de Jeff Nichols Take Shelter, le 1er avril à 14h, au Patronage laïque Jules Vallès, 72 Av. Félix Faure, 75015 Paris, avec pour invité : Federico Ossola , Psychiatre, praticien hospitalier.

Argument :

Lacan et Freud abordaient la psychose à partir des effets de structure relatifs à la fonction de la parole et au champ du langage ; l’être parlant habite celui-ci plus qu’il ne le domine. Suivant ce fil Lacan formule : « L’homme trouve sa maison en un point situé dans l’Autre, au-delà de l’image dont nous sommes faits. Cette place représente l’absence où nous sommes. [1] »  

Sur ce point, à partir du récit très précis d’un déclenchement psychotique, le film nous montre en quoi la forclusion de ce vide implique un étrange déchaînement de la nature corrélé à « un désordre provoqué au joint le plus intime du sentiment de la vie [2] ». Dans cet esprit Jeff Nichols donne des variations de l’hallucination auditive ou visuelle saisissantes, nouées à une critique subtile et aiguë du lien social contemporain, notamment dans la middle class américaine.

Pour des renseignements sur les prochaines réunions du vecteur, vous pouvez écrire à : psynema@enversdeparis.org

 

Le vecteur Littérature et Psychanalyse nous fait parvenir le texte suivant :

Dans son roman de 1988 Une femme, Annie Ernaux écrit sur sa mère décédée deux ans plus tôt à la suite d’une maladie ayant, jour après jour, détruit sa mémoire et son intégrité physique. Comme pour La Honte et Passion simple, elle fait d’un moment innommable la cause déterminante de son écriture littéraire et de son style. Pour enserrer et donner un bord à ce trou dans le langage, constitutif de son propre impossible, provoqué par la mort de sa mère, elle travaille à nouveau frais son écriture littéraire pour la rendre objective et plate.

« Par où commencer ? Cette question, je me la suis posée des dizaines de fois devant la page blanche. Comme s’il me fallait trouver la phrase, la seule, qui me permettra d’entrer dans l’écriture du livre et lèvera d’un coup tous les doutes. [3]»

À l’urgence d’ « affronter une situation que, passé la stupeur de l’évènement – “est-ce bien à moi que ça arrive ?” –, [son] imagination [lui] présente avec un effroi grandissant [4] », elle répond par son effort renouvelé et soutenu de « trouver la phrase qui [lui] donnera la liberté et la fermeté de parler sans trembler [5] ».

Dans Une femme, pour écrire sa mère, A. Ernaux n’hésite pas à « plonger dans l’indicible d’une mémoire refoulée et de mettre au jour la façon d’exister des [siens]. [6] » Et si elle s’efforce d’élever le portrait de sa mère à une signification générale en resituant avec précision et minutie les conditions sociohistoriques de sa vie, elle ne peut s’empêcher de laisser venir à elle « des images purement affectives, chaleur ou larmes, sans leur donner de sens. [7] » C’est en consentant à ouvrir son écriture à la voix de sa lalangue qu’A. Ernaux parvient à se sentir « moins seule et factice dans le monde dominant des mots et des idées [8] » et à prendre sa place d’écrivain dans l’Autre qui est le sien.

Lors de notre réunion de vecteur du mardi 11 avril, par Zoom à 20h00, Rosana Montani dépliera pour nous ce portrait qu’A. Ernaux livre de sa mère chez qui elle tente de saisir « la femme réelle [9] » qu’elle fut.

Contact : litterature@enversdeparis.org

 

Quant au vecteur Théâtre et Psychanalyse, voici les dates à retenir ce mois d’avril :

–     Le mardi 11 avril à 20h30 au théâtre du Rond-Point : Le Caméléon d’Elsa Agnès, mise en scène de Anne-Lise Heimburger. Anne-Lise Heimburger était intervenue lors des J52 au cours de la séquence sur le théâtre. Elle met en scène une jeune autrice et comédienne, Elsa Agnès, qui a écrit un texte sur la pulsion. Deborah Gutermann- Jacquet viendra débattre avec Elsa Agnès et Anne-Lise Heimburger à l’issue du spectacle. Vous pouvez acheter vos places en ligne sur le site du théâtre du Rond-Point avec le CODE PROMO : ENVERS au tarif préférentiel de 23€ ou en appelant au nom de l’Envers au 0144 95 98 21.

–     Le dimanche 16 avril à 15h aux Ateliers Berthier de l’Odéon : Némésis d’après Philip Roth, mise en scène de Tiphaine Raffier. France Jaigu sera notre invitée pour le débat. Pour réserver, veuillez envoyer un mail à : theatreetpsychanalyse@gmail.com .Tarif préférentiel : 30€

 

Nous vous attendons nombreux !

Dalila Arpin,

Directrice de L’Envers de Paris

 

 

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre x, L’Angoisse, Seuil, Paris, 2004, p. 60.

[2] Lacan J., Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 558.

[3] Ernaux A., Conférence du Nobel, consultable sur internet.

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Ernaux A., Une femme, Paris, Gallimard, 1987, p. 52.

[8] Ibid., p. 106.

[9] Ibid., p. 23.

Flèches pour la projection de MEMORIES OF MURDER de BONG JOON HO

Flèches pour la projection de MEMORIES OF MURDER de BONG JOON HO

Katie ABRIL

« La décision anticipe sur la certitude[1] »

Memories of Murder est un film de Bong Joon-Ho qui présente l´enquête menée par la police en Corée pour attraper un violeur et tueur en série entre 1986 et 1991. Ce film montre très bien les processus de démocratisation et d´actualisation technologiques que subit la Corée du Sud à ce moment-là. Ainsi deux policiers passionnés se trouvent face à un défi qui les dépasse à cause du peu de moyens dont ils disposent. Le détective Park, joué par Song Kan-Ho, est sûr de sa capacité à saisir l´instinct criminel par le regard du suspect, sans cet instinct « j´aurais quitté la police » dit-il. En revanche, le détective Seo, joué par Kin Sang Kyung, ne fait confiance qu´ aux documents. Alors, tous les deux travaillent sans relâche, chacun à sa façon, pour découvrir le criminel.

Non sans difficulté l´enquête avance : ils arrêtent un suspect sur lequel il y a de très forts indices de culpabilité. Qu´est-ce qui fait qu´ils vont lâcher la piste de ce criminel ? Leur besoin de certitude qu´ils ne parviennent pas à obtenir du test d´ADN, ni des aveux du témoin, ni du manque d´alibi du suspect.

Les policiers veulent une preuve incontestable avec des garanties mais grâce à Lacan nous savons qu´il n´y a pas de garanties car il n´y a pas d´Autre de l´Autre comme on peut le lire dans les Séminaires « Le désir et son interprétation » et « L’envers de la psychanalyse ».

Les deux policiers ne s´aperçoivent pas qu´ils ont toutes les preuves pour que le suspect soit condamné et qu´il s´agit de prendre la décision de l´amener en justice car c´est « la décision qui anticipe sur la certitude » . Cette décision est appuyée sur un acte de foi et non sur une certitude. En revanche, ce que montre ce film est l´essai du passage à l´acte de ces deux policiers comme un acte de désespoir.

Katie Abril, Anne Ganivet et Jessika Schlosser

Karim BORDEAU

Dans son film Memories of Murder Bong Joon Ho nous apprend un peu de ce que Jacques Lacan énonçait quant au passage à l’acte : « Aux limites du discours, en tant qu’il s’efforce de faire tenir le même semblant, il y a de temps en temps du réel. C’est ce qu’on appelle le passage à l’acte.[2]»

La façon saisissante dont le cinéaste noue la vérité, le discours scientifique et cette difficile problématique du réel, donne un juste éclairage aux formules lacaniennes qui cernent la structure de la jouissance en jeu à l’occasion de certains passages à l’acte criminels : « Parler d’un excès de libido est une formule vide de sens.[3] » Ce n’est pas nécessairement un débordement de libido qui, en effet, est aux commandes. Lacan le précise très bien : il s’agit plutôt « d’un défaut que d’un excès vital.[4] » Ce qui se manifeste par une «  froideur libidinale[5] ».

Jacques –Alain Miller nous a appris à lire ce « trou » de jouissance du côté l’événement de corps, insaisissable dans une perspective purement biologique – comme le montre très singulièrement le film.

Jessika SCHLOSSER-HANON :

« Si la psychanalyse irréalise le crime, elle ne déshumanise pas le criminel. »[6]

L’originalité de ce deuxième long-métrage de Bong Joon Ho est l’absence de fin concluante : deux policiers aux méthodes opposées (l’instinct versus la méthode) échouent à résoudre l’énigme de la vérité du tueur en série qui sévit alors. Dans les Écrits, Lacan rappelle le nouage entre le criminel et sa société, à travers son crime il la médiatise par une jouissance bien à lui. Le style du meurtrier – la sophistication avec laquelle il élabore ses crimes- est anecdotique : la trame narrative s’oriente de l’enquête qui achoppe sur les multiples façons dont on piste le tueur. Le signifiant ultime de la science et du biologique couronné par le test ADN à la fin rate à identifier clairement le tueur renvoyant le film à un dos à dos entre l’énigme[7] et les méthodes scientifiques : ce qui relève de l’objectivité et la brèche ouverte par l’impossibilité à tout contrôler. Ce film enseigne qu’il y a encore des efforts à faire pour comprendre les criminels de son époque et que l’acte demeure irréductible au biologique.

Leïla TOUATI :

« (…) dans une civilisation où l’idéal individualiste a été élevée à un degré d’affirmation jusqu’alors inconnu, les individus se trouvent tendre vers cet état où ils penseront, sentiront, feront et aimeront exactement les choses aux mêmes heures dans des portions de l’espace strictement équivalentes.[8] (…) »

Memory of Murder de Bon Joon-Ho (2003) retrace l’histoire du premier cas de criminel en série qui a horrifié la Corée du Sud dans les années 80. Le cinéaste déclare avoir été particulièrement attaché à l’idée de restituer le plus finement possible cette étrange époque que furent les années 80, avec aussi – pour cette nation de la Corée du Sud – le passage d’une dictature militaire à une démocratie néolibérale, de manière brusque et sans transition! Et si comme le dit Lacan le criminel et la société sont noués, l’émergence d’une société capitaliste et individualiste à l’américaine entraine peut-être l’apparition – systématique – de cette figure du tueur en série, comme symptôme face à l’injonction du même.

[1] Jacques Alain Miller, “Donc, la logique de la cure”, inédit, cours de 1993-1994, inédit, séance 1 décembre 1993

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Seuil, 2006, p.33

[3] Lacan J., Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p.148.

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] J. LACAN, « Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie », Ecrits, Paris, Seuil, 1966, Page 129.

[7] J. RICHARDS « La place de l’énigme dans l’expertise », LCD n°98, pages 56 à 58

[8] J.LACAN, Écrits, page 144 « Fonctions de la psychanalyse en criminologie »